Chapitre 87 : Trouble confession
En fin de matinée, la sonnerie stridents annonçant la fin des cours retentit. Kijin eut un sursaut. Il ne put s'empêcher de couler un regard inquiet à Juuki et Mizu qui se tenaient à quelques rangs de lui. Comment allaient-elles réagir face aux
révélations qu'il s'apprêtait à leur faire ? Il rangea ses affaires de classe avec précipitation, mais avant qu'il n'eût le temps de franchir le seuil de la classe, Juuki le saisit par le col de son blouson.
— On pourrait savoir où tu as passé la nuit, Kijin Akuma ?
Il se retourna vers elle et ne sut quel mensonge inventer.
— Écoute, je vais tout vous expliquer, mais d'abord, on doit trouver Suna.
— Parce qu'il est au courant !?
— Au courant de quoi ? fit une voix traînante.
Ils se retournèrent. Suna leur adressa un sourire.
— Content de te revoir, Kijin, t'as passé une bonne soirée ?
Intrigués par les paroles de leur ami, les trois maudits renoncèrent à leur pause-déjeuner et se rendirent en sa compagnie au terrain de base-ball désert à cette heure-ci. Suna s'installa dans l'herbe, sortit de son sac de cours un nombre impressionnant de boîtes en plastique contenant diverses salades : au thon, au saumon, aux émincés de porc, de poulet, de cheval ; une grande bouteille de soda et une autre de limonade, de nombreux paquets de gâteaux, plusieurs sachets de sucreries, une pizza surgelée et pour finir, une pomme.
Sous les regards ébahis de ses cousines et de son camarade, il entama la pizza à pleines dents. Juuki esquissa une grimace dégoûtée et se tourna vers Kijin.
— Alors ? s'impatientait l'adolescente qui ne supportait plus les cachotteries de son ami. Qu'est-ce que tu as à nous dire ?
— C'est sûr, répliqua Suna en engloutissant la dernière part de son premier repas, tu m'as l'air assez distant en ce moment, et souvent pressé de quitter le lycée.
— C'est ce que j'allais dire ! renchérit son amie. On a l'impression que t'as toujours le feu fiché aux fesses !
— Je dirais plutôt, reprit Suna en avalant le quart de sa bouteille de soda, qu'il a l'esprit qui vagabonde sur la lune...
Kijin coula un regard inquisiteur à l'adolescent qui lui répondit par un clin d'œil complice.
— Moi, je sais bien ce qui t'arrive mon petit Kijin, reprit Suna. Tous les mecs ont ce même air débile lorsque leur virilité leur est enfin révélée dans toute sa splendeur...
— Suna ! s'étrangla Mizu en rougissant. Arrête de dire ce genre de choses, Kijin et moi...
— J'crois pas qu'il parlait de toi, lui lança sa cousine. Faut arrêter votre petit jeu tous les deux ! J'sais bien que toi, t'es folle de l'autre bouffeur de hamburgers ; quant à toi Kijin, tu vas bien finir par nous le cracher, le nom de ta petite copine !
Les deux adolescents échangèrent un regard confus avant de baisser la tête, gênés de se trouver dans cette situation. Kijin n'ignorait rien de l'amitié qu'entretenait Mizu avec Adams, ses ennemis qui composaient le fan-club de sa petite amie officielle ne se privant pas pour lui faire part des nombreux ragots traînant à ce sujet ! Mais à leur grande déception, Kijin accueillait ces rumeurs avec un visage impassible. Il n'était pas jaloux de Kensuke et lui arrivait de plus en plus souvent d'échanger quelques mots avec son rival qu'il trouvait très sympathique. Mizu ne parvenait plus à dissimuler son attirance pour le jeune New-yorkais. Elle aimait le rejoindre pendant les pauses ou à l'heure du déjeuner rien que pour le simple plaisir de discuter avec lui. Il la faisait rire et semblait la comprendre.
— Tu sais Kijin, l'interpella de nouveau Suna en gobant un œuf dur, vu que t'es encore novice en la matière, j'peux t'enseigner quelques trucs dans ce domaine. Crois-moi Jin, il n'y a pas meilleur endroit que la cuisine ou les coulisses d'une salle de théâtre !
Juuki sentit son visage s'enflammer et recracha le morceau de poulet qu'elle venait d'avaler. Suna lui adressa un sourire goguenard.
— Ah ma Juu ! C'était plus marrant quand tu t'enflammais pour de vrai, ça mettait un peu de piment dans notre vie de couple !
— C'est de notre vie intime dont tu es en train de parler ! s'indigna l'intéressée.
— Où est le problème !? J'ai le droit de dire que ma copine est un super...
Il ne put achever sa phrase. Juuki venait de lui asséner un violent coup de poing sur le crâne. Mizu poussa un soupir exaspéré et se tourna vers Kijin :
— De quoi voulais-tu nous parler ?
Le visage du jeune Akuma s'assombrit. Il ne pouvait plus reculer, il devait leur avouer la vérité. Ses doigts se crispèrent autour de la canette qu'il tenait à la main.
— Cela vous concerne aussi, confessa-t-il. Enfin, cela concerne surtout l'un des maudits...
Inquiets par son ton grave, Suna et Juuki cessèrent leur querelle et se tournèrent vers lui. Kijin prit une profonde inspiration :
— Suna, Juuki, je sais que vous êtes libres. Quant à toi Mizu, ce n'est plus qu'une question de temps. Vous n'êtes pas les seuls : Mori et Ishi le sont également. Ces libérations ne sont pas survenues au hasard, c'est Majinai qui en est le responsable.
Kijin releva la tête et d'une voix étrangement calme, raconta à ses amis, ce qu'il savait sur Majinai et les Maudits. Quand il eut achevé son récit, Mizu fut la première à prendre la parole :
— Notre rencontre n'était pas le fruit du hasard, elle était voulue.
— Oui. Mikazuki m'a attiré jusqu'à vous, pour une raison bien précise : elle veut tuer Majinai. Majinai lui, rêve de se venger de la déesse. En vous libérant, c'est elle qu'il punit, elle et son enveloppe charnelle, Tsuki. Ils n'avaient pas prévu que moi et Tsuki puissions tomber amoureux.
— Quoi !? s'étrangla Juuki, tu veux bien répéter !?
— J'aime Tsuki, répéta tranquillement le jeune Akuma.
— J'aime Tsuki, singea l'adolescente, et tu dis ça comme si tu demandais une botte de poireaux ! Ça n'a rien de très naturel, crois-moi d'aimer Tsuki Kamiaku ! Bordel, j'ai rien contre ce genre d'histoires, tu fais ce que tu veux ! mais pourquoi lui !? Qu'est-ce que lui trouves !?
— Elle a de beaux yeux, répondit alors Suna.
Kijin jeta un regard étonné à Suna qui venait d'achever sa seconde salade. Ainsi, Suna le rêveur, Suna le déconnecté était le seul jeune maudit à avoir deviné ce que dissimulait en réalité, le kimono de Tsuki.
— Attends une minute, s'écria Juuki, t'es dingue ou quoi !? Tsuki, une fille !? T 'es sûr que ta bouteille ne contient que du soda ?
— Il a raison, répliqua Kijin. Tsuki est une fille.
— Ah ouais ? Et comment tu peux en être sûr !?
— Parce qu'à mon avis, il sait faire la différence entre les garçons et les filles.
Mizu, jusque là demeurée muette, se tourna vers Kijin.
— C'est vrai ? Tsuki est une fille ?
— Oui, et ce n'est pas tout, elle est aussi la fille de Taiyou.
Juuki en resta bouche bée avant de se reprendre :
— C'est bon, tu as fini avec les révélations ou tu en as d'autres à nous dire ? Du style : Tsuki veut se marier ou elle attend un bébé de moi !
— Pour le moment, ça sera tout. J'aimerais vous dire une dernière chose : je compte faire tout ce qui est en mon pouvoir pour libérer Tsuki de Mikazuki.
— Comment y arriveras-tu !? Tu viens de dire toi-même que Majinai était le seul capable de libérer les maudits ! Et il hait Mikazuki...
— Je sais que ça ne sera pas facile, concéda le jeune homme en se relevant, mais je dois le faire. Et puis, j'aimerais que vous ayez tous une vie de famille normale... disons que c'est à ma façon de vous remercier.
Mizu se leva à son tour.
— Et nous, comment pouvons-nous t'aider ?
— En rien. C'est une affaire qui ne peut se régler qu'entre moi, Majinai, Mikazuki et Tsuki. Par contre, s'il m'arrivait quelque chose, promettez-moi de veiller sur Tsuki.
— Hé ! arrête de prendre cet air sinistre, s'exclama Juuki, tu me fous les boules ! Tu vas pas crever pour Tsuki, dis ? Parce que sinon, tu renonces illico !
— Rassure-toi, je suis accroché aux Kamiaku pour encore un bon bout de temps ! répliqua le jeune Akuma dans un grand éclat de rire qui se voulait confiant.
Il consulta sa montre et voyant que sa pause était terminée, il salua ses amis et dégringola la colline afin de rejoindre son cours particulier. Tout d'un coup, il entendit Suna l'interpeller :
— Hé, Akuma !
Lorsqu'il se retourna, il vit Suna, Juuki et Mizu qui le fixaient du regard. L'adolescent mit ses mains en porte-voix et ajouta :
— Fais gaffe quand même ! Pas sûr que Taiyou rêve de t'avoir comme gendre !
Kijin leur adressa un petit signe de la main avant de regagner le lycée. Les trois Kamiaku se levèrent et regardèrent la silhouette de leur ami et libérateur disparaître dans le bâtiment. Les trois adolescents furent saisis du même mauvais pressentiment, mais aucun des trois n'osa en parler de peur sans doute, de transmettre son inquiétude aux autres. Suna, qui se trouvait entre ses deux cousines, perçut leur tristesse. Il se saisit de l'une de leurs mains et les garda serrées dans les siennes, il était tout aussi démuni qu'elles face aux ombres menaçant d'emporter leur ami...
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro