≍ 50. Au clair de lune ≍
— Katsuki, qu'est-ce qu'il y a ? demanda finalement la jeune fille d'une petite voix qu'elle ne se connaissait pas.
Une brise de vent souffla, faisant frémir les feuilles des arbres au dessus d'eux. Sans qu'il ne s'en aperçoive réellement, le blond pencha son visage vers celui de Maiko, et alors que leur souffle se mêlait, l'adolescente tourna la tête, fixant un arbre plus loin. La seule chose qu'elle entendait, c'était le sang battre à une vitesse folle dans ses oreilles. Elle regarda furtivement Katsuki du coin de l'œil, alors que son nez frôlait sa joue. Katsuki claqua sa langue avant de s'agenouiller, tandis que Maiko s'asseyait devant lui en vitesse, les jambes pliées contre sa poitrine. L'un face à l'autre, personne ne prenait la parole. Maiko soupira.
— Ecoute, si tu n'as rien à me dire, je vais me coucher.
Elle commença à se lever, lorsque Katsuki attrapa son poignet.
— Pourquoi tu m'évites ?
— Je ne t'évite pas.
Le blond fronça les sourcils, avant de la fusiller du regard. Ils étaient ensemble depuis la veille au matin, et Maiko avait fait semblant de ne pas le voir. Ça l'avait énervé, mais il n'avait rien dit de la journée.
— C'est même plutôt le contraire... murmura Maiko en baissant la tête. Ses cheveux bleus formèrent un mur devant son visage, comme si elle ne voulait pas qu'il la voit.
— Qu'est-ce t'as dit ?
— Rien, rien. Tu peux me lâcher ?
Maiko secoua sa main pour lui faire comprendre, mais elle sentait toujours ses doigts brûlants contre sa peau. Elle releva doucement la tête, faisant glisser ses mèches bleues sur son visage. Ses yeux roses rencontrèrent les yeux rouges de Katsuki.
— Non.
— Pourquoi ?
— Parce que j'ai pas envie.
Maiko le toisa, l'air énervé. Qu'est ce qu'il croyait pouvoir faire ? L'embrasser un soir, et ne pas venir la voir la semaine suivante ? Elle se sentait en colère contre elle même de lui en vouloir de ne pas être venue. À quoi s'attendait-elle ? Il s'agissait de Katsuki Bakugo, le garçon au plus mauvais caractère qu'elle ait jamais connu. Celui avec qui elle n'avait cessé de se disputer depuis le début de l'année. Et pourtant... elle était là, devant lui, n'arrivant même pas à se motiver pour se dégager de sa poigne. Parce qu'avec tout ce qui lui était arrivé, entre ses allers retours à l'hôpital, que ce soit pour elle ou pour sa mère, la seule chose qui parvenait à la faire sourire, c'était lui.
Mais être avec lui lui faisait penser à ses parents, et son impuissance, mêlée à sa culpabilité revenaient en force pour lui interdire de perdre son temps. Comment pouvait-elle même imaginer avoir des moments de bonheur alors que sa mère était dans le coma et que son père s'enfonçait dans ses recherches pour débusquer Black Circle ?
Soudain, la pression sur son poignet se fit plus légère, avant de disparaître. Katsuki venait de la lâcher, et Maiko ressentit un mélange de soulagement et de déception. Alors qu'elle ouvrait la bouche pour dire quelque chose — elle ne savait même pas quoi à vrai dire, le blond posa une main sur sa joue. Son coeur rata un battement, et elle fixait, stupéfaite.
— Pourquoi tu pleures ? fit le garçon d'une voix atone. Il glissa son pouce sous son oeil pour essuyer la larme qui avait commencé à couler.
Elle ne s'en était rendue compte. Doucement, elle leva sa main vers celle du garçon, mais elle changea d'avis. Maiko le repoussa, avant de se mettre rapidement debout. Elle ne put faire que quelques pas avant de se retrouver entourée par les bras de Katsuki.
— Tu crois vraiment pouvoir partir sans rien dire ? T'es stupide ou quoi ! cria Katsuki en la retournant par les épaules.
Leur visage se faisait face. Mais Maiko ne voulait pas qu'il la voit dans cet état. Elle commença à se débattre pour se dégager de ses bras, mais Katsuki resserra la prise de ses doigts sur ses bras.
— Regarde moi ! continua Katsuki en haussant la voix. Maiko avait baissé la tête pour ne pas avoir à le fixer directement. En réponse, elle secoua la tête de gauche à droite. Le blond fronça une énième fois les sourcils, et attrapa le visage de l'adolescente d'une main. Il pinçait ses joues, créant une moue boudeuse, alors que Maiko le fusillait du regard.
— Lâche moi, ordonna Maiko.
— Tu rêves.
— Ne commence pas à m'énerver Katsuki !
— C'est toi qui m'énerve !
— Alors pourquoi tu m'as entraîné jusqu'ici !?
— Mais laisse moi parler aussi !
Ils se regardaient en chien de faïence. Katsuki finit par la lâcher. Une vingtaine de centimètres les séparait. Maiko gardait le silence, attendant que le blond commence enfin à lui expliquer pourquoi il l'avait emmenée au milieu des arbres.
Le garçon enfonça ses mains dans ses poches, comme il avait pris l'habitude de le faire depuis le collège. Il ne regardait pas la jeune fille, se contentant de fixer un point derrière elle.
Maiko croisa ses bras sous sa poitrine. L'impatience lui faisait taper du pied le sol.
— Tu m'évites depuis hier. Et là, tu pleures pour rien et tu veux t'enfuir. Qu'est ce que t'as ? J'ai déconné, c'est ça ?
— Le monde tourne pas autour de toi abruti ! s'exclama Maiko en se massant les tempes. Je suis juste fatiguée. Je veux simplement m'entraîner, et devenir plus forte. Je n'ai pas le temps de m'occuper d'autre chose.
— T'occuper d' autre chose ? Tu parles de moi là ? J'y crois pas...
L'adolescente ne répondit pas, le regardant s'énerver au fur et à mesure que les secondes s'écoulaient. Elle ne voulait pas vraiment le mettre en colère, mais elle n'avait trouvé que cette option pour le forcer à s'éloigner d'elle. Son visage était rouge de rage, et il serrait ses doigts si fort que ses phalanges devenaient blanches. Maiko ne pensait pas le voir dans cet état aussi vite, même si ça l'arrangeait. Avec un peu de chance, il partirait de lui-même.
— Je sais pas ce que tu essayes de faire, mais ça m'plaît pas, idiote.
Il avait repris une voix relativement calme, étonnant Maiko. Elle cligna plusieurs fois les paupières, surprise par son changement de ton.
— De quoi tu parles ? bredouilla la jeune fille.
— Tu me repousses. Sans aucune explication. Ou plutôt, en me donnant des excuses. Alors maintenant, dis moi la vérité. Qu'est ce que t'as ?
Maiko continua de le fixer. Elle fit un pas en arrière, avant de se balancer sur ses pieds. Après un grande inspiration, elle se mit à parler.
— Très bien, je vais être honnête. Tu sais, tu me plais. Et je sais que c'est réciproque. Mais je peux pas. Pas maintenant, c'est pas le bon moment pour moi. Je peux pas penser à toi sans ressentir de la culpabilité. En ce moment, et ce depuis plusieurs semaines, ma mère est alitée et elle ne s'est pas réveillée. Les fois où je vois mon père, quand il ne travaille pas pour retrouver ces fumiers, il est avec elle. Il dort plus, il mange plus. Je l'ai jamais vu dans cet état, et ça me terrifie. Et je peux même pas l'aider. Deux fois, j'ai été face à Black Circle. Et deux fois, j'ai échoué. Je suis inutile. J'ai l'impression que la nouvelle technique que j'essaye de mettre au point ne me servira à rien, et pourtant, je m'entraîne à fond. Ça me permet de ne plus penser à tout ça. Et pourtant, tu es devant moi. Et tout se mélange dans ma tête. Je voudrais rester ici, avec toi et en même temps, partir en courant. Je suis perdue...
Katsuki l'avait écouté parler sans l'interrompre, même si ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Au fur et à mesure de son monologue, la voix de Maiko avait tremblé et ses yeux s'étaient embués. Et lorsqu'une larme s'échappa sur sa joue, son sang ne fit qu'un tour et il enlaça la jeune fille avec force. Il la plaqua contre lui, alors que Maiko commençait à sangloter bruyamment. Elle enfonça son nez dans le cou du garçon, et agrippa son t-shirt.
— Malgré tout ça, tu as le droit de vivre Maiko. C'est ta vie.
Les minutes passèrent, et ils ne bougèrent pas le temps que Maiko se calme. Le silence refit surface, et la jeune fille renifla une dernière fois avant de se séparer du garçon. Elle se sentait absolument gênée, et elle n'osait plus le regarder.
— Bon, je vais y aller...
Katsuki la laissa partir. Sa silhouette éclairée par les rayons blancs de la lune disparut entre les arbres. Il soupira avant de s'ébouriffer les cheveux. Il tenterait de lui reparler plus tard. Elle avait besoin de temps.
***
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