Chapitre 13 - Celle qui a le pouvoir de tout arrêter
— Lâche-moi, gronde Venacio en empoignant le bras de Darcy.
— Pas tant que tu nous auras pas expliqué.
Leurs corps sont tendus, leurs yeux assombris par un mélange de stress et d'énervement.
Ça n'est pas si surprenant de la part de Darcy, mais Venacio, lui, ne les a pas habitués à ça.
— Lâche-moi, répète l'homme, plus bas, d'une voix aussi dure et sèche que le regard qu'il porte sur læ gosse qui le menace.
Son dos s'est redressé et sur ses traits, plus trace de la lassitude qui le caractérise d'ordinaire. C'est un homme nouveau que les adolescents ont face à eux en cet instant. Un homme que personne n'a jamais vu au manoir et qui inquiète Caleb et Anthéa.
— Calmez-vous ! intervint-elle en les repoussant tous deux et en tentant de s'interposer entre eux. Lâche-le, ordonne-t-elle à Darcy. Tu veux qu'il aille où, de toute façon ? Laisse-le s'expliquer.
Mais Darcy ne décolère pas. Sans le lâcher, sans même un regard pour Anthéa, iel hurle.
— T'as vu ce qu'il a fait à Zia ! T'as vu !
— Non, justement, j'ai rien vu. C'est pour ça qu'on doit le laisser s'expliquer.
À contrecœur, et après un instant d'hésitation, Darcy desserre les doigts et Venacio s'écarte, l'air toujours aussi furieux.
La grimace de Darcy est assez explicite pour qu'Anthéa comprenne qu'iel n'est pas du tout d'accord avec ça. Avec cette opportunité qu'ils lui offrent de s'expliquer. La certitude que l'homme ne pourra pas fuir puisqu'ils font bloc devant la seule sortie, l'incite pourtant à accepter ses conditions et c'est un regard haineux qu'iel tourne vers le référent, en attente de son baratin.
Voyant qu'il ne se lance pas de lui-même, Anthéa décide de garder le contrôle un peu plus longtemps. Elle déglutit avec difficulté et elle lui tend une perche.
— Alors ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
Elle le supplie du regard de ne pas s'énerver davantage, de ne pas en rajouter, mais c'est inutile. Dès l'instant où Darcy l'a lâché, l'homme s'est apaisé. Il s'est ébroué et son dos a retrouvé sa courbure habituelle, ses yeux clairs ont repris leur air blasé. Un changement peut-être plus rapide encore que celui qui a eu lieu moins d'une minute plus tôt, quand Darcy la menacé de son poing fermé.
Choisissant d'ignorer les autres, en particulier Ilias, qu'il ne connaît pas, et Darcy, qu'il n'a plus aucune envie d'apprendre à connaître, il pose son regard sur Anthéa.
— Nous étions dans la serre. Je l'aidais à planter quelques graines. Dans toute cette... terre... grimace-t-il en regardant ses mains qui en sont encore couvertes. Apparemment, elle avait déjà commencé sans moi. Ce n'était pas très... clair...
— Viens en au fait, grogne Darcy qui n'apprécie que fort peu cette manière d'essayer de noyer le poisson en lui tournant autour.
Venacio ferme les yeux, exaspéré par son attitude. Il respire, évite soigneusement de regarder dans sa direction.
— Il se peut, reprend-il, qu'inintentionnellement, j'ai, un peu... écrasé... marché... sur toute une rangée de jeunes pousses.
Dans l'assistance, les yeux se plissent, les bouches s'entrouvrent, désireuses de parler, de réagir à cette information. L'incompréhension, pourtant, est plus forte et aucun son ne sort d'aucunes d'entre elles pendant de longues secondes.
— Tu as écrasé des légumes ? résume enfin Anthéa.
Venacio soupire, détourne le regard un instant, mais fini par approuver.
— Des bébés légumes, si on reprend ses mots exacts.
Dans leurs dos, un rire retentit, moqueur.
— Tous ces cris pour ça ? intervient Ilias, la bouche étirée en un sourire mauvais. Quelle blague.
Il s'est adossé au chambranle de la porte, goguenard, attendant la suite d'un air supérieur et insolent.
Serrant les poings, Darcy fulmine et iel lance un regard mauvais en direction de son ami qui les dévisage tous comme s'ils étaient stupides.
Son amitié avec lui remonte à longtemps. À bien avant qu'iel ne commence à se poser des questions sur son identité de genre. Et parfois, Darcy a vraiment l'impression qu'iel ne le garde dans ses amis que par nostalgie. Ilias peut être un parfait con quand il le décide.
— Zia ne s'énerverait pas juste pour ça, décrète-t-iel en reportant son attention sur les habitants du manoir. Il ne nous dit pas tout.
Dans un effort manifeste, Venacio tourne la tête en direction de Darcy. Il faut qu'il se montre calme, mais la simple vision de son visage suffit à l'énerver.
L'homme parait plutôt zen en temps normal. Indolent, diraient certains. Et même si ce n'est pas tout à fait vrai, s'il se passe toujours beaucoup plus de choses sous la surface, au moins ne s'énerve-t-il jamais en public. Vu de l'extérieur, il semble gérer le stress et les complications avec flegme. En tout cas, c'est ce qu'avaient fini par déduire les adolescents avant cet incident.
Et en même temps, il vient de se faire agresser physiquement, réalise Caleb. Ça a de quoi retourner.
— Tu devrais aller parler à Zia, conseille Anthéa en se tournant vers Darcy. Tu verras si elle confirme ou non.
Son ton est impératif. Plus qu'un conseil, ça ressemble à un ordre. Et les narines de Darcy se dilatent, le coin de sa bouche se contracte. Iel n'apprécie pas l'intonation que la jeune fille a pris pour s'adresser à ellui.
Surprenamment, iel n'alimente pourtant pas l'altercation, et après un regard dédaigneux dans sa direction, il se retourne et sort du laboratoire.
Après un instant d'hésitation, Ilias le suit, non sans avoir lancé un dernier regard arrogant à Anthéa. Caleb ne le remarque pas, mais lui aussi a droit à un ultime coup d'œil. Sauf que celui-ci comporte une infinité moins d'animosité.
— C'est vraiment tout ce qui s'est passé ? creuse Anthéa une fois qu'ils ne sont plus que tous les trois.
— Pas exactement, avoue Venacio en soupirant. J'ai aussi cassé une jardinière et renversé du terreau sur son livre.
Plus d'une semaine s'est écoulée et la crise est passée. Venacio a pu s'excuser une nouvelle fois auprès de Zia et celle-ci a accepté de le pardonner à condition qu'il ne remette jamais plus un seul orteil dans sa serre. Ce qu'il s'est empressé d'accepter, ayant découvert passé trente ans qu'il déteste le jardinage.
Pour mettre définitivement cette mésaventure derrière eux, Venacio a cherché un moyen de lier ses compétences avec les centres d'intérêt de la jeune fille. Il a donc prévu de lui faire réaliser une horloge alimentée par une pomme de terre dans les jours à venir. Espérant que l'expérience intéressera aussi les autres gamins, il a acheté de quoi confectionner une dizaine de kits dans un magasin de bricolage. Il est en train de monter les trois marches qui mènent au manoir, après son petit shopping, quand le facteur l'interpelle avec le courrier du jour.
Un colis pour Zia de la part de sa tante, une poignée de lettres pour Vivienne, de la pub. Et une enveloppe à son nom.
En l'ouvrant, après avoir déposé tout le reste sur la table de la salle à manger, Venacio sent une boule d'angoisse remonter dans sa gorge et s'y figer. Les seuls à connaître sa nouvelle adresse, en dehors des habitants du manoir, sont les quelques entreprises à qui il a envoyé son CV. Bien sûr, il souhaite retrouver un boulot au plus vite. Un boulot payé, s'entend. Ne serait-ce que pour arrêter de puiser dans ses économies de plus en plus maigres. Mais là, face à une potentielle réponse positive, ses angoisses se réveillent.
Car, au fond, la situation ici n'est pas si désagréable. Certes, il côtoie des gens tous les jours, mais ces gens sont des gosses. Ils ne le jugent pas sur ses capacités professionnelles, sur son incapacité à travailler en équipe, sur son mutisme. En fait, ils sont tous tellement étranges à leurs façons, qu'il passe presque inaperçu. Qu'il a le sentiment d'être, en quelque sorte, à sa place. Et ce, pour la première fois depuis très longtemps.
D'un geste peu sûr, il déplie la feuille pliée en trois et, dans le calme de cette fin d'après-midi, il prend connaissance de son contenu. Comme il le craignait, sa candidature a retenu leur attention et ils souhaitent le rencontrer vendredi prochain.
C'est une bonne nouvelle. C'est forcément une bonne nouvelle. Il a besoin d'argent pour vivre et n'en gagne pas ici. Alors certes, le poste à pourvoir n'est pas le plus excitant qui soit. Et il risque de devoir supporter toute une ribambelle de collègues plus bavards les uns que les autres. En plus, la boite se trouve à près d'une heure en bus. Mais il s'agit d'un mi-temps et dans un domaine qu'il maîtrise et qu'il a étudié.
C'est une bonne nouvelle. C'est forcément une bonne nouvelle.
C'est... c'est dans moins d'une semaine !
Les yeux exorbités, Venacio ne réalise pas qu'il a arrêté de respirer. Il prend appui sur la table, les poings serrés, le menton rentré. Quand un hoquet salutaire l'y force, il s'oblige à inspirer longuement. Très longuement. La gorge en feu, de plus en plus douloureuse au fil des secondes, il aspire l'air où flottent encore les effluves du déjeuner.
Il faut qu'il se calme. Penché sur la table en bois, il bloque son souffle, retient en lui les molécules d'azote et d'oxygène. Ses poumons gonflés commencent à l'élancer, écartelés par tout l'air qu'ils contiennent, prêts à exploser. Ses bras tendus se mettent à trembler et il enfonce ses ongles dans ses paumes, fait blanchir ses articulations, dans l'espoir de mettre fin au phénomène. Ça ne fonctionne qu'une poignée de secondes. Juste assez pour qu'il s'imagine tiré d'affaire. Mais alors, il sent ses coudes vibrer, sur le point de se dérober, et il expire. Il expire pendant vingt, ou peut-être même trente secondes. Prenant son temps, conscientisant le relâchement de ses muscles, la boule de stress dans sa gorge qui diminue très – trop – lentement.
Ça va bien se passer. Oui, ça va bien se passer. Après tout, peut-être qu'il n'aura pas le job.
Quand il prend conscience de ce qu'il est en train d'espérer, il secoue la tête. Quel abruti. C'était bien la peine de faire des études longues et coûteuses si c'était pour en arriver là.
Alors il inspire une nouvelle fois. Avec l'espoir illusoire qu'elle sera celle qui le débarrassera de ses tensions restantes.
Le bruit d'une clef enfoncée dans la serrure attire soudain son attention, se répercute contre les murs de l'entrée. Le vacarme d'un camion roulant à vive allure empli le couloir quand la porte s'ouvre. Il rebondit sur ses murs, se glisse jusqu'à la salle à manger. Le son sourd ne fait qu'ajouter à son angoisse naissante. Ses oreilles se remplissent du vrombissement. Son cerveau hurle dans l'espoir d'un peu de calme. Ses yeux se ferment et son souffle s'échappe d'entre ses mâchoires crispées.
Le boucan s'arrête pourtant bien vite. La porte claque. Les fenêtres vibrent. La maison plonge dans un silence annonciateur de catastrophes. Le manoir n'est jamais silencieux. Même au cœur de la nuit, il reste toujours du bruit quelque part. Le frigo qui s'enclenche, une chasse d'eau tirée, des bruits de pas dans l'escalier, la voix d'Anthéa, qui chante sans même qu'elle n'en ait conscience. Cet endroit est le plus bruyant où il n'ait jamais habité, et ce silence inhabituel est en train de refermer ses tentacules autour de son cou.
Les poumons vidés, Venacio suffoque. Et il ne lui reste pas assez d'air pour crier. Sur ses paupières fermées, dansent des couleurs chaudes, des orbes blanches, des volutes diaphanes. Ses poings se sont relâchés, son dos s'est voûté. Dans ses bras, les tremblements ont repris.
Épuisé, il se sent tomber en avant. Ses coudes ploient et l'instant d'après, son front rencontre ses mains toujours posées sur la table. Il voudrait hurler, mais sa gorge est sèche. Il voudrait pleurer, mais ses yeux aveugles sont arides. Il va s'évanouir, sombrer dans des ténèbres faites d'ouates cendreuses. Dans son nez, leur fumée goudronneuse, insalubre, s'insinue déjà. Odeur malsaine qui recouvre tout.
Mais dans son silence, dans son agonie, un point lointain s'allume soudain. Luciole impertinente, elle zozote, caquette, piaille. Une mélodie, une voix, des bruits de pas. En un instant, elle envahit son esprit. Elle vrombit.
— 'Cause I don't want to lose you, Hey yeah, ratatata, 'Cause I'm beggin', beggin' you. And put your loving h...
La porte qui grince, le bruit d'une chute, des mains sur ses épaules, sur ses bras, sur ses joues. Une voix qui s'enraille. Son prénom répété. La chaleur d'une paume contre son front. L'obscurité qui recule.
— ...acio... Venacio... VENACIO !
Il ouvre les yeux et elle est là. La gamine. Penchée sur lui, les traits tirés, l'inquiétude dans le regard.
— Tu m'entends ? Tu vas bien ? Qu'est-ce qui se passe ? Je dois appeler une ambulance ? Je vais appeler Nan...
Son énergie déborde, comme bien souvent. Elle s'affaire, s'énerve, s'éloigne déjà. Ses cheveux dansent autour de son visage. Elle ne les replace même pas derrière ses oreilles.
Dans un mouvement désespéré, il lui agrippe le poignet avant qu'elle ne disparaisse et elle se retourne vers lui.
— Ça ira...
Elle ne se dégage pas, n'imprime pas sur ses lèvres l'une de ces expressions qui la caractérisent. Elle est différente. Et pourtant, c'est toujours bien elle. Ses sourcils se froncent à peine et elle fait un pas vers lui alors qu'il se redresse, les jambes flageolantes.
— On dirait pas...
Elle semble concernée par ce qui lui arrive. Non. Elle est concernée. Elle s'en fait pour lui. C'est absurde.
— Ça ira, j'ai dit. Une petite baisse de tension. Rien de grave.
Ses yeux se sont plissés davantage et, pendant une fraction de seconde, son visage se contracte unilatéralement. Elle ne le croit pas. L'ausculte d'un œil critique.
Venacio relâche son poignet et se laisse tomber sur une chaise. Quand il soupire, il se rend compte que ses poumons se sont remplis d'eux même. Qu'il a recommencé à respirer sans s'en apercevoir.
— Efface-moi cet air inquiet, ordonne-t-il d'un ton trop rude. Les enfants n'ont pas à s'en faire pour les adultes.
Ses sourcils s'abaissent une fois de plus et elle le dévisage d'un air hautain. D'un mouvement, elle replace enfin ses cheveux derrière ses oreilles et secoue la tête de droite à gauche, les libérant à nouveau. Ce n'est pas elle en cet instant, l'enfant.
— Tu es un idiot, Venacio, le gronde-t-elle. Je ne m'en fais pas pour un adulte. Je m'inquiète pour un ami.
Un ami ? Quelle idée saugrenue. Venacio secoue la tête à son tour, mais ne parvient pas à soutenir son regard. Sans un mot de plus, il se détourne vers le jardin, bien décidé à l'ignorer. Ses jambes sont en proie à des milliers de petites aiguilles, mais le malaise est passé. Et dès que l'engourdissement de ses membres sera passé, il compte bien la planter là sans un mot de plus.
Il ne l'a pas vue s'éclipser, la suppose toujours debout dans son dos. Si bien qu'au moment où elle pose un grand verre de coca devant lui d'un geste brusque, il sursaute.
— Bois, l'enjoint-elle.
Son visage est fermé. Plus sérieux qu'il ne l'a jamais vu. Et il juge plus prudent d'obéir. Elle ne va pas l'empoisonner, de toute façon. Docile, il porte le verre à sa bouche, ne remarque pas la texture sableuse qui s'agite au fond de celui-ci. Le liquide noir coule entre ses lèvres, roule sur sa langue. Mais avant qu'il ne se déverse dans sa gorge, Venacio a un haut-le-cœur. Dans un rejet instinctif, il redécore la table, recrache l'infâme breuvage autant dans son verre qu'en-dehors.
— Mais c'est dégueulasse ! glapit-il. Tu as rajouté du sucre ?
— Bah oui.
Anthéa hausse les épaules, les mains sur les hanches.
— C'est ce qu'on fait en cas de baisse de tension, non ?
S'essuyant la bouche d'un revers de la main, Venacio la fixe, incrédule.
— Mais pas du tout ! C'est pour l'hypoglycémie, ça !
— Ah bon ? T'es sûr ? fait-elle mine de s'étonner. Pas grave, bois le quand même.
Elle ne le croit pas. C'est clair comme un ciel d'été. Et elle parvient à le faire douter. Pour autant, il n'a aucune intention de boire cette chose qui aura tôt fait de le rendre diabétique. D'un œil suspicieux, il avise le contenu de son verre. La couche de sucre qui surnage au fond de celui-ci s'élève à plusieurs centimètres. Qu'il s'agisse de la solution ou non, elle lui semble exagérée. Comme d'habitude, Anthéa en fait des tonnes.
— T'en as mis combien ? demande-t-il en fronçant les sourcils.
Lasse, Anthéa soupire et vient croiser ses bras sur son torse, se donnant l'air plus autoritaire, encore.
— J'en sais rien, souffle-t-elle. Sept. Peut-être huit ? Je sais plus. Mais dans tous les cas, tu dois boire.
Elle est si sérieuse, si impérieuse, que Venacio ne peut s'empêcher de pouffer. Elle s'imagine vraiment qu'il va obéir, se rend-il compte. Et pour être honnête, si la boisson n'était pas aussi infâme, il le ferait. Mais là, il se contente de ricaner, amusé par sa réaction.
Elle va le gronder, mais il la prend de court en se redressant. La crise de panique est passée. Elle n'a même pas eu le temps de s'installer, en fait. Il ignorait que c'était possible de la stopper en pleine montée. Pourtant, il a passé ses dernières années à essayer.
Passant une main sur le haut du crâne d'Anthéa, il la décoiffe et se surprend à lui sourire.
— Ça va mieux, la rassure-t-il. Et je t'ai dit de ne pas t'inquiéter pour moi.
Devant la porte, il avise trois livres abandonnés sur le sol, dont un qui s'est ouvert lors de la chute. Alors il les ramasse, époussette leurs couvertures et sourit à nouveau en découvrant leurs titres.
— Tiens. Et maintenant, files. Tu as des choses à faire, si je ne m'abuse, la chasse-t-il en lui tendant les ouvrages. Avant de lui-même s'éloigner en direction de la cuisine. .
Quand il revient avec une éponge pour nettoyer ses dégâts, elle a décampé. Sur la table, il avise la réponse à sa candidature. Elle est tachée de coca, collante à cause du sucre et il hésite à la jeter, à faire comme si elle n'avait jamais existé. Avec un soupir, pourtant, il absorbe le liquide foncé et la glisse dans sa poche.
En vidant le contenu du verre dans l'évier, il s'amuse de l'air autoritaire d'Anthéa. Elle a vraiment cru qu'elle pourrait lui faire avaler ce concentré de glucide sans qu'il ne se rebelle. Et en même temps, elle n'a aucune idée de ce qu'elle a empêché par sa simple arrivée, par sa sollicitude. Plus qu'amusé, en réalité, il est touché.
Peut-être bien que Charlie a raison et que cette gamine est une bénédiction.
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