Chapitre 1 : Meilleures amies
- Joséphine ? Est-ce que vous êtes encore avec nous ?
Marie observait la scène depuis quelques instants déjà. Joséphine, une de ses meilleures amies, avait eu le malheur de s'endormir pendant le cours de Mme Peureuil. Elle avait remarqué ses cernes impressionnantes lorsqu'elle était arrivée, le matin, en même temps qu'elle. Elle avait essayé de la questionner mais son amie faisait du somnambulisme et avait l'air de n'avoir rien entendu de sa question. Même si elle avait d'ores et déjà découvert l'identité du coupable. Elle demanderait confirmation après les cours.
Joséphine se réveilla en sursaut, les yeux encore embués de sommeil.
_Oui, madame ! se redressa-t-elle immédiatement en voyant à qui elle faisait face. Je suis là, j'écoute !
_ Parfait, répondit madame Peureuil avec un sourire carnassier, dans ce cas je présume que vous pouvez répondre à la question ?
_Euh... Bien sûr, balbutia-t-elle. Quelle question, madame ?
_Par qui a été peint le célèbre tableau (elle insista sur le "célèbre", ce qui fit frissonner Joséphine) du Sacre de Napoléon ?
_ Euh... David, madame ?
_ Exact, et en quelle année ?
Le sourire carnassier de Madame Peureuil s'étendit lorsqu'elle vit que Joséphine ne savait pas. Sa peau avait soudainement pâli et elle s'était mise à suer à grosses gouttes.
_Euh... commença-t-elle.
Ses mains se mirent rapidement à trembler. Marie sut immédiatement que c'était le signal SOS de Joséphine : elle avait besoin d'elle. Sauf qu'elle doutait de pouvoir aller la secourir car deux rangées de tables les séparaient.
_1808, souffla-t-elle finalement.
Elles étaient très éloignées l'une de l'autre, et pourtant Joséphine releva la tête, la respiration soudainement contrôlée, des étoiles dans les yeux.
_ Il me semble que c'était en 1808, madame.
Le sourire carnassier de madame Peureuil s'éteint aussitôt.
_ Bien, persiffla-t-elle. Mais la prochaine fois, évitez de dormir pendant mon cours. Je préfèrerais que vous écoutiez ce que je dis plutôt que de vous faire souffler la réponse par vos camarades, dit-elle en coulant un regard vers Marie.
Celle-ci sentit ses joues s'empourprer et détourna aussitôt le regard.
Fort heureusement, la sonnerie qui annonçait la fin des cours ne tarda pas à se faire entendre. Les élèves sortirent en trombe de la salle de classe, madame Peureuil la première. Marie, elle, ferma son sac et se dirigea vers son amie qui rangeait sa trousse dans son sac.
_ Dis-moi, Joséphine, ces derniers temps, j'ai l'impression que tu n'es pas très attentive...
_ Je manque de sommeil, dit cette dernière en bâillant, comme pour illustrer ses propos.
_ C'est à cause de ton chien?
Joséphine releva immédiatement la tête, l'air paniqué. Ses cheveux noirs étaient en bataille et ses yeux noisette reflétaient son angoisse. Marie put même voir ses tâches de rousseur pâlir.
_ Qui t'a dit ça ?
_ Personne, dit Marie d'une voix à la fois douce et satisfaite. C'est toi qui vient de te trahir.
Joséphine soupira. Elle détestait cette facette de Marie, qui malheureusement l'accompagnait partout. Elle semblait ne pas vouloir la révéler à ses autres amies, mais n'épargnait pas Joséphine, à telle point qu'elle se demandait si elle n'était pas devenue un souffre douleur.
_ Ok, ok, je vais tout te dire. Cette nuit, j'étais en train de dormir tranquillement dans mon lit et ...
_ Et? demanda Marie, les yeux brillants.
_ J'ai entendu un bruit à la porte. Je suis allée voir ce que c'était et Paper s'est jeté sur moi!
Paper, c'était le nom du chien que Joséphine avait adopté juste après l'anniversaire de Marie. Joséphine se demanda si ce n'était pas à cause de ça que son amie, dont le physique ressemblait légèrement au sien, avec les cheveux noirs ondulés et ses yeux verts qui avaient pris une teinte plus clair ( les yeux de Marie changeaient en fonction des saisons, ils devenaient plus clairs en été) cachés par des lunettes ovales mi-cerclées, s'acharnait sur elle. Elle avoue avoir légèrement oublié de le lui souhaiter pour parler de son chien à la place, mais il était si mignon ! Elle poursuivit son récit :
_ Il a commencé à me mordre les chevilles et à m'entraîner vers la cuisine. Je suis descendue pour aller lui servir des croquettes, et lorsque je suis remontée...
_ Ton chien était dans les escaliers ?
_ Pire, ma mère !
_ Ouille, dit Marie en fermant un œil et secouant sa main, et que s'est-il passé ensuite ?
_ Elle m'a dit un truc du genre : " Joséphine je croyais qu'on ne se levait plus à minuit pour servir le chien tu réveilles tout le monde ce n'est pas possible."
_ Effectivement, ça c'est mal passé constata Marie. Et ensuite ?
_ Rien.
_ Comment ça, rien?
_ Rien, il ne s'est rien passé, je suis retournée me coucher.
_ Oh... fit Marie, l'air déçu.
_ Est-ce que je peux te poser une question, maintenant ? argua Joséphine.
_ Oui, qu'est-ce que tu veux ?
_ Tu te rappelles de ce " Rituel de l'amitié" que tu nous avais fait faire l'année dernière ?
Comment pouvait-elle oublier ? L'année dernière, alors que l'école était fermée à cause de la neige, elles s'étaient réfugiées dans l'appartement de Madeleine. Marie avait alors ouvert une sorte de grimoire orné d'une étoile à quatre branches qu'elle avait ouvert à la page 394 ( ce qui était étonnant vu qu'il ne semblait pas dépasser la largeur d'un manga) où était inscrit, en gros titre: Rituel de L'Union Sacrée, qu'elle avait sobrement rebaptisé Rituel de l'amitié ( ben quoi, c'est kif kif bourricot, non? avait-elle rétorqué lorsque Joséphine lui avait posé la question). En suivant les instructions, elles avaient tracé avec du sel peint aux couleurs de l'arc en ciel une étoile semblable à celle de la couverture du livre, chaque branche pointant vers un point cardinal, et s'étaient disposées chacune au bout d'une des branches, Emma au sud, Madeleine au nord, Joséphine à l'ouest et Marie à l'est. Puis, elles avaient posé une casserole d'eau bouillante et avaient jeté chacune une mèche de cheveux, puis des poudres mystérieuses ( Marie avait formellement refusé de leur dire d'où elles venaient) qui explosaient au contact de l'eau. Enfin, sans perdre un instant, elles versèrent la mixture dans des objets que chacune avait apporté à cet effet : un collier pour Joséphine, un bracelet pour Marie, une bague pour Madeleine et une boucle d'oreille pour Emma, tous comprenant un médaillon pour verser le contenu de la casserole. Et pour finir, elles avaient scellées le pacte par une promesse légitime : elles avaient juré de ne plus jamais se mentir, ou de ne jamais être mises à l'écart.
_ Ouiiiiiii, et ?
_ Tu sais qu'on s'est juré de tout de dire ?
- Ouiiiiiii, et?
- Redresse tes lunettes, elles tombent. Et donc je me demandais...
- Ouiiiiiii, quoi? répéta Marie en changeant de refrain tout en redressant ses lunettes.
- Qu'est-ce que c'était que cette p...
- Jo, Marie, bougez-vous un peu!
Elle fut interrompue par la voix agacée de Madeleine, une blonde avec une frange aux yeux bleus, qui se tenait à côté d'Emma, une fille aux cheveux roux et aux yeux aussi bleus que ceux de Madeleine. Joséphine leur jeta un regard agacé ( encore un tout petit peu et elle aurait pu connaître la clé de ce mystère, rooh!) alors qu'elles entraient dans la salle de classe vide. Elles vinrent se planter juste devant Joséphine et Marie.
- La bande est réunie, déclara Marie.
- Oui, dit Joséphine, d'ailleurs peux-tu nous dire...
- Pourquoi est-ce que nos bijoux font ça ? dit Madeleine en montrant son doigt, bien visible au centre du groupe.
La bague qu'elle portait à son doigt bourdonnait et brillait comme si des abeilles et des lucioles y cohabitaient.
Chacune détailla le bijou qu'elle portait, la réaction était la même.
- Un effet secondaire, sûrement, souffla Marie, je n'ai jamais vu ça.
- Sans blague, rétorqua Joséphine, tu portes le truc le plus facile à repérer - c'est à dire un bracelet - et tu ne te rends même pas compte qu'il brille quand on est toutes les quatre ?
- Elle a raison, Jo, dit Emma. C'est la première fois que ça le fait.
- Et regarde, renchérit Madeleine, ça devient de plus en plus brillant!
En effet, la bague illuminait toute la salle, et la pierre bleue étincelait, au point qu'elles durent toutes détourner le regard. Soudain, une rafale se mit à souffler à l'intérieur de la salle, la terre trembla, il se fit plus chaud et l'humidité était tout à coup très pesante.
La scène était chaotique, elles devaient toutes s'aggriper les unes aux autres pour ne pas être balayées par le vent qui soufflait de plus en plus fort.
- Mais fait quelque chose ! cria Madeleine à Marie.
- Mais que veux-tu que je fasse ? hurla celle-ci en retour.
Soudain, un énorme bruit, comme une petite détonation, se fit entendre. Madeleine, Joséphine, Marie et Emma se retrouvèrent expulsées, chacune par rapport à leur point cardinal correspondant. Chacune sentit son artéfact s'envoler pour rejoindre la bague qui flottait au milieu de la classe, comme traversée par un rayon bleu. Chacune se positionna, le collier à l'ouest, le bracelet à l'est, les boucles d'oreilles au sud et la bague restait là, au nord. Une fois à leur place, elles furent toutes traversées par un rayon lumineux, vert, blanc, rouge et bleu. Les rayons dévièrent d'un coup et se rencontrèrent en un point, où se forma une sorte de bulle sur laquelle des formes défilèrent.
- Qu'est-ce que c'est que ça ? murmura Emma.
Les contours se precisèrent, et l'image qu'elles virent les glaça d'effroi.
Un chevalier noir.
Une princesse, tout en blanc, avec les cheveux bruns aux reflets blonds.
Un roi, perché sur un immense trône de marbre sculpté.
Et un monde, sombrant dans le chaos.
Bonjour !
Que pensez-vous du début de l'histoire ? Avec-vous envie de lire la suite ?
N'hésitez pas à la commenter.
Merci beaucoup d'avoir lu!
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