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III. Veille

MALSEN

Les nuits qui suivirent furent turbulentes. Il était possible au détour de certains couloirs de la résidence d'assister à de piteuses scènes. L'annonce de la transcendance prochaine des plus jeunes de la famille était désormais connue de tous, et les plus touchés par cette nouvelle n'étaient autre que les principaux concernés.

Les bâtards s'attaquaient entre eux, fomentant des attaques les uns contre les autres, parfois subtilement et parfois à la lumière du jour, dans l'espoir de diminuer le nombre de transcendants et ainsi augmenter leurs propres chances de succès. 

Il n'était alors pas rare de croiser des bâtards avec des membres disloqués, pleurant et gémissant, ou simplement inconscients dans le meilleur des cas. Depuis bien avant ma naissance déjà, il était de culture commune de n'accorder aucune attention à ces déchets qui ne pouvaient se défendre par eux-même. 

D'ailleurs, ce qui m'inquiétait le plus n'était pas les attaques sournoises de mes frères, mais plutôt l'idée de prêter un serment contraignant auprès de ce Père qui ne m'avait jamais accordé d'attention. 

C'est préoccupé que je continuais ma marche dans les couloirs étroits et sombres de la résidence pour me rendre dans le quartier des domestiques. Ma démarche lente dévoilait bien mon enthousiasme. Observant mes pieds et le sol par à-coups, mon regard s'attarda avec curiosité sur les quelques sourires narquois et moqueurs de ceux qui croisaient mon chemin. 

Peu de temps après, c'est l'esprit lourd de questions que j'entendis un faible murmure émanant d'un coin humide, là où seuls les rats avaient l'habitude de vagabonder. À la place, une odeur désagréable émanait d'un petit corps frêle. Malgré mon dégout, je reconnus cet être gémissant au premier regard. C'était l'albinos pas plus âgé que moi qui était intervenu lors de la dernière classe de Pervenche.

J'étais capable de voir que celui-ci avait été empoisonné. À ses pieds et sur ses vêtements, des restes trempés de sa bile s'étaient répandus. Sans pouvoir me retenir, un rictus moqueur apparut sur mon visage à la pensée que sa tête se teintait étrangement de la même couleur que le Hado du vieux maître. 

Les coupables devaient manquer cruellement d'imagination pour empoisonner de cette manière un être aussi facile à duper que ce garçon. La plante utilisée, habituellement transformée en une drogue, avait plus de vertus pour purger les derrières que les devants. Ce bâtard néanmoins avait dû en prendre en grande quantité pour tomber aussi malade. J'ignorais si sa vie était en danger et, comme ceux qui m'avaient précédé, l'idée de l'ignorer et de l'abandonner me traversa l'esprit.

Je pris alors naturellement le soin de le livrer à lui-même, ne lui laissant par bonté d'âme que la miche d'un pain rassis que j'avais retrouvée dans les poches de ma tunique. 

...

Les heures défilèrent et le soleil s'apprétait à se lever. Mes tâches étaient déjà terminées depuis longtemps et je m'apprêtais à rentrer dans mes quartiers lorsque j'entendis des gloussements, suivis de résonnements lourds venant dans ma direction.

« Des bâtards de frères ou des bâtards de domestiques ? » Pensai-je en ricanant. 

J'avais volé dans mes poches quelques tranches de lard pour ma consommation personnelle, et ne voulant pas m'étaler sur les raisons de ma présence tardive dans les cuisines. Je considérais alors sage de me camoufler derrière un établi pour ne pas attirer l'attention. Ces garçons étaient bruyants et se vantaient lourdement d'un quelconque exploit. 

Celui qui semblait être le chef et le plus âgé s'exprima d'une voix narquoise.

— Un de plus dont on entendra plus parler. Aucune chance que ce canard blanc puisse se remettre à temps pour la transcendance. J'ai hâte de voir sa tête quand les maîtres lui annonceront son expulsion.

— Ce nabot était tellement idiot, nous faire confiance et en bouffer autant ! Ça lui apprendra à manquer de respect à notre maître... Et on va faire quoi de l'autre ? Malsen, je crois ? Répondit un petit potelé.

— Laissons-le, j'ai entendu de sales rumeurs à son propos, il faudrait pas qu'on se le mette à dos. Et puis, je préfère pas m'attirer d'ennuis, il a l'air un peu fou. 

Les autres acquiescèrent à ses propos. Le sujet de la discussion changea alors rapidement, et bientôt ils ne parlèrent plus que de ragots et rumeurs. Finalement, ce n'est qu'après un moment qui me parut une éternité qu'ils quittèrent les lieux avec leurs poches remplies de viandes et de pain.

À ma surprise, les domestiques ne tardèrent pas à croiser la sortie du petit groupe en entrant dans les cuisines tel un cortège. J'en profitais pour me mêler parmi eux.

Perdu dans mes pensées, je ne vis pas se présenter à moi une bonne femme d'une trentaine d'années, habillée d'un tablier usé et déchiré. Elle n'avait pas dû s'étonner de la présence d'un bâtard dans les cuisines à cette heure-là car elle m'interpella d'un regard vif et aiguisé « toi là, va pétrir le pain avec les autres si tu sais pas quoi faire. » 

En remarquant toutefois que personne d'autre ne faisait vraiment attention à moi à cause des festivités, je décidais de m'éclipser rapidement dans la direction opposée en dehors des cuisines pour me rendre dans les jardins couverts et déserts de la résidence. 

...

Des dizaines d'oiseaux voletaient entre les branches d'arbres et le soleil peinait à percer à travers des vitres teintées par des mousses émeraudes qui les escaladaient en formant des arches irrégulières.

Un sentiment de tranquilité régnait dans cet espace protégé qui n'intéressait que les curieux avertis, et des éffluves étranges se mélaient pour former une vague odeur qui me rappelait ces galettes à la lavande que l'on pouvait parfois appercevoir sur le bureau du vieux maître Pervenche.

Je me sentais à mon aise dans cet environnement, comblé par ces merveilles que je ne pouvais encore comprendre et dont j'ignorais la provenance. Appercevant des ombres aux dédales et croisements d'espèces florales qui défilaient devant mes yeux, une excitation qui n'était pas nouvelle pour moi faisait battre mon coeur. Il m'arrivait fréquemment de me rendre dans ce lieu merveilleux lorque je voulais m'échapper de cette tumeur qu'est ma famille, et l'appaisement qui m'était donné à ce moment était le bienvenu à l'approche de ce que je me préparais à faire.

Comme guidé par un instinct qui connaissait mieux ces dédalles abstraits que mes propres souvenirs, je m'abandonnais d'un pas relâché jusqu'à l'endroit de mes convoitises. La plupart des membres de la famille ne s'approchait jamais de ce jardin, trop imbéciles pour reconnaitre le potentiel de ses merveilles.

Depuis des décennies, notre Père avait donné pour ordre aux membres explorateurs de la secte de voguer dans les mystérieuses et terrifiantes brumes qui entouraient la cité pour y découvrir des trésors et enrichir la secte. Les rares courageux à sortir indemnes de ces expéditions revenaient avec tout ce qu'ils avaient pu trouver, comme des reliques, des animaux exotiques et des spécimens de plantes inconnues.

Tout ce qui se trouvait dans ce jardin à ce jour était le fruit du labeur de ces explorateurs qui avaient donné leurs vies pour combler la secte et leur soif de découvertes. Dans un coin de mon esprit flottait secrètement le désir d'accomplir et d'assouvir à mon tour cette curiosité qui me poussait inlassablement vers ces paysages vierges et hostiles.

C'est rapidement que je chassais cette idée de mon esprit pour recouvrir mon calme habituel. Devant moi, se présentait l'objet de ma convoitise, une plante aux origines macabres qui ressemblait à s'y méprendre à un lys parme. Le vieux maître Pervenche nous avait conté un jour qu'au retour d'une expédition, une de nos exploratrices était revenue, languissante d'un mal inconnu.

À sa mort, cette même fleur s'était soudainement mise à pousser sur sa poitrine. Les circonstances de sa découverte, son utilité inconnue et la bêtise du maître botaniste en charge du jardin, avaient poussé celui-ci à conclure que cette plante ne pouvait se développer que sur des cadavres humains et qu'elle n'était alors pas durablement cultivable. Celui-ci avait par la suite tout simplement nommé cette plante du nom de celle qui l'avait ironiquement découverte  et avait abandonné le projet de la cultiver. Alors baptisée Liliae, ce spécimen floral unique avait depuis longtemps été oublié par les masses et rangé dans un coin du jardin. 

Seul notre maître Pervenche s'était consacré à son étude. Il se l'était appropriée en parvenant par miracle à la faire pousser à partir de cadavres d'animaux. Ce vieux bougre ne manquait jamais de vanter ses propres talents en botanique, qui d'après lui étaient plus grands que ceux qui se spécialisaient essentiellement et uniquement dans ce domaine. Le vieux maître avait découvert en la testant sur quelques-uns de mes frères, que la Liliae rendait ceux qui l'ingurgitaient incapables de parler inteligiblement pendant plusieurs heures. 

Après avoir vérifié que personne ne m'épiait, j'effectuais une pression sur la base de l'une d'elle, avant de pivoter ma main pour en retirer les racines délicatement. La fleur maintenant en ma possession se retrouva dans l'une des poches de ma tunique aussi rapidement que naturellement.

Il ne me fallut que peu de temps pour retourner jusqu'au quartier des domestiques. Les servants avaient des visages tendus et l'excitation commune et environnante les enfiévrait. Les murs se drapaient de banderoles serpentesque et dansantes, et les domestiques eux-mêmes s'étaient couverts des vêtements aux couleurs de la famille, un subtil mélange de vert absinthe et jade. 

L'excitation générale influençait mon caractère habituellement taciturne, et c'est dans une précipitation nouvelle que je rejoignis les cuisines à nouveau. 

Je m'habillais naturellement d'un tablier lorsqu'une femme âgée et mal habillée au visage vulgaire reporta son attention sur moi. Elle pointa un doigt tordu vers moi en criant pour couvrir le bruit environnant. Malgré ses efforts, je ne la compris qu'à demi-mot, plus occupé par le plan que je voulais mettre rapidement à exécution que par la volonté de converser avec cette gueuse.

— ... trou du cul.

— Excusez-moi ? Répétai-je, abasourdi par son manque de tact.

Elle me regarda avec l'air surpris de quelqu'un qui pense que son interlocuteur est un imbécile.

— J'tai dit d'te bouger de là et de v'nir m'aider, trou du cul.

Je me débattais intérieurement pour rester calme. Même si les statuts de servants et de bâtards étaient presque similaires, ce qui nous différenciait fondamentalement, c'était la possibilité pour les bâtards d'évoluer au cours de leur vie, chose qui était impossible pour un servant ou une servante à moins de devenir une putain au service d'un des maître, mais ce statut non-plus n'était pas très réjouissant à mon avis. Il était alors moins rare de voir des bâtards manquer de respect à un servant que de voir le contraire se produire par peur de représailles futures. Tout n'était que bon sens, et pourtant cette folle devant moi jetait toutes les normes par-dessus ses gros sourcils épais comme si de rien n'était.

- J'te vois v'nir avec ton air supérieur. J'en ai vu une ribandelle de bâtards comme toi s'faire jeter de la résidence en pleurnichant, alors maint'nant ramène ton joli p'tit cul tout propre ici et viens avec les autres.

L'idée de la remettre à sa place me démangeait, mais la suggestion qu'elle me faisait n'était pas pour me déplaire à cause des circonstances. Je baissais la tête en signe de soumission et m'avançais vers elle avant de commencer à pétrir du pain avec d'autres serviteurs de mon âge. Me voyant agir ainsi, la gueuse me toisa d'un air satisfait avant de s'éloigner sans rajouter un mot. Mille questions tourbillonnaient dans ma tête et le chaos environnant ne faisait qu'embrouiller mon esprit. Remarquant mon aspect soucieux, un garçon de cuisine un peu grassouillet me chuchota quelques mots avec complicité.

— Le prends pas mal, elle a un problème mental si tu veux mon avis. Hilda est comme ça avec tous les hommes.

— Tu trouves que je ressemble à un homme ?

Il me regarda avec plus d'attention avant de répondre avec amusement.

— Jamais de la vie, un très jeune homme peut-être ! Mais on m'a raconté qu'elle a eu une mauvaise expérience avec un des maîtres de la famille et depuis elle nous méprise tous. Elle a un caractère bien salé, mais dans le fond elle est pas si méchante, faut juste lui laisser un peu de temps.

Je fis un mouvement pour me rapprocher de lui avant de lui répondre amicalement.

— J'ai pas besoin d'être rassuré, mais merci. Comment tu t'appelles d'ailleurs ?

— Moi c'est Gabon, j'aime pas trop le surnom mais tout le monde m'appelle Gab...

Je ne l'écoutais déjà plus, trop absorbé par l'excitation de ce que je projetais de faire. Il fallait maintenant que je trouve un moyen de filtrer un peu de cette plante que j'avais en ma possession dans la nourriture commune attitrée aux bâtards sans attirer l'attention des autres sur moi. J'avais de la peine à distinguer un semblant d'ordre dans les cuisines. Le personnel s'affairait dans toutes les directions dans un certain désordre qui me dépassait. Heureusement néanmoins, personne ne semblait s'intéresser à mes faits et gestes, tous trop obnubilés par les préparations de la festivité.

L'idée d'infuser la Liliae me semblait être la meilleure des options. Le seul moyen de procéder ainsi était de la mixer dans un des bouillons qu'Hilda était actuellement en train de préparer. Me demandant alors comment j'allais pouvoir déjouer la surveillance de la gueuse, mon esprit savait paradoxalement que me faire attraper à essayer d'empoisonner la nourriture pouvait m'attirer de gros problèmes. La solution à mon problème vint d'elle-même lorsque Gab se mit à soupirer en voyant que je ne l'écoutais plus. Il me demanda alors avec un certain mécontentement de préparer des épices aromatiques pour Hilda.

Comme un automate, je m'exécutais alors en prenant ce qui me tombait sous la main pour préparer un subtil mélange de cardamone et de gingembre, comme si ce que je faisais avait le moindre sens pour moi. Gab me regarda faire, impressionné par la souplesse de mes gestes.

— Tu devrais rajouter un peu de Lavande aussi, Hilda aime beaucoup ça.

Gab s'en alla ensuite voguer à une autre occupation. Seul à présent à mon établi, j'en profitais pour sortir la Liliae de ma tunique. Ses reflets contrastaient avec l'éclat terne des autres plantes. La Liliae était sinistrement belle et l'idée de la ruiner pesait sur ma conscience. C'est toutefois avec sang-froid que je commençais à hacher la plante en fines lamelles avant d'incorporer le tout dans un bol en céramique.

— Où est c'qu'ils sont mes arômes, bande d'feignants ? J'vais vous étriper si vous m'les apportez pas tout d'suite !

Mon échine se hérissa au son de l'obscène Hilda. Voyant son visage décomposé par la fureur, Gab me jeta un regard suppliant et commença à pâlir avant de décamper avec plus d'agilité que ce que son corps épais pouvait laisser présager. 

Mon esprit de conquête ne tarda pas à prendre le pas sur mon manque de courage. Je récupérais alors le bol que j'avais pris soin de préparer avant de le lui livrer avec précipitation.

« Pardon, j'ai voulu rajouter de la lavande pour rajouter de la saveur, c'est ma plante préférée. »

Elle me toisa comme une prédatrice. Trop satisfaite par mon attitude soumise, elle ne semblait pas faire attention au contenu précis du bol en céramique que je venais de lui donner.

« Ça ira, allez, déguerpis m'tnant. » Rajouta-t-elle avant de verser le tout dans l'énorme marmite qui se présentait devant elle.

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