Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

II Josh

La biche était assoupie près du tronc. Son flanc se soulevait au rythme de sa respiration, lente. Au vu de la taille de l'animal, même Josh qui n'y connaissait rien en cervidés se doutait de son jeune âge. Mais ce qui l'inquiétait, c'était de savoir où était sa mère. Accroupi derrière un chêne, une idée horrible traversa son esprit. Avaient-ils tué tous les animaux de la forêt ?

Non, impossible. Même si le gibier se faisait de plus en plus rare alors que l'été approchait, il ne pouvait pas avoir totalement disparu. De plus, cela ne faisait que deux mois qu'ils étaient là. Là ?

Le regard de Josh se perdit à gauche et il l'aperçut au loin, la Frontière. Le grand mur s'élevait à l'horizon, barrage contenant les horribles Sorcières loin des terres protégées d'Aethernia. Josh se trouvait du côté des Sorcières, mais il n'y en avait pas, contrairement à ce qu'on répétait aux citoyens du pays depuis leur plus tendre enfance. En fin de compte, le monde avait toujours été plus dangereux du côté « protégé ».

Depuis que Josh et huit autres Révolutionnaires, puisque c'était ce qu'il était dorénavant ; un révolutionnaire, avaient franchi la Frontière en dirigeable vers le Sud de l'Allemagne, ils avaient progressé en s'arrêtant dans plusieurs bases jusqu'à celles située le plus au Sud. Elle était installée à seulement trente kilomètres d'Aethernia, dans la ville de San Remo. C'était le troisième quartier général révolutionnaire que Josh voyait, et c'était celui qui y ressemblait le plus. Les autres avaient plus l'air de vieux camps camouflés dans des forêts. Des vieux camps qui en plusieurs décennies n'avaient jamais été attaqués, et qui pourtant étaient maintenant détruits.

Un crissement parvint aux oreilles de Josh qui fit volte-face. La biche se relevait près de son tronc. Josh leva ses mains vers elle et murmura.

- Vent...

Aussitôt, les gants noirs de son grand-père qui recouvraient ses doigts se mirent à scintiller dans les lumières de cette fin d'après-midi. Le garçon ouvrit la bouche pour lancer son sort et tuer la bête, mais un coup de feu retentit et l'animal s'écroula, un point rouge à la place de l'œil.

- Tu seras plus rapide la prochaine fois, lança une jeune femme en déboulant près de sa cible, le canon du fusil encore fumant.

Mia sauta de derrière le tronc et s'accroupit près de la biche.

- Viens m'aider, ordonna-t-elle en sortant un couteau de sa besace.

Même si elle était son aînée de deux ans, Josh n'aimait pas le ton qu'elle employait pour lui parler. La jeune fille rousse aux tâches de rousseur encadrant ses yeux bleus semblait adorer donner des ordres au garçon. En fait, il avait remarqué qu'elle aimait donner des ordres à tout le monde. Certes, elle était la meilleure chasseuse parmi les trente révolutionnaires chargés de nourrir les autres, mais ce n'était pas une raison suffisante aux yeux de Josh pour qu'elle parle tout le temps si sèchement. Néanmoins, il fit comme on lui demanda et s'agenouilla devant la dépouille.

Mia avait déjà détaché la cuisse droite du reste du corps quand Josh se mit à son tour au travail. C'était Bernard, un ancien chasseur de la Révolution qui lui avait appris comment faire. Généralement, les groupe de chasses partaient à six. Ceux comme Mia et Josh récupéraient les membres des animaux tandis que des groupes de deux ramassaient ensuite le reste de la carcasse sur de grands chariots.

- Pas comme ça, s'indigna presque Mia.

Elle lâcha la patte antérieur droite et attrapa le poignet du garçon. Elle guida sa main pour replacer la lame correctement et souffla.

- Si tu continues comme ça tu vas massacrer la viande.

- Me... merci, balbutia Josh comme réponse.

Mia soupira encore une fois et se remit à couper. Mais même si ses manières l'exaspéraient, Josh devait avouer qu'elle était de bons conseils.

- Ton sac à dos à l'air bien vide, dit-elle sans lever les yeux. Tu n'as encore rien attrapé ?

Gêné, il passa une main dans ses cheveux châtains.

- Non, avoua-t-il. Cette biche aurait été ma première si tu n'étais pas arrivée.

Il n'avait pas dit ça comme un reproche, mais Mia l'avait entendu d'une autre oreille.

- Tu te plains comme si c'était de ma faute, lâcha-t-elle. Je suis née pour nourrir la Révolution, normal que je sois plus expérimentée que toi, toi qui est arrivé dans nos rangs comme une fleur.

- Comme une fleur ? Répéta-t-il. Tu ne sais pas ce que j'ai traversé avant de passer la Frontière dans ce dirigeable.

- Oh si je le sais.

D'un coup sec, elle arracha la patte de l'animal et la jeta dans son sac à dos.

- Tout le monde n'a cessé de parler de tous vos malheurs depuis que vous êtes arrivés. Et par rapport aux autres, notamment Bastien Lumen et Flore Olsen qui ont défendu la révolution au plus proche des Régents, toi, Josh Licht, tu n'as pas souffert tant que ça.

- J'ai affronté une Sorcière ! Rétorqua-t-il en lâchant son couteau. Ce n'est pas impressionnant pour toi ?

Mia se fendit d'un rictus moqueur.

- Une sorcière incomplète, corrigea-t-elle. De plus, si tu es encore en vie, ce n'est pas grâce à tes talents, mais surtout grâce à ceux de Negai Lumen et sa Magus. D'ailleurs tu as perdu la tienne pendant le combat, non ? Elle devait être d'une piètre qualité.

- Ne dis plus jamais ça.

La jeune femme tressauta. Devant elle, la pointe de la lame du couteau que tenait Josh la menaçait à quelques centimètres de son visage. Le garçon n'avait même pas remarqué qu'il l'avait attrapé.

- Ne dis plus jamais du mal de Romane, ou tu le regretteras.

Il sentait les larmes monter. Parler de sa Magus morte, qui l'avait protégé au péril de sa vie, c'était comme jeter de l'acide dans une plaie ouverte.

- Si tu veux pointer ta lame sur quelqu'un, déclara Mia en repoussant l'arme blanche avec le dos de sa main, fais-le. Vers tes vrais ennemis. Vers les Régents.

Josh sentait sa main trembler. Il lâcha le couteau et expulsa tout l'air qu'il maintenait prisonnier de ses poumons d'un seul coup. En face, Mia souriait de nouveau mais elle n'eut aucune remarque à faire entendre.

- Alors les jeunes ? Des prises ?

Josh leva les yeux. Quelques mètres derrière Mia, deux hommes d'une quarantaine d'année tiraient un chariot couvert d'une bâche. C'étaient Charles et Jean, deux autres membres de leur groupe de chasse.

Le garçon récupéra son couteau, le planta dans la cuisse de l'animal qui tomba sur le tapis de feuille.

- Je te la laisse, dit-il à Mia. C'est toi qui l'a abattu, c'est à toi que les parts reviennent.

Avec ça, il épousseta ses jambes et se remit debout.

- Oh, belle bête ! Déclara Charles en approchant de la biche. C'est toi qui l'as abattue, Josh ?

Charles était quelqu'un de gentil. Lorsqu'il avait rejoint les révolutionnaires, il n'y avait que peu de personnes qui adressaient la parole à Josh. Même s'il n'avait pas vécu que des bonnes choses à Aethernia, personne ou presque ne le voyait comme un révolutionnaire, et ne comprenait pas son rôle dans les batailles à venir. Lui aussi ne comprenait pas trop tout ça, il était là par hasard. S'il n'avait pas discuté avec Mégane à l'aube du concours, sa vie aurait pris un tout autre tournant. Mais malgré ça, Charles lui avait toujours dit bonjour comme s'il le connaissait, même avant qu'il ne soit assigné au groupe de chasse.

- Non, c'est Mia, répondit-il un peu déçu.

- Ah, ça c'est bien la fille du meilleur chasseur de tous les temps ! Rigola Jean en approchant à son tour.

Josh avait déjà entendu parler du père de Mia, mais il ne l'avait jamais vu. Il n'aurait jamais pu, car l'homme était décédé bien des années avant son arrivée.

- A vous de jouer, ordonna-t-elle aux deux adultes.

En quelques secondes, elle avait fini de découper la dernière patte de l'animal et l'avait fourrée dans son sac avec les autres. Elle se releva tandis que Charles et Jean s'accroupissaient pour récupérer la biche. A quatre bras, ils jetèrent l'animal dans le chariot où s'entassaient déjà plusieurs bêtes. Avec le soleil qui déclinait, Josh sentait que la chasse touchait à sa fin.

- L'autre chariot en est où ? Demanda Mia.

- Pierre et Cyrille l'ont déjà ramené à la base, répondit Charles. Je crois qu'on va faire de même, celui-là devient lourd.

Josh détourna les yeux. Il y avait au moins six bêtes là-dedans, et aucune d'elle ne se trouvait là grâce à lui. Lui qui trouvait que le gibier se faisait de plus en plus rare...

- Alors je crois qu'on va tous rentrés, déclara Mia.

Tout le monde acquiesça puis elle ajouta, un peu plus bas :

- Heureusement que nos repas ne sont pas proportionnels à nos prises. Sinon j'en connais certains qui crèveraient de faim.

Josh ne dit rien et se mit en route avec les autres. Ils marchèrent vers les ruines de la ville en silence, le seul bruit les accompagnant étant le roulement des roues du chariot sur l'herbe.

- Vous avez remarqué que les oiseaux ne chantent pas, aujourd'hui ? Lança Jean après quelques minutes. C'est rare.

- Quel poète, pouffa Charles en tapotant l'épaule de son ami. T'en as d'autre des comme ça ?

- C'est vrai ! Tu ne trouves pas ?

- Ils sont peut-être en vacances.

- Je doute que les oiseaux partent en vacances, lâcha Mia.

- C'est vrai que c'est étrange, acquiesça Josh. La forêt paraît beaucoup plus sinistre comme ça.

Maintenant que ses amis en parlaient, il n'avait pas entendu la mélodie des oiseaux pendant toute sa chasse. Plus il se disait que c'était étrange, plus il sentait son cœur s'accélérer, battant de plus en plus fort dans sa poitrine.

Mais était-ce vraiment son cœur ?

- Qu'est-ce que c'est que ce bruit ? Fit Charles.

Ce n'était définitivement pas son cœur.

Ils s'arrêtèrent tous les quatre et scrutèrent les environs. Ils apercevaient entre les troncs les premiers bâtiments de San Remo, enfin en tout cas ceux qui n'avaient pas encore été complètement absorbés par la végétation, avec la mer en toile de fond. Mais le bruit ne venait pas de là, mais du cœur de la forêt, derrière eux.

Ce que Josh avait pris pour les battements de son cœur ressemblait maintenant à des roulements de tambours émanant du plus profond de la nature. Le bruit devenait plus fort à chaque seconde et il le sentait résonner dans tout son corps.

Instinctivement, Josh, Mia, Charles et Jean se serrèrent les uns contre les autres, dégainant les fusils et le garçon pointant ses gants vers la forêt. Le brouhaha devint si fort qu'il voulut se boucher les oreilles, mais c'était trop tard.

- Maintenant, souffla Mia.

Fonçant à travers la forêt, des dizaines et des dizaines d'animaux se dirigeaient droit sur eux. Des biches, des cerfs, des lapins, même les oiseaux se joignaient à cette parade folle. Ils déferlèrent pendant de longues secondes, la plupart les évitant mais certains se faisant abattre s'ils s'approchaient trop près des humains.

- Vent. Protège.

Une barrière invisible se matérialisa devant les gants de Josh, faisant s'envoler les animaux de part et d'autre du groupe. Néanmoins, les trois autres n'hésitèrent pas à se servir de leurs armes si des bêtes étaient à portée.

Bientôt, le flux d'animaux ralentit progressivement et le silence s'installa à nouveau. Il en était passé des centaines, pensait Josh, peut-être même un millier. Et tout ça en à peine moins d'une minute.

- Vous savez ce que ça veut dire ? Lança Jean.

Même s'il ne le voulait pas, le garçon hocha la tête.

- Ils nous ont retrouvés.

Un rugissement retentit dans la forêt. Les animaux fuyaient quelque chose, et ce quelque chose, ces quelques choses, arrivaient.

- Courrez, ordonna Mia.

Voilà un ordre que Josh fut ravi d'entendre.

Abandonnant le chariot, ils firent volte-face et se précipitèrent vers la ville. Rapidement, ils laissèrent aussi tomber derrière eux les fusils susceptibles de les ralentir.

- On va se séparer ! Cria Charles entre deux souffles. Surtout ne prenez pas l'ascenseur principal, il ne faut pas qu'ils le voient. Prenez les tunnels de secours.

- Je passe par la rue des restaurants ! Déclara Mia.

Sans hésiter, elle changea de cape et se mit à courir vers le sud-ouest, tandis que les autres se dirigeaient toujours au sud.

- Les égouts pour moi, lâcha Jean.

Il prit à son tour ses distances, direction sud-est.

- Je prends le tunnel de l'opéra, dit Josh.

- Alors on fera un peu de chemin ensemble, fit Charles, je passe par la mairie.

Le garçon se sentit rassuré, mais il savait aussi qu'ils prendraient tous les deux des chemins différents dans moins de deux minutes. Après ça, il serait seul face aux Réminiscences qui lui couraient après. L'image de ces bêtes aux fourrures noires et à l'ossature extérieure menaçante était loin de lui plaire, mais il était prêt à les affronter.

La base des révolutionnaires de San Remo était souterraine, construite dans la colline où était perchée la vieille ville. Elle possédait un ascenseur principal pouvant faire descendre une vingtaine de personnes à la fois, mais également une dizaine de passages secondaires camouflés, disséminés dans toute la ville. Josh avait choisi d'emprunter celui de l'opéra car il était le plus loin par rapport à la forêt. Etant le seul de ses camarades à pouvoir se défendre grâce aux gants de son grand-père, il était également le plus apte à survivre sur une longue distance.

Il avait donc fait un choix plutôt héroïque dont il était fier, mais il n'en espérait aucune reconnaissance. En tout cas, il était sûr qu'il n'en aurait pas de la part de Mia. Néanmoins, s'il se sentait utile, c'était largement suffisant pour lui car c'était tout ce qu'il demandait.

- On se retrouve en-dessous ! Lui cria soudain Charles.

Son ami bifurqua alors à droite dans l'artère principale de la vieille ville. Josh était jusque là trop concentré sur sa course pour remarquer que l'herbe avait laissé place aux pavés, et que les arbres étaient maintenant de petits immeubles fissurés dont la couleur s'estompait avec temps. Il ne pouvait pas encore apercevoir l'opéra depuis la ruelle qu'il traversait mais il savait maintenant qu'il n'était plus très loin. Un coup d'adrénaline lui ordonna alors de sprinter jusqu'au tunnel mais son corps ne tint même pas dix mètres de plus.

Essoufflé, le garçon se réfugia devant l'entrée d'un ancien hôtel en ruine. Haletant et transpirant, il s'efforça de contrôler sa respiration afin de faire disparaître le point de côté qui venait de se matérialiser sur son flanc gauche. Il dégagea une mèche collante tombant devant ses yeux et observa la ruelle tout en essuyant les gouttes de sueur qui dégoulinaient le long de son visage.

Pas de réminiscences.

Mais il entendait leurs pas lourds résonner à quelques ruelles de là. Il avait peut-être vingt secondes pour partir d'ici. Il s'appuya contre la porte rongée par les termites et soupira. Lorsqu'il se sentit prêt, il sauta au milieu de la ruelle et fit face à dix créatures.

- Merde, lâcha-t-il surpris.

Se tenant en meute du côté d'où il était arrivé, des petites réminiscences le toisaient de leurs yeux jaunes. Elles devaient être longues d'un mètre cinquante chacune et étaient courtes sur pattes, rien d'impressionnant mais Josh savait qu'il ne devait pas se laisser distraire par leurs carrures. Même à cinq mètres d'elles, il sentait leur hargne de tuer.

Il aurait pu faire volte-face et courir jusqu'à l'opéra mais il se serait vite fait rattraper, et leurs crocs pointus se seraient enfoncés dans sa chair tout aussi rapidement. Alors il attendit.

En face, les réminiscences ayant repéré leurs proies, elles avançaient à petit pas, comme un chat avant de sauter sur son futur repas. C'était ça que Josh attendait, et sa patience ne fut pas mise à l'épreuve bien longtemps. Une bête sur sa gauche bondit dans sa direction sans prévenir, griffes dehors. Mais le garçon fut plus rapide encore et brandit ses gants devant la créature.

- Vent. Déchire !

Aussitôt, une bourrasque ravageuse jaillit des gants et sectionna la réminiscence en deux. Avant même que les neuf autres puissent réagir, le sort les atteignait déjà et les massacra de la même manière, colorant la ruelle de leur sang.

Satisfait, Josh prit une seconde pour réfléchir. Selon les bruits de pas qu'il avait entendu, il s'attendait à voir débarquer des réminiscences d'une taille d'ours pourtant, celles-ci ressemblaient plus à des loups.

Un rugissement attira alors son attention. Tout au bout de la ruelle, il aperçut la réminiscence qu'il avait entendue. Elle était bien plus grosse que toutes celles qu'il avait pu voir dans sa vie. Même le serpent qu'il avait combattu dans la forêt de Britanna n'était pas aussi impressionnant. Cette bête-là était bien plus massive.

On aurait dit un croisement entre un éléphant et un ours sous stéroïde, et sa taille égalait presque celle des immeubles. Des petits immeubles à deux étages, certes, mais des immeubles quand même. Et ses yeux étaient fixés sur Josh, prêt à n'en faire qu'une bouchée.

- Heureusement qu'elle est si grosse, souffla-t-il, elle ne passera jamais dans la ruelle.

Puis la bête poussa un nouveau rugissement et leva son immense patte. D'un coup un seul, elle réduisit à néant le premier bâtiment qui la séparait du garçon. Dans la poussière qui se souleva sous l'impact, il aperçut l'ombre de la créature et comprit que ce n'était pas une ruelle qui allait l'empêcher d'avoir son quatre-heure.

Alors il fit volte-face et prit ses jambes à son coup.

Ses chaussures tapaient fort sur le sol en pierre mais il n'entendait que le vacarme derrière lui. La réminiscence défonçait les immeubles à une vitesse vertigineuse mais tant qu'elle était dans la ruelle, elle ne parviendrait pas à rattraper le garçon, qui lui n'était pas entravé par les bâtiments. Mais cette bonne nouvelle ne réjouissait pas Josh tant que ça.

J'y suis presque, songea-t-il. Il voyait maintenant les grand murs jaunis de l'opéra au bout de la ruelle. Celle-ci montait progressivement en pente douce jusqu'à desservir la place de l'opéra. Après avoir traversé ce terrain à découvert, il devrait être à l'abris dans le bâtiment et pourrait rejoindre le tunnel rapidement.

Il franchit les dernier mètre le séparant de la place plus vite que jamais mais ralentit la cadence arrivé en son centre. Il n'en pouvait plus. Josh s'arrêta, toussa et cracha puis jeta un œil derrière lui. La réminiscence arrivait, un nuage de poussière dans son sillon. La bête se cognait contre les immeubles mais son ossature extérieure brisait les vitres et le bêton, puis ses immenses pattes expulsaient les débris sur leur passage. Ce n'était qu'une question de seconde avant qu'elle n'atteigne à son tour la place.

Conscient qu'il n'avait plus le temps de traîner, le garçon rassembla ses forces et détala vers l'opéra. Les grandes portes lui faisaient face mais il n'aurait pas le temps de les franchir car derrière, un nouveau cri déchira ses tympans et il devina que la réminiscence était arrivée sur la place. Elle le rattraperait en moins de cinq secondes.

Son cerveau bouillonnait tandis qu'il courait. Devait-il tenter ça ou pas ? Cette technique pourrait sûrement le sauver mais il n'arrivait pas encore à la maîtriser correctement. Et merde. De toute façon, c'était ça ou se faire bouffer.

- Vent, murmura-t-il en plaçant ses mains derrière lui, paumes vers le sol. Souffle !

D'un seul coup, son corps décolla dans les airs et il esquiva de peu la patte de la réminiscence. Propulsé comme une fusée vers l'opéra, Josh eut du mal à respirer. Aussi rapidement que son cerveau le lui permettait, il analysa la situation et conclut qu'il allait s'écraser dans le mur. Il replaça ses mains correctement et répéta :

- Souffle !

Une nouvelle fois, une bourrasque traversa ses gants et le poussa encore plus haut dans les airs. Il vit la fenêtre approcher dangereusement de lui et se recroquevilla avant l'impact. Le verre explosa et le garçon sentit quelques éclats s'enfoncer dans ses avant-bras. Très rapidement, il sentit également l'apesanteur et comprit que s'il ne faisait rien, il allait s'écraser au milieu du grand hall d'entrée dix mètres plus bas.

L'air soufflait à ses tympans alors qu'il tombait mais il attendit le dernier moment pour diriger ses paumes vers le sol et crier :

- Souffle !

Cette fois, il mit moins d'énergie dans son sort et le vent qui émergea de ses gants fut bien moins puissant. Il permit à Josh de ralentir sa chute et de se réceptionner sur les dalles noires et blanches sans se briser quoi que ce soit. Mais cela ne l'empêcha pas de tomber douloureusement sur les fesses.

- Ouch ! Lâcha-t-il en atterrissant.

Il se releva rapidement et fit face à l'entrée. A priori, les matériaux utilisés pour l'opéra étaient bien plus résistants que ceux des immeubles, ce qui lui laissait le temps d'aller trouver le tunnel. De plus, les immenses portes en bois étaient protégées par un grand porche à l'extérieur, empêchant la réminiscence de s'approcher trop prêt. Cependant, il n'avait pas le temps de s'éterniser non plus.

- Faut que je rejoigne tout le monde.

Le tunnel se situait au centre du bâtiment, camouflé sous l'une des rangées de la salle de concert. Il devait pouvoir l'atteindre avant que la bestiole à l'extérieur ne défonce les murs. Du moins, c'était ce qu'il pensait avant qu'une immense secousse qui le fit tomber à genou ne fasse trembler l'opéra.

Josh jeta un coup d'œil circulaire à la pièce et vit avec effroi la façade Ouest se fissurer dans toute sa hauteur. Le papier peint rococo où étaient représentés plantes et animaux tropicaux s'effritait et tombait avec des pans de mur sur ce qui était à une époque un bar luxueux adoré des plus riches. Le garçon se redressa et encaissa une nouvelle secousse. Cette fois, c'est le grand lustre aux cristaux poussiéreux qui se détacha du plafond et s'explosa au beau milieu du hall. En le voyant tomber, Josh se rappela qu'il avait encore des bouts de verre dans le bras et les retira en vitesse. Les blessures n'étaient pas profondes mais il ne s'en réjouit pas.

Son regard était bien trop subjugué par ce qui venait d'apparaître à l'intérieur de l'opéra. Dans la fissure, la patte de la réminiscence s'était faufilée et grattait avec rage le mur autour. Celui-ci ne fit pas long feu et bientôt, sa deuxième patte avant fit son apparition dans le hall. Incapable de bouger, Josh observa impuissant la bête faire son chemin à l'intérieur de l'opéra, se tordant dans tous les sens pour rentrer le plus vite possible. Et ce ne fut que lorsqu'elle y parvint totalement que le garçon réalisa enfin à quel point elle était immense.

La réminiscence faisait au moins huit mètres, sa tête culminant aux trois quarts de la hauteur du bâtiment. Ses griffes acérées mesuraient facilement deux mètres et son ossature externe enveloppait ses membres comme une armure. Josh se dit alors que s'ils l'avaient voulu, les Régents auraient pu décimer tout Aethernia en une semaine avec des bêtes pareilles.

Je dois fuir, c'était ce que son cerveau lui criait aux oreilles. Mais ses jambes ne semblaient pas vouloir bouger et de toute façon, il se ferait rattraper en deux-deux.

- Je ne fuirai plus... murmura-t-il.

C'étaient les mots qu'il avait dit à sa mère avant qu'elle ne mette les voiles.

En face, la réminiscence s'ébroua et des blocs de bétons volèrent à travers la pièce. Josh récita son sort de tout à l'heure et une barrière de vent le protégea des projectiles s'approchant trop près de lui. Quand sa magie se dissipa, il comprit qu'il arrivait au fond de ses réserves et qu'il ne tarderait pas à s'évanouir s'il continuait de dilapider son énergie ainsi. Pourtant, il n'hésiterait pas à le faire.

- Approche ! Cria-t-il à la créature.

Celle-ci roula ses yeux dans ses orbites et trouva l'origine du bruit. Un jeune homme faible à l'allure plus qu'appétissante. Sûrement de faim, la réminiscence poussa un hurlement festif et se jeta sur Josh.

- Je te laisserai pas me bouffer !

Comme Mégane Lumen lui avait appris ces derniers mois, il concentra toute son énergie restante dans ses mains et les dirigea vers la gueule de la bête qui s'approchait dangereusement. Son plan était simple ; il allait attendre qu'elle soit prête à l'avaler pour lui exploser le cerveau avec un seul sort. C'était risqué, très risqué, mais il était prêt.

La bête était encore à dix mètres de lui mais il sentait déjà son haleine putride. Il retiendrait sa respiration une fois dans sa gueule. Il vit ses crocs jaunes émerger de derrière ses babines et se prépara à sauter. Mais alors qu'il questionnait mentalement la fiabilité de son plan, une voix sortie de nulle part résonna dans l'opéra.

- Saber ! Ten.

Instantanément, la réminiscence s'effondra. Elle glissa sur quelques mètres et Josh remarqua les épées bleues translucides plantées dans ses pattes avant. Mais ce ne fut pas suffisant pour stopper la bête. Avec une hargne venue d'ailleurs, elle prit appui sur ses pattes arrière et se releva tant bien que mal. Par réflexe, Josh recula d'un pas et sentit une main se poser sur son épaule.

- Ne gaspille pas toute ton énergie pour ça, lui souffla le jeune homme aux cheveux blancs et aux yeux violets. Je m'en occupe.

La réminiscence poussa un nouveau cri alors que le nouveau venu s'avançait. Cela faisait un moment que Josh ne l'avait pas vu, mais il dégageait toujours la même aura de puissance. Ignorant la rage de la bête, il joignit ses mains au-dessus de sa tête et matérialisa une nouvelle épée entre ses paumes.

- Jamais ça ne suffira ! Lui lança Josh, désespéré.

Le garçon se retourna et lui jeta un clin d'œil.

Au même moment, l'épée translucide passa d'un mètre cinquante de longueur à au moins dix, sa pointe venant frôler le plafond du hall. Tout en gardant un silence à tout épreuve, il prit appui sur son pied gauche, bascula en avant et l'épée Lumen géante trancha en diagonale la réminiscence dans toute sa longueur.

La créature s'écrasa sur les dalles en deux morceaux dans un vacarme, tandis que l'épée disparaissait en un milliard de lumières bleutées.

- Allez, dit calmement Negai Lumen. Allons rejoindre tous les autres.



J'espère que ce chapitre vous aura plu ! Je ne peux pas garantir le troisième chapitre la semaine prochaine vu que je n'ai pas eu le temps de le commencer... Mais pas d'inquiétude, si je n'ai pas le temps de l'écrire, je posterai vendredi le premier chapitre d'un projet que j'écris en parallèle de Magus: FALL ! 

Sur ce, bonne journée !

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro