Une goutte de pluie tira Kijin de son sommeil. Il leva les yeux et contempla le ciel brumeux de cette matinée d'automne : la couleur du ciel lui paraissait différente. Était-ce là un mauvais présage ? Une mise en garde ? Le jeune homme eut un haussement d'épaules dédaigneux. Il n'était pas superstitieux, contrairement à son frère aîné qui lui, voyait des signes du destin dans le moindre brin d'herbe un peu trop vert ! Alors, pourquoi éprouvait-il ce curieux sentiment ? Une peur sans nom qu'il n'avait jamais éprouvée...

Le jeune homme se retourna. Tsuki dormait encore, poings serrées sous son menton tremblant, un sourire épanoui accroché aux lèvres. Il se dressa sur un coude et se mit avec détailler avec une certaine impudeur, ce corps adoré s'offrant à sa vue. Il posa sa main, sur la chair fragile et commença à la parcourir en une pénétrante caresse. Il dessinait avec minutie et tendresse, chaque veine, chaque creux ou bosse de ce corps maladif tant aimé, tant désiré.

Tsuki, sentant la peau de son amant contre la sienne, émergea de son sommeil. Elle ouvrit les yeux et se mit à scruter avec attention les traits de Kijin.

— Jin ? chuchota-t-elle d'une voix dans laquelle transperçait l'inquiétude.

Comme pour la rassurer, il se pencha vers elle et lui déroba un tendre baiser, tandis que leurs deux corps s'unissaient de nouveau l'un à l'autre ; dans le jardin humide de rosée matinale, une rose fana.