Chapitre 4 - Sol
Je suis un garçon voué à la nuit.
Si le jour à déjà percé mon exil, je ne m’en souviens plus, car ma mémoire enchevêtre mille moments de solitude sans origine ni fin.
Je suis un garçon forgé par le vide.
Vide de mes errances, vide de cette vie discontinue où seule l’obscurité compte, vide parfois de moi-même. J’ignore jusqu’à mon âge. À quoi servirait-il de le connaître ? Je pourrais avoir cent ans que mon dénuement resterait identique. Quant à trouver un sens à cela… Je l’ai cherché dans les étoiles, dans les récits volés ici ou là ; je l’ai traqué dans les moindres reflets de moi ; j’en ai rêvé assez longtemps pour en connaître la vacuité.
Je suis un garçon gavé de rien.
Quelquefois, je défie l’aube. Le jour darde ses couleurs et moi, enivré de fantasmes, je lui hurle mes espoirs en face.
— Je suis là, sur la plage ! Je suis là où les vagues meurent ! Le soleil transperce le lointain, la chaleur lèche mon évanescence, et je ne disparaîtrai pas !
La certitude de vivre me renverse alors. Quelque chose palpite à l’unisson du monde. Je sais, je sais, qu’une seconde supplémentaire me basculerait vers le réel et qu’il suffirait d’offrir mon visage au vent pour renverser la solitude. Le soleil se trouble, le lac en diffracte les reflets, j’aspire l’aurore à n’en plus pouvoir.
— Encore un peu, je suffoque, encore un peu !
Mais à cet instant, mes paupières clignent. Un froissement de cils, presque rien : un spasme de fatalité, et le noir m’absorbe. Toujours. Avec quelle force me suis-je débattu ! Avec quelle haine ai-je prié ! Et pour quelle fin ? L’échec. Encore et encore, le ciel se voile à ma vue. C’est une éternelle et immuable descente aux enfers, dont le sel ravive mes larmes.
Où vais-je lorsque le soleil sort ? La raison évoquerait le néant mais mon cœur, lui, parle d’une cage. Je sens ses parois autour de moi. Six face pour tout univers ; les seuls murs que mon intangibilité ne puisse franchir. J’en ai gravé l’intérieur avec mes prières. J’ai écrit des histoires sur tous les coins de ma cellule, peint la lune sur la serrure, calfeutré l’ensemble de mes pensées volages.
J’ai écorché le temps entre mes mains avides…. Et tant de fois ai-je ravalé ma haine, car à l’écho de mes souffrances je préfère le silence.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro