14- "Ce joli petit papillon violet..."
Tic
Mardi,
Tac
11h34.
J'étais sûrement lâche mais après son apparition sur la zone de combat, je n'étais pas directement allée voir Marinette. Je comptais évidemment y aller, mais avant ça, je voulais juste avoir le temps de me calmer. La vue de ma meilleure amie aussi mal en point m'avait chamboulé plus que je n'aurais pu l'imaginer. Je ne savais pas vraiment ce qui se passait dans ma tête mais je savais que ça devait être bien pire dans celle de Marinette. Son visage pâle me hantait et la noirceur de la ruelle dans laquelle j'étais n'aidais pas. Je la voyais me regarder avec ses grands yeux bleus, encore et encore... J'avais l'impression qu'elle tentait de me dire quelque chose, de me transmettre un message mais je n'arrivais pas à savoir quoi. A moins que ce ne soit car je ne voulais pas savoir quoi. J'avais peur qu'elle me reproche mon manque de présence à ses cotés et dans un sens, ç'aurait été légitime. Soupirant, je me repris. Regretter des actions passées ne servait à rien. Tout ce que je pouvais maintenant faire c'était tenter de me rattraper en allant lui apporter mon aide. Alors je me levais de la ruelle ou je m'étais précédemment assise et me mis en route vers l'appartement des Dupain-Cheng.
Après que Ladybug soit partie ou plutôt ait fui le champs de bataille, Chat Noir qui avait heureusement de très bon réflexe avait capturé l'akuma avant qu'il ne parte et qu'on ait droit à une deuxième catastrophe du style Cœur de Pierre. Puis, il avait redressé la jeune fille maintenant désakumatisée mais surtout chamboulée. Quand mon regard avait croisé celui du héro masqué, j'avais pu y lire sa panique et sa détresse. Il se retrouvait à devoir gérer seul les dégâts d'un champs de bataille, les dommages humains mais surtout son propre chamboulement... Pendant un instant j'avais oublié qu'en plus d'être l'héroïne de Paris et ma meilleure amis, Ladybug était également la partenaire de Chat Noir. Et la voir dans cet état avait dû le chambouler autant que moi si ce n'est plus.
Je m'en voulait tellement de ne pas avoir aidé Marinette avant et après la mort de sa mère. Nous avions tous remarqué qu'elle allait mal mais étant donné que je m'étais trouvée face à un bloc de mutisme, j'avais décidé que si elle avait besoin d'aide elle viendrait d'elle même m'en parler. J'avais abandonné alors que je savais que derrière ce mutisme apparent et volontaire se cachait quelque chose de beaucoup plus grave. Je l'avais laissé souffrir en silence. Et pire encore, j'avais continué malgré la mort de Sabine. Après que j'eu appris la nouvelle je m'étais effondrée. C'était si soudain que je n'avais sur comment réagir. Moi qui avait l'habitude de toujours tout maîtriser, je m'étais retrouver à ne plus comprendre mes propres émotions. C'était horrible à dire mais cette sensation nouvelle m'avait presque autant chamboulé que l'annonce de la mort de Sabine en elle-même. Puis je m'étais ressaisie et avais tout de même essayé de joindre Marinette pour lui dire que j'étais là si elle avait besoin d'aide. Mais elle s'était encore plus renfermée, éteignant son téléphone de façon à ne plus recevoir aucun message ou appel, se confinant dans sa chambre entourée de sa tristesse et refusant tout contact avec le monde extérieur. La seule fois où je l'avais aperçue depuis l'incident, c'était à l'enterrement. J'avais bien tenté de lui parler de lui montrer du soutien et de trouver une façon de l'aider. Mais rien. Elle avait semblé déconnectée toute la cérémonie et c'est à peine si elle réagissait aux mots qu'on lui adressait. Je n'étais même pas sûre qu'elle se soit rendue compte de ma présence. Comme si elle était dans son propre monde, qu'elle n'interagissait plus dans la même réalité que la notre. Et c'est exactement la même impression que j'avais eu lors du combat tout à l'heure. La différence était qu'en plus du fait que son esprit s'efface de notre réalité, son enveloppe corporelle semblait faire de même. Comme un fantôme. Le fantôme de Marinette, ma meilleure amie toujours si souriante et prêt à aider.
Cependant, il y avait quelque chose que je ne comprenais toujours pas. Avant la mort de Sabine, Marinette allait déjà mal. J'avais supposé que cela avait un lien avec les commentaires haineux sur Ladybug mais malgré leur violence, ça ne pouvait être la seule cause. Je connaissais assez bien Marinette pour savoir qu'elle était forte mentalement et que jamais des commentaires écrits par des imbéciles derrière leurs écrans n'auraient pu l'atteindre à ce point. Il y avait quelque chose d'autre et je n'arrivais pas à mettre le doigt sur ce que c'était.
Je m'arrêtai devant la boulangerie des Dupain-Cheng. La porte était grande ouverte et ce ne fit qu'augmenter mon stress. J'entrai doucement et appelai ma meilleure amie.
-Marinette ? Tu es là ? C'est Alya.
N'obtenant pas de réponses je commençai à monter l'escalier menant à l'appartement de la famille en lui-même. En temps normal, cette situation m'aurait fait peur. Mais la notion de normalité était partie et avait laissé dans son sillage l'inquiétude. Une inquiétude viscérale qui me nouait la gorge et me contractait l'estomac sans vraiment que je sache pourquoi. J'accélérai le pas.
-Marinette, réponds moi, tu es là ? S'il te plait...
Soudain, la trappe de sa chambre s'ouvrit d'un coup -ce qui me fit sursauter- et je la vis dévaler l'escalier. Je n'eu pas le loisir de la détailler du regard cependant je fis la constatation que son état sans le costume pour recouvrir certaine parties de son corps, était encore pire. Comment avais-je pu ne pas me rendre compte plus tôt de sa dégradation...? Comment avais-je pu ne pas l'aider...? Comment a-...
-Alya ! me coupa Marinette en criant.
Elle se tenait la tête et semblait souffrir. Ses sourcils étaient froncés comme si elle tentait vainement de se concentrer, de résister-... Oh mon dieu, non. Une hypothèse sur ce qu'il se passait devant mes yeux venait d'émerger dans mon esprit mais je la rejetai en bloc. Je refusais catégoriquement que cela soit possible. Marinette était la dernière personne à qui j'aurais pu penser que cela puisse arriver. Pourtant cela prenait sens et les propos de ma meilleure amie ne firent que confirmer ma peur:
-Alya, je ne vais pas tenir bien longtemps, je suis désolé... Je suis si faible... Je ne voulais pas je te promets, je lui ai dit que je ne voulais pas. J'avais juste envie de pouvoir m'envoler comme ce joli petit papillon, est-ce si mal que ça ? Je me suis déjà envolée, c'est amusant tu sais... Les coccinelles volent comme les papillons, débita-t-elle comme si elle n'avait pas vraiment conscience de ma présence. Il n'arrête pas de me dire que je vais pouvoir me venger -me venger de quoi d'ailleurs ?- , ne plus penser à rien... Mais si j'arrête de penser, qui le fera ? Il crie Alya, il souffre ! Moi aussi je souffre -je crois ?- et je me sens si faible... Et si je suis faible est ce que c'est si grave que ça ? Après tout je pourrais m'envoler et le laisser m'aider. Il semble gentil tu sais, ce joli petit papillon violet...
Elle semblait devenir folle, ses phrases étaient incohérentes et c'était comme si elle était en débat avec elle-même (à la réflexion c'était peut-être le cas). Je ne savais pas comment l'aider, je voyais bien qu'elle souffrait et luttait mais je ne pouvais rien faire. L'interrompre dans son monologue me semblait être une mauvaise idée car j'avais l'impression qu'en parlant, elle cherchait à gagner du temps. Alors à court d'idée, je m'approchai et m'accroupis près de mon amie qui s'était effondrée sur les genoux épuisée.
-Marinette, je suis là, tu n'as pas besoin du Papillon, je te promets que je vais t'aid-...
-Alya, COURS ! me coupa Marinette en criant et en se tenant la têt avec une telle force que je compris qu'elle souffrait de cette lutte bien plus que je ne l'avais imaginé. Alors que je m'éloignais craintivement ne sachant pas vraiment si faire ce qu'elle me disait était une bonne idée, elle me prit la main et y glissa un objet que je n'identifiai pas immédiatement. Puis elle me poussa et la dernière vision que j'eu d'elle fut la brume violette l'enveloppant. Elle avait finalement décidé de suivre ce joli petit papillon violet.
S. L 🖤
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