≍ 55. La légende de Kaguya ≍
Le rideau s'ouvrit.
Fumikage, debout sur le côté de la scène, regardait le public, assit dans le noir, attendant le début de la pièce de théâtre. Le corbeau sombre fixait les gens devant lui, avant de se mettre à réciter les lignes qu'il avait appris par cœur pour la représentation.
— Il était une fois, dans des montagnes couvertes par une forêt de bambou, se trouvait un homme. Il était coupeur de bambou depuis des années déjà.
Tenya entra sur la scène, portant un énorme sac fait de végétaux séchés. Il marchait devant un décor gigantesque représentant une forêt de bambou. A l'aide d'une large faucille, il faucha un bambou, qui avait été lui aussi créé par le reste de la classe.
— L'homme était marié et sans enfant. En coupant le plant de bambou, il fit une étrange, mais incroyable découverte. A l'intérieur de la tige verte se trouvait une petite fille, semblable à une poupée.
Tenya se releva, tenant entre ses mains quelque chose. Il se tourna vers le public, et tendit les mains vers lui. Entre ses doigts se trouvait une petite statuette, fabriquée avec élégance par Momo, grâce à son alter de création.
— Quelle jolie petite fille. Je ne peux pas la laisser seule ici, je vais la ramener chez moi, fit Tenya d'une voix un peu robotique. Il était à fond dans son rôle, mais le stress le faisait parler d'une étrange façon. Quelques rires se firent entendre, et Tenya ressortit de scène.
— Le coupeur de bambou rentra donc chez lui, et y retrouva sa femme.
La lumière s'éteignit, et quelques secondes plus tard, lorsque les projecteurs se rallumèrent, le décor avait changé. La forêt de bambou avait disparu, laissant place à une petite maison. Assise sur le sol, en train de mélanger une fausse mixture, Ochaco attendait que Fumikage continue sa narration.
— Le coupeur de bambou retrouva donc sa femme, et lui montra sa trouvaille.
Tenya revint sur scène, et tendit ses deux mains vers Ochaco. Ochaco joua l'émerveillement, et ouvrit grand les yeux.
— Quelle adorable enfant ! s'exclama-t-elle en se relevant. Elle approcha ses mains de celles de son mari fictif, et avant qu'ils ne puissent vers le moindre geste, un flash de lumière éblouit tout le monde.
Yuga avait utilisé son alter, laissant Ochaco remplacer la petite statuette par un faux bébé. Lorsque la lumière éclatante revint, Tenya et Ochaco mimèrent un grand étonnement, devant cette soudaine poussée de croissance. Alors que Tenya tenait l'instant d'avant une magnifique statuette, il avait maintenant entre les mains un bébé grassouillet.
— Après une courte discussion, le coupeur de bambou et sa femme se mirent d'accord pour élever l'enfant. N'ayant pas de descendant, ils donnèrent à la petite fille un joli prénom, digne des plus nobles et gracieuses enfants.
— Nous l'appellerons Kaguya, l'enfant de la lumière, dit Ochaco avec un sourire.
La lumière s'éteignit de nouveau, et quelques instants plus tard, le public redécouvrit le décor de bambou. Seul sur scène, Fumikage continuait de réciter son texte.
— Quelques jours plus tard, le coupeur de bambou découvrit des pépites d'or dans un autre plan de bambou. Il devint rapidement riche, et avec cet argent, il éleva sa fille adoptive dans le luxe pour en faire une princesse. Kaguya grandit rapidement. Plus rapidement que n'importe quel autre enfant. Bientôt, les nouvelles de sa beauté se répandirent à travers le royaume alors qu'elle était devenue une jeune femme resplendissante. Et finalement, cinq princes vinrent chez le coupeur de bambou pour demander Kaguya en mariage.
La lumière s'était éteinte une nouvelle fois, et le décor changea. Sur scène se trouvait maintenant cinq garçons. Ils portaient chacun un costume créé par Kana, Mina et Yuga. Izuku, Hanta, Yuga, Eijiro et Denki étaient agenouillés face au public, attendant que le père de Kaguya n'arrive pour leur faire leur demande.
— Oh ! Coupeur de bambou ! balança tout à coup Izuku en se tendant sur ses genoux. Katsuki, qui regardait la scène depuis les coulisses, esquissa un sourire moqueur. Il puait le stress. J'ai entendu parlé de la beauté de ta fille, et le coup de foudre m'a frappé ! Je suis là pour la dem-...
— Coupeur de bambou ! le coupa Hanta en se redressant légèrement pour se mettre en avant, et ainsi effacer légèrement la présence d'Izuku derrière lui. Je suis le prince de-...
— Coupeur de bambou ! fit alors à son tour Yuga. Regarde ma beauté ! Je suis sûr qu'elle serait parfaite à côté de celle de ta fille ! Permet-moi de la prendre pour ép-...
Quelques rires et pouffement se firent entendre dans la salle à l'entente de la ligne du troisième prince. Momo avait spécialement changé son dialogue pour que le rôle convienne à la perfection à Can't stop twinkling.
— Oh coupeur de bambou ! s'écria Eijiro d'une voix puissante. Je suis un prince capable de protéger la déesse de la lumière que tu as comme fille ! Avec ma force virile, je ...
— Bonjour coupeur de bamb-... commença Denki, sauf que Tenya, les mains dans le dos, le visage sévère lui fit signe de se taire. Le blond marmonna : Mais j'ai même pas eu le temps de finir ma phrase... J'avais mis trois jours à l'apprendre...
Les cinq garçons se rassirent correctement sur les coussins mis à leur disposition, et attendirent que Tenya, alias le coupeur de bambou, ne commence à parler. Le vice-délégué reprit, toujours avec sa voix légèrement robotique :
— Ma fille la princesse Kaguya ne souhaite pas vous prendre pour époux. J'ai tenté de la faire changer d'avis mais...
— Quoi ? Non ! Pitié, essaye de la convaincre ! se lamentèrent les cinq garçons avec un étrange entrain.
Tout à coup, la lumière sur scène se tamisa, et un projecteur illumina une silhouette féminine. Momo était cachée derrière un paravant, et seule la forme de son corps, vêtue d'un kimono, se faisait voir. Même si sa première apparition se passait comme ça, elle ne pouvait s'empêcher d'être nerveuse. Elle prit une respiration, avant de réciter son texte.
— Je suis Kaguya, fille du coupeur de bambou, commença-t-elle d'une voix douce. J'ai entendu vos paroles. Sachez que je ne me vois pas prendre l'un de vous pour époux, mais mon père m'a demandé de faire une choix. Alors, pour vous départager, vous devrez chacun me ramener un objet précieux, aussi authentique que l'amour que vous éprouvez pour moi.
— Tout ce que tu veux, princesse Kaguya ! répondit Hanta.
— Tout d'abord, premier prince, tu devras ramener le bol de pierre utilisé par le Bouddha pendant qu'il méditait. Deuxième prince, tu devras ramener une branche de l'île de Hôrai. Troisième prince, tu devras aller chercher la robe légendaire du rat qui habite une montagne de Chine. Quatrième prince, il te faudra attraper le joyau coloré du cou d'un dragon. Et cinquième prince, tu devras ramener le coquillage cauri d'une hirondelle.
— Mais ce sont des objets impossibles à trouver ! s'écria Eijiro.
Les cinq garçons avaient perdus toute contenance, en accord avec leur personnage. La lumière s'éteignit une nouvelle fois, et Fumikage, dans son rôle de narrateur, expliqua la suite des évènements. Les trois premiers princes s'étaient rendus compte que la tâche était impossible à accomplir, malgré l'espoir qu'ils avaient eu au début. Ils avaient donc ramené de faux objets, mais la princesse Kaguya s'était aperçue de la supercherie, et avait fait chassé les princes malhonnêtes.
Le quatrième prince avait renoncé à ses recherches au cours d'un orage, et le dernier était malheureusement décédé.
ENTRACTE
— L'empereur du Japon, intrigué par les rumeurs qu'il a entendu sur la princesse Kaguya, vient la voir, et en tombe immédiatement amoureux, fit Fumikage peu après la fin de la pause.
Cette fois-ci, Momo, assise au sol, était en train de s'occuper de tisser un vêtement. L'ombre d'un garçon se dessina sur la toile du fond, et Shoto entra en scène, vêtu d'un riche sokutai* et d'un kanmuri*. Des sifflements parcoururent la salle lorsque le cadet Todoroki s'agenouilla devant Momo, qui cachait le bas de son visage avec ses manches amples.
— Princesse Kaguya, commença Shoto, impassible. Je t'ai vu un jour, et je suis instantanément tombé sous ton charme. Ta beauté, tel le soleil, m'éblouit et me réchauffe. Ta grâce naturelle m'hypnotise. Tu es la seule qui brille dans l'obscurité. Je n'ai jamais ressenti une joie si intense en voyant le visage d'une inconnue. Je le sais, je le sens. Tu sembles inaccessible, personne ne peut te toucher. Tu es comme le sable que l'on essaye de saisir, comme le temps qui nous file entre les doigts. Néanmoins, j'espère que les étincelles de mon amour sauront toucher ton cœur. *
— Malgré vos mots remplis de poésie, je ne peux accepter votre confession. Je ne suis hélas pas de ce pays, et je ne peux vous suivre au palais impérial.
— Accepte au moins de converser par lettre avec moi, supplia Shoto en se rapprochant de Momo. Leurs genoux se touchaient presque, et même si la jeune fille savait qu'ils ne faisaient que jouer un rôle devant un public, elle ne pouvait s'empêcher d'être chamboulée devant les paroles de Shoto. Elle hocha de la tête, répondant silencieusement à la demande de l'empereur devant elle.
Alors que les deux se retiraient avec grâce, Fumikage revint sur le devant de la scène. D'une voix qu'il voulait pleine d'émotion, il se mit à expliquer la suite de l'histoire, alors que Momo était seule, éclairée par un rayon de lumière au milieu de la scène.
— Depuis quelques jours déjà, la princesse Kaguya se sentait mélancolique. À chaque fois qu'elle regardait la lune, la nuit, les larmes s'écoulaient sur son visage pâle. Malgré les nombreuses demandes de ses parents adoptifs sur son malheur, la jeune fille était incapable de leur dire la vérité. Elle erre de plus en plus souvent dans leur maison, jusqu'au jour où elle ne puisse plus garder ce lourd secret pour elle-même.
Fumikage disparut, et Ochaco et Tenya vinrent se mettre face à leur fille fictive. C'était l'heure de la révélation de la princesse, et Momo se tint prête, se plongeant encore plus dans son rôle pour pouvoir faire ressentir le plus d'émotion possibles aux spectateurs.
— Père, Mère, je dois vous parler, annonça-t-elle d'une voix grave.
— Qu-y a-t-il, ma fille, pour que tu sois si torturée ? demanda Ochaco.
— Nous t'écoutons, princesse, renchérit Tenya.
— Je suis très heureuse de vous avoir comme parents dans ce monde, mais je ne viens pas d'ici. Oui, Père, Mère, je suis étrangère à cette terre, et je me dois de retourner avec les miens.
— Que dis-tu ? s'exclama Tenya.
— D'où viens-tu ? Pourrons-nous te voir ? fit Ochaco en cachant sa bouche derrière ses mains.
Momo secoua la tête, et Ochaco sauta sur elle, pleurant faussement et bruyamment. La lumière disparut, et la voix de Fumikage résonna dans la salle obscure.
— Le coupeur de bambou, terrifié à l'idée de perdre sa fille, fit appel à l'empereur pour qu'il la protège des personnes voulant enlever la jeune fille. Le jour venu, l'empereur envoya ses soldats et ses gardes pour assurer la sécurité de Kaguya. Mais hélas, lorsque des êtres célestes venus de la lune arrivèrent sur terre, une vive lumière les aveugla.
Un flash apparut sur scène, et le public maugréa en se plaignant de la trop forte luminosité. Dans les coulisses, Shoto utilisait sa glace et son feu pour créer un brouillard sur la scène. Le nuage d'eau se répandit dans la salle, et la porte à l'arrière de la pièce s'ouvrit doucement. Dans le couloir, Yuga et Toru travaillaient ensemble pour illuminer la porte comme s'il s'agissait d'un endroit paradisiaque. Le public se retourna pour voir ce qu'il se passait, et trois silhouettes apparurent dans ce rayonnement céleste. Vêtus de longues robes flottantes, Hide, Tsuyu et Maiko marchaient le long de l'allée, et se dirigeaient vers la scène.
Sur cette dernière, Momo écrivait des lettres. Pendant la longue traversée de ses camarades, Momo appela Mashirao. Il portait un casque, permettant de comprendre qu'il était un garde.
— Donne ses lettres à mes parents et à l'empereur.
Mahirao attrapa les enveloppes que lui tendait Momo, et disparut après sa brève apparition. Maiko et Hide se placèrent face à Momo, et pendant que Maiko attrapait les mains de sa déléguée, souriait joyeusement, Hide lui mettait une espèce de cape, recouverte de plumes multicolores sur les épaules. Tsuyu restait un peu en retrait, les mains jointes devant elle.
— La robe de plume du peuple de la lune lui retira toute la tristesse et la compassion que la princesse Kaguya ressentait entre le peuple de la Terre. Le peuple de la lune emmena la princesse, sous les yeux affligés de ses parents.
Maiko lâcha une des mains de Momo, et Hide la prit. Puis, toujours en marchant lentement, ils repartirent, suivant Tsuyu, vers la porte illuminée, qui se referma après leur sortie. La salle fut plongée dans un silence pesant. Tout le monde se retourna vers la scène, où le décor avait une fois de plus changé. Shoto était assis sur un coussin, et Mashirao arriva en trombe, et s'agenouilla devant lui, une lettre à la main.
— La princesse Kaguya m'a demandé de vous remettre ces derniers mots, annonça le blond avant de se retirer.
Shoto déchira la lettre et ses yeux se mirent à parcourir la feuille pourtant vierge. Son visage devint triste, et il ferma les yeux un instant en posant le papier devant lui, sur le sol. Puis il fit d'une voix forte :
— Eh toi ! cria-t-il en direction des coulisses qui se trouvaient face à lui. Quel est le mont le plus près du Ciel ?
— Le Mont dans le Province de Suruga ! répondit la voix de Toru, invisible du public.
— Apportez cette lettre à son sommet, et brulez la. Peut-être qu'elle recevra mon message...
Mashirao revint une autre fois sur scène pour reprendre la même feuille et enveloppe, et repartit en coulisse.
— Le garde et quelques suivants de l'empereur partirent donc jusqu'à ce Mont, aujourd'hui connu comme le Mont Fuji. Le garde incinéra les mots de la princesse, et l'on dit que la fumée de cette incinération continue toujours aujourd'hui. La princesse Kaguya a-t-elle reçu le message de l'empereur ? Se souvint-elle même de sa vie passée sur Terre ? Cette légende, vous pouvez l'imaginer chacun à votre façon, finit Fumikage dans un souffle grave.
Juste avant que la lumière ne disparaisse pour signaler la fin de la pièce, la silhouette reconnaissable de Momo apparut une dernière derrière le même paravent, ainsi qu'un petit nuage de fumée. La scène se termina avec son rire cristallin, joyeux.
— Fin ! hurla Mina depuis les coulisses.
— Chut ! firent le reste de la 2A, alors que le public mêlaient rire et applaudissements.
Kaguya — Momo — princesse de la lune
N'est-elle pas magnifique notre Momo ?
sokutai : la tenue de l'empereur. / kanmuri : son couvre-chef.
Je vous laisse aller voir à quoi ça ressemble si vous vous le demandez. :)
** pour la déclaration de l'empereur Shoto, j'me suis inspirée de deux chansons de Taemin ( Want et Flame of Love ). Mais c'est quand même moi qui l'ait écrit mdrr
Il existe différentes versions de ce conte ( comme pour n'importe quel conte quoi ), donc si vous avez vu le film et que vous trouvez plein de choses différentes, c'est normal. J'avais pas envie de le reprendre, c'est plus facile de reprendre un conte écrit ( merci wiki ) qu'un conte filmographique mdrr
Bon, ce chapitre change des autres mais c'est un petit aparté dans l'histoire. J'espère qu'il vous aura plu, parce que perso, j'en ai eu marre de l'écrire au bout d'un moment, j'ai bien trop hâte de vous raconter la suite, parce que de gros évènements sont en préparation. :))
Après quelques dernières révélations, ainsi que la bonne grosse bataille finale, et bien... ce livre prendra fin...
Mais j'ai déjà prévu un deuxième tome
( ͡° ͜ʖ ͡°)
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