
Colères
Izzy venait de se reposer et se sentait beaucoup mieux. Elle partit rejoindre Tessa qui l'avait gentiment retournée dans ses quartiers après avoir pris un échantillon de sang. Si son frère avait raison et qu'elle avait encore foiré en intoxiquant tous le monde, il fallait être prêt.
Lorsqu'elle entra au bloc médical, Tessa se leva, ravie qu'elle aille mieux. Elle venait de finir d'analyser l'éprouvette du sang d'Izzy. Son sourire était toujours franc, mais cette fois-ci, elle fuyait le regard et agitait ses mains dans les poches de son sarrau.
Fine psychologue, Isabelle ralentit le pas et scruta son amie plus en détail. Tessa déglutit et remonta la tête. Elle ouvrit la bouche et la salua d'une voix faible. Elle continua son petit manège des mains et respira profondément.
Ce n'était pas bon signe du tout. Son frère allait la tuer. Pourquoi avait-il toujours raison ? Elle était maintenant prête à se faire sermonner.
— Vas-y, dis-moi tout. On a déjà douze patients derrière la porte et ils sont tous à l'agonie ?
Son amie la regarda comme si elle voulait sonder son âme et replongea aussitôt sur le papier qu'elle avait posé sur la table de travail entre les deux femmes.
— Non, souffla Tessa, mais tu n'aimeras pas davantage le résultat, répliqua-t-elle en lui tendant le formulaire.
Izzy commença à lire et sa compagne continua.
— Est-ce que tu manges bien ?
— J'ai eu beaucoup de difficultés, ces derniers jours, avec cette foutue gravité.
Elle releva la tête en lui répondant. Quand elle vit les traits concernés de Tessa, Izzy se remit à lire avec frénésie. Elle trouva la section diagnostic et s'écroula sur le banc de travail. À l'instant même où elle comprit, son amie se jeta près d'elle et lui frotta le dos en signe de réconfort.
Soudain, l'alarme se mit à hurler.
*******
Alec et Magnus s'étaient rués vers la salle de crise. Jace était déjà présent et hurlait aux ingénieurs en mécanique de trouver le problème.
Simon travailla pendant quelques instants encore sur son clavier et remonta la tête. C'est le recycleur d'air, il s'est arrêté. Les deux chefs se regardèrent pendant quelques secondes et s'affaissèrent en une synchronisation parfaite sur leur siège respectif. Jace croisa à nouveau les yeux de Simon mais, cette fois, il était sur le point d'exploser de colère. Alec laissa retomber sa tête en se frottant le front en un geste lent, laissant voir qu'il semblait découragé. Clary arriva en courant suivie par Izzy, pas très loin derrière. Tout le monde retenait son souffle.
— Simon ? soupira Jace. Quel secteur, cette fois-ci ?
Ce dernier posa un regard furtif vers Magnus avant de converger vers le commandant.
— Secteur 3B, derrière la cafétéria. On dirait que ça vient du gymnase, dit-il en hésitant.
Jace, très surpris, se releva aussitôt. C'était la première fois dans ce secteur. Il y avait un vrai problème. Tous étaient maintenant habitués à une défaillance dans les quartiers d'Alec et Magnus. Leur chat était une grosse boule de poil qui muait en permanence depuis qu'il était dans l'espace. Sa fourrure encrassait les filtres à une vitesse vertigineuse.
Jace ordonna tout de suite l'alerte générale et l'évacuation de toute urgence du secteur 3B. Simon, qui était de service à la réparation des équipements, se précipita à l'intérieur de la salle d'entraînement.
Après quelques minutes, il ressortit, étincelant de mille feux, les bras et les jambes recouverts de paillettes rouge et or.
Jace cessa presque de bouger. D'un mouvement ressemblant à celui d'un prédateur, il se retourna vers Magnus. Le milliardaire avait recommencé, encore ! Ses yeux étincelèrent de colère, fulminant pour la énième fois depuis le début de leur périple. Le commandant le regardait toujours lorsqu'il parla et pointa un doigt en direction de son meilleur ami.
— Alec, rugit-t-il, fais quelque chose ou je l'étrangle.
Il ne lâchait pas Magnus du regard qui baissa un instant la tête, mais la redressa aussitôt. Un plaisir évident dansait dans ses yeux.
— Ok tout le monde, dit Alec de sa voix découragée. Le problème est sous contrôle. On le fait souvent, alors on respire profondément. Il regarda Jace et ensuite Magnus pour s'assurer que son petit ami survivrait à l'ouragan de reproches qu'il sentait venir.
Simon respira profondément, tel qu'Alec le demanda, mais s'étouffa lorsqu'une partie des paillettes glissa de son casque de protection pour s'engouffrer dans sa gorge. Tous le regardèrent médusés, et, d'un seul coup, les gens présents hurlèrent de rire jusqu'à ce que...
— LES PAILLETTES ... LES PAILLETTES, criait Clary qui venait de s'effondrer à genoux tout en se prenant les côtes sans pouvoir s'arrêter de rire.
Jace regardait sa petite amie incrédule. Il était le seul à ne pas se tordre d'amusement.
Les paillettes, c'était le second problème du recycleur. Magnus avait transporté des malles entières de paillettes. Il ne se voyait pas sans elles pour le reste de ses jours. On lui avait donc permis cette excentricité, mais la mission Magnificiant en faisait les frais régulièrement. Les filtres devaient être remplacés de façon hebdomadaire dans leur chambre puisque le milliardaire en portait dans ses cheveux et que le séchoir les faisait virevolter vers la prise d'air. Après deux mois, on avait décidé que Magnus et Alec nettoieraient les filtres de leurs quartiers chaque semaine au lieu de le faire bi-mensuellement comme le protocole l'exigeait. Après tout, les deux seules causes de la défaillance du recycleur d'air, jusqu'à présent, provenaient de cet endroit.
Après avoir repris un tant soit peu ses esprits, Simon demanda à Izzy et Clary de l'aider car, dans cette salle, le filtre étais situé dans un endroit exigu. Izzy se contorsionna dans tous les sens, mais rien n'y fit, elle ne passait pas. Elle souffla à l'oreille de Clary de prendre sa place et s'éclipsa en agrippant son petit ami au passage.
Pendant que les filles exécutaient leur tâche, Jace, Alec et Magnus étaient restés à l'extérieur. La tension était remontée.
— Mais quand vas-tu comprendre que le recycleur doit nous durer pour toute la durée du voyage ? Magnus, tu nous causes toujours des problèmes. Ces paillettes sont d'une futilité évidente. Pourquoi ne peux-tu pas comprendre ? s'exaspéra Jace en secouant ses bras dans tous les sens.
— Futiles ? Bien sûr que non ! Cela égaye le navire. Si ce n'était de mes paillettes, la vie ne serait pas aussi jolie dans ce vaisseau terne. Par contre, je dois avouer que mes paillettes sont loin derrière, lorsqu'il s'agit d'égayer mes journées entre ces murs trop blancs. La première raison étant bien entendu, mon cher Alexander.
Il leva la main et la glissa doucement le long de la mâchoire de son amoureux. Alec était à nouveau envoûté par les yeux de son amant qui avait rejeté l'intervention du chef de mission du revers de la main.
Jace les regarda dubitatif et voulu ouvrir la bouche pour laisser sortir sa fureur, mais se ravisa aussitôt. C'était beaucoup trop intense entres les deux hommes. Il n'était plus écouté. Le commandant tourna les talons et reprit son chemin jusqu'à la salle de pilotage en pestant.
Alors qu'Alec et Magnus se rapprochaient, hypnotisés l'un par l'autre, Izzy sortit de la salle de gym. Les deux hommes relevèrent la tête et virent qu'elle semblait aussi furieuse que Jace. Le pauvre Simon ne pouvait que suivre la sœur d'Alec en trébuchant derrière elle. Cela fit soulever encore un peu plus de poussière brillante avant que le couple disparaisse au coin du couloir. Alec scruta à nouveau son amant, mais avec un air soucieux cette fois.
— Je ne reconnais plus ma sœur. C'est pas son genre d'être déprimée et l'instant d'après de pouvoir compétitionner la reine de l'enfer par sa colère.
— Alexander, nous sommes tous un peu à cran en ce moment. C'est la raison pour laquelle j'ai organisé cette petite soirée intime. Je voulais faire sortir le méchant et réduire les tensions dans ces magnifiques épaules. Crois-moi, Lilith n'aurait pas seulement arrêté le recycleur, elle l'aurait bel et bien détruit.
Il se rapprocha a pas feutrés en glissant ses mains sur les épaules d'Alec et se mit à les masser.
— Non Magnus, ça ne lui ressemble pas du tout, dit Alec. Je vais voir ce qui lui prend, elle n'était pas du tout dans son assiette tout à l'heure.
— Oui, bon ! Si c'est elle qui faisait le petit-déjeuner ce matin, c'est tout à fait normal.
— Magnus, je vais la voir, dit-il en fuyant le regard vers l'endroit où sa sœur venait de disparaître. Ce n'est pas du tout normal, continua-t-il en se dirigeant vers le fond du corridor.
Il hésita en se retournant vers l'homme qui s'était démené corps et âme pour lui préparer une surprise, mais continua son chemin vers le pont numéro deux.
De son côté, Magnus soupira à en fendre l'âme et se retourna pour voir apparaître Clary. Il sourit dans sa tête en imaginant Clary embrassant Jace qui serait enseveli sous les paillettes qu'elle avait partout dans sa chevelure rousse et sur la grande majorité de son visage. Oui, il espérait bien que Jace soit hors de lui. C'était son troisième plaisir depuis leur départ : rendre le commandant furieux. Ce dernier n'arrêtait pas d'accaparer son petit ami. Alec était le commandant en second et devait se plier aux tonnes de réunions du commandant et aux multitudes de rapports futiles à remettre, jour après jour, à cette satanée NASA. Tout cela l'empêchait de profiter de son homme.
Oui, pensa-t-il une seconde fois. Il souriait maintenant franchement à Clary qui avait suivi les changements sur le visage de Magnus. Cette dernière sourit à son tour, ne se doutant pas qu'elle était devenue le nouvel instrument de torture de Magnus sur le chef du vaisseau.
— Que dirais-tu de rendre visite à notre très cher commandant ? Il est de mauvais poil et... un peu de ta présence lui ferait le plus grand bien, proposa-t-il en la poussant vers les airs réservés aux pilotage.
Elle acquiesça et partit aussitôt. Un autre sourire, diabolique celui-ci, venait d'apparaître au visage du milliardaire. À se moment précis, il se dit qu'il était le plus malveillant des démons.
Et il retourna à sa chambre, fier d'avoir trouvé comment embêter de nouveau le commandant Herondale.
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