"Chaque année, le 1er novembre, tout le monde se réunit dans la clairière le soir." 

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Cette nuit fut longue. Je n'arrivais pas à m'endormir. Tout se bousculait dans ma tête. Comment se faisait-il que je sois une magie spéciale ? Et que la magie existait ? Qui était mon père ? Quand était-il né ? Était-il une magie spéciale ?

Je ne savais pas et je saurai probablement jamais si je ne demandais pas à ma mère. Je décidai alors d'écrire une lettre. Je trouvai le papier à lettre dans un des tiroirs du bureau.

Chère maman,

Beaucoup de choses se sont passées depuis que j'ai intégré cette école. Je l'aime beaucoup et je m'y sens bien. Les cours se déroulent bien, j'arrive à suivre et je sens que mon niveau s'améliore. Je me suis faite de nouveaux amis : Armande, Tegan, Carter, Hannah, Coraline et Aymeric.

Ils prennent soin de moi. La nourriture aussi est excellente. Pour le club, j'ai choisi de m'inscrire à celui où il faut créer un film. D'ailleurs mon ami Carter joue aussi du piano et il joue bien !

J'espère que tu ne te sens pas trop seule à la maison et que ta patronne n'abuse pas trop de toi au travail.

Je voulais aussi connaître l'identité de mon père. Est-ce que tu sais qui c'est ou où il vit en ce moment ou n'importe quelle information sur lui ? C'est urgent.

Je t'aime. Bisous.

Alyssia, ta fille adorée.

J'avais évité de dire que j'étais une mage, que j'étais blanche de partout et que je n'allais presque plus vieillir. Je devais savoir pour mon père et comme me l'avait fait comprendre Aymeric : c'était impératif.

J'allais me recoucher mais le sommeil ne venait toujours pas. Des tas de scénarios se jouaient dans ma tête.

Quand j'étais petite, je cherchais souvent mon père, j'espérais qu'il allait revenir, par exemple lors de mon anniversaire, pour une surprise. Je m'étais souvent demander à quoi il ressemblait, ce qu'il était en train de faire.

Ces questions m'avaient quitté depuis quelques années déjà, vers mes 12 ans, mais à ce moment, elle affluaient de nouveau car je pensais à lui et je devais découvrir qui il était.

Lorsque mon réveil montra 5h07, je décidai de me lever et d'aller me doucher. Je n'avais dormi qu'une petite heure.

Quand je me levai, je dus me rasseoir aussitôt. Mes jambes me faisaient terriblement mal. Foutues courbatures ! Je me levai une deuxième fois plus doucement mais c'était toujours aussi douloureux. Je me tenais debout en m'appuyant sur ma table de chevet.

Décidément, elle m'avait achevée cette Zara ! Même si j'étais une mage, j'avais quand même des courbatures comme tout humain. On était le 1er novembre. Il faisait de plus en plus froid et je devais porter des collants sous ma jupe.

Je descendis avec peine les escaliers pour rejoindre le réfectoire. Je croisai Carter en bas des escaliers. En me voyant descendre avec difficulté, il se moqua de moi.

- Bah alors Aly ! On n'est pas très sportive à ce que je vois. Un peu de sport et hop ! Des courbatures !

- La ferme Carter.

Ce fut la seule chose que je lui répondis.

On entra dans le réfectoire et on s'assit à nos places habituelles. Tout le monde était déjà là.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive Aly ? me demanda Hannah. Pourquoi tu as du mal à te déplacer ? Carter t'a frappé ?

Elle était totalement à côté de la plaque mais ça me fit sourire qu'elle pense ça.

- Non, non. J'ai essayé de me mettre au sport. Avec tout ce qu'on mange, il faut bien que j'évacue. Du coup, maintenant, j'ai des courbatures.

M. Herrigan m'avait clairement fait comprendre que je ne devais parler des classes du soir, en aucun cas et à qui que ce soit.

- D'ailleurs Aly, ce soir, tu viens ? enchaîna Armande.

Je lui lançai un regard interrogateur. Je croyais qu'il ne fallait en parler à personne qui ne fasse pas partie des classes du soir mais Hannah était là.

- Oh tu ne dois pas savoir ! Chaque année, le 1er novembre, tout le monde se réunit dans la clairière le soir. On pique des chamallows dans les cuisines et on allume un énorme feu. Par contre, on n'a pas le droit, c'est après le couvre-feu donc il ne faut pas se faire prendre par les professeurs. Donc, tu viens ?

Encore une tradition de l'école. Mais comme je faisais partie de cette école, je devais me plier à ses traditions. C'était pour cette raison que j'acceptai.

En plus cela voulait dire pas de sport ce soir, donc moins de douleur demain ! Mais si personne ne venait au cours du soir, les professeurs allaient savoir qu'on sortait non ?

- Les professeurs se réunissent pour mettre en place de nouvelles règles ou en assouplir d'autres donc ils ne savent pas, m'expliqua Carter en chuchotant.

Je n'avais pas posé de question et je me demandais si Carter n'était pas entré dans mon esprit pour lire mes pensées et qu'il avait entendu ma question muette. C'était de l'atteinte à la vie privée ! J'allais devenir paranoïaque. Il fallait que je contrôle mes pensée.

La journée se déroula normalement et le soir arriva rapidement.

On m'avait tout expliqué du déroulement de la soirée : un groupe de personnes avaient été piochées pour aller chercher les paquets de chamallows dans les cuisines pendant que le reste de l'école partait par petits groupes à travers la forêt toutes les trois minutes.

Le bois pour le feu était déjà sur place. J'y allais avec Aymeric, Armande, Carter, Coraline, Tegan et Hannah. On était le sixième groupes à partir. On devait partir à 22h28.

On s'était regroupé dans la chambre de Coraline. Il était 22h27. Je stressai. J'avais peur qu'on se fasse prendre. Je croisais les doigts pour que tout se déroule bien. 22h28. C'était parti. On sortit tous de la chambre de Coraline.

On descendit les escaliers en silence. Par chance, l'escalier était fait de marbre et par conséquent, ne grinçait pas comme les escaliers en bois. Tegan et Aymeric étaient à l'avant du groupe en guise d'éclaireurs.

On s'arrêta sur la dernière marche de l'escalier. Ils regardèrent, à gauche, à droite, puis nous firent signe d'avancer. On alla dans le foyer. Il y avait une petite issue de secours qu'on utilisa pour sortir.

On courut jusqu'à la forêt. Une fois sous les arbres, je ralentis. Les images de cette soirée étaient encore gravées dans mon esprit. Aymeric dut s'en apercevoir puisqu'il ralentit lui aussi et il prit ma main dans la sienne pour m'aider à avancer.

Une fois sur place, je remarquai qu'un petit feu avait été allumé. L'endroit était beau. Il n'y avait pas d'arbres et le ciel était dégagé. On voyait parfaitement bien les étoiles.

Des troncs d'arbres étaient disposés autour du futur grand feu. Des personnes avaient pensé à ramener des couvertures. Ce qui n'était pas bête du tout. Il faisait froid.

Je m'assis sur un des troncs. On attendait le reste des élèves avant de commencer la soirée. Aymeric vint s'installer à côté de moi, accompagné d'une couverture qu'il enroula autour de nos deux corps.

- Il faut partager les couvertures ils ont dit, il n'y en a pas pour tout le monde.

Je voyais plusieurs personnes qui partageaient leurs couvertures. Tegan et Hannah étaient collés l'un à l'autre, enroulés chaudement dans leur couverture. Ils étaient mignons. J'appréciai qu'Aymeric prenne soin de moi de cette façon et qu'il me prenne sous son aile.

- Bien ! Comme tout le monde est arrivé, on va pouvoir débuter la soirée ! On va commencer la distribution des chamallows, c'est quatre chamallows par personne.

C'était un grand garçon qui parlait. Il devait être en terminale. Des personnes passaient avec les paquets de bonbons. Chacun se servait.

Ils distribuèrent aussi un long bâton où on piquait le chamallows pour le faire griller au-dessus du feu qui avait pris de l'ampleur pendant que les derniers élèves arrivaient.

- Nous allons jouer à action ou vérité, chacun son tour, on devra choisir entre action et vérité. On fera tourner une bouteille pour savoir qui choisira l'action ou la vérité de la personne. On va juste tourner la bouteille la première fois pour savoir par qui on commence.

Il fit tourner la bouteille sur une plaque de bois. La bouteille pointa un personne à une dizaine de places de moi. Il choisit action. Il dut grimper au sommet d'un pin et en redescendre en moins de trois minutes. C'était dangereux !

Je n'aurai pas pu le faire ! Les gages s'enchaînaient. Mon tour arriva rapidement. Je choisis vérité, ayant trop peur de l'action qu'on pourrait me donner. J'étais encore courbaturée. Le garçon qui s'occupait d'animer la soirée fit tourner la bouteille.

- Léna, une question pour la demoiselle.

- Qui sont tes ancêtres ? dit la prénommée Léna sans avoir pris le temps de réfléchir, comme si la question avait déjà été préparée.

- Ma mère est une humaine et mon père, je ne sais pas.

- Ce n'est pas possible que tu ne saches pas ! Pourquoi serais-tu là sinon, dans cette école ? Comment se fait-il que tu te sois transformée lorsque ta magie s'est manifestée ? D'où viens-tu ? De qui descends-tu ? Qui es-tu ?

Je restai abasourdie suite à ses questions. Je n'avais aucune idée des réponses. Je ne savais pas qui j'étais et de qui je descendais. Je ne savais pas non plus pourquoi j'étais là ni pourquoi je m'étais transformée de la sorte.

- Le jeu consiste à répondre à une seule question. Elle y a répondu, c'est au tour du suivant, me défendit Aymeric.

Le jeu continuait mais j'étais ailleurs. Les questions de cette Léna m'avait retourné le cerveau. Qu'est-ce que je faisais dans cette école ? Pourquoi m'étais-je transformée et pas les autres ? Qui étais-je ?

- Il est temps de rentrer, me chuchota Aymeric.

Je hochai la tête. Il s'extirpa de la couverture et m'aida à me relever. On marchait dans la forêt en direction du lycée. Il me tenait par les épaules.

On rentrait aussi par petits groupes, mais ce n'était pas les mêmes que tout à l'heure. Aymeric me tira sur le bras pour que je m'arrête alors que nous étions au milieu de la forêt.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demandai-je

- Il y a quelque chose que je veux faire depuis un moment déjà.

Aymeric plaça ses mains de chaque côté de mon visage. Elles étaient froides. Pas étonnant puisqu'il avait le pouvoir de la glace et qu'il faisait froid en ce 1er novembre.

Son regard était plongé dans le mien. Il se rapprocha petit à petit, diminuant l'espace qu'il y avait entre nos deux visages. Je fermai les yeux.

Ses lèvres se posèrent délicatement sur les miennes. On échangea un baiser doux. C'était comme une caresse, comme si on passait une plume sur mes lèvres.

Lorsqu'il se décolla de moi, je ne pus m'empêcher de sourire. Il avait chassé toutes les questions qui me turlupinaient en un seul baiser. On reprit le chemin de l'école, main dans la main. J'étais heureuse.

Il me raccompagna jusque devant ma chambre. Il m'embrassa la joue, me souhaita bonne nuit et s'en alla. Je regardai sa silhouette marcher le long du couloir. Lorsqu'il disparut de mon champ de vision, je décidai de rentrer dans ma chambre.

Une fois la porte fermée, j'allumai la lumière. Une enveloppe était posée sur mon bureau. Je m'approchai et je vis mon nom écrit dessus. Serait-ce une lettre de ma mère ? Non, ce n'était pas son écriture.

Et puis je ne lui avais pas encore envoyé ma lettre. Je fouillai mon tiroir pour en sortir la lettre destinée à ma mère. Elle avait disparu. Je me demandai ce qu'il pouvait bien y avoir dans cette enveloppe. Je l'ouvris et je restai pétrifiée en commençant la lecture.

Alyssia, c'est ton père qui t'écrit. Je te surveille depuis quelques temps maintenant. Bravo pour ton admission à Preston. J'ai aussi assisté à ta transformation. Je suis fier de toi de voir que tu es comme ton père.

Je suppose que tu as pleins de questions. Je te donne rendez-vous demain, après ton cours du soir, dans la clairière. Ah et désolé, je t'ai pris la lettre qui était destinée à ta mère. À demain. Papa.