Sous une canicule bouffante, les clients du restaurant "La terrasse des amis" avaient opté pour se rafraîchir avec des glaces. Il s'agissait de la seule matière ne s'échauffant pas à la montée des températures. La seule solution pour garder le gosier froid.

Alors que les familles ou les célibataires collaient les paquets gelés sur leur peaux dans l'espoir de ne plus suffoquer, une petite fille se fit chaparder son en-cas : Un oiseau, sorti de nulle part filait entre les parasols habilement. L'animal piqua du bec comme pour cueillir du poisson au dessus d'un lac. Vers la table de la fillette, il fonça sur les têtes couvertes de casquettes si rapidement que les clients ne remarquèrent pas son arrivée soudaine. La petite fille à couettes n'eut pas l'occasion de glisser sa langue sur le chocolat enrobé, que l'oiseau s'empara de la glace en embrochant son cœur, tel un vulgaire poivron par un piquet à l'occasion d'un barbecue.

Le voleur s'évada par les airs aussi furtivement qu'il avait surgit dans la masse. L'enfant se mit à gémir d'injustice alors que certains s'amusaient de la situation.

Comme pour les punir, un second volatile menaça les consommateurs. Il arracha une autre glace des mains d'un grand-père aux joues rouges. Puis un troisième intervint et goba la glace d'un jeune homme commençant à paniquer. Chaque oiseau déclenchait des vagues d'onomatopées de spectateurs impressionnées. Au loin, une armée toute entière de blanc-becs  approchait, on aurait crû à un escadron d'avions prêts à lâcher des bombes. Ça n'annonçait rien de bon... 

// deux minutes plus tard...//

La foule était en panique. Un délire général animait les bipèdes. Les moqueries s'étaient transformées en cris de détresse et certains clients restaient piégées sous des tables. Il pleuvait des oiseaux enragées, un torrent de piaillements aigus qui fusait dans tous les sens. Ceux qui ne se réfugiait pas sous les tables se couvraient la tête en courant à la recherche d'un toit à proximité. Tous les humains avaient abandonnés leurs bâtonnets, jetés par terre puis ramassés par les becs crochus pour finir gobé d'une traite. Il n'en restait que les bouts de bois brisés près des mégots de cigarettes. Les animaux allèrent jusqu'à attaquer les  bacs réfrigérés où étaient entreposées les cônes glacés en picorant le pastique des portes coulissantes.

Si les divers oiseaux, pigeons comme mouettes visaient spécifiquement les glaces que consommaient ces piètres humains dégoulinants de sueur : C'était parce que ce dessert rafraîchissant avait un pouvoir bien plus puissant que ce que pouvait humer les Hommes stupides. Cet aliment en particulier attirait les oiseaux, à l'image de la Lune qui déplaçait les marées de sa simple présence. 

Dès que les bestioles à plumes apercevait l'objet, il leur tapait dans l'œil aussi intensément que de l'or. La coquille marron luisante au Soleil, le blanc d'œuf mousseux et fourré de crème douce comme un duvet d'oisillon, il n'y avait rien de plus copieux ! Le coulis caramel, sève de vitalité, collant au palet pour répandre son goût indescriptiblement bon... Tout ce qui composait cette banale gâterie était synonyme de délice. Un banal en-cas capable de faire renaître tous les volatiles du monde en phénix... 

Une glace ordinaire pas si ordinaire, un produit extraordinaire. 

Voyez-vous, ce que vivait actuellement les habitants de Vasel-sur-Orion n'était qu'une conséquence méritée pour avoir sous-estimé cette glace peu ordinaire. 

Ils n'auraient jamais dû négliger les propriétés extra-sensorielles de cette glace...

Car c'était un magnum.  

Et ce bazar n'avait pas finit de se faire entendre dans le quartier. Dans la ville puis le pays. Aux infos et sur les réseaux. Partout dans le monde, ils attaquaient pour annoncer la soulève de l'espèce entière sur les vacanciers affamées de tous les restaurants proposant des magnum cet été.

Ainsi débutait l'apocalypse sur Terre et la renaissance du règne animal. 

... Même les oiseaux !