Chapitre 12
"Je crois... Elle est par terre... Inconsciente... Elle avait les yeux exorbités... et... et ses veines étaient noires."
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Papa... Mon père m'avait écrit. Mon père était en vie. Mon père voulait que je le vois demain. Je n'en revenais pas. Ça faisait seize ans que j'attendais ce moment !
Je partis dormir, heureuse, imaginant la rencontre avec mon père dans la joie et les rires. C'était bizarre mais, je ne lui en voulais pas de m'avoir abandonnée. Je m'endormis le sourire aux lèvres.
1h46. Ce cauchemar m'avait encore réveillé. Je faisais ce rêve chaque nuit, il me collait à la peau. Comme d'habitude, j'étais trempée.
En me levant, je vis quelque chose dehors. Je me rapprochai. C'était une personne. Elle se tenait près de la lisière de la forêt. Je pensais que c'était un Aîné ou alors un professeur mais la personne ne bougeait pas.
Elle avait même l'air de me fixer. Je cru apercevoir un sourire sur son visage assombri par l'ombre des arbres de la forêt puis il s'en alla, comme si de rien n'était. Qui était-ce ?
Après le petit déjeuner, j'avais demandé à mes amis de me rejoindre dans la bibliothèque, à l'exception d'Hannah.
- Alors, de quoi veux-tu nous parler ? me questionna Armande.
- J'ai reçu une lettre hier. De mon père.
Ils se lancèrent des regards étonnés.
- Ton père ?! Et alors, qu'est-ce qu'il disait ? Tu sais qui c'est ?
- Je ne sais pas encore qui c'est. Il me donne rendez-vous ce soir, après le cours de défense, dans la clairière.
- Il est au courant des cours du soir et il sait qu'il y a une clairière ? Ça doit être un ancien élève de Preston alors, conclut Coraline. Tes pouvoirs doivent donc venir de lui.
- Tu veux que l'on t'accompagne ? me proposa Tegan.
- Non merci, j'ai peur que s'il sait que vous êtes là, il s'enfuit ou ne donne pas de réponses à mes questions. Il doit avoir une raison pour avoir disparu si longtemps, il ne veut peut-être pas que vous soyez là.
Pour la première fois depuis mon arrivée à Preston, les cours passèrent lentement. J'étais impatiente de rencontrer mon père.
Je l'imaginais brun, avec des yeux marrons, comme moi avant ma transformation, de taille moyenne, jovial, toujours de bonne humeur, décontracté. Je voyais chaque seconde de chaque heure passée. J'avais l'impression que cette journée était interminable.
Lorsque le cours du soir arriva, l'heure de rendez-vous était tellement proche que j'étais toute excitée.
La séance se résuma à quelques méthodes d'auto-défense. J'étais en duo avec Zara, encore. Elle simulait une agression : elle venait m'étrangler et je devais m'enfuir.
Je devais dégrafer d'un coup sec ses mains et en simultané, je devais lui donner un coup de pied entre les jambes. Ensuite je me décalai de son champ de vision et je la frappais derrière le genou pour qu'elle tombe par terre puis je m'enfuyais.
On étudiait cette prise durant tout le cours du soir. Ce cours n'était pas un cours très fatigant, ce qui ravit mes muscles.
L'heure arriva. Alors que les élèves du cours du soir regagnaient leurs chambres, je me faufilai à l'extérieur du bâtiment sans me faire remarquer.
Je courrai à travers la forêt. En cinq minutes j'avais rejoint la clairière. Il y avait les restes du feu de la veille et les bûches encerclaient toujours l'endroit où se trouvait le feu. Il n'y avait personne.
J'attendis quelques instants puis une silhouette se détacha des arbres. La personne avança jusqu'à ne plus être sous l'ombre des épicéas.
- Bonsoir Alyssia. Comment vas-tu ?
C'était mon père. On voyait très bien grâce à la lumière de la lune. Il n'était pas du tout comme je l'avais imaginé depuis mon enfance.
Il avait les cheveux aussi noirs que l'ébène, ses yeux étaient tout aussi noirs, cependant sa peau était aussi pâle que la mienne. Il portait un costard noir ce qui lui donnait un air sérieux et non décontracté comme dans mon imagination.
Il avait l'air d'avoir soixante ans mais je savais pertinemment qu'il avait plus. Son cercle était autour de son œil. Moi, j'avais au centre de mon cercle, mon nombril, lui, avait son œil. Son tatouage était noir, l'opposé de moi.
Je ne savais pas la signification de ce tatouage mais voir que lui aussi possédait un tatouage différent, un tatouage sans dessin à l'intérieur me rassurait. Je n'étais donc pas la seule à être différente. Mon père était comme moi. Je descendais de lui.
- Je... Je vais bien, répondis-je.
Ma tête était en désordre, je n'arrivai plus à réfléchir. J'étais pétrifiée sur place. Mon père était devant moi et je lui avais parlé pour la première fois de ma vie.
Toutes mes questions s'entremêlaient dans mes pensées et je ne savais plus où donner de la tête. Je restai donc silencieuse, incapable de prononcer le moindre mot.
- Je suis ravi de te voir aussi épanouie ici. Tu t'y plais ?
- Oui beaucoup.
- Tu t'es fait des amis n'est-ce pas ?
- Oui.
J'étais venue pour lui poser des questions mais c'était lui qui les posait pour l'instant. Il dut lire dans mes pensées puisqu'il dit :
- Je suis sûr que tu as pleins de questions à me poser. Vas-y je t'écoute, commence.
Alors que j'ouvrais la bouche pour lui poser ma première question, il me stoppa :
- Attends, je te vois venir, pose une seule question à la fois, rigola-t-il.
Comment savait-il que j'allais lui balancer une série de questions d'une traite ? J'étais perturbée. Je décidai cependant de passer outre.
Je rangeais dans l'ordre d'importance les questions qui me rongeaient depuis plusieurs années déjà et je posais la première question, la plus importante de toutes :
- Qui es-tu ?
- Nicolas Piétras, enchanté.
- Pourquoi nous as-tu abandonné maman et moi ?
- Il le fallait. Je suis resté dix ans auprès d'elle. Tu es née lors de la neuvième année. Ta mère avait remarqué que je ne vieillissais pas, alors il m'a fallu partir. Je n'ai pas pu être là durant ton enfance. Veux-tu bien m'excuser ?
Je hochai rapidement la tête. J'avais encore pleins de questions en tête donc je n'avais pas de temps à perdre. Je ne savais pas combien de temps il allait rester ici.
- Qu'as-tu fait pendant ces dernières années ?
- J'ai logé chez d'anciens amis.
- Tu étais à Preston durant ton enfance ?
- Oui.
- Quel âge as-tu ?
- 1056 ans, ma magie s'est déclenchée tard, comme la tienne, c'est pour ça que je parais si vieux.
- Quelle est ta magie ?
Une branche craqua. Un corbeau s'envola en croassant.
- Il est temps pour moi de prendre congé de toi. J'ai été ravi de te voir Alyssia. J'attendais ce jour depuis longtemps. Prends soin de toi. Je reviendrai te voir en temps et en heure.
Sur ce, il se volatilisa, comme s'il s'était téléporté. Je restai planté là quelques secondes. Il n'avait pas répondu à toutes mes questions et je n'avais pas eu le temps de lui dire au revoir.
En repensant à notre rencontre, ça ressemblait plus à un interrogatoire qu'à des retrouvailles entre père et fille. J'avais attendu ce moment depuis tellement longtemps. Je l'avais imaginé de bien des manières mais jamais de cette façon-là.
Je fis demi-tour. Je courrai à nouveau dans la forêt. À mi-parcours, je trébuchai sur quelque chose de mou. Je tombai sur le sol froid. Je me retournai pour voir l'objet de ma chute et je vis un corps par terre, face contre terre.
Ça devait être une fille, vu la longueur des cheveux. Je la secouai espérant obtenir un quelconque signe mais rien ne vint.
Je pris alors les épaules de la personne et je la roulai sur le dos. Ma respiration se coupa. Le monde avait été coupé de tout oxygène, je n'arrivais plus à respirer. Je reculai à quatre pattes.
Je mis tous mes efforts pour me mettre debout et courir le plus loin possible de la scène d'horreur que je venais de voir.
Je courrais, je trébuchais, je me reprenais et je me remettais à courir en me répétant que ce que j'avais vu n'était pas réel, que c'était juste encore un cauchemar et que j'allais me réveiller en sursaut et en sueur comme à chaque fois.
Quelqu'un m'intercepta. Il me prit par les épaules et me secoua. J'entendais au loin mon prénom mais j'étais paralysée, je n'arrivai pas à parler.
Je ne voyais pas ce qu'il y avait devant moi. C'était comme si j'avais un voile noir devant les yeux. J'étais totalement déconnectée du monde. J'étais dans une autre dimension.
Une seconde personne était présente. Elle posa sa main sur ma joue et elle se mit à parler :
- Aly, tu me fais peur ! Qu'est-ce qu'il se passe ? Ton père t'a fait du mal ?
Je sortis doucement de ma torpeur. Je commençais à distinguer les formes qui m'entouraient. Les personnes devant moi étaient Tegan et Aymeric.
Aymeric me fixait intensément, sa main toujours posée sur ma joue. Sa voix m'avait fait revenir sur terre. Mes joues étaient humides, je n'avais pas remarqué que je m'étais mise à pleurer.
- Zara..., réussis-je à articuler.
- Zara ? Qu'est-ce qu'elle a Zara ?
- Je crois... Elle est par terre... Inconsciente... Elle avait les yeux exorbités... et... et ses veines étaient noires.
J'éclatai en sanglot, la remémoration de cette scène était horrible. Tegan et Aymeric se regardèrent puis hochèrent la tête.
- Aly, Aymeric va te raccompagner aux dortoirs, me dit Tegan. Je vais aller chercher Zara, on se retrouve là-bas d'accord ?
Je hochai la tête. Aymeric me prit par les épaules et me dirigea jusqu'à l'école alors que Tegan était parti en courant dans la direction opposée.
Une fois arrivés dans le bâtiment, Aymeric me laissa dans le hall et il partit vers les dortoirs des professeurs pour réveiller le directeur. Une fois qu'il fut réveillé, il se précipita à l'entrée. Au même moment, Tegan arriva avec Zara dans les bras.
- Emmène la à l'infirmerie, ordonna Andrew.
Nous étions, le directeur, Tegan, Aymeric, l'infirmière et moi, dans l'infirmerie. Zara était allongée dans un lit. Toutes ses veines étaient devenues noires.
- Zara est morte, nous informa l'infirmière. Elle a été empoisonnée et elle a succombé sur le coup. Ce n'est pas un poison ordinaire que nous trouvons dans la nature. C'est une magie d'empoisonnement qui a été utilisée contre elle.
- Coraline possède ce pouvoir, intervint Andrew. Se pourrait-il que...
- Non, le coupa l'infirmière. Normalement, le sang des personnes possédant le poison comme pouvoir sont immunisées contre tous les poisons existants sur la planète. Cela veut dire que la personne l'ayant tué était beaucoup plus forte qu'elle. Le poison qui a été utilisé pour la tuer n'était pas recensé dans son organisme. Ce qui signifie que le poison qui l'a tué a été créé par le tueur lui-même.
J'étais pétrifiée. Un tueur très puissant s'était introduit dans l'établissement et il avait tué une élève. Zara était douée en défense et en magie alors si le tueur avait pu la tuer si facilement, c'était qu'il possèdait une magie hors du commun.
- Aymeric, Alyssia, Tegan, allez vous coucher. Demain, avant les cours, vous passerez me voir dans mon bureau. Évitez d'ébruiter cette histoire tant qu'elle ne sera pas mise au clair. Il ne faudrait pas créer un mouvement de panique si on apprend qu'un tueur rôde dans l'enceinte de l'école.
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Je vous souhaite à tous une très bonne année 2017 ! J'espère que vous serez heureux et que vos voeux se réaliseront. Mon seul voeux à moi, c'est que mon histoire vous plaise et que vous la lirez jusqu'au bout. Bisous !
Maloann
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