Chapitre 20
"Permettez moi de me prosterner à vos pieds."
___________________________
Ils me regardèrent tous avec de gros yeux.
- Comment ça se fait ? Tu es au courant que plus personne ne sait parler avec leurs Dieux, c'est une pratique qui s'est perdue.
Je hochai la tête. Je le savais, Aymeric me l'avait dit, mais je n'avais pas rêvé : Apollon m'avait parlé, j'en étais sûre.
- J'étais à l'infirmerie, leur expliquai-je. J'étais seule et j'étais encore en train de me morfondre sur le fait que c'était de ma faute si ma mère était morte. Puis une voix a résonné dans ma tête. C'était Apollon.
... Il m'a dit d'arrêter d'être en dépression, il m'a expliqué que, lorsque j'avais été agressée, inconsciemment, j'avais fait appel à lui. C'est pour cela que je me suis transformée. Il a aussi ajouté avant de partir que vous pouviez parler à vos Dieux aussi, si vous le vouliez.
- On a déjà essayé, répondit Tegan. Personne n'a réussi. Le Dieu qui nous ait attribué ne nous répond pas. Ce n'est pas une question de volonté.
- Tegan, tu te souviens de la première fois où je suis allée au cours du soir ?
- La fois où tu m'as propulsé comme un vulgaire insecte ? Bien sûr que je m'en souviens, tu m'avais fait un mal de chien.
- Désolée. Je m'étais encore une fois sentie en danger et j'avais appelé mon Dieu. Il est venu et c'est lui qui a pris possession de mon corps.
- Je me souviens que tu avais les yeux totalement blancs. Ça fait ça quand tu l'invoques ?
Je haussai les épaules. À vrai dire, je ne savais pas, je ne m'étais pas encore familiarisée avec ses apparitions. Est-ce que tout à l'heure mes yeux avaient viré au blanc ? C'était une possibilité.
- Tu l'as appelé tout à l'heure pour te sortir de ton choc ? me demanda Coraline.
- Non. Il m'a dit être venu de lui-même parce qu'il en avait marre de me voir dans cet état. Après son passage dans mon corps, je me suis sentie totalement guérie.
- Ça pour une grosse nouvelle, s'en est une, lâcha Andrew.
♪♪♪♪♪
J'étais retournée dans ma chambre. Je réfléchissais à tout ça. Ça faisait 400 ans que mes amis essayaient de communiquer avec leurs Dieux et moi j'arrive dans ce nouveau monde et j'y arrive. Est-ce que mon père savait le faire aussi ?
S'il ne savait pas, ça pourrait me donner un avantage énorme. Je sentais bien que mon corps était bien plus puissant en présence de mon Dieu.
Si j'apprenais à utiliser ma magie et à bien communiquer avec mon Dieu, je pourrai peut-être vaincre mon père une bonne fois pour toute. Mais comment apprendre ma magie ? Peut-être qu'il y avait des formules ou des sortilèges dans le bouquin ?
Je me levai et feuilletai rapidement le gros livre. Non, il n'y avait rien. C'était juste un répertoire où étaient inscrites toutes les magies existantes. Il fallait que j'aille à la bibliothèque, s'il y avait un répertoire magique, il devait bien y avoir un livre sur comment développer sa magie, non ?
Des coups furent frappés à ma porte, me sortant de mes pensées. J'ouvris la porte et tombai nez à nez avec Hannah.
- Hannah ? Qu'est-ce qu'il y a ? Il y a un problème ?
- Je voulais savoir si tu allais bien. Tout à l'heure je suis allée à l'infirmerie et on m'a dit que tu avais regagné ta chambre.
- Je vais bien merci.
- Tu sais pourquoi ils ont appelé tous les autres tout à l'heure, par le biais des hauts-parleurs ? Il y a un problème par rapport à Nicolas ?
- Non, il n'y a aucun problème, du moins, pour l'instant.
Je lui expliquai en détail ce qu'il s'était passé quelques heures auparavant. Elle m'écoutait attentivement sans m'interrompre. Lorsque j'eus fini, elle lâcha :
- Wow t'es drôlement forte Aly. Je sais que les mages de nos jours n'arrivent pas à communiquer avec leurs Dieux même s'ils essaient de toutes leurs forces. Même de très ancien mage n'y arrive pas. Toi tu arrives et boum, tu communiques avec ton Dieu. T'es exceptionnelle Aly.
Je me sentis rougir sous les compliments de Hannah. Il fallait que je sache comment aider les autres pour qu'ils puissent aussi y arriver.
De cette façon, nous n'aurons plus rien à craindre de Nicolas. Nous pourrions le vaincre sans problème.
- Tu crois que ça fonctionne comme des portes ? me demanda Hannah. Est-ce que tu pense qu'il y a un monde où sont réunis tous les Dieux et un monde avec nous, les Humains ? Ce qui voudrait dire que tu as réussi à ouvrir une porte vers le monde des Dieux. Décidément t'es vraiment trop forte Aly. Permettez moi de me prosterner à vos pieds.
Je rigolai. Même dans des moments sérieux, elle arrivait toujours à avoir le mot pour rire. Ça devait être une des raisons pour lesquelles je l'adorais.
- Alors, toi et Aymeric ? me dit-elle avec un sourire pleins de sous-entendus.
Je n'avais encore jamais ré-abordé le sujet. Il était vrai que c'était vraiment débile d'avoir fini comme ça. Tout le monde avait été mis au courant et le soir même, plus rien.
J'étais à bout, et il en avait rajouté, il n'avait pas su me comprendre, contrairement à Carter. Mais j'appréciais tout de même Aymeric énormément.
Je n'aimais pas du tout les tensions qu'il y avait entre nous en ce moment. Tout à l'heure, dans le bureau d'Andrew, il n'avait pas prononcé le moindre mot. Il ne m'avait même pas jeté un seul regard.
- Il n'y a plus de Aymeric et moi.
Elle me fixa avec de gros yeux ronds comme des boules de billard. Je soupirai et je continuai :
- On a "rompu" le soir même où on a fait notre révélation sur notre couple. Je sais que tu m'as dit qu'il fallait que j'aille lui parler mais le soir même, il m'avait mise hors de moi et j'ai explosé. Depuis, on ne se parle presque plus, à table, on ne se regarde pas, tout à l'heure dans le bureau, il n'a pas parlé à un seul moment. Et puis... Je me suis rapprochée de Carter.
Ses yeux se firent encore plus gros, comme si c'était possible.
- Je veux les détails, jeune fille ! dit-elle avec autorité, les mains sur les hanches.
- Le soir même, il est venu dans ma chambre et... Et il m'a embrassé. Je me sentais comprise, en sécurité, et j'avais l'impression que j'étais quelque chose de précieux. Alors qu'avec Aymeric, je n'avais pas l'impression qu'il tenait réellement à moi.
... Je me sentais importante mais il manquait quelque chose. Il prenait soin de moi et était venu m'expliquer l'histoire sur la magie, certes, mais je sais pas, Carter a un truc en plus, il arrive à me faire ressentir des choses qu'Aymeric ne me faisait pas ressentir.
- Dois-je te rappeler que la magie d'Aymeric c'est la glace ? Comment veux-tu qu'il puisse être chaud comme la braise comme Armande ? Les pouvoirs jouent sur notre caractère. Aymeric n'est pas quelqu'un de très expressif, c'est tout. Cela ne signifie pourtant pas qu'il n'éprouve aucun sentiment pour quiconque. Je te soutiens et soutiendrai toujours Aly, mais là, tu as fait n'importe quoi.
Après ces mots, je culpabilisai, je n'avais pas pris ça en compte. Comment se faisait-il que je n'y avais pas pensé par moi-même ? Quel imbécile j'étais !
Il fallait que j'aille m'excuser auprès de Aymeric. Au fond, je savais que c'était quelqu'un de bien, mais ma colère m'avait empêché de le voir jusqu'à maintenant. Il fallait que j'aille lui parler !
- Merci Hannah tu es un ange !
Je lui collai un bisou sonore sur la joue puis je partis de ma chambre. Aymeric. Une fois arrivée devant sa chambre, je toquai deux coups.
La porte s'ouvrit laissant place à la personne que je voulais voir. Je regardai son visage en détail. Il était surpris de me voir ici, certes, mais c'était les cernes sous ses yeux qui attiraient mon attention.
- Tu dors mal ? Tu n'as pas assez d'heures de sommeil ? demandai-je légèrement inquiète.
- Qu'est-ce que tu veux Aly ? dit-il en soupirant, comme s'il était agacé par ma présence.
- Je suis venue m'excuser pour mon comportement. C'est vrai que j'ai agi comme une abrutie, et que j'ai été égoïste. Je voulais juste te dire que j'étais sincèrement désolée. Je peux entrer une minute ? J'aimerai parler un peu avec toi.
- Tu ne peux pas rentrer.
Son ton avait été ferme. Il m'en voulait à ce point ? Je l'avais peut-être beaucoup fait souffrir. Moi qui pensait qu'il allait bien... Je décidai de ne pas me laisser abattre. Je poussai son bras qui, jusqu'alors, me barrait le chemin.
Ce que je vis dans la chambre me paralysa sur place. Comment avait-il pu faire ça ? Je sentis le sol s'écrouler sous mes pieds. Je devais rêver. Ce n'était pas possible autrement.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro