Chapitre 4 - May
Ça y est, Jane est enfin mariée, officiellement cette fois. La partie la plus angoissante de la journée est passée : j'ai joué mon rôle de témoin sans commettre de faux pas et maintenant, je peux respirer et profiter de la réception organisée en l'honneur du jeune couple.
Cela dit, on ne peut pas dire que je sois beaucoup plus à l'aise dans ce genre d'événements qu'il y a trois ans. Je fais des progrès en sociabilité depuis que je vais à l'université, mais je crois que les effets de toute une enfance et une adolescence passées dans un bunker souterrain ne s'effaceront jamais totalement chez moi. Comme à mon habitude, je me retrouve dans un coin de la grande salle d'apparat où se tient la fête... Mais je ne me sens pas solitaire. Me tenir en retrait me permet d'observer calmement ce qui se passe autour de moi, et j'aime autant cela qu'être sous le feux des projecteurs.
Dans la foule, je cherche les chevelures blondes semblables à la mienne, celles de mes sœurs. Je ne me lasserai jamais du spectacle du bonheur que chacune semble avoir trouvé depuis notre sortie du bunker. Constance, sur qui mon regard s'attarde actuellement, a sur le visage un sourire qui me fait chaud au cœur : elle est en train de danser avec son petit ami, avec qui elle est en couple depuis un an et demi déjà, et c'est un amour sincère que je lis dans leurs yeux.
Plus loin, je reconnais Coleen près d'Alison de Galles, notre mère : ces deux-là sont devenues étonnamment proches au cours des trois ans qui viennent de s'écouler. Maintenant que nous ne sommes plus contraintes de passer le plus clair de notre temps sous terre, Coleen et Alison ont eu la possibilité de se voir régulièrement et d'apprendre à se connaître. Je n'ai jamais beaucoup apprécié notre mère, mais je suis contente de voir que ce rapprochement avec ma sœur lui a fait du bien : à ce qu'il paraît, elle boit moins qu'avant, et ressemble davantage à la jeune femme qu'elle était avant son entrée dans la famille royale britannique.
Mon regard continue à dériver et se pose sur une autre de mes sœurs, que je ne parviens à identifier qu'au bout de plusieurs secondes. Madeline, je conclus finalement.
Alors que nous avons passé nos dix-huit premières années confinées ensemble, je ne vois plus la plupart des clones que ponctuellement... et je me rends compte que je ne suis plus capable de les reconnaître d'un coup d'œil, comme avant. Leur attitudes, leurs mimiques, leurs expressions me permettaient de savoir instantanément face à qui je me trouvais ; mais depuis notre sortie du bunker, nous avons toutes évolué, et nous ne nous connaissons plus par cœur. C'est une bonne chose, à mon avis : c'est le signe que nous pouvons enfin vivre notre propre vie, chacune de notre côté...
Heureusement, j'ai désormais plus d'indices pour m'aider à identifier mes sœurs : désormais, nous ne sommes plus contraintes d'arborer une apparence physique parfaitement identique, et des détails physiques nous démarquent : le carré court d'Agnes, le bracelet violet qui ne quitte jamais le poignet de Susan, le tatouage sur la cheville de Kim... Le fait que nous soyons seize jeunes femmes bien différentes est évident aux yeux de tous à présent.
Et contrairement à ce que Victoria II pensait, être la princesse originelle, celle à partir de laquelle mes sœurs ont été créées, ne me permet pas de me distinguer particulièrement. En fait, mon statut spécial n'a plus aucune importance, et je n'y pense que rarement. Les autres ne doivent elles aussi pas en faire grand cas, car aucune ne m'en a jamais reparlé après les révélations de notre grand-mère en direct à la télévision. J'ai juste eu une discussion avec Elizabeth à ce sujet, un soir à notre résidence universitaire. Ma sœur m'a confié qu'elle était contente que j'aie été la princesse originelle, et non une clone plus égoïste, car sinon, notre histoire aurait pu avoir une fin bien différente... Mais la conversation s'est terminée rapidement après cela, car qu'y avait-il d'autre à dire ?
Je suis contente d'avoir choisi de poursuivre mes études dans la même université qu'Elizabeth, après l'été que j'ai passé dans le calme d'un cottage du Devon. Au début, j'avais peur d'affronter à nouveau le monde : l'humiliation que j'avais subie en me rendant en cours à Londres après la révélation que la princesse Margaret n'existait pas m'avait échaudée. Mais ma sœur a su trouver les arguments pour me convaincre : je n'allais pas me terrer toute ma vie loin du monde après m'être tant battue pour conquérir ma liberté ; si nous allions dans une faculté de taille plus modeste, nous y trouverions sans doute un cadre suffisamment bienveillant pour que nous puissions nous y épanouir ; ensemble, en colocation et jamais loin de l'autre, nous serions plus fortes. J'ai accepté de la suivre, et l'avenir lui a donné raison : à ses côtés, j'ai passé des mois fantastiques à l'université, et j'ai un pincement au cœur en pensant que mes études touchent à leur fin. Je ne sais pas encore exactement ce que je veux faire ensuite, mais une chose est sûre : je veux mener la vie la plus ordinaire possible. Je veux trouver un travail par moi-même, me rendre utile à la société, peut-être fonder une famille... Et être heureuse, tout simplement.
Il y a cependant un héritage de la princesse Margaret auquel je n'ai pas renoncé : le Prix Royal de Littérature. C'est le moment de l'année auquel j'accepte d'être mise en lumière. Même si cela implique que l'attention des médias se dirige sur moi pendant un mois, j'aime trop cet événement pour y renoncer. Mon amour des livres ne m'a pas quittée et c'est avec joie que je contribue tous les ans à la vie littéraire du pays. Cela dit, j'espère aussi y participer bientôt d'une autre manière : je viens de terminer l'écriture de mon propre roman... et son héroïne s'appelle Margaret. Une manière pour moi de me débarrasser une bonne fois pour toute de l'emprise de mon alter ego en me convaincant enfin de son véritable statut : celui d'un personnage de fiction.
Mes proches n'ont jamais lu mes textes : j'ai trop de pudeur pour les leur montrer. Alors mon premier lecteur, ça a été cet éditeur à qui j'ai envoyé mon manuscrit de manière anonyme, pour savoir ce qu'il valait indépendamment de ma célébrité. J'ai eu la joie de recevoir une réponse de sa part il y a un peu plus d'une semaine : il a apprécié ce qu'il a lu, et il souhaite me rencontrer. J'attends notre rendez-vous avec impatience, même si j'appréhende un peu sa réaction lorsqu'il découvrira à qui il a affaire en réalité.
Mon diplôme en poche, mon livre en librairie, la vie devant moi... C'est un bonheur parfait qui se profile devant moi. Mon seul regret est de n'avoir, pour l'instant, personne de spécial avec qui le partager...
Au cours de mon séjour dans le Devon, Alexander, mon premier amour, est venu me rendre visite pour s'excuser d'avoir trahi ma confiance en révélant dans la presse le secret du clonage de Margaret ; nous nous sommes revu quelques fois après cela, et j'ai bien senti qu'il avait encore des sentiments pour moi et qu'il aurait aimé que nous nous réconciliions, mais... je ne l'ai pas voulu. Ce n'est pas que je ne lui avais pas pardonné : avec du recul, j'ai compris pourquoi il avait agi comme il l'avait fait, et j'ai conscience que sans son intervention, mes sœurs et moi n'aurions peut-être pas trouvé le courage de stopper la sélection entre nous qu'avait organisée Victoria II. Mais sortie du bunker, j'avais le sentiment que le monde s'ouvrait à moi, vaste et plein de possibilités. Alexander était le seul jeune homme que j'avais côtoyé jusque là, et moi qui rêvais à l'amour, j'avais facilement développé des sentiments pour lui : cependant, cela voulait-il dire que nous étions faits pour être ensemble ? En faisant de nouvelles rencontres, n'allais-je pas m'apercevoir que mon cœur pouvait battre bien plus fort pour d'autres ?
Je lui ai dit que je voulais profiter de mon temps à l'université pour flirter, séduire et me laisser séduire, découvrir des sentiments que la vie m'avait empêché d'éprouver pleinement jusqu'alors. Il ne l'a pas supporté, et il a préféré ne plus me voir.
Tant pis pour lui. Moi, je n'ai pas dévié de mon programme.
Lors de ma première année, j'ai papillonné sans vraiment engager mon cœur, juste histoire de découvrir les possibilités qui s'offraient à moi, les jeunes hommes et leur caractère : après dix-huit années passées dans un bunker, il me fallait un rattrapage intensif en matière de relations humaines, en particulier avec le sexe opposé. J'avais cependant peur de souffrir et d'être trahie une nouvelle fois, alors je ne suis pas allée plus loin que le flirt avec les charmants étudiants que je côtoyais.
Jusqu'à ce que je rencontre Dan.
Il était dans le niveau supérieur au mien et il m'a tout de suite plu : gentil, passionné par la littérature comme moi et apparemment indifférent à mon statut un peu spécial, il a achevé de me conquérir grâce à la spontanéité avec laquelle il m'a offert son cœur. Une relation avec lui m'apparaissait comme une promenade tranquille sur un chemin semé de délices, là où les autres hommes me donnaient l'impression que l'amour était un jeu compliqué où chacun devait avancer ses pions dans un ordre précis pour chercher à marquer des points. Et nous avons vécu une belle histoire : elle n'a jamais eu l'intensité du coup de foudre qui m'avait frappée lorsque j'avais rencontré Alexander, mais elle avait une douceur qui m'était nécessaire pour panser les plaies de la période tourmentée de ma vie que je venais de traverser.
J'étais heureuse avec Dan. Il ne m'apportait peut-être pas la passion dont j'avais tant rêvé en lisant mes chers romans dans le bunker, mais j'avais déjà donné avec mon premier amour et j'étais persuadée que c'était autre chose qu'il me fallait pour construire un couple stable. Je me voyais bien faire ma vie avec lui, et je nous imaginais dans dix ans, dans vingt ans, dans un cottage paisible semblable à celui du Devon dans lequel je m'étais retirée après le couronnement de Harriet, avec quelques enfants autour de nous, un feu dans la cheminée et des fauteuils confortables pour nous y reposer.
Jane n'a jamais vraiment été enthousiaste quant à ma relation avec mon petit ami. Elle trouvait qu'il me rendait ennuyeuse, qu'il m'amollissait au lieu de me pousser à poursuivre mes rêves. Je lui disais cependant que ce n'était pas le plus important, que ce qui comptait, c'était notre bonheur ensemble... Pourtant, il s'est envolé bien plus tôt que je ne l'aurais cru. Quand les choses ont commencé à devenir vraiment sérieuses entre Dan et moi, je me suis arrangée pour qu'il soit invité à mes côtés lors des différents événements officiels ou familiaux pour lesquelles j'étais engagée. Et à partir de là, son comportement s'est mis à changer. Lui qui jusque là ne s'était jamais préoccupé de mon statut de princesse en a fait peu à peu une montagne. Non pas parce qu'il s'en vantait ou parce qu'il en tirait une vanité démesurée, mais parce qu'il en tirait une angoisse dévorante. Et s'il faisait un faux pas en présence de Harriet ? Ou face à la presse ? J'avais beau lui répéter que ce n'était pas grave, qu'il ne serait pas au centre de l'attention et qu'on pouvait de toute façon lui passer quelques écarts, il s'entêtait.
J'ai su que les choses allaient devoir se terminer entre nous quand il a commencé à commenter mon propre comportement. La robe que je portais était-elle convenable pour une princesse ? Aller à la soirée d'untel ou untel sur le campus, cela ne risquait-il pas de me mettre dans une position compromettante que les médias pourraient exploiter ? Si je décidais de continuer à écrire mon roman, étais-je bien consciente du jugement que le peuple tout entier allait porter sur mes textes, surtout si mon personnage principal s'appelait Margaret ?
Je ne m'étais pas délivrée du joug de Victoria II pour qu'un autre se mette à régir mes actions. Lorsque j'ai accepté que Dan s'était engagé sur une pente qu'il ne remonterait pas, j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai rompu avec lui après un an et demi de relation. Depuis, je suis célibataire, et en plein questionnement. Rétrospectivement, je me rends compte que Jane avait raison, et que je ne m'épanouissait pas autant dans mon couple que je voulais bien le croire. Peut-être qu'une histoire d'amour comme un long fleuve tranquille n'était pas pour moi, après tout ?
Mes réflexions m'ont poussée à remonter encore plus loin dans mon passé, et je me suis remémoré mes brefs instants avec Alexander. Je n'avais été avec lui que si peu de temps comparé aux mois qu'avaient duré ma relation avec Dan, et pourtant, ces quelques semaines avaient eu un impact bien plus important sur mon cœur. De plus, tout me rappelait à son souvenir : il avait poursuivi la brillante carrière dans le journalisme qui lui était promise, et il ne se passait pas une semaine sans qu'un de ses articles, une de ses interviews, une de ses analyses ne me parvienne, que je le veuille ou non. Il avait très vite su faire oublier au peuple le scoop qui l'avait lancé – la révélation que la princesse Margaret n'était pas unique – et il était désormais évident que la chance n'était que le moindre de ses talents.
Elizabeth et Jane se sont bien vite rendu compte que je m'intéressais à nouveau au jeune journaliste, et elles m'ont incitée à le recontacter. Après tout, il était resté célibataire depuis notre rupture, alors pourquoi pas ?
Je n'ai jamais sauté le pas. Je suis trop fière pour cela, et j'ai peur de dévoiler à Alexander que je pense encore à lui. La dernière fois que je lui ai confié mon cœur, il l'a piétiné, alors hors de question que je le lui tende à nouveau.
Mon regard balaye la salle de réception, et je soupire. La meilleure solution pour que je tourne la page de Dan, et d'Alexander, ce serait que je les oublie dans une troisième histoire. Alors que peut-être, parmi les invités au mariage de Jane, je pourrais trouver un homme capable de les supplanter tous les deux en moi ?
Soudain, je me fige. Parce que mes yeux en ont croisé d'autres, d'un vert perçant, braqués sur moi. Des yeux que je connais bien.
Des yeux auxquels j'étais en train de penser à l'instant même. Ceux d'Alexander...
Pendant un instant, je reste figée et incapable de réfléchir, piégée entre stupéfaction et appréhension. Puis les rouages de mon cerveau se remettent en marche, et je comprends que si le jeune journaliste est là, ce ne peut être par hasard. Les invités à la réception du mariage ont été triés sur le volet : s'il est là, c'est forcément que quelqu'un a demandé à ce qu'il soit présent. Et ce quelqu'un, je crois que je sais qui c'est : Jane, évidemment... Ce serait bien son genre de forcer le destin pour m'obliger à trouver ce qu'elle croit être mon bonheur.
Je suis toujours immobile, mais Alexander, lui se met en mouvement : en quatre pas, il est devant moi.
— Bonjour, May, me dit-il avec simplicité.
J'ai souvent entendu sa voix à la télévision au cours des dernières années, mais il faut avouer que sans le filtre des micros, elle a une profondeur bien plus touchante.
— Bonjour.
Je suis peut-être sous le choc, mais je n'ai pas perdu ma politesse.
— C'est Jane qui t'a fait venir, n'est-ce pas ? j'enchaîne.
Alexander ne s'attendait apparemment pas à autant de sécheresse de ma part : le sourire qu'il avait aux lèvres se fane. Mais sans se laisser démonter, il m'avoue :
— Oui, c'est elle qui m'a fait parvenir une invitation.
Je le fixe sans ouvrir la bouche, alors après une seconde de silence, il poursuit :
— Quand je l'ai reçue, je me suis tout de suite dit que je ne devais pas l'accepter. J'ai beaucoup travaillé pour me faire un nom par moi-même, pour qu'on oublie le scoop qui m'a ouvert les portes des journaux et que je t'ai arraché. Mais Jane m'a appelé... elle m'a dit que...
Il bredouille, s'empêtre dans ses mots, et finalement sa voix meurt. Mais j'ai compris ce qu'il cherchait à m'expliquer : ma sœur lui a donné l'espoir d'une possible réconciliation entre nous. Et l'étincelle dans ses yeux me prouve qu'il y croit encore, même après tant de temps, même alors que j'ai passé un an et demi dans d'autres bras que les siens.
Je hoche brièvement la tête pour lui signifier qu'il n'a pas besoin de terminer sa phrase, que ce qu'il suggérait est clair pour moi. Dépité, il soupire :
— J'aurais dû me douter que c'était trop beau, et croire ce que tu m'as dit il y a deux ans et demi plutôt que les fantômes qu'a réveillés ta sœur.
La déception dans sa voix me serre le cœur, et je regrette soudain de m'être montrée si froide en le saluant. Parce qu'après tout, si je mets de côté ce que ma fierté me pousse à affirmer, je dois admettre que ce que je ressens pour Alexander est tout sauf de l'indifférence. Pour autant, est-ce de l'amour ? Je ne sais pas. Mes sentiments pour lui sont bien plus complexes que ce que j'entretenais pour Dan. Alors je m'adoucis.
— Nous pouvons toujours discuter. Cela fait longtemps que nous ne l'avons pas fait.
Je prends une profonde inspiration puis trouve le courage d'avouer :
— Cela me manque.
La réaction d'Alexander est immédiate : son sourire qui s'en était allé revient.
— A moi aussi...
Puis il prend un ton guilleret pour me demander :
— Alors dis-moi, May, quel est ton dernier coup de cœur littéraire ?
Et juste comme ça, nous nous lançons dans une grande conversation autour de nos passions, de mes études, de son travail... Il me donne des nouvelles de sa mère, de sa sœur, je lui parle des destins si différents des miennes...
Je ne sais pas pendant combien de temps exactement nous discutons. Longtemps, c'est sûr. Et je me sens bien. Comme si l'historique entre nous n'était pas si lourd. Comme aux premiers temps de notre relation, quand je le retenais bien après la fin des réunions du jury du Prix Royal de Littérature...
Finalement, de la musique s'élève dans la salle de réception, tandis qu'une piste de danse est dégagée au milieu de la pièce. Alexander et moi nous taisons et c'est avec émotion que nous regardons, côte à côté, Jane et Eliott ouvrir le bal. Ils se séparent après une valse sous les applaudissements, et le journaliste me tend alors son bras :
— Une danse ?
Je me crispe. Discuter avec Alexander, c'était une chose. Me rapprocher encore davantage de lui en est une autre... Il perçoit mon hésitation et plante son regard dans le mien.
— Je t'ai écoutée il y a deux ans et demi, May. Quand tu m'as dit que tu voulais découvrir le monde et les hommes avant de revenir vers moi... ou pas. Cela m'a fait mal, très mal, je me suis éloigné de toi pour me protéger... mais j'ai compris pourquoi tu souhaitais cela. Et la séparation m'a sans doute fait du bien à moi aussi. J'ai pu réfléchir, prendre du recul sur ce que je voulais vraiment. Mûrir. Maintenant, je connais mieux la vie, les gens, et toi aussi. Et je me suis rendu compte d'une chose : jamais rien ni personne n'a provoqué chez moi le même émerveillement que celui que j'ai ressenti lorsque je t'ai rencontrée. Tu es la seule à m'avoir autant retourné l'âme, et j'ai conscience aujourd'hui de la chance extraordinaire que j'ai eue il y a trois ans. Je ne sais pas où tu en es de tes réflexions de ton côté, mais s'il y a ne serait-ce qu'une possibilité que toi aussi tu ressentes la même chose... n'est-il pas temps que nous revenions l'un à l'autre ?
Le discours d'Alexander m'a surprise et je reste pétrifiée. Il a toujours su manier les mots, et ceux qu'il vient d'employer m'ont émue au-delà du croyable. Mon cœur bat à toute allure dans la poitrine... mais continue cependant à douter. C'est comme s'il se retrouvait suspendu au-dessus du vide, et qu'il devait prendre l'impulsion pour sauter.
A cet instant, la musique change, et je souris en la reconnaissant le titre. Love on friday... Comme si l'univers voulait me faire un signe en me rappelant le pseudo que j'utilisais pour discuter avec Alexander sur DirChat lorsque le bunker contraignait ma liberté de parole. Et puis mon regard balaye la salle, et à mon grand étonnement, je découvre un autre invité surprise à la réception : James d'Essex en chair et en os, revenu de l'Himalaya et marchant à grands pas vers Harriet.
Si ce mariage est une bulle d'insouciance dans laquelle les amours blessés peuvent enfin panser leurs plaies, pourquoi n'en profiterais-je pas ? J'ai envie de cette danse, alors pourquoi ne me l'accorderais-je pas ? La liberté est trop belle pour que j'y fixe moi-même des barrières.
Alors je prends la main qu'Alexander me tend, et nous marchons ensemble vers le centre de la piste.
FIN
***
Salut à tous !
J'espère que vous avez apprécié de vous replonger dans l'univers de Royales le temps de ces quatre chapitres ; en tout cas, moi, j'ai beaucoup aimé les écrire ! Je sais que certains d'entre vous avaient été frustrés que la fin du roman n'aient pas été plus développée : avec ce bonus, je croise les doigts pour que ce soit un peu moins le cas.
Si vous aimez mon écriture, et que vous n'avez pas encore découvert mes autres textes sur Wattpad, j'en profite pour vous faire un petit récapitulatif de ce que vous pouvez lire de moi :
- Réseau Royal : dans un univers où la Révolution française n'a pas eu lieu, le roi Louis XX doit faire face aux défis que représentent les nouvelles technologies et les réseaux sociaux. Ce roman est sans doute le plus proche de Royales dans l'univers ; les saisons 1 et 2 sont terminées, la saison 3 est en cours d'écriture.
- Proxima : une novella de science-fiction qui aborde, comme Royales, le thème du clonage.
- Donne-moi des ailes : une romance pour adolescents histoire de passer un moment mignon et léger.
Sachez également que mon prochain roman Tu ne me briseras pas sortira le 17 juin 2021 en librairies ; le début est disponible sur mon profil !
A très bientôt !
Camille Versi
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