Penser
J'ai toujours cru que nous ne pouvions tomber amoureux qu'une seule fois dans notre vie. Bien sûr, nous pouvons penser que nous sommes amoureux et cela, plusieurs fois mais nous ne tombons véritablement amoureux qu'une seule et unique fois. Je suis même allée jusqu'à penser que certains ne tombais jamais amoureux puisqu'ils ne rencontraient jamais leur âme-sœur. Visiblement, je me suis trompée. Nous pouvons non seulement tomber amoureux de personnes mais aussi d'objets et d'animaux. Je n'avais jamais réalisé que j'étais amoureuse de mes yeux jusqu'à ce qu'il ne soit trop tard. Je n'étais pas seulement tombée amoureuse de mes yeux mais aussi des couchés de soleil, des paysages qui défilaient devant moi lors de nos escapades de voiture ou de marche, du visage de mon petit ami, des dessins animés du matin qui m'agaçait tant, j'étais amoureuse de tout. Et tout cela me manquais. Je ne pouvais plus profiter de tout cela maintenant que j'étais aveugle.
Aveugle. Voilà un mot qui effraie bien des gens. Cela m'effrayais aussi avant. Bon, je n'avais jamais vraiment pensé aux situations des aveugles jusqu'à ce que j'apprenne La Mauvaise Nouvelle mais après, j'y pensais tout le temps. C'est fou ce que je regrette mon insouciance d'antan. Lorsque je n'étais pas confrontée à tous les problèmes de la vie. J'ai perdu cette insouciance le jour où j'ai appris La Mauvais Nouvelle, comme je l'ai appelé.
Flashback :
-papa est-ce qu'on est vraiment obligé d'aller chez l'optométriste?
-oui Clara. Tu veux vraiment rester comme ça? Sans voir?
-papa, je vois, c'est juste que c'est un peu embrouillé quand je regarde au loin...
-justement! Tu as besoin de lunettes!
-oui mais je n'ai pas envie d'en porter! C'est moche!
-tu sais ce qui est moche? C'est quand tu auras de mauvaises notes parce que tu es incapable de suivre sur le tableau.
-mais!...
-Clara je ne veux pas d'histoires! Embarque dans la voiture, on va chez l'optométriste que tu le veuille ou non!
Je me souviens de ce jour là, en embarquant dans la voiture, je boudais. Je n'avais aucune envie de porter des lunettes. J'ai toujours cru que porter des lunettes signifiait être un nerd. Qu'est-ce que j'aimerais porter des lunettes et voir correctement maintenant...
En entrant dans la salle d'examen, j'étais légèrement anxieuse. J'avais peur de ce qui allait se passer. Pourtant, tout s'est bien déroulé. Le docteur m'avait fait faire plusieurs séries de test pour déterminer ma vue. C'était amusant. J'avais presque envie de recommencer mais je me suis retenue de le demander. J'avais beaucoup trop hâte que le docteur m'annonce que j'avais besoin de lunettes. Pourquoi? Parce qu'en passant devant la salle des lunettes, j'ai pu voir une panoplie de montures aussi colorées les unes que les autres mais une en particulier avait retenu mon attention. Elles étaient bleu pâle. Je m'étais dit que cette couleur ferait bien ressortir la couleur de mes yeux qui sont d'un vert-turquoise. C'était elles que je voulais porter. Pourtant, rien ne s'est passé comme prévu. Le docteur, qui était parti dans une autre salle pour découvrir mes résultats, étaient revenu mais quelque chose dans son visage clochait. Il n'était plus souriant comme quand j'étais entrée dans cette pièce il y a une heure. Il semblait triste, presqu'en colère...
Il s'est tranquillement assis sur son tabouret et nous a longuement regardé moi et mon père. Ne comprenant pas ce silence malaisant, je me suis exclamée, beaucoup trop excitée;
-alors, est-ce que je vais pouvoir porter des lunettes?
Le docteur m'a regardé dans les yeux. Il semblait mal à l'aise.
-non... en fait, tu as une espèce de... de maladie grave qui attaque les yeux. Tout ça pour dire que... tu risque de devenir... aveugle...
Cette annonce m'avait bien sûr bouleversé mais j'étais jeune et innocente. Je ne savais pas tous les enjeux que pourrait apporter ce problème de vue. J'étais restée silencieuse, Je regardais mon père qui lui, avait pêté un plomb. Après plusieurs minutes à essayer de calmer mon père qui criait après l'optométriste en le tenant responsable de cette maladie, j'ai finalement exhorté mon père de se clamer et de se reprendre. Nous nous sommes rassis et j'ai finalement demandé au docteur de nous en expliquer un peu plus ma maladie. Je m'étonne moi-même de mon sang froid de l'époque. C'est vrai quoi, je venais d'apprendre que j'allais perdre la vue, j'aurais pu fondre en larmes ou encore m'enfuir en courant mais c'est comme si je ne réalisais pas ce qui m'arrivait. j'étais comme anesthésié. Je crois que c'est ce que j'aurais pu faire de mieux, garder mon calme...
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