Partie 2 (Dans l'espace)

Depuis leur départ, les astronautes subissaient des changements physiques. En effet, l'apesanteur qu'on retrouvait dans certaines sections du vaisseau suivie par la fausse gravité des quartiers habitables jouaient sur l'estomac des travailleurs. Izzy avait donc dû s'investir dans son travail. C'était plutôt barbant, mais cela lui permit de se lier d'amitié avec Clary qui était l'une des plus affectée par ces symptômes. Elle passait une grande partie de son temps à être le cobaye d'Izzy qui semblait avoir enfin trouvé la solution.

Isabelle n'avait eu que très peu de symptômes, mais dernièrement, ils avaient refait surface bien qu'elle appliquait a la lettre les recommandations de sa propre médecine.

Alec arriva au moment où elle rejetait son repas du matin. Elle avait fait son tour de garde à la cafétéria et avait décidé de surprendre l'équipage avec une sauce italienne sur des œufs marinés. Clary avait apportés ces derniers aux petites heures pour qu'ils aient le temps d'absorber la mixture de son propre cru. L'équipage n'avait pas semblé très affamé et il lui en restait beaucoup plus que prévu. Elle s'était donc fait une réserve qu'elle comptait déguster sur l'heure du midi en piochant sur les dossiers plus complexes dans le laboratoire de dernière technologie.

— Ne me dis pas que c'est toi qui était de corvée pour le déjeuner, s'écria Alec. C'est pas possible qu'ils te fassent encore confiance après six mois, s'exclama-t-il, le plus sérieusement du monde. Will ne s'est pas présenté ce matin en disant qu'il n'avait pas gardé son déjeuner. Il a ajouté qu'il aura bien du mal à remettre les pieds à la cafétéria en se souvenant de l'horreur dans son assiette. Il semblait terrorisé. Tu es consciente qu'il est celui qui n'a peur de rien, n'est-ce pas ?

Elle se retourna, haletante, avec un teint plutôt grisâtre. Alec se ravisa aussitôt et lui demanda si elle se sentait bien.

— Est-ce que j'ai l'air d'aller bien ? lui demanda-t-elle d'un ton acerbe.

Izzy, même dans les moments les plus difficiles de sa vie, était un boute-en-train. De la voir ainsi, démotivée et pâle à en mourir, suffit à Alec pour laisser le problème qui l'amenait et se concentrer sur sa sœur.

— Non, tu n'en a pas l'air. Est-ce que tu as demandé à Jem de te remplacer ? Il a le prochain quart, mais il comprendra certainement.

— Hem... non, répliqua-t-elle hésitante. Je vais peut-être lui demander de débuter plus tôt, mais je vais m'en remettre. Après tout, Clary a eu des épisodes beaucoup plus graves.

— Ok, mais tiens-moi au courant. Je n'aime pas voir ma petite sœur dans cet état, lui dit-il perplexe.

Elle le regarda avec un sourire las et se releva avec difficulté.

— J'ai travaillé dur ces derniers mois, ce n'est qu'un peu de fatigue.

— Je sais, lui dit-il. C'est pour ça que tu devrais te reposer un peu. J'avise tout de suite Maïa de t'enlever de la liste des tâches secondaires, surtout si c'est de près ou de loin relié aux repas de l'équipage. On n'a pas besoin d'une autre de tes recettes qui clouera au lit la moitié du personnel, lui dit-il avec un regard horrifié et à peine voilé.

Il se souvenait parfaitement de la dernière tentative de sa sœur en tant que cuisinière. Elle était un vrai amour mais, côté culinaire, elle ne faisait pas partie de l'élite. Elle aurait échoué de façon lamentable les tests de la NASA, si ce profil avait été indispensable. Comment pouvait-elle manquer son coup à chaque fois ? En un clin d'œil, Izzy avait réussi à rendre malade l'autre moitié de l'équipage, celle qui n'avait pas eu de symptômes d'adaptation à la nouvelle gravité. Les trois ou quatre astronautes toujours debout durent tenir le cap sans relâche jusqu'à la fin de l'intoxication alimentaire générale. C'était un bon test pour voir si les protocoles mis en place étaient fonctionnels, mais il ne faudrait plus que cela se produise à nouveau.

Izzy le regarda vexée puis, elle se retourna d'un mouvement discret pour lui cacher un haut-le-cœur.

— Bon, je crois que je me dois d'écouter le commandant de service, dit-elle râleuse. Je vais demander à Jem ou Tessa de me remplacer.

— Parfait, répondit-il soulagé.

Il retourna à ses responsabilités tandis qu'Izzy appelait ses collègues. Soulagée, elle reçut une réponse de Tessa qui ne prit que quelques instants à apparaître.

*******

Magnus ne tenait plus en place. On était le quatorze février et il était plutôt satisfait de la petite surprise qu'il préparait à Alec. Il avait passé la journée à tout organiser et son amoureux terminait son quart de travail très bientôt.

Magnus avait réservé la salle d'entraînement pour eux seuls. Évidemment, Alec n'en savait rien et avait toujours l'habitude d'utiliser la pièce après son boulot. Il disait que les autres étaient trop fatigués pendant cette période et qu'il pouvait vaquer à ces exercices et se concentrer sur les problèmes à résoudre pour le lendemain sans être dérangé par les papotages incessants des autres utilisateurs de la salle.

Le milliardaire s'était démené pour finir à temps. Il avait tamisé la pièce, recouvert les équipements de tissus rouges et introduit une petite table tout près du grand hublot qui donnait sur une vue imprenable du vide intersidéral. La touche finale fut d'étendre des paillettes dorées tout autour de la pièce, mais aussi dans ses cheveux qu'il adorait remonter en épis sur sa tête. Il avait peut-être exagéré un peu sur la poudre brillante, cependant, les occasions étaient rares et tant pis si Jace lui reprocherait d'en trouver encore dans la lessive propre.

Il avait aussi porté une attention particulière à son maquillage, en n'oubliant surtout pas sa ligne d'eye-liner qui lui donnait encore plus l'apparence d'un félin. Ses yeux asiatiques, de la couleur de l'ambre jaune, avaient, en effet, l'apparence de ceux d'un chat, et c'était ce qu'Alec préférait par-dessus tout. Il était désormais prêt et bouillait d'impatience. Lorsqu'Alec ouvrit enfin la porte, il fut enseveli sous une tonne de paillettes rouges que Magnus fit virevolter au-dessus de sa tête.

— BONNE ST-VALENTIN, ALEXANDER !

Il se lança au cou de son copain et se mit à le bécoter de sa mâchoire à son cou jusqu'au coin de ses lèvres. Alec ne put retenir un rire doux et recula pour regarder son amant.

— Mais c'est quoi tout ça ? Ses yeux s'agrandirent peu à peu. Il dut s'asseoir tellement il était époustouflé par les talents de Magnus. Il termina son inspection en laissant tomber son regard sur son petit ami qui usa de toute sa félinité pour s'asseoir à califourchon sur l'homme de sa vie. Ses gestes étaient sensuels et ne laissaient rien à l'interprétation. Il avait envie de son homme et il avait bien l'intention d'en profiter ce soir là.

— Bonne St-Valentin, lui répéta Magnus de sa voix suave.

— Mhmmm ! Bonne St-Valentin, lui répondit-il en plongeant une main sous la chemise ouverte de Magnus. Il l'embrassa avec amour à la base de son cou recouvert de quelques colliers qui lui donnaient un air encore plus sexy.

Son autre main glissa lentement sous l'une des fesses de Magnus. Il s'apprêtait à lâcher le dos soyeux de l'homme au-dessus de lui afin de s'attaquer à sa ceinture lorsqu'une alarme se déclencha...