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Chapitre 10 - Ceux qui s'allient

C'est plus assurée qu'elle ne l'a jamais été depuis son arrivée dans l'établissement, qu'Anthéa s'insère dans le flot d'élèves se pressant devant l'entrée d'Harland. La rentrée a eu lieu il y a trois jours et sa situation n'a pas beaucoup évolué depuis. Pourtant, un élève désœuvré qui l'observerait à cet instant pourrait déduire à sa posture qu'elle met le pied en terrain conquis. La tête haute, la foulée sûre, les yeux rieurs, il serait difficile, voire impossible, à cet étudiant de deviner qu'elle n'a en réalité que deux alliés en la place. Et que ceux-ci ne sont même pas encore arrivés.

Traversant la large cour intérieure, Anthéa vient se poster sur l'une des tables de pique-nique et sort son téléphone pour envoyer un message à ses nouveaux amis. Ses pieds chaussés de bottines usées, mais ultra-brillantes, posés sur l'assise, elle se sent enfin bien dans son uniforme. Pour la première fois depuis la rentrée, elle n'a pas à s'inquiéter de ce que ses jambes écartées pourraient laisser voir. Et ça la met en joie. Les pans de sa chemise blanche, brodée sur la poitrine du logo de l'école, dépassent de son blazer bleu nuit, et sur ses cuisses, sa jupe plissée ne bouge pas d'un centimètre quand une bourrasque s'engouffre dans l'espace qu'elle occupe avec quelques autres élèves.

Ses cheveux, eux, s'envolent, et un sourire satisfait s'étire sur un côté de son visage alors qu'elle les remet en place. Ulfsson va piquer une crise si elle s'aperçoit de la supercherie, mais pour l'instant cette possibilité l'amuse beaucoup. Qu'est-ce qu'elle pourrait bien faire qui ne crisperait pas Ulfsson, de toute façon ? Cette femme a décidé qu'elles ne pourraient jamais s'entendre, et Anthéa, qui au début en était chagrinée, trouve au final la situation rafraîchissante. Pour ce qu'elle en sait, sa simple existence n'a jamais agacé quiconque à ce point.

Son regard papillonne du côté de la porte de l'aile administrative, et bientôt, elle aperçoit une silhouette qui lui est déjà devenue familière. Marchant d'un bon pas, Drew l'a vue, elle aussi, et s'avance dans sa direction, escortée par deux garçons un peu plus grands qu'elle et scrupuleusement identiques.

Anthéa a à peine le temps de se rendre compte qu'il s'agit des frères dont son amie lui a parlé, qu'une furie blonde et tirée à quatre épingles lui bondit dessus.

Ilias est livide. Lui, qui n'est déjà pas très hâlé en temps normal, semble avoir passé les six derniers mois au fond d'un bunker, à l'abri du soleil et de ses ravages. Ses cheveux courts brillent sous le soleil encore bas et ses traits d'ordinaire si élégants sont déformés par une grimace outrée. D'un mouvement rapide, il approche son poing de la gorge d'Anthéa et celle-ci a juste le temps d'esquiver avant qu'il ne l'attrape par la cravate. Réalisant ce qu'il vient de tenter, le garçon écarquille les yeux et fait un écart dans l'autre sens. Les mâchoires serrées, il ne tarde pas à retrouver son regard mauvais. Celui qu'il destine tout spécialement à cette fille qu'il ne peut as voir en peinture.

— Comment as-tu osé dégrader ainsi l'uniforme de l'école ? éructe-t-il. Ça ne représente rien pour toi, d'être élève ici ?

Plus surprise qu'en colère, Anthéa se lève pour lui faire face. Elle est à peine plus grande que lui, mais dans l'esprit du garçon, cette constatation sonne comme une insulte de plus. Une insulte à son encontre directe, cette fois. Sa grimace énervée se mue alors en une mimique de dégoût et il recule à nouveau d'un pas pour mettre de la distance entre elle et lui.

— J'ai payé cet uniforme, le rembarre Anthéa. Et rien dans le règlement ne m'interdit de l'adapter à mes besoins.

— Tes besoins, crache le garçon. Un short, c'est des besoins ? Tu te crois en colonie de vacances ? Rah, tu me répugnes !

— Exagère pas non plus, Adderley.

Ilias sent l'air se refroidir avant d'entendre la voix rieuse qui vient de s'adresser à lui. Il faut dire que le garçon qui se tient dans son dos et qui fait une tête de plus que lui est si solidement charpenté que son ombre recouvre entièrement l'adolescent. À lui seul, il empêcherait déjà les chauds rayons du soleil de l'atteindre, mais, comme dans une vision d'horreur – où de mec si pompette qu'il en viendrait à voir les choses en plusieurs exemplaires – il est accompagné d'un double en tout points identique.

— Tu vas pas nous dire que t'accordes autant d'importance aux jupes des filles.

Et comme si ça ne suffisait pas, ce maudit doppelgänger, aussi, est doué de parole.

— Tu devrais faire gaffe, se moque l'un des deux costauds. C'est le genre de préférence qui risque de se transformer en fétiche sans que tu t'en rendes compte.

— Ce serait dommage, à ton âge.

— Et venant d'une famille comme la tienne.

— Imagine la tête de ton père.

— Un homme si droit.

— Si raide, tu veux dire.

Ils ne s'arrêtent plus. Un sourire malin collé au visage, ils se renvoient la réplique comme s'il s'agissait d'une stupide petite balle de ping-pong.

La bonne nouvelle, c'est que cet échange a rendu des couleurs à Ilias. La mauvaise, c'est que maintenant ses joues d'ivoire sont rougies par l'énervement qui ne fait que croître en lui.

— Mais vos gueules, les guignols !

Celui de droite – comment savoir de qui il s'agit ? Ces deux abrutis sont une copie parfaite l'un de l'autre – ricane et Ilias fait un pas de plus en arrière. Il voudrait leur faire ravaler leurs mines insolentes, mais son corps fin n'est en aucune façon taillé pour la bagarre, et il se voit mal attaquer ces deux balourds. Prenant un air affecté, il les dévisage avec dédain, accordant à peine un regard à Drew, qui se tient droite à côté de ses deux incapables de frangins. Et comme si leur simple présence lui donnait des haut-le-cœur, il plisse le nez.

Rentrer dans ce personnage, qu'il a appris à maîtriser à la perfection au fil des ans, lui permet de se calmer. Un personnage qui est devenu, à force et sans qu'il s'en rende compte, son véritable lui. Ainsi, quand il pose à nouveau les yeux sur Anthéa, son visage a déjà retrouvé son teint de porcelaine, ou peu s'en faut.

Ce qu'elle peut être agaçante cette insupportable petite conne. Et sa façon de le regarder, comme si elle était l'Impératrice du Monde Moderne et que tous devait se plier à sa volonté.

Reniflant, bien qu'il aimerait davantage soupirer, mais qu'il ne peut se permettre une telle familiarité avec ces arriérés, Ilias laisse un sourire mauvais se dessiner sur sa bouche fine. Vestige rosé de ses joues enflammées qu'il est parvenu à maîtriser, elle s'entrouvre sur des dents blanches, carnassières.

— Votre réputation vous précède, mord-il. Ça ne me surprend pas que vous soyez amis avec cette emmerdeuse. Andréa, je te préférais quand tu te contentais d'être inutile en silence au fond de la classe.

Les yeux de Drew se voilent alors que les traits de son visage se crispent, et elle avance vers lui, les poings serrés.

— Casse-toi, Ilias, avant que je le fasse pour toi.

Sa voix est si basse qu'Anthéa et les jumeaux devinent, plus qu'ils n'entendent, la menace à peine déguisée qui sort de sa bouche.

Drew est moins imposante que ses frères, mais n'a rien d'une petite créature fragile. Alors, sans se départir de son arrogance innée, Ilias se détourne. De loin, sa réaction pourrait passer pour du désintérêt, mais la jeune fille, elle, a vu la crainte s'allumer dans ses yeux clairs.

Quand la main de son frère se pose sur son épaule, elle s'ébroue pour l'en dégager, mais le garçon tient bon et resserre sa prise au point de la faire grimacer de douleur.

— Range tes crocs, guerrière, tu vas nous faire avoir des ennuis.

— Et c'est toi qui me dis ça, grogne-t-elle en lui agrippant le poignet et en le forçant à la lâcher. Tu te foutrais pas un peu de ma gueule ?

Les jumeaux échangent un regard, se mettent à ricaner. Drew lève les yeux au ciel et vient se placer aux côtés d'Anthéa. Elle soupire en les désignant du menton.

— Mes frangins.

— J'avais cru comprendre, confirme Anthéa alors qu'elle regarde un garçon à la peau noire et aux envoûtants yeux noisette se glisser derrière eux et attraper un des jumeaux par l'oreille.

Celui-ci se met à geindre tout en se tortillant, essayant d'échapper à la punition que le nouveau venu semble estimer qu'il mérite.

— T'es pas venu, hier ! gronde-t-il. Je t'ai couvert, mais je le ferai pas deux fois. Peter était furax. C'était la reprise, crétin. Qu'est-ce qui pouvait être plus important que le judo ?

— Mais lâche-moi... Je bossais, si tu veux tout savoir.

— À d'autres.

— Je te jure que c'est vrai...

Choisissant ce moment pour s'interposer entre eux et les filles, le second jumeau secoue la tête comme si leur petite dispute n'était pas digne d'intérêt.

— Fais pas attention à eux, fanfaronne-t-il. Ce sont des crétins. Je suis Tobias. Enchanté de te rencontrer.

Tout comme son frère, Tobias porte l'uniforme des élèves de quatrième et les cheveux mi-longs. Leur teinte est de l'exact même brun que ceux de Drew. Mais là où la jeune fille peut s'enorgueillir de posséder de superbes yeux turquoise où le bleu se mêle au vert, ses frères arborent un bleu si pâle qu'il en paraît presque blanc. Ce contraste avec leurs peaux halées par le soleil de l'été qui touche à sa fin donne une impression d'irréalité. Comme si leurs visages avaient été retouchés par un photographe trop zélé.

Se libérant enfin de la poigne de son ami, l'autre jumeau vient bousculer son frère et se penche en direction d'Anthéa en lui attrapant la main. Ses lèvres pleines effleurent les phalanges de la jeune fille et il se redresse avec un sourire charmeur. Aussitôt, le bruit d'une claque à l'arrière du crâne, administrée par Drew, retentit et le fait redescendre.

— Arrête de draguer !

— C'est bon. C'est bon... contre t-il en riant, pas le moins du monde perturbé par l'intervention de sa sœur. Je m'appelle Zachary, reprend-il. La partie la plus intéressante et la plus balaise de ton nouveau duo comique préféré.

— J'aurais dit trio, intervient le nouveau venu d'une voix joueuse. Marlow, se présente-t-il à son tour, avec un sourire. Et si la nouvelle règle impose de se définir, maintenant, je dirais que je suis le seul sain d'esprit de cette bande.

Tobias se glisse entre ses acolytes, pose ses mains sur leurs épaules et les tire vers l'arrière. Il est sur le point d'ajouter quelque chose – probablement sa propre qualification – quand Drew le prend de vitesse.

— Vous n'êtes toujours qu'une pâle copie du duo originel, raille-t-elle. Tout juste bons à repomper leurs blagues en tentant d'effleurer du doigt le quart de leur charisme naturel.

L'attaque fait rire Marlow. Peut-être parce qu'il ne se sent pas tout à fait concerné. Aussitôt, le groupe se divise et Tobias attrape l'empêcheuse de tourner en rond par les épaules. Avec un air sérieux, il se penche dans sa direction et l'emmène à l'écart.

— Je ne me rappelle pas qu'on t'ai demandé ton avis, Andréa.

— M'appelle pas comme ça !

— Pourtant, c'est ton nom. Andréa.

Le reste de l'échange échappe aux oreilles d'Anthéa. En partie parce qu'ils se sont trop éloignés, mais aussi parce que Zachary s'est emparé de ses propres épaules pour l'attirer dans la direction opposée.

— C'est vrai, confirme-t-il, le visage neutre, aucune expression ne filtrant au travers du masque de croque-mort qu'il vient de revêtir. Il existe une autre paire de jumeaux dans la famille Reed. Deux rigolos, si on en croit leur fan-club...

Sans prévenir, il s'arrête et glisse devant Anthéa. Ses deux mains posées sur ses épaules, il se baisse pour lui faire face. Il a l'air on ne peut plus sérieux et la jeune fille risque un coup d'œil dans son dos. Où donc est passée Drew ? Son amie s'est bien trop éloignée. Non seulement, elle ne distingue plus rien de sa conversation, mais elle ne sait même pas dans quelle direction elle est partie. Scannant la cour d'un rapide coup d'œil, elle la trouve au final assez vite. Tout au plus à quelques mètres d'eux. Mais à peine l'a t-elle repérée, que sa silhouette se voit remplacée dans son champ de vision par le visage de Marlow. L'adolescent lui fait un clin d'œil complice auquel elle n'a pas le temps de répondre. Car, devant elle, Zachary s'est remis à parler.

— Mais en toute objectivité, ils ne nous arrivent pas à la cheville. Et ils sont biiiiien trop vieux pour qu'on puisse encore leur faire confiance. Des vieillards, des ancêtres, des reliques, même. Vingt ans, c'est quasiment l'âge de la retraite, non ?

Mais de quoi est-ce qu'il parle ? Anthéa le dévisage quelques secondes, le temps de remonter la discussion et d'enfin se rappeler.

— Ah ! lâche-t-elle sans faire attention.

La première paire de jumeaux. Bien sûr.
Zachary penche la tête, confus, mais n'a pas le temps de l'interroger quant à sa réaction.

— Aie !

Au loin, la voix de Tobias retenti, et tous, ils se retournent pour voir Drew revenir vers eux, les mains en poche et un sourire victorieux illuminant son visage.

Elle les a à peine rejoints que la sonnerie annonçant le début des cours retentit.

— Merde ! jure Zachary en reportant son attention sur Anthéa. On n'a pas eu le temps de parler.

— On se reverra, temporise Anthéa qui n'est toujours pas sûre de comprendre ce qui vient de se passer, mais qui apprécie plutôt l'énergie de ses nouvelles connaissances.

— Bien sûr. Mais on voulait te dire qu'on apprécie tes idées. On est derrière toi.

Anthéa fronce les sourcils alors qu'ils se dirigent tous vers le bâtiment principal.

— Mes idées ?

— Ton envie de révolutionner cette vieille école poussiéreuse, explique Zachary.

— On aime les gens qui foutent le dawa, de base, ajoute Tobias, qui les a enfin rattrapé.

— Mais quand ils le font avec des envies de révolution, on ne peut qu'être charmés, conclu Marlow.

Les garçons n'ayant pas cours au même étage, ils les abandonnent une fois dans le hall. Et en deux secondes, ils ont disparu dans les escaliers, à la poursuite de leurs amis qu'ils viennent d'apercevoir.

Interdite, Anthéa s'arrête au milieu du chemin et se fait bousculer par deux filles qui grognent avant de s'éloigner. Fronçant les sourcils, elle ne relève pas et se tourne vers Drew, qui s'est arrêtée et retournée quand elle a vu que sa nouvelle amie ne la suivait pas.

— Je... mène une révolution ? l'interroge-t-elle.

C'est au tour de Drew de froncer les sourcils. Ça lui parait si évident que c'est précisément avec ces mots qu'elle l'a présentée à ses frères le soir précédent.

— Bah... oui. Ça y ressemble quand même beaucoup...

— OK...

Elle adorerait en parler plus longuement, demander des explications, découvrir à quoi elle ressemble via des yeux extérieurs. Mais si elles arrivent en retard, elles vont encore se faire disputer. Anthéa le sait. Drew encore plus. Si bien, qu'elle accueille sa réponse incertaine avec un sourire. Dans la foulée, elle passe aussi un bras sur ses épaules et l'entraîne dans le couloir où se pressent des dizaines d'étudiants.

Elles sont presque arrivées en classe quand Anthéa se tourne vers elle. Son habituelle insouciance joyeuse a remplacé la surprise sur son visage, mais dans ses yeux brillent désormais une lueur de défi que Drew n'a encore jamais vue.

— Ils sont toujours comme ça ? demande-t-elle juste, occultant de façon inconsciente les questionnements en devenir.

D'un hochement de tête, Drew confirme.

— Et encore, aujourd'hui, ils étaient calmes.


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