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Chapitre 23 - Ceux qui la répande

Il est à peine un peu plus de dix-huit heures, samedi soir. Assis l'un en face de l'autre dans la bibliothèque du manoir, Caleb et Anthéa sont silencieux depuis de trop longues minutes. Lui, est en train de démolir l'ourlet de son t-shirt. Tirant, griffant, arrachant le moindre bout de fil qui dépasse. Elle, a les yeux rivés sur le pendentif rond qui repose dans le triangle formé par les muscles à la base du cou du garçon.

— Arrête ! geint soudain l'adolescent en relevant la tête. Ton regard me tend plus que l'attente !

Anthéa grimace alors que ses poings se contractent sur ses genoux.

— Excuse-moi. C'est juste que... ben, là, je sais ce qui est censé se passer. C'est pas comme quand ça m'est arrivé, tu vois ? Et je... ben, j'ai trop hâte, en fait !

Elle déplie ses jambes de sous ses fesses, se lève et commence à arpenter la pièce. Elle sait qu'il n'est pas encore temps, qu'il reste trois minutes avant que les vingt-quatre heures soient passées. Mais l'attente la tue. Comment s'occuper autrement en attendant ? C'est impossible. Toutes ses pensées la ramènent à ce collier, à son ami, à ce moment qui se fait désirer.

Pivotant d'un geste brusque sur elle-même, elle revient sur ses pas. Mais au lieu de réintégrer son canapé, elle passe une jambe par-dessus l'accoudoir de celui occupé par Caleb et s'y assied. Ainsi installée, elle le surplombe, et quand elle recommence à fixer sa gorge, Caleb tressaillit. Il se sent oppressé, a l'impression de n'être qu'une sorte de rat de laboratoire pour elle.

Décidant de prendre le taureau par les cornes, plutôt que d'attendre qu'elle se calme toute seule, il agrippe ses poignets et la force à s'asseoir à côté de lui. À s'asseoir normalement. Sur les fesses. Le dos contre le dossier et non sur l'assise ou enroulé autour de l'accoudoir.

— Voilà, décrète-t-il. Maintenant, tu ne bouges plus et t'arrêtes de me regarder comme si t'allais me bouffer. C'est méga flippant.

Ainsi serrés dans le fauteuil une place, tous deux se remettent à attendre sans plus oser se regarder. Caleb a recommencé à effilocher son t-shirt et Anthéa garde les mains crispées et posées sur ses cuisses.

— On a vu qu ce n'était pas vingt-quatre heures piles, lui rappelle-t-elle quand il sort son téléphone de sa poche.

Sur la minuterie, le 45 se transforme en 44, puis en 43. Caleb inspire en fermant les yeux. C'est sur le point de se produire. Il va devenir quelqu'un d'autre. Peut-être sera-t-il bientôt aussi digne d'intérêt qu'un Harry Potter ou qu'une Sophie Chapelier.

— Je sais, glisse-t-il tout bas. Mais ça nous donne quand même une estimation.

Neuf secondes.

— Tu te sens différent ?

Huit secondes.

— Pas encore.

Sept secondes.

— Mais ça ne va pas tarder.

Six secondes.

— Ça ne va pas tarder, pas vrai ?

Cinq secondes.

— Euh, ben...

Quatre secondes.

— Je sais pas ce qu'il en sera pour toi...

Trois secondes.

— Mais moi, je me sens pas vraiment différente, en fait.

Deux secondes.

— Quoi ? Mais... Que...

Une seconde.

— Mais tu m'as dit que...

BIP BIP BIP.

Les adolescents sursautent. D'une pression du pouce, Caleb fait taire l'alarme intrusive. Ses yeux quittent ceux d'Anthéa pour se poser sur le collier et, sans qu'il en ait conscience, il arrête de respirer.

Plus cinq secondes.

— Ça a pris quoi ? Deux minutes de plus, pour moi. Faut pas t'inquiéter.

Plus six secondes.

— Hum hum.

Plus dix secondes.

— On devrait peut-être juste faire un truc en attendant et pas rester là, comme ça, à attendre.

Plus treize secondes.

— Caleb ?

Plus quatorze secondes.

— Aaanh !

Dans une inspiration désespérée, Caleb met fin à son apnée. Les joues rouges, il lève ses yeux secs vers Anthéa. Car dans son impatience, il a aussi interrompu leurs clignements. Sa respiration erratique et son air perdu font secouer la tête à la jeune fille.

— Mais respire, abruti ! Ça n'ira pas plus vite si tu...

La fin de sa phrase meurt sur ses lèvres quand, sur le torse de son ami, la boule métallique se met à vibrer. En moins d'une seconde, elle a déployé ses nageoires et, doucement, elle se décolle de la peau de son hôte.

— Ça a marché... Caleb...

Anthéa lâche le bijou des yeux un bref instant. Juste assez longtemps pour remarquer les yeux devenus brillants du garçon et son air extatique.

— Je peux essayer un truc ? demande-t-elle d'une voix si faible qu'elle a du mal à la reconnaître.

— Tout ce que tu veux, approuve son ami à peine plus fort.

Les jambes flageolantes, Anthéa se lève alors. Elle recule d'un pas, s'assied à demi sur l'accoudoir du fauteuil derrière elle et tend la main, paume vers le haut, en direction de Caleb.

— Viens.

Surpris, il la regarde une seconde avant de se lever à son tour, mais elle l'arrête aussitôt.

— Pas toi.

Autour du cou de l'adolescent, le collier perd de sa vigueur. Ses plumes ont commencé à se rétracter et il a perdu de la hauteur.

— Tu peux le détacher ?

D'un mouvement de la tête, Caleb acquiesce. Il passe les mains dans son cou et libère la chaîne qui dégringole aussitôt sur son torse.

— Viens, répète Anthéa plus fort. Viens !

Et alors qu'il avait entamé le geste de la rattraper, Caleb voit la boule multicolore étendre à nouveau ses espèces de nageoires et s'envoler vers la main de la jeune fille.

Le sourire qui se peint sur son visage est le plus lumineux qu'il n'ait jamais eu l'occasion d'observer. Anthéa est souvent heureuse. C'est une optimiste convaincue et son humeur par défaut est joyeuse. Pourtant, le bonheur qu'elle ressent à ce moment-là n'a rien à voir avec celui qu'elle connaissait jusqu'alors. Dans sa main, le pendentif, qui ressemble désormais plus à une créature qu'à un objet inanimé, se déplace à l'aide de ses plumes colorées. Et la douceur de la caresse qu'il lui prodigue se répand dans tout son corps par vaguelettes, au rythme de ses mouvements.

— Rappelle-le, conseille-t-elle pourtant à Caleb. Concentre-toi. Oublie tout, sauf ce que tu veux qu'il fasse.

— Tu crois que ça marchera ? Je me sens... pas du tout différent...

— Moi non plus, lui rappelle-t-elle. Essaye. Qu'est-ce que t'as à perdre ?

Caleb hésite encore quelques secondes. Il meurt d'envie de voir le collier revenir vers lui, mais ne peut s'empêcher de craindre qu'il n'y ait eu une erreur et que le pendentif le snobe en se rendant compte qu'il n'est qu'un usurpateur sans intérêt.

— Vas-y, insiste Anthéa avec un sourire confiant.

Alors, il tend la main à son tour. Elle tremble, mais il inspire profondément et, se rappelant le sourire d'Anthéa, il ferme les yeux et ordonne :

— Viens.

Dans la main d'Anthéa, la boule de plumes a un sursaut et elle incite son ami à recommencer. Au bout de la troisième tentative, le pendentif s'élève au-dessus de sa paume et, lentement, entame sa procession jusqu'à celle du garçon qui a enfin rouvert les yeux. Quand il se pose, aucun d'eux ne peut retenir un cri de joie. Et alors qu'ils se sautent dans les bras pour évacuer leur excitation extrême, une voix forte retentit dans leurs dos.

— Merde alors ! Comment vous faites ça ?

Leur cri d'allégresse se transforme en hurlement alors qu'ils se détachent l'un de l'autre, et la porte est claquée avec violence bien que personne ne se trouve dans ses environs immédiats.

— C'est avant, qu'on aurait dû penser à la verrouiller, remarque Anthéa.

— Pardon, s'excuse Caleb. C'est moi, je crois. J'ai pas contrôlé... C'est parti tout seul.

Anthéa retient un rire, et avec un clin d'œil complice et un rien moqueur, elle pose une main sur son épaule. Leurs visages se déforment alors sous l'influence du rire qu'ils tentent désormais à deux de contenir de leur mieux.

— Qu'est-ce que vous faites là ? reprend pourtant Anthéa en arrêtant son regard et son attention sur les nouveaux arrivants. Vous étiez pas de corvée cuisine, aujourd'hui ?

— Vivienne a proposé qu'on commande des pizzas, répond Simran dans un murmure à peine audible.

— Elle nous a demandé de venir vous prévenir, enchaîne Zia qui se tient un peu en retrait et semble plus intéressée par un motif dans le papier peint que par ce qui vient de se passer.

— Voilà, conclu Darcy. On a passé le message. Maintenant, vous vous expliquez.

Les deux amis échangent un nouveau regard et Anthéa hausse les épaules en réponse à la question muette qu'elle lit dans les yeux de Caleb.

— Je suppose qu'on peut vous le dire. Après tout, je l'ai trouvé par hasard et ça sera plus amusant si on est plusieurs.

L'adolescente ne souhaitant pas omettre un seul détail, l'explication s'éternise et les pizzas sont livrées avant que son récit ne soit arrivé à l'instant que les trois résidents ont surpris. Si bien qu'elle est obligée de s'interrompre le temps du dîner et ne reprend le compte-rendu des derniers événements que tard, le soir.

Alors qu'ils sont tous affalés dans les fauteuils de la bibliothèque, il est demandé à Anthéa de faire une démonstration de ses nouveaux pouvoirs et elle leur montre les quelques petites choses sur lesquelles elle a travaillé les jours précédents.

Un stylo en lévitation, quelques lignes dessinées avec son index sur un carnet. Sans l'aide du stylo sus-cité, bien entendu.

— Tu peux changer la forme d'un objet en une autre ? l'interroge Simran, au bout d'un moment.

— Je pense que oui, mais c'est pas encore très effectif. Regarde.

Dans sa main, Anthéa prend le médiator de la guitare dont personne ne joue jamais et se concentre de longues secondes dessus sans qu'aucun d'entre eux ne distingue le moindre changement.

— Voilà, annonce-t-elle enfin, de grosses gouttes de sueur perlant sur son front. Il est un peu plus rond.

— Mouais, c'est pas super évident, hein, désapprouve Darcy en plissant les yeux pour ausculter l'objet qu'elle lui a tendu.

— Ça fait même pas une semaine que j'ai mes pouvoirs, se défend Anthéa. Ça viendra avec un peu d'entrainement.

— En attendant, c'est quand même super bizarre, insiste-t-iel. Et si c'était un piège ?


Tous les autres froncent les sourcils, à l'exception de Zia, qui les a accompagnés sur demande de Darcy, mais qui feuillette son tout nouveau livre de botanique sans participer à la discussion. Anthéa va riposter, mais Caleb la prend de court. Se trémoussant sur son fauteuil, il abandonne momentanément le trou dans sa chaussette qu'il était occupé à agrandir.

— Comment ça un piège ? Qui offre à quelqu'un la capacité de faire de la magie pour lui tendre un piège ?

— Je sais pas, admet Darcy. Mais c'est méga louche. On vit tous ici depuis des mois, des années en ce qui concerne certains. Et ce livre apparaît comme ça ? Par magie, justement ?

— Et qui ferait ça, à ton avis ?

— Comment veux-tu que je le sache ? Un nouveau, peut-être ? Venacio, par exemple...

— Tu nous les brises à continuer à lui en vouloir, soupire Anthéa. Même Zia est passée à autre chose. Pas vrai ?

Elle doit répéter sa question deux fois avant d'obtenir l'attention de la jeune fille. Mais quand celle-ci lève enfin le nez de son livre, elle approuve d'un air si désintéressé qu'il faudrait être de mauvaise foi – ou s'appeler Darcy – pour oser prétendre qu'elle n'est pas passée à autre chose.

La discussion entre eux est sur le point de s'envenimer, quand Caleb les interrompt tout deux.

— Il est arrivé le même jour que moi. Si tu le soupçonnes, tu dois me soupçonner aussi.

Aussitôt, le visage d'Anthéa s'illumine et elle le gratifie d'un de ses immenses sourires.

— On peut aller encore plus loin, insiste-t-elle. Je n'étais là que depuis quinze jours quand ils ont emménagés. Si tu veux soupçonner les derniers arrivés, fais-le jusqu'au bout.

Saoulé, Darcy n'ajoute rien, mais elle l'entend marmonner dans sa barbe alors qu'iel s'affale dans son fauteuil.

— On fait quoi, alors ? demande Anthéa. Je veux forcer personne, et si vous trouvez que c'est trop dangereux...

— Je veux essayer !

Les joues aussi rouges que les tomates en couverture du livre de Zia, Simran s'est redressée en criant presque. En voyant tous les yeux se poser sur sa personne, elle se tasse pourtant à nouveau. S'éclaircissant la gorge, elle hésite, recommence deux fois, puis se lance enfin.

— Je... Je veux dire... J'aimerais essayer. Si... si c'est possible... enfin...

— Bien sûr lui confirme Anthéa. Tous ceux qui veulent le porter le porteront. Je vous l'ai dit, il n'est pas à moi, je me vois mal faire la police de façon égoïste et possessive. Alors, Simran, tu le veux, très bien. Zia, intéressée ?

— Oui, répond la jeune fille sans même lever les yeux de son livre. Ça a l'air amusant.

— Parfait. Et toi, du coup ? Tu préfères attendre de voir si on ne se transforme pas en mutants avant d'essayer ?

Darcy lui répond par un grognement et un doigt d'honneur, mais finit par soupirer en secouant la tête.

— Si Zia le fait, moi aussi.

— Le mouton, se moque Anthéa à mi-voix, sans pour autant détourner les yeux.

Le coup de coude qu'elle prend dans les côtes vient de Caleb. Celui-ci, s'étant levé dans ce but précis, la regarde en fronçant les sourcils, mais elle hausse juste les épaules en guise de réponse. Il s'installe alors sur l'accoudoir de son fauteuil et la laisse conclure.

— Un chifoumi pour décider de votre ordre de passage ?


Les trois soirs qui suivent, les résidents se réunissent donc au alentour de vingt-trois heures dans la bibliothèque pour voir le collier prendre vie autour de leur cou.

Zia est la première à y passer, mais bien que le pendentif se soit métamorphosé et qu'il ait pris de la hauteur, elle reste incapable de produire le moindre phénomène de toute la semaine.

Après elle, vient le tour de Simran. Excitée comme une puce, elle n'a pas encore retiré le collier quand son regard survole la corbeille de fruits posée sur la table basse. Elle n'a même pas le temps de réfléchir à ce qu'elle voudrait tester, qu'une banane explose dans la corbeille. Les cris de stupéfaction fusent de partout, mais quand les adolescents reportent leur attention sur la peau du pauvre fruit victime d'un sort incontrôlé, ils découvrent qu'il a été transformé en un minuscule abricot.

Choquée par la puissance du sort, Simran s'empresse de refourguer le bijou à Darcy alors qu'Anthéa la harcèle de questions. C'est que, bien qu'elle sache chaque jour faire voler des objets de plus en plus lourds et changer leurs couleurs, elle ne parvient pas encore à les transformer en d'autres choses.

Le troisième soir, c'est pour Darcy que le ballet aérien a lieu. Avec un air satisfait, iel observe cette étrange boule de plumes voleter devant son visage, mais échoue également au moment de son premier test.

— Ça viendra, læ rassure Caleb. Il faut que tu trouves ton moteur, ce qui te pousse à agir.

— Quel conseil de merde, s'agace Darcy en le foudroyant du regard. T'en as d'autres des comme ça ?

Aussitôt, Caleb sent une bourrasque violente le repousser. Il titube sur quelques pas et, sans qu'il n'ait fait la moindre maladresse, pour une fois, se retrouve les quatre fers en l'air.

— Super, geint-il. Je crois qu'on a trouvé...

— Écoutez, les interrompt Anthéa, les mains sur les hanches. Maintenant qu'on a tous de la magie, j'ai quelque chose d'important à vous demander.


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