≍ 17. Black Circle ≍
Un homme marchait dans la rue, alors que la nuit venait de tomber. Les pavés sous ses pieds étaient éclairés par les dizaines de lampadaires, qui formaient comme une haie d'honneur. Son long manteau, posé sur ses larges épaules, créait une ombre dans son dos. Sa peau sombre et ses longues dreads noires montraient qu'il ne venait pas du Japon, et les personnes croisant son chemin s'écarter, impressionnées par sa carrure. Il avoisinait le mètre quatre-vingt-dix, et des muscles étaient dignes des plus grands combattants.
Il entra dans un immeuble gris, banal. Il ne comportait qu'une demi-douzaine d'étages, et seules les fenêtres les plus hautes étaient illuminées. L'homme appuya sur le bouton, et attendit que l'ascenseur arrive. Il chantonna sur la petite musique d'ambiance qui résonnait dans le monte charge, un sourire aux lèvres.
— Raven ! cria une voix féminine lorsque les portes s'ouvrirent. L'ascenseur donnait directement dans l'appartement. Tout avait été refait à neuf. Le parquet, la modernité des meubles, l'agencement, voire l'immeuble, avaient été revu. Il appartenait au chef de leur groupe.
— Salut les jeunes, fit simplement le géant en se laissant tomber dans l'immense canapé blanc.
— Chlo, arrête de sauter partout... soupira une femme, assise au bar, un verre de vin rouge à la main.
— Laisse la se défouler, sourit Raven en allumant la télé. Ça fait du bien de rentrer chez soi !
— Comment c'était ? La prison, la bouffe, tout ça ? demanda ladite Chlo en s'agenouillant sur le cuir blanc, aux côtés de Raven. Désolée aussi, on a mis du temps de te faire sortir...
Le géant ébouriffa la longue chevelure verte de Chlo, lui arrachant un gémissement de plainte. La jeune femme se recoiffa rapidement, et replaça son bandeau noir.
— C'est grâce à votre diversion que j'ai ou sortir. Et aussi grâce à l'aide de Momento. D'ailleurs, il est où ce sale gosse ?
Un courant d'air se fit sentir, et la fourrure du manteau de Raven bougea légèrement. Il sourit, sachant très bien ce que cela signifiait.
— J'suis loin d'être un gamin, l'ancien. M'appelle pas comme ça.
Le doyen rit, puis se mit à zapper les chaines, ignorant complétement l'homme qui venait d'apparaître de l'autre côté de la pièce. Il avait des cheveux blancs, la moitié de son crâne était rasé de près, alors que l'autre descendait en dessous de ses oreilles. Il portait d'étranges lunettes steampunks, et un sourire mauvais défigurait son visage.
— Encore ce salaud de flic qui t'as débusqué, le piaf ?
— Ouais, ce pauvre type qui sert à vendeur d'arme a pas été capable de faire son travail. Enfin, faut dire qu'il était à moitié défoncé.
— Mais Raven, pourquoi tu t'es pas défendu ? Ces policiers ne peuvent pas te capturer aussi facilement ! s'écria Chlo en levant les mains au plafond. Elle s'était mis debout sur le canapé. Tu es Raven. Tu es fort, et tu peux t'échapper quand tu le veux !
— Reverse ne vous a rien dit ?
Momento et Chlo se retournèrent vers la femme assise au bar. Elle esquissa un sourire, avant de prendre une gorgée du liquide rouge. Puis, elle posa son verre devant elle, et descendit du tabouret haut. Ses talons rouges rencontrèrent le sol, et la femme posa sa main manucurée sur sa hanche.
— Raven, il ne faut pas trop en dire aux enfants, tu le sais bien.
— Te mets pas à me traiter de gosse, on a à peine cinq ans d'écart, s'insurgea Momento en serrant ses poings, ce qui provoqua le rire de l'ainé. Qu'est-ce qui t'fais rire enfoiré ?
— Arrête de te comporter comme un gamin, et on verra comme on te traite après. Reverse, les documents que tu cherches sont déjà dans ton bureau.
— Merci, mon cher Raven. Tu seras payé comme il se doit.
La femme sortit du salon pour se diriger vers un bureau. Deux larges portes se présentaient devant elle, semblables aux portes des enfers.
— De quoi vous parliez ? demanda Chlo en se balançant sur ses pieds.
— Je devais rester au commissariat un certain temps, pour m'emparer de quelques informations. L'agression de ce policier n'était qu'une sorte de diversion. Ils vont penser qu'il s'agit simplement d'une distraction pour me faire sortir. Alors que tout le monde, ici présent, sait que je n'ai pas besoin de ça pour terrasser un escadron entier de flic.
— C'est bien notre Raven ça ! fit Chlo, ravie.
— D'après ce que je sais, la cavalerie est arrivée trop tard, pour le faux kart jacking, ainsi que pour ta libération. C'est bon signe. On peut commencer par démoraliser la police. Les héros viendront ensuite, débita Momento en croisant les bras. Et bientôt, Tokyo sera sous le règne de Black Circle...
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Trois semaines avaient passé. Maiko s'était entrainée sans relâche, occupant son esprit pour ne pas penser au corps de sa mère, allongé sur un des lits de l'hôpital. Elle avait redoublé d'effort, courant, dansant, frappant durant des heures pour fortifier son corps. Cet entraînement spartiate lui rappelait sa première année au lycée. Ils avaient le droit à deux heures d'endurance par jour, et c'était pour ça que Maiko était aussi en forme.
Vêtue d'un legging noir, et d'une brassière de la même couleur, Maiko enchaînait les tours de terrain. Sa queue de cheval se balançait à chacune de ses foulées, et elle se forçait à respirer régulièrement pour ne pas avoir de point de côté.
Derrière elle, Mina gambadait. La fille à la peau rose était aussi très sportive. Les deux amies étaient sûrement les filles les plus musclées, si l'on ne comptait pas Eiko et sa force naturelle.
— On peut arrêter de courir Maiko ? C'est long et chiant, se plaignit Mina en rattrapant son retard.
— Encore cinq tours. Après, on danse.
Mina sourit. Elle détestait courir. Et Maiko n'avait fait presque que ça en dehors des cours. Elle avait été obligée de l'accompagner, ne voulant pas laisser son amie seule.
Les cinq tours effectués, les deux filles firent une courte pause, buvant et s'étirant devant le regard des quelques passants. Le terrain de foot se trouvait juste à côté de la route. Et puisqu'il s'agissait d'un terrain municipale, il était à la vue de tous. Et deux adolescentes en tenue de sport, et essoufflées comme des buffles, ça attirait l'attention.
Un sifflement se fit entendre, et Mina jeta un regard au groupe qui se tenait non loin d'elle. Simplement des lycéens d'un autre établissement.
— Pathétique, fit Maiko en se penchant en avant pour toucher ses pieds, sans plier ses jambes.
— Pendant un instant, j'ai cru entendre Katsuki, rit Mina en étirant ses bras au dessus de sa tête. Bon, on rentre pour danser ? On sera mieux derrière le bâtiment de l'internat !
— Comme tu veux. Allons-y alors.
Mina ne fit que parler pendant le trajet, faisant des gestes avec ses bras, une bouteille d'eau à la main. Maiko regardait autour d'elle, à la recherche de la moindre chose suspecte.
En arrivant à l'internat, elles croisèrent Izuku et All Might. L'homme à l'allure svelte, voire rachitique, semblait parler sérieusement avec son élève. Maiko se rappela de cette scène mythique, qui avait opposé l'ancien numéro un à All for One. Les médias avaient diffusé leur combat aux écrans, et le monde entier avait pu y assister. Son visage squelettique pouvait surprendre lorsque l'on n'y était pas habitué. Et la faiblesse semblait entourer son corps, comme une barrière invisible.
— Maiko, Mina ! fit All Might en voyant les deux filles arriver. Je vois que vous aussi, vous vous entraînez jusqu'au dernier moment.
Il jeta un regard à Izuku, qui se grata la tête avec un sourire désolé.
— Vous savez, pour devenir fort, il faut aussi apprendre à laisser son corps se reposer. Si vous le poussez à bout, vous vous en boufferez les doigts. Il faut connaitre ses limites pour les repousser pas à pas. On ne peut pas toujours les exploser. Voyez le résultat, dit-il en désignant sa propre personne.
— Sauf votre respect, je connais mes limites. Et j'en suis encore loin, rétorqua Maiko en serrant sa bouteille entre ses doigts.
— Ce qui veut dire ?
— Je n'ai pas fini de m'entrainer. Il me reste quelques heures pour améliorer mes danses, et je compte bien les utiliser.
— Et tu feras quoi, quand tu n'auras plus la force de bouger parce que ton corps est à bout ?
Maiko resta silencieuse. Izuku et Mina observaient leur échange.
— Je sais très bien pourquoi tu fais ça, Maiko, continua All Might. Mais tu sais, tu n'es pas seule. Même si je ne peux pas faire grand chose physiquement, je peux t'aider. Et tes amis sont aussi là pour toi. Ne porte pas ce poids toute seule.
— Monsieur... commença Mina en voyant la mâchoire de son amie trembler.
Izuku ne comprenait pas de quoi son professeur parlait. Et alors qu'il allait parler, Maiko leva la tête vers All Might, et planta son regard dans les yeux bleus de l'ancien numéro un.
— Merci Monsieur. Vous avez raison, je vais aller me reposer.
Elle inclina légèrement la tête, et partit rapidement dans le bâtiment, sous le regard de ses deux camarades.
— Et bien, c'était plus facile que ce que je pensais. Bon les jeunes, allez vous coucher. Demain, ce sera votre tour de vous battre. Le tournoi s'annonce particulièrement rude...
Vous pensez quoi de ce nouveau groupe ? :)
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