— Ok tout le monde, nous ne sommes pas encore au bout de nos peines. Il nous reste encore un mois de quarantaine avant de partir.

Jace venait d'inviter tout le monde à entrer dans les quartiers plus qu'exigus de leur nouvelle demeure pour le mois et demi à venir.

Alec crut voir Izzy arriver au bras d'un inconnu. Non, en fait il l'avait déjà vu à quelques reprises, c'était le mécanicien et ingénieur de vol. Il s'appelait Simon et avait tout de suite plu à Alec, en tant que collègue bien sûr, pas comme possible amant.

Izzy semblait rayonnante et il venait de comprendre. Sa sœur tenait la main du jeune homme et était sur le point de l'embrasser. Tout était maintenant parfait. Izzy avait trouvé un moyen de passer le temps pendant ces longues années à voyager vers leur destination ultime, et elle ne semblait pas trouver qu'il serait intéressant de garder toutes ses pensées en privé.

Il l'entendit dire à Simon qu'il faudrait penser à regarder que l'air conditionnée fonctionne bien dans sa chambre car elle sentait qu'il y aurait beaucoup d'épisodes de chaleur. Le jeune homme s'était détaché rapidement, gêné que quelqu'un ait pu entendre.

— Chère sœur, je sais que ça ne t'a jamais dérangé, mais peux-tu au moins lui donner un peu d'espace ? Il est si rouge de honte que tu vas le perdre sous le tapis bien avant qu'on puisse partir pour Magnificiant.

— Et toi Alec, je suis passée chez Magnus, ce matin, et je me suis demandée quels étaient tous ces bruits qui venaient de la chambre jusqu'à ce que je me rende compte que, finalement, tu allais vraiment très bien.

Sur le coup, tu te lamentais si fort que je me suis précipitée jusqu'à la porte, mais j'ai rebroussé chemin lorsque je me suis rendu compte qu'il n'y avait pas juste tes cris, mais aussi ceux de Magnus.

— Allons Izzy, se manifesta Magnus, tu vas rendre ton frère tellement honteux qu'il ne trouvera plus jamais le courage de me toucher.

— Bien fait ! La prochaine fois, il se mêlera un peu plus de ses affaires, se plaignit la jeune femme à son meilleur ami. Par contre, je suis très contente pour vous deux. VOUS ÊTES TELLEMENT FAIT L'UN POUR L'AUTRE !

Elle cria si fort aux oreilles des deux hommes qu'ils durent utiliser leurs mains pour réduire le bruit.

Jace se retourna et secoua la tête en voyant que c'était encore Izzy qui s'en prenait à son grand frère qu'elle adorait tant. Il reprit la direction des dortoirs et bifurqua à la porte de Clary qui s'affairait à placer ses bagages.

— Eh, jolie dame ! Prête pour la grande aventure ?

— Plus que jamais, maintenant que je t'ai dans mes filets, minauda-t-elle en passant ses bras au cou du commandant de mission.

— Décidément, dit Magnus en sortant de la mauvaise chambre. Je viens de voir mes deux meilleurs amis, Catarina et Ragnor, qui n'ont pas l'air de vouloir se lâcher le visage. En temps normal, ils sont comme chien et chat. Mais qu'est-ce qu'il y avait dans mes cocktails d'hier soir ?

Alec le regarda, pensif. D'une voix profonde, il osa dire le fond de sa pensée.

— Peut-être que c'était un filtre d'amour, continua-t-il de façon langoureuse.

— Arrête, mon cœur ne passera pas les tests si tu continues à me regarder comme ça. Je vais perdre tous mes moyens.

— Oh, mais j'espères que tu vas perdre tes moyens. J'ai bien envie de t'entendre encore et encore me supplier de te faire l'amour. Nous n'aurons pas beaucoup d'autres choses à faire pendant toutes ces années à naviguer jusqu'à Magnificiant.

— Alexander, je ne comprends plus mon corps, et je dois me débarrasser de cela dès que possible.

Il regarda Alec avec toute l'intensité dont il était capable. Tout en douceur, il l'embrassa. Magnus releva les yeux après ce doux baiser et, inquiet, il relâcha son étreinte.

— Mais qu'est-ce qu'il y a ? lui demanda gentiment Alec en lui relevant le menton.

Et il se lança...

— Alexander, je n'ai jamais rencontré quelqu'un comme toi. Tu es tout ce qu'on peut espérer vouloir dans la vie. Tu es toujours prêt à aider ceux que tu aimes. Je l'ai vu avec ta sœur. Même si je ne te connaissais pas vraiment, je voyais bien comment Izzy parlait sans arrêt de toi avec toutes ces étoiles dans les yeux. En plus, tu es un des hommes les plus intelligents du monde. Tu es magnifique, autant a l'intérieur qu'à l'extérieur et, par dessus tout, tu es un dieu au lit. Je n'aurais jamais pensé ou cru que mon cœur battrait à nouveau, mais tu es débarqué dans ma vie et tu as réduit tous les murs que j'ai érigés autour de mon cœur pour en faire une multitude de particules d'étoiles.

Magnus se tut pendant quelques secondes et osa le regarder dans les yeux.

— Alexander ?

— Oui Magnus ? Tu m'inquiètes un peu là.

Et Magnus le regarda une dernière fois avant de lui avouer son secret.

— Je crois que je suis tombé amoureux de toi.

Il baissa rapidement les yeux de crainte de voir le pire dans ceux d'Alec. Ce dernier rata un battement.

— Magnus, dit-il la voix faible, arrête de dire des choses comme celles-là !

Il se retourna pour s'assurer qu'ils n'avaient pas été entendus. Magnus releva la tête, terrorisé par ce qu'il venait d'entendre. Alec ne voulait pas de lui, il le remettait bassement à sa place. Il ne put empêcher quelques larmes de monter aux coins de ses yeux.

— Eh, chaton ! Qu'est-ce qu'il y a ? Je ne comprends pas.

Il le prit par la taille, lui releva le menton et comprit. Ce qu'il pouvait manquer de tact.

— Magnus, tu n'as rien à craindre. Je t'aime aussi ! Je te veux dans ma vie.

— Mais tu viens de me dire d'arrêter ça. Il y avait, dans la voix de Magnus, un faible espoir de pouvoir tout arranger avant de quitter la terre.

Si Alec le voulait comme ami, il s'en accommoderait. Il n'était pas question de revenir en arrière, mais bon Dieu qu'il était certain de trouver l'enfer chaque jour de cette foutue mission.

C'était à prévoir, comment un homme aussi qualifié et rigoureux qu'Alec pouvait s'amouracher de... de l'homme le plus excentrique de la terre ? Il était dans ses pensées profondes lorsque son amant ouvrit enfin sa bouche. Magnus se plongea une dernière fois dans ces yeux si saisissants qui lui faisaient penser au bleu cosmique. Quel malheur ! Il n'aura que cette couleur sous les yeux pendant des années. Ce bleu qui lui rappellerait inlassablement cet homme qu'il avait désormais perdu à jamais.

— Magnus, tu vas me faire perdre la tête, et ma sœur ne voudra pas me garder sur la mission. Je t'aime aussi idiot, dit-il en le prenant dans ses bras. Tu m'as fait faire de l'arythmie et mon cœur a cessé de battre tout de suite après ta déclaration enflammée. Comment voulais-tu que je réagisse ? Ta révélation était si mignonne que j'en ai oublié de respirer. Je t'ai demandé d'arrêter parce que j'ai failli te déshabiller et te faire l'amour sur ce minuscule canapé qui est soit disant fait pour trois, et ça, devant tout le monde. Entre nous, l'équipage n'apprécierait pas nécessairement ! s'exclama-t-il. Mais sinon, JE T'AIME AUSSI MAGNUS !

Il se reprit plus sagement et lui offrit le plus merveilleux des baisers.

— Qu'est-ce que tu dirais de venir visiter ma cabine, lui demanda Magnus d'un ton plus qu'érotique et beaucoup plus confiant.

— Mhmm, répondit-il en lui mordillant l'oreille. Tu as beaucoup plus d'intimité que nous dans les quartiers des commandants, dit-il d'un ton tout aussi charmeur.

— L'avantage de commanditer cette mission, dit-il en lui passant une main dans le cou et en l'attirant vers le lit.

— Magnus ?

— Oui ?

— Ferme cette foutue porte ou tu seras entendu par toutes les équipes qui sont de service ce soir.

Le milliardaire secoua la tête en riant et prit une petite télécommande sur la table de nuit pour verrouiller la porte. Alec le regarda bouche bée.

— L'avantage d'être l'ami de l'ingénieur de mission, s'exclama-t-il en tamisant les lumières.

Alec avait déjà repris le contrôle du corps de Magnus et ne pensait pas le lâcher de sitôt. Dès lors, il en était le maître, le commandant.