≍ 69. Tentation ≍
Debout face au vide, le visage violemment battu par la pluie, Maiko observait ce qui l'entourait. Dans le feu de l'action, elle avait tué quelqu'un. Et elle se sentait vide. Au début, elle en avait été horrifiée, simplement à cause de sa bonne morale, mais au bout de quelques secondes, elle s'était rendue compte d'une chose. Elle s'en était retrouvée soulagée.
Le ciel entier de Tokyo était couvert par cette épaisse couche de nuage, et la pluie d'orage tombait avec force sur chaque personne se trouvant dehors. Katsuki regarda le ciel un instant, rassurait de voir cette intempérie sortir de nul part : c'était la preuve que Maiko allait bien. Il se replongea aussitôt dans son combat, remonté à bloc.
Au bout de plusieurs longues minutes, les précipitations s'arrêtèrent. La plupart des incendies avait été arrêtée. L'averse avait refroidi tout le monde, et surtout Dabi, qui devait avouer que sans ça, il aurait fini par se faire consumer par son propre pouvoir. Cette eau tombée du ciel avait permis à chacun de retrouver plus ou moins ses esprits.
L'adolescente de la pluie fit volte-face et se dirigea vers les escaliers d'un pas décidé. Elle ouvrit la porte, et dévala les marches en courant, tout en prenant attention à ne pas tomber. Elle voulait s'assurer que personne d'autre — de mal intentionné, ne se trouve ici. Après avoir fouillé tout le bâtiment, elle sortit. Il n'y avait personne. Avec une certaine boule au ventre, elle fit le tour de l'immeuble pour aller voir le corps de Lee Hyun. Arrivée au dernier mur à franchir, elle s'arrêta, hésitante. Elle ne voulait pas vraiment voir ça, mais elle se devait d'assumer ses actes. Alors, elle prit une grande inspiration et serra les poings. Son pied avança tout seul.
Il n'y avait plus rien. Ni personne. Seule une tâche rougeâtre trônait sur le sol. Il était partit.
Il était partit. Elle ne l'avait pas tuée. Elle se rendit alors compte qu'elle avait bloqué sa respiration pendant un long moment, et s'autorisa à reprendre son souffle. Elle ne savait pas où il était, mais Lee Hyun était sûrement en trop mauvais état. Et puis, elle devait aller retrouver les autres. Complétement rassurée sur le fait qu'elle n'était pas devenue une meurtrière, elle fit volte face, pleine de volonté.
Maiko se mit aussitôt à courir, cherchant de son regard rose autour d'elle. Peut-être que des civils avaient besoin de son aide. Elle avait atterrit en haut d'un immeuble de ce qui semblait être un quartier abandonné. De longues minutes s'écoulèrent avant qu'elle rejoigne enfin la civilisation. De ce qu'elle avait vu du dernier étage, tout Tokyo, ou en tout cas Musutafu, avait été victime d'une attaque de grande envergure. L'adolescente avait pu, grâce à son alter, arrêter certains incendies, mais sa pluie ne pouvait rien faire contre les vilains si elle ne les attaquait pas directement. Et il devait donc rester un grand nombre de personnes malveillantes dans les environs.
Se félicitant de sa bonne condition physique, qui lui permettait de courir de longues distances sans être à bout de souffle, Maiko tourna à une intersection lorsqu'elle vit de la fumée noire s'échapper d'une voiture. Certaines personnes criaient, d'autres filmaient les alentours, dans l'espoir de capturer la silhouette d'un héros qui leur rapporteraient des centaines de milliers de vues sur internet. La manipulatrice de l'eau se précipita vers le véhicule. Sa pluie avait — lui semblait-il, stopper le feu avant qu'il ne devienne trop puissant et destructeur.
Dans les environs, il n'y avait pas de police, ni de pompier. Ils devaient être occupés par une dizaine d'autres cas dans le genre. Alors, si elle pouvait aider une personne ou deux sur le chemin pour retrouver ses amis, elle n'hésiterait pas. Maintenant proche de la voiture, elle observa à l'intérieur. Un homme, dans la trentaine, semblait inconscient. Elle vit un tatouage dépasser du col de sa chemise, recouvrant une partie de son cou.
Sans faire plus attention, elle tenta d'ouvrir la portière en vain, alors elle recula, et donna un violent coup de pied dans la fenêtre arrière, pour ne pas blesser le chauffeur. Elle put ainsi déverrouiller la voiture, et ouvrir la portière. Doucement, mais rapidement puisqu'à Yuei, ils avaient appris les gestes des premiers secours, la jeune fille essaya de vérifier si l'homme était conscient ou non. Il respirait, mais ne répondait pas à ses questions. Le choc qu'il avait pris sur la tête avait du le sonner avec brutalité.
— Est-ce que quelqu'un pourrait m'aider ? cria Maiko en se tournant, dans l'espoir de croiser le regard de quelqu'un qui aurait la gentillesse d'écouter son appel à l'aide.
La plupart des personnes passait devant elle, trop pressée pour s'attarder sur des inconnus. D'autres lui jetaient un regard avant de détourner les yeux loin d'elle, comme pour lui faire croire qu'elles ne l'avaient pas vu. L'esprit d'entraide était présent...
— Qu'est-ce que tu veux faire ma p'tite ? demanda tout à coup la voix d'une vieil derrière elle.
Maiko faillit sursauter, ne l'ayant pas entendu se rapprocher. Un homme, proche de la soixantaine, se tenait debout derrière elle, un chapeau couvrant son crâne. Ses joues tombaient, créant de profondes rides, et ses yeux semblaient remplis de bonté.
— Il faut sortir ce monsieur de la voiture, garder sa colonne vertébrale droite, et l'allonger plus loin. Des vilains attaquent la ville un peu partout, et je pense que les secours mettront du temps avant de pouvoir prendre en charge tout le monde.
— Et bien, pour une jeune fille, tu m'as l'air bien renseignée, ça fait plaisir de voir de jeunes gens comme toi. Tu as de la chance, j'ai été médecin pendant quarante ans ! Aller pousse-toi, je vais d'abord faire un rapide examen de ce pauvre homme.
Maiko écarquilla les yeux. Elle avait eu de la chance, elle ne pouvait pas le nier. Tomber sur un médecin, même un retraité, elle ne pouvait pas rêver mieux. Elle se décala pour lui laisser sa place, et se mit dos à eux pour observer la foule. Le quartier ne semblait pas vraiment fréquentable — les habitations paraissaient vieillies, salies, voire même détruites par endroit. Et puis, l'homme dans la voiture était un parfait exemple. Elle n'aimait pas vraiment juger les gens sur leur apparence, mais le tatouage sur son cou lui faisait bien trop penser à une marque de gang.
— Il a sûrement une petite commotion cérébrale, fit soudainement le vieil homme derrière elle.
L'adolescente se tourna vers lui.
— Et qu'est-ce qu'on peut faire pour lui ? demanda la jeune fille.
— Immobiliser son cou avec un vêtement, et comme tu l'as suggérée, l'allonger au sol, loin de la voiture. Nous attendrons les secours.
Sur ces mots, l'ancien retira l'écharpe qui entourait son propre cou, et commença à emmitoufler l'inconnu d'une main experte. Maiko pouvait voir son expérience : ses gestes semblaient presque mécanique, il avait du les pratiquer si régulièrement qu'ils étaient devenus automatiques.
— Il va falloir que tu m'aides, je ne suis pas plus tout jeune et mon dos fait des siennes, rit son binôme temporaire.
Maiko hocha la tête et avec toutes les précautions du monde, elle attrapa l'inconnu, sous les conseils du vieil homme. Ils réussirent à la porter un peu plus loin, contre un mur, sur un trottoir. La jeune fille entendit quelque chose tomber au sol, mais elle n'y fit pas attention tout de suite.
— Heureusement que vous étiez là monsieur, je ne sais pas si j'aurai su agir correctement.
— Mon enfant, même sans moi, tu aurais réussi. Tu savais déjà quoi faire, avant même que je n'arrive, se moqua-t-il. L'ancien se releva, et passa sa main marquée par l'âge sur le crâne de l'adolescente. Tu fais partie d'une école héroïque non ? Il me semble t'avoir déjà vu quelque part... Quoi qu'il en soit, continue comme ça, et tu deviendras une héroïne respectée et aimée, j'en suis sûre.
— Merci monsieur !
— Et en bon héros, tu te dois d'aller aider ceux qui en ont besoin. Je vais rester avec ce pauvre garçon, mais fais attention à toi !
Maiko, étonnée, haussa les sourcils.
— Mais, ça va aller, si je vous laisse seul ?
— Tu as déjà oublié ? Je suis médecin. Enfin, j'étais. Mon rôle est de sauver des vies lorsque les héros, qu'ils soient connus ou pas, n'y arrivent pas. Alors, essaye de ne pas me laisser le moindre travail à faire, sourit gentiment le vieil homme.
L'adolescente s'inclina à quatre-vingt-dix degré pour le remercier. Elle lui sourit, et fit volte-face, prête à affronter tous les vilains du monde. Et en faisant quelques pas, son regard se posa sur un objet. L'objet qui était tombé de la poche de l'inconnu. Les yeux roses de Maiko restèrent fixer de longues secondes le pistolet automatique. Et si... ?
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Ochaco était épuisée. Elle enchaînait les voyages volant, emportant des élèves des classes inférieures dans ses bras, depuis une dizaine de minutes. Chlorophillium continuait d'attaquer sans relâche ses camarades de classe, qui réussissaient à tenir bon par elle ne savait quel miracle.
Pourtant, elle avait bien vu que les racines de la vilaine devenait de plus en plus présentes, de plus en plus imposantes et rapides. Tels des fouets, elles tentaient d'attraper la moindre personne qui s'approchait trop près de leur manipulatrice. Chlo, dont les cheveux roses et la robe blanche la rendait presque attendrissante, à la manière d'une petite fille, avait une aura puissante, mêlant folie meurtrière et amusement.
Ochaco sauta une énième fois vers le ciel, poussant de toutes ses forces sur ses jambes et utilisant son alter pour rendant son corps aussi léger qu'une plume. Elle passa par dessus le champ de bataille. Elle avait réussi à évacuer toutes les personnes présentes dans le bâtiment effondré, et il fallait maintenant qu'elle aide ses camarades à vaincre Chlo. Elle atterrit plus loin, et commença à toucher des dizaines de morceaux de bétons, qui se mirent à flotter au dessus de sa tête.
Fumikage la vit faire, et décida de créer une diversion le temps que la gravitéenne finisse ce qu'elle était en train de faire. Il appela Dark Shadow, une fois encore, et lança une puissante attaque qui coupa net plusieurs racines. L'adolescente sauta ensuite en l'air, bondissant de rocher en rocher, et elle se retrouva au dessus de la vilaine. Une fois qu'elle eut placer tout son stratagème au dessus de Chlo, elle hurla à ses amis de se mettre à l'abri, et désactiva son pouvoir sur les pierres qui l'entouraient.
Une pluie de rocher, semblable à celle qu'elle avait produite il y a bien longtemps, dans son combat contre Katsuki, tomba du ciel, provoquant un énorme nuage de poussière.
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Merci pour les 30K :)
Et désolée si je met du temps à poster la suite de MB, mais j'ai du mal à écrire les derniers chapitres. J'ai pas envie de finir ce livre, mais j'ai envie d'écrire le tome 2, c'est compliqué mdrr
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