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Chapitre 46 - Celui qui apprend

Janvier a étendu ses langues glacées autour du manoir et dans la serre ne subsiste plus que légumes oubliés et mottes de terre gelées.

À l'abri du frimas, ensevelis sous un plaid et quelques coussins, Caleb a le nez plongé dans le livre qu'Anthéa lui a offert pour Noël. Pelotonnée à ses côtés, la jeune fille a repris la transcription du grimoire, laissée de côté trop longtemps. Autour d'eux, le médaillon volette au ralenti, comme engourdis, lui aussi, par la langueur de l'hiver londonien.

Arrivé à la fin de son ouvrage, Caleb le referme et laisse son regard glisser jusqu'à l'homme qui griffonne, assis au bureau devant la fenêtre. Depuis quelque temps, Venacio travaille plus volontiers dans la bibliothèque pour peu qu'elle ne soit pas bondée. Peut-être parce qu'il y fait plus chaud que dans le laboratoire ?

Estimant que le moment est venu de mettre à exécution le plan qu'il a fomenté avec sa meilleure amie, Caleb se racle la gorge pour attirer son attention.

— Anthéa, tu pourrais m'apprendre à jouer de la guitare ?

Elle repose sur ses genoux carnet et crayon et relève la tête dans sa direction avant de la hocher d'un air grave.

— Elle sort de nulle part, cette demande, fait-elle remarquer. En plus, je suis vraiment pas très douée. Mon truc c'est carrément plus le piano.

Elle est trop sérieuse. Ils vont se faire griller. Caleb tente de le lui faire comprendre par un simple regard, mais déchante dès qu'il s'autorise un coup d'œil en direction de Venacio. L'homme ne s'est pas retourné, il n'a même pas interrompu sa rédaction.
Qu'à cela ne tienne, il n'en a pas encore fini. Du bout de l'index, il tapote la couverture de son livre.

— En fait, le héros est guitariste et ça a l'air super cool. Je veux apprendre.

En soit, ce n'est pas faux, mais ce n'est pas la raison principale de sa demande.

— Désolée, s'excuse Anthéa, et au son de sa voix, Caleb y croit presque. Mais vraiment, mon niveau n'est vraiment pas assez élevé, je vais surtout t'apprendre comment faire des erreurs. En plus... Zach voudrait qu'on se voie plus souvent. Juste tous les deux, en fait, pas ici, quoi. Et, euh, enfin, avec mes heures de colle et tout, j'ai peur de pas avoir le temps de faire les deux. Tu vois ?

— Pas de soucis... marmonne Caleb d'un air faussement déçu. Et, euh... ça se passe bien du coup, avec Zach ?

Anthéa n'a pas le temps de répondre que la voix de Venacio les interrompt. Les deux amis se retournent de concert, ravis de découvrir que Venacio s'est redressé, son stylo en suspension au-dessus de sa feuille.

— Terrence doit venir la semaine prochaine pour l'entretien du piano. Il donne aussi des cours, tu pourrais voir avec lui s'il ne lui reste pas un créneau pour toi.

Ce n'est pas la réponse qu'ils espéraient et aucun d'eux ne peut cacher sa déception. Mais avant qu'Anthéa ne soit trop honnête au sujet de ce qu'elle pense de l'homme au grand chien noir, Caleb reprend la parole, et cette fois, il n'a même pas besoin de faire semblant d'être gêné.

— Je n'ai rien pour le payer, marmonne-t-il. Et il habite pas tout près, de ce que j'ai compris. Je pourrais pas accepter qu'il fasse tout ce trajet pour, au final, me donner cours gratuitement.

Approuvant sans doute en partie ses dires, Venacio hoche la tête. Il a l'air déçu. Peut-être espérait-il revoir l'homme plus souvent de cette façon ?

— Je suppose que ça te dérangerait moins si j'étais celui qui offrait ses services bénévolement ?

— Hein ?

C'est exactement ce qu'il souhaite, en effet, mais présenté de la sorte, ça donne l'impression que l'homme n'en a aucune envie. Or, la dernière chose que veut Caleb, c'est qu'il se force pour lui. Au contraire, il comptait tout faire pour que l'homme y prenne au moins autant de plaisir que lui.

— Je suppose que ça fait partie de mes attributions, enchaîne Venacio. Et si je peux vous remettre à jour en Histoire alors que j'ai toujours détesté cette matière, je devrais pouvoir t'enseigner les bases de la guitare. Mais si tu t'avères ne serait-ce qu'à moitié aussi doué qu'Anthéa, tu auras vite fait d'atteindre mes limites.


Le premier cours a lieu le lendemain matin, alors que tous vaquent à leurs occupations, dont une bonne partie à lieu en dehors du manoir. Et loin de conforter Venacio au sujet de sa rapide inutilité en tant qu'instructeur, la leçon ne révèle aucune affinité entre le jeune homme et un quelconque sens du rythme.

— C'est une catastrophe, geint Caleb après une heure de torture. Je suis nullissime.

Ses doigts, encore constellés de cicatrices dues au feu d'Ilias, sont douloureux et irrités à force d'avoir comprimé les cordes.

— C'est ton premier cours, le rassure l'homme en prenant place dans le fauteuil qui lui fait face. Personne ne commence au top de son art. Où serait l'intérêt ?

— L'intérêt, ce serait que j'aie réussi à sortir une note juste...

Il est difficile d'aller contre son argument, alors Venacio se contente de lui sourire, ce qui n'est déjà pas si mal en soit.
Le silence qui s'installe entre eux après ça n'est pas si inconfortable. Il l'a déjà été beaucoup plus, en tout cas. Pourtant, quand l'homme reprend la parole, c'est avec une intonation sérieuse que ne lui connaît pas le garçon.

— Tu as pris ma défense à Noël.

— Je... oui ?

Pourquoi revenir là-dessus après tout ce temps ? Caleb avait presque oublié cet incident, bien qu'il soit à l'origine de son aversion pour Jarrod et Terrence.

— Ce n'était pas la peine.

— Ah...

Des remontrances, alors ? Dans ce cas, il aurait préféré que l'homme oublie lui aussi cette altercation.

— Je veux dire... merci. Mais ce n'est pas ton rôle de protéger un de tes instructeurs. Ce n'est le rôle d'aucun de vous. Surtout que, tu as dû le comprendre, Terrence, Jarrod et moi avons un passé commun.

L'homme marque une pause, en proie à une hésitation que Caleb ne comprend pas.
Quand il reprend la parole, c'est en évitant son regard. Les bras et les jambes croisés, il agite nerveusement le pied.

— Un passé qui implique d'autres personnes, aussi. Un passé où il n'est pas impossible que tu aies une place.

Ça n'a strictement aucun sens, aussi Caleb ne répond-il pas. Il ouvre la bouche, fronce les sourcils, puis referme la bouche, rendu muet par l'incompréhension, mais surtout pris d'un terrible pressentiment.

— Je ne comptais pas t'en parler, parce que ça ne me regarde pas. Mais comme cet abruti semble t'avoir reconnu aussi, il est sûrement préférable que je te prévienne. Que tu ne sois pas surpris le jour où il se décidera à aborder le sujet.

— Je comprends rien, avoue Caleb. Il m'a reconnu ? Comment ça, il m'a reconnu ? Je n'avais jamais vu ce type de ma vie avant le soir du réveillon.

Entre ses doigts, l'adolescent fait rouler les cordons de sa capuche. Bien qu'il espère depuis longtemps avoir une vraie discussion avec Venacio, il n'aime pas du tout la direction que prend celle-ci.

— Caleb, reprend l'homme, et il a l'impression que son nom se coince dans sa gorge comme une insulte trop difficile à retenir. On t'a déjà dit que... que tu ressemblais beaucoup à tes parents ?

Une boule de stress s'accumule dans la gorge de l'adolescent. Elle l'empêche de parler, paralyse ses muscles et réduit son activité cérébrale au strict minimum.

— Je... Quoi ? Non... je crois pas... Enfin...

Il ne reconnaît pas sa voix, qui s'étrangle dans son œsophage.

— Il est possible que je me trompe, admet l'homme, mal à l'aise, mais si ce... type, t'as reconnu aussi, ça ne peut pas être un hasard.

Au prix d'un effort surhumain, Caleb dégluti, mais la boule de stress ne passe pas. Ses doigts ont abandonné le cordon et ont entrepris de détricoter la vieille couverture qui recouvre le canapé où il se dandine, mal à l'aise.

— Tu connaissais mes parents ? miaule-t-il avant de se racler la gorge une nouvelle fois.

Voir Venacio hocher la tête est physiquement douloureux. C'est absurde. Le monde ne peut pas être si petit.

— Très mal en réalité. Et ton père bien plus que ta mère. Il était ami avec Wand. C'était... il soupire, plongé dans des souvenirs qui ont l'air tout sauf agréables. Eh bien, disons que ta présence ici me porte à croire qu'il n'a pas beaucoup changé depuis le lycée.

Ça fait mal, et Caleb ne peut empêcher les larmes qui lui montent aux yeux de brouiller sa vue.

— Mes parents... bredouille-t-il, ils ne m'ont pas foutu à la porte. C'est moi qui me suis enfui. De chez mon oncle et ma tante.

L'homme qui lui fait face se tend un peu plus encore à ces mots.

— Ton oncle et... Pourquoi ?

— Parce que c'est chez eux que j'habitais. Mes parents sont morts.

C'est la douche froide. Venacio bloque quelques secondes, incapable de trouver quoi répondre. En d'autres circonstances, Caleb aurait trouvé ça mignon. Là, il aimerait juste être assez courageux pour se lever et partir en courant.

— Morts ? répète l'homme, incrédule. Merde, j'aurais dû me taire. Je suis désolé, Caleb, vraiment.

L'adolescent secoue la tête puis il essuie ses yeux sur le point de déborder. De la poche de son jean, il sort un cube recouvert sur chacune de ses faces de boutons à pousser ou de billes à déplacer. Le cadeau de Noël de Venacio. Il le manipule quelques secondes, renifle, puis le dissimule à l'intérieur de son poing.

— Tu pouvais pas savoir. C'est... Ça fait mal, oui. Je me suis toujours demandé s'ils m'auraient accepté, mais si mon père était vraiment l'homme que tu as connu, il m'aurait peut-être rejeté de la même façon que mon oncle.

— Comment ils l'ont su ?

— Il m'a vu embrasser un mec.

Venacio hoche la tête et soupire comme si ça lui rappelait des souvenirs.

— C'est effectivement un indice assez probant. Et tu t'es enfui ? Seul ? Sans point de chute ? C'est courageux. Je n'aurais jamais osé. J'ai toujours caché cette part de moi à mes parents puis à ma grand-mère.

Alors qu'il a recommencé à triturer le cube coloré, Caleb s'interrompt pour dévisager Venacio.

— Cette part de toi ? Tu veux dire que tu es...

L'homme approuve, confirmant à Caleb qu'il n'a pas rêvé ces regards qu'il a cru le voir échanger avec Terrence. S'il veut être honnête, ça ne l'étonne qu'à moitié, ça fait plusieurs années, maintenant, qu'il parvient à identifier ses semblables sans grandes difficultés. La non-réaction de Venacio face à ses sollicitations répétées l'empêchait pourtant d'en être certain.

— Gay ? Oui. Ou peut-être un peu bi. Je crois que Vivienne s'en doutait, elle m'a récupéré comme elle le fait avec vous, les gosses. Elle m'a sauvé en me ramenant ici. Je crois que je comprends la reconnaissance que Charlie a pour elle.

— Elle est incroyable, confirme Caleb.

— Mais tu ne lui as toujours pas dit qui tu es.

Las, Caleb sourit, conscient qu'il aurait dû le faire depuis longtemps.

— Touché. Elle a connu mes parents, elle aussi, c'est ça ? Tu crois qu'elle m'a reconnu ?

— On n'en a jamais parlé. Mais j'ignorais qu'elle était encore en contact avec ce co... avec Wand. Donc va savoir ce qu'elle cache d'autre.

C'est inattendu de voir Venacio s'ouvrir autant. Ça fait des mois qu'il tente d'obtenir un pour cent de cette intimité sans succès. Et là, juste en parlant de ses parents, il a droit à une mince fenêtre sur son passé ? Il en est touché. À moins que ce ne soit précisément le fait de parler d'eux qui le rende sentimental ? Ah, oui, peut-être. Ça expliquerait les nouvelles larmes qu'il sent monter et remplir ses yeux.

— Je peux te donner mon nom ? demande-t-il en reniflant. Comme ça, tu me diras si c'est bien mon père que tu connaissais.

— Tu es sûr ?

Caleb hoche vigoureusement la tête, ce qui libère deux grosses larmes qui dévalent aussitôt ses joues avant de venir s'écraser sur son pull.

— Maintenant qu'on en a parlé, oui. Je veux savoir qui ils étaient.

— Très bien, approuve Venacio, mais je ne veux pas que tu les détestes à cause de ce que j'ai dit. Je ne connaissais pas assez ta mère pour me prononcer, mais elle avait l'air d'une gentille fille. Quant à... Joshua... il aurait peut-être été un bon père, il a pu s'assagir. Pour ce que j'en sais, tes parents s'aimaient beaucoup et ils étaient heureux de ton arrivée malgré leur jeune âge.

Sur les joues de Caleb, d'autres larmes se pressent. Elles tracent de nouveaux sillons, dégringolent jusqu'à sa bouche qu'il garde entrouverte pour respirer.

— Mon nom est Caleb Corbyn, hoquette-t-il. Mes parents s'appelaient...

Dans sa gorge, les sanglots qu'il retient depuis trop longtemps éclatent. Il est incapable de prononcer leurs noms, c'est trop dur. Trop réel. Il réessaye à plusieurs reprises, mais sans succès. Il a envie d'en finir, ne veut plus avoir cette discussion. Alors il se lève. Il respire avec difficulté, trébuche sur la table basse et se rattrape au dossier du fauteuil de Venacio. Ses yeux le supplient de mettre un terme à cette torture, mais l'homme est très mauvais quand il s'agit de jouer aux devinettes et il se méprend sur leur signification.

— Joshua et Claudia.

Il ne voulait pas qu'il termine sa phrase. Il ne voulait pas savoir. Mais c'est trop tard, et la confirmation termine de l'anéantir. Sa vue se brouille et il se donne l'impression d'avoir cinq ans. Pourquoi ses pouvoirs ne fonctionnent-ils pas sur lui-même ? Pourquoi n'est-il pas en mesure de s'auto-calmer ?

Il voit la silhouette qui de dresse soudain devant lui, bien que ses contours soient flous, et il sent les mains qui se posent sur ses épaules et le dirigent vers le divan qu'il vient de quitter pour se pousser à s'y asseoir.

Il a rarement entendu parler de ses parents. C'est peut-être pour ça que la simple énonciation de leurs noms lui fait cet effet. Une mention de-ci de-là lors des réunions de famille, une anecdote remontant à l'enfance de sa mère et tuée dans l'œuf par l'oncle Eugène dès qu'un autre de ses oncles tentait de la raviver, une plainte de la tante Drussilla au moindre pas de travers qu'il pouvait faire. Rien de concret. Jamais. Comme s'il n'était né d'aucun parent, qu'il avait toujours été orphelin.

Il y a cette photo pourtant, celle que son oncle a accrochée au mur de sa chambre le jour de ses six ans. Maigre décoration que ce cliché 10X15 dans son cadre orné d'oursons roses et bleus. Seul souvenir d'une époque qu'il a oubliée, qu'il n'a même jamais connue. Une image qu'il a passé tant de temps à admirer qu'il s'étonne encore aujourd'hui qu'elle n'ait pas perdu toutes ses couleurs.

Désormais rangé dans le tiroir de son bureau, le cliché montre ses parents le jour de leur mariage. À peine plus âgés que les jumeaux le sont aujourd'hui, ils se tiennent étroitement enlacés. Son père, tout juste sorti de l'adolescence, caresse le ventre arrondi de sa mère sur lequel se tend l'étoffe crème d'une robe bon marché. Ils ont l'air miteux, mais heureux.

La main de Venacio qui tapote son épaule le fait revenir à l'instant présent. L'homme s'est installé à ses côtés et tente comme il le peut de le réconforter. Que dire à un garçon qui pleure ses parents morts depuis plus de dix ans ? Lui-même l'ignore.

Sans réfléchir, et parce que c'est ce qu'il ferait avec Anthéa si elle était là, Caleb se jette contre le torse de l'homme. Il a juste besoin qu'on l'étreigne un moment, qu'on lui caresse la tête en lui répétant que ça va aller. Ce que personne n'a jamais fait pour lui pendant les douze années qu'il a passé chez son oncle et sa tante.

Loin de l'enlacer en retour, Venacio se tend. Il a retiré sa main de son épaule et recule sur le canapé, tentant de se soustraire à son emprise. Déçu, Caleb le lâche alors.

— Pardon, s'excuse-t-il en s'essuyant le nez du dos de la main. J'avais juste... non, rien.

Il ne sert à rien de lui expliquer, ça ne changerait de toute façon rien au fait qu'il ne souhaite pas le toucher.

— Je ne suis pas la personne idéale pour te parler d'eux, mais... Je peux essayer de le faire si ça te fait du bien.

— Je... Oui... Pourquoi pas... Mais pas tout de suite.

— Bien sûr.

C'est mieux que rien. C'est beaucoup mieux que rien. Alors pourquoi a-t-il l'impression que c'est pire que tout ?

**

Hey les gens !

J'ai un jour de retard parce que j'ai dû réécrire toute une partie de ce chapitre qui ne me plaisait plus du tout. Bon, en l'état il ne me satisfait toujours pas à 100 % non plus, mais c'est déjà mieux. Pour l'instant.

On a entamé le dernier mois de publication de ce tome 1, vous vous rendez compte ? Ça me fait vraiment bizarre de me dire que c'est bientôt fini. Surtout que je n'ai pas encore commencé la rédaction du tome 2. Mon plan ne le convient pas, il y a des zones qui me dérangent beaucoup et que je ne parviens pas à arranger. Je crois que je vais être obligé de tout noter sur des post-it pour pouvoir les coller sur un mur et les réarranger au mieux...

Ça va me prendre des plombes mais c'est pour le mieux. À partir du moment où le plan me conviendra, la rédaction sera vachement simplifiée. Je pense même qu'elle pourrait prendre moins de temps que celle du tome 1 ^^


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