Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

1. L'égoïste - l'espiègle

  Balançant de droite à gauche la vieille canne qui lui faisait office d'yeux, Esr avançait d'un pas lent et maladroit. Une paire de lunettes sombres cachait son regard sûrement vide de vie. Le vent de fin d'été faisait s'envoler la poussière des pavés, et la température tiédasse marquait le contraste avec les moufles de laine grossière qui couvraient ses mains. Petit, fin, il passait inaperçu au milieu de cette rue vide et obscure.

 D'ailleurs, l'un des rares passants lui rentra pratiquement dedans, l'envoyant presque valser sur le côté. L'inconnu grogna, lui accorda un regard rempli de condescendance, et continua son chemin sans plus d'attention.

 Esr resta quelques instants au sol, puis, une fois assuré qu'il était bien seul, enleva ses lunettes qui ne servait qu'à brouiller les pistes, laissant découvrir une paire d'yeux d'un bleu livide. Il tenait à garder au maximum l'anonymat, plus pour sa tranquillité qu'autre chose. Et, sans déguisement, il avait tendance à être très facilement repérable. Vraiment très facilement. Vous pouvez me croire.

 Ayant aperçu un escalier extérieur légèrement en retrait, le garçon s'y assit, bien décidé à retrouver sa véritable apparence. Sans qu'il ne se l'avoue, il faisait assez attention à son physique. Il se moquait d'être beau, attirant, sympathique. Il voulait être imposant, effrayant. Mais lorsqu'à dix-neuf ans, on mesure 1 mètre 59,4 et qu'on a l'apparence d'un adolescent prépubère, c'est tout de suite plus compliqué. Toutefois, il ne l'était pas moins. Vous pouvez me croire.

 S'appuyant contre le mur, il sortit un petit miroir de sa poche. Il était abîmé et fissuré, ne reflétait plus vraiment bien. Les côtés étaient blessants, rien ne protégeait la peau de l'arrête tranchante. Bref, une petite merveille. 

Il le posa délicatement sur le fer rouillé de l'escalier, conscient qu'il n'aurait pas l'occasion d'en racheter un s'il le brisait. De ses dents, il tira sur sa moufle gauche, la déformant un peu plus. Il jeta un regard à sa main droite, ce membre rigide dont pas un muscle ne bougeait depuis... Bref, qu'il était incapable d'utiliser. Il pouvait mouvoir à sa guise son bras et même son poignet, mais rien à faire : ses doigts restaient inlassablement immobiles et refusaient de se contracter d'eux-mêmes. Néanmoins, il chérissait cet handicap, qui représentait pour lui... Bref, qui représentait beaucoup.

 Il ramassa son miroir, le froid mordant sa main inhabituée par de telles sensations, d'ordinaire enfermée par le cuir. Il contempla son reflet d'un regard. Tout d'abord, il retira cette perruque ridicule et remit de l'ordre dans sa tignasse. Il avait d'épais cheveux noirs, tressés par endroits de mèches blanches, le tout sauvagement réparti de chaque côté d'une raie trois quart.

 Il passa un doigt sur sa peau blanche, révélant sous la poudre qu'il s'empressa de retirer un teint légèrement hâlé serti de tâches de rousseurs. Il longea son petit nez avant d'arriver à sa bouche, un trait droit entouré de fines lèvres, presque invisibles. Se sentant redevenir lui-même, Esr sourit. Ou du moins esquissa un sourire. Car Esr ne souriait jamais de toutes ses dents. Il tordait son visage en une moue hautaine de moquerie ou de fierté, tout au plus.

 Il revêtit finalement ses gants de cuir noirs, qui le caractérisaient tant, n'adressant qu'un léger regard à la chair blanche de sa main droite.  Le gauche était abîmé, à force d'être enlevé avec les dents. Les jointures commençaient à rendre l'âme et le tissus s'émiettait de plus en plus. Tandis que le droit, au contraire de son jumeau, brillait encore de toute sa splendeur et semblait neuf. Cette paire devait bien coûter une semaine du salaire d'un simple ouvrier.

 Esr se redressa et repartit d'un air légèrement guilleret, fier de sa transformation. Transformation pourrait paraître un bien grand mot, même si un aveugle blond et pâle venait tout juste de redevenir un garçon aux cheveux majoritairement noirs et au teint hâlé. Mais, en plus d'avoir changé quelques détails physiques, Esr était surtout de nouveau lui-même : un regard arrogant et condescendant, un sourire méprisant, une confiance absolue. Voilà ce qu'on pouvait lire sur son visage.

  Car tel était l'égoïste.

  Le garçon sortit de sa poche l'objet de toute cette mascarade. Il soupira. Il aimait bien trop tromper les gens. Il s'amusait de son vol, l'affreux bonhomme l'horripilant par sa conduite vis-à-vis de lui. Il trouvait lui aussi pathétique ce personnage qu'il endossait, mais il était le seul à s'accorder cette permission. Il était toujours lui-même malgré tout. Il aurait bien planté un couteau dans le dos de l'impudent, si mère prudence ne lui avait pas imposé sa présence. Après tout, il avait tout son temps. Il avait toute la vie.

//////

  Tann s'ennuyait à mourir. La tête entre ses bras, à moitié allongé sur la table, il essayait de deviner la date, seule occupation qu'il eut trouvé dans l'immédiat. Il était à peu près sûr que l'été était passé, ou presque. Était-on en août ? Ou alors en octobre ? Rien à faire, il était incapable de s'en rappeler. Lassé et légèrement de mauvaise humeur, il se tourna vers le petit calendrier abîmé qui officiait dans l'entrée. Vendredi 13 Septembre. Vendredi 13 ? Chance, malchance ? Chance, espéra-t-il avec un sourire.

 Il se renversa contre le dossier de sa chaise, poussant un léger soupir. Un rapide calcul plus tard, il se mordit la lèvre inférieur. Dans six mois, il aurait vingt-cinq ans. Déjà... Il ne s'était jamais considéré comme un adulte, et voilà que l'âge le rattrapait tout de même. Il eut une légère moue dépitée.

 Tann n'était pas vraiment du genre à accorder de l'importance au temps qui passe. Tann n'était pas du genre à accorder de l'importance à quoi que ce soit. Et surtout pas à ce qu'on aurait pu penser de lui. Car on pensait toujours quelque chose de Tann. Que ce soit par son bagou narquois ou sa malice insolente, il marquait inratablement les esprits. Et les cœurs, sans aucun doute.

 C'était un gracieux jeune homme, au regard comme deux noisettes brillantes. Mince et élancé, il approchait du mètre quatre-vingt-dix. Ses traits étaient fins, et son nez se finissait légèrement en trompette. Ses cheveux d'un châtain proche de la rousseur étaient coupés courts, bien qu'une mèche se balançait en permanence sur son front. Ses lèvres pâles étaient en permanence, ou presque, accompagnées d'un sourire en coin malicieux. Ses dents blanches et droites laissaient dépasser deux canines féroce et animales. Derrière ce tableau se cachait un garçon immature de temps à autre sérieux, bien plus patient qu'il ne le paraissait.

  Car tel était l'espiègle.

  Alors qu'il commençait à compter les secondes, il entendit le mécanisme de la porte d'entrée. Il se redressa et sourit, ravi. Il plissa les yeux en fixant le nouveau venu.

 - Tu es en retard, Cookie, remarqua-t-il.

 - Je ne suis jamais en retard. Le temps était seulement en avance, aujourd'hui.

Esr avança à pas lents dans la pièce. Bien évidemment, rien ne traduisait dans sa tenue les six longs étages qu'il avait dû escalader pour atteindre le grenier. Il faisait toujours très attention à son apparence, même seul. Encore plus, seul.

 La pièce était, comme tout l'étage, oblongue et basse. Elle était presque vide, munie d'une grande table, d'un sofa et de chaises droites, ainsi que d'un secrétaire où était entassé bon nombre de papier. A droite débutait un long et sombre couloir parsemé de portes. A gauche, il y avait la cuisine, cachée derrière une sorte de comptoir. Un vague malaise émanait des murs vides et abîmés d'un endroit comme sans vie.

 Esr alla s'asseoir au bureau et resta pensif et vague, durant de longues minutes.

 - Quel truc inintéressant as-tu ramené cette fois de tes longues vadrouilles sans but ? demanda Tann en brisant le silence.

 - Mais elles ont un but, rétorqua Esr.

 - Ah oui ?

 - Ramener des trucs inintéressants.

 Tann rit légèrement, avant de reprendre :

 - Non, sois sérieux. A quoi ça te sert, de perdre ta vie dans tes plans folkloriques que tu es le seul à comprendre ?

 Esr, comme à chaque fois qu'une conversation semblait l'intéresser, se tourna vers son interlocuteur, et plongea son regard livide dans le sien. Ses yeux brillaient désormais de passion et de fierté. Chacun de ses mots suintait de conviction et d'éloquence :

 - Mon existence n'a que deux buts : servir ma bienfaitrice et renverser l'ordre établit de notre merveilleuse société.

 Tann sembla réfléchir quelques instants à ces paroles, avant de remarquer :

 - Tu veux foutre le bordel, quoi.

 Esr soupira de voir l'œuvre de sa vie ainsi résumer.

 - Oui, si tu veux. Mais doucement, stratégiquement. Que le piège s'installe lentement autour d'eux et se referme alors qu'ils ne pourront plus rien.

 Il resta le regard vague quelques instants, puis, semblant revenir à la réalité, se détourna et reprit son activité.

 - Et toi ? demanda-t-il d'un ton banal, pourquoi tu perds ta vie à m'aider ?

 Tann sourit un peu plus et plissa de nouveaux les yeux.

 - Mais enfin, répondit-il, c'est évident : par amour.

 Esr leva les yeux au ciel, sans pour autant retenir un léger sourire.

 - Cet idiot d'amour avec lequel tu me bassines à longueur de journée ? Abandonne, c'est sans espoir.

 Tann adorait faire tourner en bourrique les autres, surtout lorsqu'il s'agissait d'une personne qu'il chérissait.

 - Trop tard, Cookie ; je t'aime.

 Il vit Esr souffler, mi-agacé, mi-amusé. D'une certaine manière, lui aussi avait deux buts : l'aider et le faire tomber amoureux. De lui, cela va de soit.

Alors que le silence commençait à s'installer, Tann remarqua :

 - En fait, tu n'as pas vraiment répondu à ma question.

 - C'est à dire ?

 - Tu m'as expliqué tes objectifs ; moi, je te demande pourquoi.

 Esr sourit et s'adossa sur sa chaise, les mains sur l'arrière de sa tête.

 - Serait-ce par par malveillance ? Ou dans la quête d'un idéal ? Non, non, rien de tout ça. Juste  par pur égoïsme.

 Sur cette réponse plus que mystérieuse, il se replongea dans ses pensées. Tann resta quelques instants à débattre mentalement de ces propos.

 - Tu n'oublies pas ta mission ? le rappela le plus jeune, l'empêchant ainsi de poser de nouvelles questions.

 Tann soupira. Bien sûr que non, il n'oubliait pas. Et au train où les choses étaient parties, il en avait pour la journée. Pitié. Si ça n'avait pas été pour Esr, il n'aurait jamais accepté. Mais que voulez vous. La raison du cœur est toujours la plus forte. En particulier chez lui.

 Il se leva avec mauvaise volonté et se dirigea vers la porte. Avant de sortir, il jeta un regard à Esr et ajouta :

 - Tu as oublié un but à ton existence.

 - Ah oui ? répondit l'autre, légèrement agacé.

 - Vivre.

 Esr se retourna vers lui, un expression grave dépeinte sur son visage. Sans qu'il ne prononce un mot, on pouvait facilement lire ce qu'il pensait. Trop tard. Je ne me rappelle déjà plus comment faire.

NDA :

Hey !

Voilà, j'ai (ENFIN !) écrit le premier chapitre de ce nouveau petit grand projet.

Qu'est-ce que vous en dîtes ?

Vous appréciez les personnage ? Vous les trouvez complètement timbrés ? C'est normal, ils le sont ;) (et vous avez encore rien vu...)

Vendredi 13 : Chance ou Malchance ?

N'hésitez pas à voter ou commenter (même si c'est pour rien dire, je le fais,  c'est très drôle :))


Schnoll


Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro