Chapitre 2 : Le cadeau de la terre
Un silence lourd planait dans le traiteur chinois où elles déjeunaient. Après que les bijoux aient arrêté de briller, un surveillant avait fait irruption dans la salle. Il les avait trouvé, là, assises au milieu d'une salle de classe aux meubles éparpillés aux quatre coins de la pièce, fixant un point invisible. Devant cette vision chaotique, il les avait tenues pour responsables et elles avaient dû remettre les tables en ordre de font en comble. Résultat, elles avaient quitté l'école avec une demie heure de retard et étaient à présent en train de déguster du riz cantonais dans un silence absolu.
- Bon, et sinon... Qu'est-ce qu'on fait après ? Ça vous dit d'aller à la piscine ?
A ces mots, Madeleine, qui avait l'air la plus perdue de toutes, releva la tête.
- Bonne idée ! s'écria-t-elle. En plus ils ont inauguré un nouveau toboggan ! Ça va être l'éclate !
- J'ai pas pris mon maillot, dit Marie en tournant légèrement la tête.
- Je peux t'en prêter un si tu veux, lui lança Joséphine.
- À moi aussi ? demanda Emma, en tournant la tête vers Madeleine.
- Si tu veux, répondit celle-ci en soupirant.
- Super! dit Joséphine. Marie, tu viens avec moi, Emma et Madeleine vous y allez ensemble et on vous rejoint.
- Ok! dit Marie en quittant la table. C'est une bonne idée de faire ça juste avant les grandes vacances ! En plus, ajoute-t-elle, c'est fou ce qu'il fait chaud !
- Alors rendez-vous à 15 heures à la piscine !
C'est ainsi qu'elles se séparèrent. Marie et Joséphine partirent en direction de la gare, où se trouvait la maison de Joséphine, tandis qu'Emma et Madeleine allèrent dans la direction opposée.
Chez Joséphine, il y avait des tonnes de maillot de toutes les couleurs, mais aucun n'allait à Marie. Ils étaient soit trop petits, soit trop larges, soit troués. Les placards s'étaient soudainement vidés et leur contenu s'étalait dans l'ensemble du salon.
- C'est pas vrai, se lamantait Joséphine, on n'y arrivera jamais !
- Je suis désolée, je ne pensais pas qu'on avait de si grandes différences de taille ! Si tu veux, je peux aller en chercher un chez moi.
- Non, c'est pas grave, on va finir pas trouver !
Elle mit une main sur son menton et se mit à réfléchir. Marie se sentait mal, elle gênait plus qu'autre chose à demander le maillot parfait, alors que même le premier aurait fait l'affaire. Elle scruta le salon des yeux. Elle ne pouvait pas distinguer grand chose sur le sol totalement recouvert de maillots de bain de toutes les couleurs, et le pied du canapé disparaissait sous un tas de chapeaux qui se trouvaient dans l'armoire. Des chaussettes étaient entassée dans le panier de Paper, mais là elle pensait plutôt qu'il était parti à chasse dans toutes les chambres, car toutes sortes de tailles y étaient présentes, comme une réunion de chaussettes.
Soudain, Joséphine sortit de sa réflexion.
- On a fait l'armoire mauve dans le garage ?
- Oui, répondit Marie.
- La commode dans la chambre d'ami ?
- Oui.
- L'armoire mauve de ma chambre ?
- On l'a fait en premier, s'étonna Marie.
- Le buffet du salon ?
- Pourquoi il y aurait des vêtements dedans ??
Marie soupira, elle savait qu'elle n'avait pas de raisons de le faire mais quand Joséphine se mettait à délirer, ça allait mal se passer.
- Sinon je peux prendre le maillot turquoise, il est un peu petit mais c'est pas grave...
- Tu es sûre ? On peut encore chercher...
- Ça ira, on doit être à la piscine dans dix minutes.
- Quoi?? s'exclama Joséphine en allumant son téléphone. Ça passe si vite ?
- Tous les essayages, ça passe vite...
Marie avait la légère impression que les rôles étaient échangés. Normalement, c'est celle qui attend qui râle et celle qui essaye qui ne voit pas passer l'heure, non?
- Bon alors va vite te changer, je t'attends là.
- Tu es sûre ?
- Oui mais vite, et sur ces mots elle s'assied sur un fauteuil à proximité de la porte.
Marie la remercia d'un mouvement de tête et fila dans la salle de bain. Mais au moment où elle gravissait les marches, quelque chose les fit vibrer. Elle leva la tête et vit avec frayeur un carton dévaler les escaliers. Instinctivement, elle se plaqua au mur, mais le carton était trop gros, il allait l'emporter en bas des marches...
Puis elle entendit un bruit sourd en bas des escaliers. En regardant vers les marches qui partaient du sol, elle comprit que le paquet l'avait raté.
- Ça va, Marie? demanda Joséphine, catastrophée.
- Ça... Ça va, répondit celle-ci, les jambes encore tremblantes.
Elle descendit les marches prudemment, comme si un autre paquet allait dévaler les escaliers et cette fois, ne la manquerais pas.
- Qui a poussé ce carton ? demanda Marie, les yeux rivés vers l'étage.
- Ça, c'est sûrement Paper, grogna Joséphine. Il est petit, mais il arrive déjà à pousser.
Sur ces mots, elle monta les marches deux à deux. Quand elle arriva à l'étage, elle vit quelque chose qui la surpris :
- Que se passe-t-il, Joséphine ? demanda Marie.
- Tu es sûre que le carton venait de là-haut?
- Oui, pourquoi ?
- C'est bien là le problème.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Il n'y a rien.
- Comment ?
- Il n'y a rien, à l'étage ! Tout est désert !
- Et le chien ?
- Je viens de me rendre compte qu'il est dans le jardin !
- Mais alors, qu'est-ce qui l'a poussé ?
Joséphine entendit un petit cri venant d'en bas. Quelques instants plus tard, elle fixait Marie qui venait de découvrir un maillot argenté parsemé de plumes dans le carton.
- Je prends celui-ci! déclara-t-elle.
- D'où il vient, ce maillot ? Je ne l'ai jamais vu...
- C'est pas grave, il me plaît. Par contre, il faudrait ranger ton salon avant d'aller à la piscine...
Elles allèrent dans le salon avant de se rendre compte d'un détail.
Il n'y avait plus un maillot par terre.
Et les armoires avaient l'air pleines à craquer.
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