1- "Si j'étais une sirène, il serait un marin."
1- "Si j'étais une sirène il serait un marin."
Tic
Mardi,
Tac
22h46.
_Détransformation.
J'étais crevée, exténuée, morte...
Je m'effondrai sur mon bureau.
Tikki, maintenant habituée à cette fatigue que je portais jour après jour, voletait autour de moi la mine soucieuse et l'air inquiète. Pourtant, je ne voulais pas qu'elle ait à s'inquiéter pour moi. Si je faisais tout ça, c'était justement pour que mes proches soient tranquilles et en sécurité !
Je ne veux pas les inquiéter. Quel en serait l'intérêt ? Qu'ils se fassent du soucis pour moi ? Qu'ils me considèrent comme une petite chose fragile ? C'est sûrement vrai... Tikki ne cesse de me répéter que je suis Ladybug. Mais pourtant, je suis Marinette ! Uniquement Marinette ! Une fille maladroite, naïve et timide... Ladybug, elle, est... tellement plus ! Marinette est faible, je suis faible pourtant je n'ai pas le droit de craquer. Car si je le fais qui les protégera tous : mes amis, ma famille, Paris...? Ladybug doit les protéger, quoiqu'il arrive.
Tous les parisiens l'admirent, l'acclament et l'aiment. Mais pourtant, Ladybug n'est qu'une chimère montée de toute pièce par le Miraculous. Il me suffirait d'enlever ces fichues boucles d'oreilles et POUF, disparue la vaillante héroïne masquée ! Ou mieux encore, il me suffirait de rejoindre celui que tous désignent comme le "méchant", et tous les services que j'ai rendu à cette ville seraient oubliés. Car c'est ainsi que les humains sont fait, d'hypocrisie basée sur l'oubli. Il est est tellement plus simple d'oublier les moments passés pour les déformer, d'oublier les erreurs commises pour les répéter. Il me suffirait de passer de l'autre côté et plus personne ne se souviendrait que j'ai un jour combattu aux côtés de Chat Noir.
Chat Noir...
Si j'étais une sirène, il serait un marin. Et hypnotisé par mes chants, il tomberait amoureux d'un mensonge, d'une chimère créé de toutes pièces par ma propre volonté. Il croirait à ma beauté et à mon courage, jusqu'à ce que mon chant s'arrête et que les masques tombent. Alors, il tenterait de fuir... Mais réussirait-il ?
J'étouffai un bâillement et détournait mon attention vers mon carnet de croquis. Hier soir- à moins que ce fût ce matin, bref cette nuit, j'avais dessiné une jupe noire. Elle était longue avec une ceinture et deux poches, éléments qui pour moi faisaient souvent toute la différence dans un habit. Il me fallait donc découper un pièce de tissus de...
Rien à faire, mes vaines tentatives pour m'enlever de l'esprit le combat qui venait d'avoir lieu n'aboutissaient à rien. Comme chaque fois d'ailleurs...
Je ne pouvais plus me les enlever de la tête.
Chaque coup était plus violent que les précédents.
Chaque méchant était plus fort que son prédécesseur.
Chaque combat était plus dur que le dernier.
Tous ces coups que nous avions pris. Toutes ces secondes qui nous avaient manqué. Tous ces civils sauvés de justesse. Et surtout, tous ces moments où Chat Noir avait frôlé la mort.
Par ma faute.
Je...je me sens faible. Je me sens inutile. Je me sens nulle.
Mais le suis-je ?
Oui.
Je suis faible. Je suis inutile. Je suis nulle.
Je n'arrive pas à tout gérer. Tout se bouscule et s'entrechoque dans ma tête. Les petits bonhommes qui courraient en criants affolés dans mon cerveau que je me plaisais à imaginer il y a peu avaient été remplacés par des autos tamponneuses frappant et me donnant des maux de tête atroces.
Mes professeurs ne cessaient de me répéter que si je ne me concentrais pas plus durant cette fin d'année, je risquais de redoubler. Mes parents ne cessaient de me gronder pour tous ces retards et absences injustifiés. Comment justifier cela ? Je passais mes journées à m'épuiser contre un inconnu qui lui, semblait jamais se fatiguer. Je voyais plus souvent ses sbires qu'il manipulait grâce aux papillons violets que mes propres parents. Et moi je ne cessais de sombrer, vivant ma vie en retenant mon souffle dans l'attente du prochain combat, en apnée. Je m'essoufflai et me sentait couler luttant pour respirer et rester à la surface.
-Marinette...
Tikki. Je suis sûre qu'elle aussi je la déçois Elle ne me le dit juste pas. De toute façon, elle est obligée de rester avec moi, vu que je suis Ladybug. C'est comme ça. Pourtant, si un jour elle ne souhaitait plus être ma Kwami, je donnerai mes boucles d'oreilles à un autre. Même si ça me fendrait le cœur, Tikki serait heureuse.
-Marinette, regarde-moi.
Je n'ose pas. Je suis sûre que son regard est chargé de reproches. Pourtant alors que le silence s'éternise je n'y tiens plus et lève le regard.
_Marinette, commence Tikki, va dormir. Tu es épuisée et demain tu as cours. Il est tard.
Je ne réponds pas. Que dire ? Je ne pouvais pas lui dire que dormir m'était impossible. Qu'à peine je fermais les yeux, les images de mes proches en danger, souffrant ou même mourant sans que je ne puisse rien faire, m'apparaissaient. Mes plus grandes peurs se matérialisaient et j'y assistais impuissante. Je ne voulais pas encore une fois revivre ça, ces cauchemars plus que de simple images de mon esprit reflétaient ce qui me terrifiait. Il fallait que je tienne et reste forte pour éviter que cela n'arrive.
Ainsi, tandis qu'elle allait se coucher dans le petit lit que je lui avait emménagé avec une ancienne boîte à épingles, je me penchais sur la jupe que j'avais entrepris de réaliser.
1 heure passa.
Puis 2 et s'en suivirent plusieurs.
J'étouffai un bâillement et ne pus m'empêcher de regarder l'heure. Mon réveil annonçait 3h09, nous étions donc passés à mercredi. 1 jour de plus écoulé et 20h 51 avant le suivant.
Je ne savais pas vraiment quand est ce que le changement en moi s'était effectué. À quel moment j'avais arrêté d'être la Marinette positive et souriante... Enfin, en apparence, je l'étais toujours, du moins, j'essayais de faire croire à mon entourage que je l'étais toujours. J'avais espoir que cette façade resta convaincante mais je me doutais bien que si mon état continuait de se dégrader, même les plus crédules et naïfs de mon entourage (Adrien si tu m'entends) se rendraient compte que quelque chose clochait. Et ce malgré le fond de teint et mes faux sourires.
Je me rappelais avoir eu une discussion avec Adrien à propos des faux sourires justement. Je ne savais plus vraiment quand, ni comment nous en étions arrivé à ce sujet, mais je me rappelais exactement de la discussion, comme si mon cerveau avait prévu la dégradation de mon état.
Flashback
-Adrien ! Adr-... Est ce que ça va ? demanda la jeune asiatique en s'arrêtant devant lui, légèrement rouge et essoufflée.
-Oh, Marinette, excuse-moi. Que fais-tu là ?
-Je...je voulais te donner tes devoirs de ce matin. Nino avait l'air de galérer alors Alya lui a-...enfin, du coup je m'en suis occupée. Mais, toi ça va ? l'interrogea l'adolescente en s'asseyant aux côtés du blond.
-Marinette, sincèrement, est-ce que j'ai l'air d'aller bien ?
-C'est vrai, excuse-moi, question idiote. Tu veux en parler ?
-Il n'y a rien a dire, déclara l'adolescent, ses cheveux en bataille et toutes trace de gaîté ayant disparu de son visage. J'ai juste l'impression d'être obligé d'être hypocrite, de toujours jouer un rôle et de montrer aux gens une personne que je ne suis pas.
-Hum...tu sais, si tu n'as pas envie de maintenir cette image que, j'imagine, ton père t'impose, avec Alya, Nino et moi, je pense que ça ne choquera personne. Nino est mon ami depuis la maternelle et Alya est ma meilleure amie, donc tu imagines bien que je les ai déjà vu pleurer. Les amis, ça sert à ça, à savoir qu'on peut se lâcher et dire ce que l'on pense et ce que l'on ressent, librement. Enfin, je... avis mon... c'est mon avis, déclara la collégienne en paniquant vers la fin, quand elle se rendit compte de ce qu'elle avait dit devant son camarade.
Ce dernier prit d'ailleurs du temps à lui répondre, réfléchissant d'un air pensif, la tête sur ses poing. Puis, quand enfin il sembla revenir de ses rêveries, il se tourna vers son amie, un petit sourire collé aux lèvres.
-Merci Marinette. Si telle est ta définition du statut d'ami, et bien je peux te dire que tu es une très bonne amie.
La dénommé Marinette sembla un léger instant déçue et les coins de ses lèvres s'abaissèrent. Mais bien vite elle se reprit et le blond sembla ne se rendre compte de rien. D'ailleurs, il continua.
-Juste, je peux te poser une question ?
-Hein ? Oh, oui, vas-y, qu'est ce qu'il y a ?
-Pourquoi dès que tu me parles, tu te mets à bégayer ? J'ai bien observé et tu ne fais ça que avec moi. J'ai fait quelque chose de mal ?
La jeune fille aux cheveux noirs s'empourpra et chercha quoi répondre. Visiblement, elle ne voulait pas dévoiler la véritable raison à son interlocuteur. Elle finit cependant par répondre:
-Hum, et bien, je suppose que comme ton père est mon idole, j'étais...intimidée ?
-Oh... Il n'y a pas tu sais ! Enfin, je veux dire, j'aime bien quand on se parle normalement, comme maintenant !
-Je suis désolée de t'avoir donné l'impression d'un quelconque malaise Adrien, s'excusa l'adolescente en baissant la tête
-Oh non, c'est pas grave Mari !
Alors, les deux se sourirent. Comme ça, sans raison. Dans un silence qui pourtant n'était pas gênant. Dans un moment de flottement hors du temps.
Fin du Flashback
Adrien... Depuis ce jour, il avait peu à peu relâché la pression et avait réussi à nous montrer quand il allait mal, de façon à ce qu'on puisse le soutenir et moi de mon côté, je m'étais forcée à arrêter de bégayer quand je lui parlais (sans grand succès malheureusement). J'avais toujours été fière de ce que je lui avais dit. Mais je n'arrivais même plus à appliquer mes propres conseils...
J'étouffai de nouveau un bâillement.
Il fallait que j'aille dormir, pourtant, je savais que c'était une mauvaise idée. Les cauchemars qui m'avaient assaillis toute les autres fois où je m'était finalement endormie étaient encore bien trop frais dans ma mémoire.
Mais la fatigue ayant pris l'emprise de mon corps et surpassant ma volonté, je me levais chancelante, les yeux à moitié ouvert. Je ne saurai jamais comment l'échelle menant à mon lit avait été gravie, toujours est-il que j'étais arrivée en haut. Je me savais capable de faire une nuit blanche -conséquence de mes nombreuses nuits de couture- mais sachant que mes nuits étaient extrêmement courtes depuis un bon bout de temps, je ne pouvais plus tenir. La fatigue m'assaillait et mes yeux papillonnaient et se fermaient par intermittence.
Finalement, après ce combat acharné contre l'envie de dormir, toutes mes forces m'abandonnèrent et rejoignirent ma volonté qui avait déjà baissé les bras. Et la fatigue, triomphante, observant avec un sourire fier le drapeau blanc que ses ennemis agitaient, s'empara de moi pour me plonger dans une brume sombre qui grossissait de seconde en seconde et que je finis, juste avant de sombrer totalement, par assimiler au sommeil...
1807 mots
S.L🖤
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