Gwenola.

Gwenn pour les plus intimes.

Issue d'une famille plutôt noble, elle est éduquée pour devenir une demoiselle.

Belle, intelligente, polie et toujours élégante dès son plus jeune âge, elle s'est conduite comme une parfaite poupée aux yeux de la société.

Elle avait un petit frère châtain clair avec des yeux marrons, et un grand frère blond platine avec des yeux noirs, sans vie.

Hélas, ce dernier a sauté par la fenêtre, avant même qu'elle n'atteigne ses six ans.

Toute la pression s'est ensuite concentrée sur elle, de manière brutale.

Très brutale et violente.

Et elle a commencé à avoir le même regard vide que son frère aîné.

Elle n'était jamais à la hauteur, peu importe ses efforts, elle était rabaissée et piétinée à longueur de journée.

Prendre le même chemin que son grand frère est une option qu'elle a envisagée chaque soir, mais elle ne s'y est jamais résignée afin de protéger son petit frère.

Alors elle a continué à vivre pour recevoir des ordres et appliquer les règles qu'on lui imposait.

Vivre en étant esclave, vivre sans être maître de sa propre existence.

Pourtant elle ne vivait pas au Moyen-Âge.

Puis on lui a annoncé un mariage arrangé.

Elle était déjà devenue une femme, sans avoir pu profiter de sa jeunesse.

Elle qui voulait tant être adulte, elle qui rêvait de l'indépendance, passait seulement d'une main à une autre.

Toutes les relations qu'elle entretenait étaient superficielles.

En fait, elle n'a jamais pu être sincère avec qui que ce soit.

Néanmoins, elle ne s'entendait pas si mal que ça avec son mari.

Ils ont d'ailleurs eu un enfant, qu'ils ont appelé Eden.

"L'arrivée du prince charmant mit fin à tous ses supplices, puis ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants."

Une phrase si simple, mais si peu probable.

Il s'est avéré que son mari avait tendance à être violent.

Donc heureuse, elle ne l'était pas.

Son bébé n'arrangeait pas les choses.

Certes, il était attendrissant, mais il l'empêchait de dormir, donc de se reposer correctement.

Et elle vivait dans la peur.

Elle avait peur du jour où son mari s'énerverait contre son enfant.

Oppressée par ses proches, fatiguée de toutes ses responsabilités dont elle devait s'occuper, et débordée par ses propres propres sentiments refoulés depuis bien des années, elle a explosé.

Elle a craché toute sa haine, tout son désespoir, toutes ses plaintes accumulées jusqu'ici, à son mari, lors d'une dispute.

Ce dernier ne l'a pas frappée à main nue, mais avec une batte de baseball cette fois.

Son corps était bouillant, même respirer la faisait souffrir.

Et son mari l'a simplement laissée sur le sol pour partir dans sa chambre.

Pendant ce temps, le bébé pleurait dans une autre pièce.

Et ça a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.

Toute son existence n'avait aucun sens.

Alors elle s'est redressée, malgré la douleur physique qu'elle éprouvait ; sa souffrance mentale l'avait rendue folle et inarrêtable.

Elle a ouvert un tiroir, sorti une boîte d'un compartiment caché, et pris le pistolet.

Elle est allée dans la chambre de son mari, et a tiré sur lui.

Une première balle qui ne l'a pas achevé.

Ses deux mains, tenant le pistolet, tremblaient.

Sa vision était brouillée par ses larmes.

Son mari la regardait avec effroi, cherchant un moyen pour sauver sa peau.

"C'est trop tard." lui avait-elle chuchoté, sans aucune force, avec un léger sourire.

Elle a ensuite tiré une deuxième balle, qui a tué pour de bon son mari.

Son enfant pleurait toujours, dans une autre pièce.

Mais elle n'a pas accouru à ses cris.

Même si on fait tout pour offrir la meilleure éducation à son enfant, celui-ci finit toujours pas ressembler à la personne qui l'a élevée.

Et elle ne voulait pas que son fils finisse comme elle.

Elle ne voulait pas qu'il lui ressemble, car elle se détestait.

Alors elle a tiré une troisième balle, pour elle.