— Tu es vraiment sûr et certain de cette info Mitsuo ? demanda le détective Naomasa en se grattant le menton, le regard dans le vague.

— À cent pourcents. Les échanges de mail que j'ai découvert sont formels !

Maiko écoutait la discussion qui se déroulait devant elle. Ochiyo griffonnait quelque chose à son bureau, sur une feuille vierge, tandis que Takamasa épluchait des dossiers sans porter la moindre attention à la conversation.

— Mais comment est ce que vous avez pu cracker le compte d'un membre de Black Circle ? questionna Maiko curieuse.

— Ça, je préfère ne pas le dévoiler, rit Mitsuo en s'adossant à sa chaise. Quoi qu'il en soit, Monsieur Naomasa, il faut absolument qu'on tente quelque chose vendredi soir. C'est notre chance de capturer quelqu'un de Black Circle.

— Je veux participer à la mission !

— Tais toi idiote. Tu penses que n'importe qui peut s'infiltrer à une soirée ? Surtout une gamine de ton genre...

Maiko serra les dents pour ravaler une remarque salée. Bien qu'elle rêvait de flanquer une raclée à Takamasa, elle ne voulait pas qu'on la prive d'une opportunité de se rapprocher du groupe terroriste.

— On a peu de personnel apte à s'y infiltrer, répondit Ochiyo. Naomasa est trop connu du public, sans compter qu'il est l'ami de l'ancien numéro un. Mitsuo est greffé à son ordinateur, et ton irritabilité est un gros problème.

— Parce que tu penses pouvoir faire quelque chose toi ? s'énerva Takamasa devant la trentenaire.

— Non, bien sûr. Je suis plus utile avec un sniper, sur un toit, à suivre les ordres. C'est pourquoi je pense que si notre Héroïne s'infiltre, avec l'aide d'autres héros, et nous en appui, nous avons toutes les chances d'y arriver.

— Mouais, c'est pas complètement con. Mais je fais pas confiance à celle-là.

Maiko leva les yeux au ciel. Le mépris constant de Takamasa à son égard devenait lourd.

— Je vais suivre ton raisonnement Ochiyo. Je vais appeler un héros qui pourrait nous aider.

Naomasa partit dans son bureau, laissant ses subordonnés. Soudain, Ochiyo se leva et passa son bras autour des épaules de Maiko. Ses courts cheveux noirs chatouillèrent la joue de la jeune fille lorsque son aînée lui chuchota à l'oreille :

— Il nous faut de quoi te faire passer inaperçue demain.

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  — Ochiyo, pourquoi on est dans ce magasin haute couture ? demanda Maiko, mal à l'aise.

— Parce que la soirée que tu vas infiltrer demain est organisée par l'une des plus importantes personnes de la ville. Tu ne peux pas espérer rentrer avec ton uniforme de Yuei ou ton costume de héros. Il faut jouer le jeu.

Ochiyo ne laissa pas Maiko renchérir, et elle la traina dans le magasin, à la recherche d'une robe. 

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Maiko attendait, assise à la place passager d'un énorme SUV. Il faisait nuit, et malgré le fait qu'il soit à la moitié de l'année, elle avait froid. La longue robe qu'elle portait la rendait mal à l'aise. Elle n'avait pas l'habitude de mettre des tenues aussi somptueuses. Quelques heures auparavant, Ochiyo l'avait emmenée se faire coiffer et maquiller. Elle avait l'impression d'être quelqu'un d'autre. Et dire qu'elle était censée passer inaperçue.

Naomasa se trouvait à côté d'elle. Il jeta un regard à son téléphone avant de regarder Maiko. Il sourit en la voyant se tortiller sur son siège.

— Vous êtes sûr que c'est pas trop, cette robe ? marmonna-t-elle avec une grimace. Elle leva ses yeux roses vers son maitre de stage lorsque tout à coup, un flash l'éblouit. Mais qu'est ce...

— Je garde un souvenir. Je suis certain que ton père sera ravi de te voir dans une aussi jolie robe, la taquina le détective en lui montrant l'écran de son téléphone.

Sur la photo, Maiko avait les cheveux coiffés en un majestueux chignon. Quelques boucles bleues encadraient son visage. Ses yeux étaient maquillés, et un rouge à lèvre plus foncé rendait sa bouche attrayante. L'une de ses épaules était dénudée. Sa robe dorée avait un style romain. Elle tombait jusqu'à ses pieds, où elle portait des chaussures à talon.

— Effacez ça tout de suite ! ordonna Maiko en rougissant de gêne. Je ne veux pas de souvenir de cette robe !

— Trop tard, la photo a été envoyée, rit Naomasa en rangeant son téléphone dans la poche intérieure de sa veste. Il portait également un costard, pour passer inaperçu, même s'il n'entrerait pas dans l'hôtel où de passerait la soirée. Allez, ton cavalier t'attend. Je te fais un dernier topo ?

— Pas besoin. Maiko se rassit correctement et détacha sa ceinture de sécurité. Parmi les photos des membres connus de Black Circle que vous m'avez montré, je dois les retrouver. Et je les force à sortir, là où la police et Miruko les attendent.

— Exact. Il est temps de rejoindre ton cava-...

— Pourquoi vous ne dites pas son nom ? Je le connais ?

— Euh... Oui, tu le connais, fit Naomasa en riant.

Maiko haussa un sourcil devant l'attitude étrange de son maitre de stage. Elle ouvrit la portière pour aller rejoindre le garçon — qu'elle connaissait apparemment — dans la rue, en face de l'entrée de l'hôtel. Elle marchait doucement, perchée sur ses talons haut, à la recherche d'un visage familier. Tout à coup, des pupilles rouges rencontrèrent ses yeux roses.

— Katsuki ? Mais qu'est ce que tu fais là ?

Le garçon blond lui faisait face, les yeux écarquillés, la bouche légèrement entrouverte. Maiko sentit ses rouges devenir brûlantes, à cause du regard scrutateur de son camarade de classe. Il se reprit rapidement, toussa un coup et maugréa quelques mots en fourrant ses mains dans les poches de son pantalon noir.

— La ferme, Miruko m'a forcé à venir jusqu'ici.

— Miruko ? Tu veux dire que tu fais ton stage chez elle ? C'est super cool !

— T'as pas du tout écouté en cours, quand l'autre folle sadique énumérait les noms des maitres de stage ? Tss.

Maiko rit doucement. Elle ne s'attendait pas à voir Katsuki pendant sa semaine de stage, et encore moins pendant une mission d'infiltration. La réaction qu'il avait eu en la voyant lui avait fait plaisir, mais elle préféra taire le sujet pour ne pas énerver le garçon.

— Tu es sûr que c'est un bonne idée, que tu ailles à l'intérieur ? Tu es plutôt connu au Japon... et tu t'emportes vite, murmura Maiko si bas que Katsuki n'entendit pas la fin de sa phrase.

— On s'en fou qu'on me connaisse. Les gens seront perturbés par ma présence, et je serais tellement visible que personne ne se doutera que l'hôtel est encerclé.

— Prends pas la grosse tête non plus, se moqua Maiko se donnant un coup de poing dans son épaule.

Katsuki leva le poing pour la frapper en retour, mais il se figea, serra les doigts et baissa la main en la fusillant du regard. Il desserra le noeud de sa cravate. Maiko attrapa sa main.

— Ne le défais pas ! Tu dois avoir une apparence irréprochable, le gronda-t-elle en resserant doucement le tissu. Je sais que tu n'en portes jamais, mais fais un effort pour ce soir.

— Lâche-moi...

Pourtant, Katsuki se laissa faire. Maiko s'occupait de sa cravate d'un air concentré, et le blond en profita pour regarder son visage sans qu'elle ne remarque rien. Il devait l'avouer, elle était jolie. Miruko l'avait prévenu qu'elle serait là, mais elle avait oublié de lui dire qu'elle porterait une tenue pareille. Il était sûr qu'elle l'avait fait exprès pour le déstabiliser.

— Voilà ! Comme ça, tu ressembles presque à un gentil garçon, fit Maiko en époustant une poussière invisible sur l'épaule du garçon.

Il grogna, avant de lui tendre son bras. Maiko lui sourit, et passa sa main sur son avant bras. Ils se mirent en route vers l'hôtel, un faux sourire plaqué au visage, alors que la hâte de capturer des vilains les faisaient frémir d'impatience.

L'hôtel Selvelia était gigantesque. Une haute tour qui surpassait les autres immeubles avoisinants, des centaines de fenêtres illuminées par une lumière bleutée.

De nombreuses personnes, richement vêtues, attendaient dans une file d'attente, discutant joyeusement. Aucune d'elle ne semblait se douter de ce qu'il allait se passer. Maiko les envia l'espace d'un instant : une vie confortable, loin de la plupart des problèmes des gens "normaux". Même si elle savait que l'argent ne faisait pas tout, et encore moins le bonheur, il aidait grandement. Et puis, elle repensa à son père et à sa mère, et elle secoua doucement la tête pour sortir ses mauvaises pensées.

Ce soir, elle était là pour traquer Black Circle, et venger sa mère.

— Qu'est ce que t'as encore ? fit Katsuki en la voyant gigoter.

— Rien. Ce n'est rien du tout. Tu es prêt ?

— Je suis toujours prêt moi.

— Alors allons-y !

D'un pas déterminé, le duo de la 2A s'avança le long du tapis rouge qui accueillait les invités. Les flashs des journalistes les éblouissaient.

— Putain, il va me faire chier lundi si il voit les photos, jura le blond en lançant un regard noir à un paparazzi qui essayait d'attirer son attention.

— Qui ça ?

— Eiji-... Non, personne. Laisse tomber.

Maiko haussa un sourcil, avant de sourire. Bien qu'elle ne soit pas du tout à l'aise, Katsuki semblait dans un état pire que le sien, et ça lui donnait envie de rire.

Ils arrivèrent finalement à l'entrée, où un majordome, habillé aux couleurs de l'hôtel Selvelia, demandait les invitations. Katsuki passa une main dans l'intérieur de sa veste, et ressortit une enveloppe portant comme emblème une rose bleue. Le majordome s'écarta, laissant l'entrée libre.

— Passez une agréable soirée au sein de l'hôtel Selvelia, dit-il d'une voix robotique.

Katsuki rangea le papier dans sa poche, et entraîna Maiko à sa suite. Ils se retrouvèrent dans le hall.

— Début de la mission. C'est parti, chuchota Katsuki en affichant un sourire si courtois que Maiko faillit exploser de rire.

— Depuis quand tu sais jouer la comédie comme ça ?

— Ta gueule, le poisson volant.