Dans le chaos généré par Drew et Ilias, personne n'a remarqué la porte qui s'est ouverte sur Henry avant que celui-ci ne sursaute en évitant de justesse la gerbe d'étincelles lancée par sa sœur.
Impuissante, Anthéa le voit alors s'avancer dans la pièce, l'ai confus. Par tous les révolutionnaires du monde moderne, à quoi a-t-il assisté, exactement ? Avant d'avoir la réponse à cette question – sous la forme d'une crise de nerfs, peut-être, quand son cerveau prendra conscience de ce à quoi il vient d'assister – elle voit Caleb l'intercepter. Dans tous ses états, son ami agrippe l'avant-bras de l'aîné des Reed et par magie – littéralement – son visage se détend aussitôt.

— Henry ! Tu viens jouer avec nous ?

Si celui-là est désormais occupé et distrait par les endorphines de l'adolescent, il n'en va pas de même de ses deux frères. Les jumeaux – la première paire de jumeaux – qui sont entrés juste derrière lui sont maintenant en train de se frayer un chemin dans la bibliothèque sans dessus-dessous.

— Mais qu'est-ce que vous...

C'est une catastrophe. Il n'y a aucun dégât sérieux, Anthéa y a veillé, mais il n'y a pas non plus d'explications à cet ersatz de feu d'artifice auquel ils viennent d'assister. Parce qu'ils l'ont vu aussi, il n'y a aucun doute à ce sujet. Sans plus réfléchir, Anthéa attrape le crayon dans la main d'Ilias et se précipite sur Drew pour en faire de même avec le sien. Elle sent l'adrénaline se mêler aux flux de magie qui circulent dans son corps. C'est comme l'autre jour, dans la cours de récréation, celui où elle a sauvé les fesses de Zachary. Alors, elle se laisse guider par son instinct et apprécie, moins d'une seconde plus tard, le changement de texture contre sa peau.

— Adam... Lewis...

Drew parait plus agacée qu'inquiète. La main toujours sur son crayon, au contraire d'Ilias, elle jette une œillade vers Anthéa.

Celle-ci inspire et ferme les yeux. Elle a presque terminé, mais il lui reste à peine le temps d'une respiration avant qu'ils ne les aient rejoints. En désespoir de cause, elle expire avec le faible espoir de sentir le temps ralentir, comme le jour où elle a évité à l'étudiante et à son chien de se faire écraser. Elle n'est pas encore parvenue à le reproduire volontairement, mais là, il y a urgence, un peu, alors peut-être que ça va fonctionner.

La main qui pose sur son épaule au même instant la fait sursauter. C'est raté.

— Dites, c'est quoi votre jouet, là ? Ça a l'air vachement bien.

Dépitée, elle rouvre les yeux et croise le regard perplexe de Drew.

— C'est des... euh...

Pour le contrôle du temps, on repassera, mais ce qu'elles ont dans les mains, en cet instant, est bel et bien un duo de baguettes magiques. Celles-là même qu'elle souhaitait métamorphoser. Peut-être juste un peu moins bien finies. Alors, sûre d'elle, Anthéa se vante.

— Des baguettes magiques, bien sûr.

— Bien sûr. Qu'est-ce que ça pourrait être d'autres ?

Adam marche. Mieux, avec son air espiègle et ses yeux rieurs, il court. En même temps, qui irait considérer la magie comme une option sérieuse ? Alors elle en rajoute des caisses tandis qu'elle agite la vraie fausse baguette sous leurs nez.

— Bon, OK, je vous mets dans la confidence, mais seulement parce que vous faites partie de la famille. Ce ne sont pas vraiment des baguettes magiques.

— Ouah ! s'exclame alors une seconde voix. C'est trop bien ce truc, j'ai vu une vidéo. Tu les as achetées où ?

Et sans qu'elle n'ait besoin d'ajouter quoi que ce soit, Lewis prend celle de Drew et se met à expliquer à ses frères comment fonctionnent les baguettes. Les vraies, celles qu'il a vues dans une vidéo. Précisément celles qu'Anthéa s'est efforcée de reproduire parce quelle a vu la même. Un petit bout de papier poussé dans l'un des deux bouts, une étincelle au moment du déclenchement qui lui fait prendre feu et des minutes d'amusement en perspective. Jusqu'à ce que la baguette soit à court de batterie. Heureusement qu'il existe des ingénieurs chargés d'inventer sans cesse de nouvelles façons de faire raquer les fans de pop culture.

— C'est pas tout ça, mais on commence à se faire chier en bas, explique Adam, moins enthousiasmé que son frère par les grossières baguettes en plastique. On venait voir si on ne s'amusait pas plus par ici.

— Vous n'avez pas pu vous battre depuis que vous êtes montés, ces trucs ont dix minutes d'autonomie, alors, vous faisiez quoi ?

À son tour, Lewis tente d'envoyer une boulette de feu, mais sans succès, confirmant sa théorie de batterie faible.

— Ben... on jouait, dit Drew.

— À action-vérité, croit bon de préciser Zia.

Les garçons grimacent, pas très emballés de jouer à ça, surtout avec des gosses.

— On pourrait faire un loup-garou, propose Adam.

— On n'a plus toutes les cartes, s'excuse Anthéa, mais on a d'autres jeux. Juste, un peu plus anciens...

C'est ainsi qu'après avoir passé en revue un Monopoly incomplet, une édition antédiluvienne du Cluedo et quelques autres boites poussiéreuses, ils se mettent d'accord sur un petit Pictionnary des familles.

Quand vient le tour d'Henry, il impressionne les résidents par son trait vif et maîtrisé. En trois mouvements seulement il leur fait deviner une McGonagal plus vraie que nature.

— C'est trop beau, s'extasie Caleb alors qu'il récupère le dessin.

— J'ai pas tant de mérite. J'illustre des livres pour enfants.

— Mais c'est encore plus cool ! Ça marche bien ? On peut les acheter où ?

L'enthousiasme de Caleb est honnête, mais il fait bredouiller l'homme, qui se tasse un peu plus sur son siège.

— Ben... Pas encore... Nulle part... Je veux dire, j'y travaille...

— Ça va marcher, l'encourage le garçon sans lâcher le dessin, j'en suis sûr.

Ce détail ne passe pas inaperçu aux yeux de tous et Zachary se lève de sa place pour venir s'affaler aux côtés de Caleb. L'air de rien, il essaye par la même de lui dérober la feuille, mais échoue. L'adolescent, qui a bien compris son manège, se la garde en effet précieusement contre le cœur.

— T'es vachement content, pour pas grand-chose. C'est juste un gribouillis, hein.

— Mais c'est joli ! s'offusque Caleb.

Méfiant, il escamote son précieux cadeau et le planque dans son dos, bien conscient du risque que représente le jumeau à ses côtés.

— Non, mais je veux dire, il pourrait t'en faire un plus beau. Et d'un perso un peu plus canon, parce que la vieille McGo, bon... Tu préférerais pas une héroïne sexy ? Je sais pas moi, Lara Croft, par exemple ?

— Il est gay, du con ! lui rappelle Darcy avec sa patience habituelle.

Zachary hausse les épaules comme s'il s'agissait d'un non-sujet.

— Ça n'empêche rien. Je suis hétéro, mais si tu peux m'avoir un rancard avec Tom Holland je vais pas cracher dessus, hein. Et puis McGo, c'est une femme.

— Ouais, mais pas exactement une héroïne sexy, le corrige Tobias.

— Bah, on sait pas. Peut-être qu'il aime les grmilf ?

Les joues et le nez rouges de honte, Caleb dément, pressé de passer à autre chose.

— Y a pas de honte, hein. Enfin, presque pas.

Sous les assauts répétés, il se sent obligé de se justifier, acculé.

— C'est pas ça... C'est juste que... Enfin, elle est gentille, et super puissante. Et puis elle offre des biscuits et du thé aux élèves qui viennent la voir. C'est la grand-mère idéale.

Le silence qui s'en suit lui fait regretter d'avoir parlé. Et alors qu'Anthéa ouvre la bouche pour lui venir en aide, elle est prise de cours par les jumeaux qui en rajoutent une couche.

— Notre grand-mère, elle est pas du tout comme ça, expose Tobias.

— Sûr, ajoute Zachary. C'est une harpie.

— Elle fait peur aux enfants.

— Les chiens lui aboient dessus quand elle passe.

— Les pigeons chient sur son paillasson.

Ce dernier aveu est accueilli par un long silence. Les jumeaux sont spécialisés dans l'art des réparties pince-sans-rire, mais la non-réaction de leurs frères et sœur empêche les autres de s'en amuser. Ainsi, quand Hadrien part en fou-rire et est aussitôt suivit par Henry et Drew, l'atmosphère se relâche illico. Heureusement que l'adolescent timide est sujet à ce genre de crises.

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Hey les gens !
Ce chapitre n'est clairement pas dans mes fav, mais vu qu'il est écrit, le voilà.

Je bosse sur la structure du tome 2 pour le moment et j'en ai profité pour faire une liste des trucs qui doivent changer dans le tome 1. Ça me décourage, il y en a tellement !
Mon vrai dilemme, en revanche, est de savoir si je me lance dans le tome 2 avant de corriger tout ça ou si je fais ma réécriture du 1 en priorité.

Je suppose que tant que mon plan ne me convient pas, je peux encore y réfléchir, mais à un moment, il va falloir faire un choix. Et je déteste ça !