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Chapitre 79 : Flammes jalouses

Juuki retrouva Suna dans les coulisses. Le jeune homme, revêtu de son costume d'arbre, était entouré par une horde de furies déguisées en animaux, qui le gavaient de douceurs en tout genre : biscuits faits maisons, bonbons, chocolats... Les adolescentes, le visage illuminé par un sourire des plus faux et le regard brillant de convoitise, espéraient toutes faire la conquête du charmant Suna en se servant de son point faible : sa gourmandise. L'adolescent, indifférent à leurs cajoleries et autres minauderies, se contentait de s'empiffrer de leurs pâtisseries.

Juuki, face à ce spectacle des plus révoltants, laissa éclater sa jalousie. La lycéenne vêtue d'un costume de marguerite, la plus déterminée à séduire Suna, s'enflamma, sous les cris de ses camarades. L'une d'elle, plus intelligente sans doute, eut le réflexe de se jeter sur l'extincteur afin de sauver son amie des flammes.

Suna contemplait le feu rougeoyant d'un œil distrait, tenant serré contre lui, une boîte en plastique débordante de biscuits. Lorsqu'il releva la tête, il vit Juuki s'enfuir à toutes jambes de la loge. Leur professeur, alerté par les cris, arriva en trombe dans la loge.

— Bon sang ! Que se passe-t-il ici !? Je vous signale que nous allons entrer en scène d'ici dix minutes ! Kamiaku, que faites-vous !?

Suna s'apprêtait à sortir de la pièce. Son professeur s'avança vers lui.

— Puis-je savoir où vous comptez aller ?

Le jeune homme prit sa boîte de biscuits et la fourra dans les mains de son professeur.

— Pouvez-vous me garder ça ? J'ai un truc à régler...

Sans plus d'explications, il quitta la pièce. Le pauvre professeur s'avança dans le couloir.

— Kamiaku, revenez ! Si vous ne m'obéissez pas, vous serez collé jusqu'à la fin de l'année !

Suna ne se retourna pas, peu sensible à ces menaces. Et pour cause ! Il ne pouvait pas être puni, vu que les heures libres dans son emploi de temps jusqu'à la fin de sa scolarité était déjà réservées aux colles qu'il avait accumulées au cours de son année scolaire !

Juuki, loin de toute l'agitation qu'elle venait de provoquer, avait trouvé refuge dans une pièce exiguë, servant de réserve à costumes. Elle s'enveloppa dans une grande cape qu'elle trouva sur un porte-manteau et elle se dissimula derrière un costume de cheval. Le grincement de la porte lui fit relever la tête et elle vit des pieds se dessiner devant elle.

— Juu ? demanda une voix qu'elle ne connaissait que trop bien.

L'adolescente se recroquevilla sur elle-même et bloqua sa respiration afin que Suna ne la voie pas et s'en aille. Elle ne voulait qu'il la trouve ainsi, le visage ruisselant de larmes et en pleine crise de jalousie ! Comme Aisu, elle ne supportait pas de montrer ses faiblesses aux yeux des autres, et en particulier à l'homme qu'elle aimait, car elle savait que Suna lui, s'il avait été encore maudit, n'aurait jamais enseveli un rival sous une montagne de sable !

— Allez Juu, arrête de bouder et sors de ta cachette ! telle que je te connais, tu dois être en train de retenir ton souffle et tu dois être au bord de l'asphyxie ! Je ne tiens vraiment pas à rechercher un cadavre.

Suna aperçut les jambes de la jeune fille. Il esquissa un sourire amusé et s'agenouilla devant elle. Lentement, il écarta les déguisements poussiéreux et prit un air penaud en voyant les larmes de la maudite.

— Tu es fâchée ? s'enquit-il d'un ton triste, volontairement enfantin.

Juuki ne put retenir davantage sa respiration et expira avec fort peu d'élégance. Elle eut un éternuement et un peu de morve jaillit de son nez, qu'elle s'empressa de balayer de sa manche. Comme pour la consoler, le jeune homme sortit un cookie à moitié carbonisé de sa poche et le tendit à son amie.

— T'en veux un ? C'est le dernier qui me reste, c'est la marguerite enflammée qui les a faits. Ils sont vachement bons !

Gênée par le regard perçant de son petit ami, la jeune fille baissa la tête.

— Je suis désolée... elle n'est pas blessée ?

— Bah, pas trop ! répondit Suna tout en fourrant le gâteau dans sa bouche, mais maintenant, elle ressemble plus à du chiendent séché qu'à une jolie pâquerette !

— Je te demande pardon Suna, je ne devrais pas être jalouse mais quand je les ai vues, toutes ces dindes glousser autour de toi... Je n'ai pas pu me contrôler ! On s'rait cru dans une basse-cour avec toi en guise de coq !

— Charmante comparaison, c'est pas mauvais le coq, mais j'préfère le poulet.

Loin de la faire rire, cette réflexion de Suna arracha des larmes à l'adolescente. Le visage de l'ancien maudit s'assombrit.

— Je n'ai aucune raison d'être jalouse, murmura Juuki, la voix transpercée de sanglots. Tu devrais sortir avec une fille normale Suna, au lieu de perdre ton temps avec une maudite ! Si tu allais voir ailleurs, je serais très heureuse pour toi, tu sais. Tu as le droit de vivre une vie comme tous les autres... alors que moi... moi, je n'arrive pas à briser cette malédiction !

— T'es stupide, grommela le jeune homme en guise de réponse.

Surprise, Juuki releva la tête ; elle s'attendait à tout de la part de Suna mais certainement pas à ce qu'il l'insulte de cette manière ! Elle s'apprêtait à répliquer lorsque l'adolescent la saisit par le menton et la força à le regarder bien en face.

— Tu n'as pas encore compris, Juuki Kamiaku ? C'est toi que j'aime et personne d'autre. Qu'est-ce que j'en ai à foutre des autres gonzesses !

De son autre main, il essuya les larmes de son amie.

— Et je n'aimerai que toi, acheva-t-il en se penchant vers elle.

Alors qu'ils s'apprêtaient à sceller leur déclaration par un baiser, Suna redressa  la tête. Une lueur malicieuse traversa son regard.

— Il me reste un peu de temps avant de monter sur scène... ça te dirait de me faire répéter mon texte ?

— Ça dépend... de quoi s'agit-il ? demanda Juuki sur le même ton taquin.

— Et bien, commença Suna en l'attirant contre lui, c'est l'histoire d'un jeune homme qui, un jour, dans une forêt maudite tombe sur une fille louve...

La suite de leur histoire se perdit dans un grand éclat de rire et de petits baisers. Les costumes qui protégeaient les deux Kamiaku d'un éventuel regard indiscret, s'enflammèrent sans raison apparente...

Notes et autres blablas.

Juuki et Suna le retour. Je n'ai pas d'autre chose à ajouter, ils sont très heureux ensemble, Juu est toujours maudite, mais Suna s'en accomode parfaitement. En même temps, vu le caractère du bonhomme, le contraire serait étonnant.

Le début de la pièce ressemble fortement à un certain film de Miyazaki... Je soupçonne comme un petit plagiat de la part du professeur chargé de l'écriture de la pièce. 😅

Au niveau des maudits, il nous reste donc :

- Juuki
- Mizu
- Aisu
- Raiu
- Kaze
- Chii
- Tsuki
- Taiyou
- Yuki (l'enfançon d'Aisu et Taiyou)

Une libération ne devrait pas tarder... Je vous laisse deviner laquelle.

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