Chapitre 9 - Les retrouvailles
Lina gémit doucement et se recroquevilla sur elle-même. Tous ses membres étaient en feu, et sa tête semblait prête à exploser.
La dernière chose dont elle se souvenait, c'était qu'elle était enfin arrivée à destination, et qu'on l'avait frappée par derrière...
Elle ouvrit les yeux d'un coup.
Ambre ! C'était Ambre qui l'avait attaquée ! Mais pourquoi ?
En se redressant, elle s'aperçut que ses mains avaient été attachées ensemble par un lien en plastique qui lui cisaillait les poignets. Elle ferma alors les yeux, pour tenter de savoir où elle se trouvait grâce à sa sonde, mais impossible : un épais brouillard mental noyait son esprit comme une grosse chappe de coton, l'empêchant d'utiliser ses pouvoirs de télékinépathes.
Elle n'essaya pas la magie du vide. Si on l'avait attaquée avec des luminographes, elle était prête à parier que le mage qui lui l'empêchait de recourir à son esprit avait également mis en place un champ bloquant toute autre forme de magie.
Elle se concentra donc sur son environnement immédiat. La seule lumière présente filtrait d'une porte en face d'elle. Elle se trouvait visiblement dans une petite pièce vide qui ne comportait aucune fenêtre. À l'extérieur, quelques éclats de voix lui parvenaient parfois, bien qu'elle ne parvienne pas à comprendre la teneur de la discussion.
Visiblement, on ne disputait, et probablement à son sujet.
L'adolescente se cala dans son coin et se résolut d'attendre. Sans sa magie et la présence réconfortante de ses sondes, elle se sentait complètement vulnérable, comme mise à nu...
Soudain, des pas se rapprochèrent et la serrure cliqueta. Une lumière crue inonda la pièce et Lina dut se protéger les yeux avec le bras pour ne pas être éblouie. Une femme entra, et, bien que Lina ne visse que sa silhouette, elle la reconnut immédiatement.
« Madame Rita ! »
Elle bondit sur ses pieds, mais la voix de sa tutrice claqua comme un fouet, la figeant sur place :
« Ne bouge pas ! »
Elle referma la porte à demi tout en gardant un bras tendu devant elle, prête à se servir de sa télékinépathie à n'importe quel instant. Lina déglutit en sentant que sa tutrice ne plaisantait pas, et nota dans un coin de sa tête que celle-ci avait refait sa teinture rouge sombre, camouflant ses racines autrefois à découvert. L'adolescente ne la verrait même pas lui lancer de sort.
« Comment nous avez-vous retrouvés ? demanda enfin madame Rita. C'était ingénieux de votre part, de nous envoyer Lina, mais ne pensez pas que ça nous empêchera de prendre les mesures qui s'imposent. »
L'adolescente cligna des yeux et ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit. Puis elle comprit. Sa tutrice pensait qu'elle était possédée, et qu'elle s'adressait à Nécros à travers elle.
Et ce n'était apparemment pas la première fois qu'un nécro-mage était lancé à leurs trousses, si elle en jugeait par le "re" de "retrouvés".
« Alors ? s'impatienta sa tutrice.
- Je ne suis pas possédée, souffla Lina.
- Ben voyons. Je sais que mon apprentie est nécro-mage, ça ne sert à rien de le nier. »
L'adolescente sentit son cœur se serrer. Elle s'était pourtant attendue à ce que sa tutrice le sache, mais après avoir passé tant de temps à le cacher, l'entendre de sa bouche la fit frémir.
Si elle voulait qu'on la croie, il allait falloir qu'elle pose toutes ses cartes sur la table.
« Je ne le nie pas. Mais je ne suis pas possédée.
- Et comment est-ce que je pourrais te croire ? As-tu une preuve à me fournir, Lina ?
- Aucune. Tout ce que vous savez sur moi, Nécros le sait aussi. Si vous voulez une preuve, il va falloir que vous la lisiez dans mon esprit. »
Un éclair de doute passa dans le regard de sa tutrice. Sa main trembla légèrement.
« Comment puis-je savoir que ce n'est pas un piège ?
- Je n'ai pas accès à mes pouvoirs, et mes mains sont attachées. Même si ç'en était un, vous pourriez me neutraliser rapidement, non ? »
Madame Rita hocha lentement la tête et se rapprocha, toujours sur ses gardes.
« Mets-toi à genoux. »
Lina obtempéra docilement et ferma les yeux. Le contact frais des doigts de sa tutrice contre ses tempes lui fit du bien. Elle sentit l'esprit de la télékinépathe traverser son brouillard mental et la laissa fouiller sa conscience, sans y trouver aucun corps étranger.
« Tu es vraiment... Libre ? » demanda-t-elle enfin.
Elle semblait bouleversée.
« Oui. Ça a été long et compliqué, mais je suis... Immunisée. Je ne pourrai plus me faire posséder. »
Madame Rita resta silencieuse un instant. Elle semblait digérer l'information et réfléchir à toutes ses potentielles conséquences.
« Madame ? pensa Lina d'une toute petite voix. Je... Je vous demande pardon, de ne pas vous l'avoir dit avant. Je sais que j'aurais dû, mais j'avais peur, et...
- Je comprends.
- C'est vrai ?
- Mais ça ne veut pas dire que je t'approuve, Lina. C'est grave, ce que tu as fait. Très grave. Je ne sais pas du tout comment on va redresser la situation, ni même si on va être capable de le faire. Pour le moment, j'aimerais que tu me montres ce qui t'est arrivé, s'il te plaît.
- De toute façon, je ne suis pas en position de refuser. »
Lina laissa remonter en elle les souvenirs des deux mois les plus éprouvants qu'elle ait jamais vécu. Elle commença par le moment où elle avait compris que Gabriel tentait de ramener Ambre auprès de son frère à son insu, pour qu'il puisse s'approprier ses pouvoirs et ainsi créer un portail.
Puis elle passa rapidement sur toute la partie où les mages volontaires avaient erré dans le monde vide pour arriver au moment où ils avaient libéré Nécros.
L'adolescente ne put empêcher sa tutrice d'assister à ses retrouvailles avec les nécro-mages disparus, dont celles de son père. Elle survola les deux mois passés à chasser les blobs, et les séances de recherches avec Argon, jusqu'à l'expérience alchimique qui l'avait immunisée contre la possession, et son retour précipité à Paris.
Elle sentit son cœur se serrer. Tout revivre ainsi, en quelques secondes, toutes ses erreurs et ses échecs... Elle voulut se dégager mais sa tutrice ne la lâcha pas.
« Il y a plus que ça. Laisse-moi voir, Lina, il faut que je sache. »
Madame Rita plongea plus profondément. L'adolescente, impuissante, refit face à la honte et la peur qui l'avaient rongée pendant près d'un mois, après qu'elle ait découvert ses nouveaux pouvoirs. Elle erra à nouveau dans les méandres de la Forteresse Vide, pourchassée par des blobs et hantée par d'anciens sortilèges.
Elle se rappela ses cris de désespoir puis la lente acceptation de ses possessions quotidiennes, se disputa avec son père au sujet de la personne qui subirait l'extraction et pénétra dans l'esprit insondable de Nécros. Elle ressentit la haine de l'entité, et la douleur insoutenable qui avait suivi, la ravageant de l'intérieur jusqu'à ce qu...
« ARRÊTEZ ! »
Elle avait crié. Elle se releva brusquement et s'adossa au mur derrière elle, pantelante, avant de se prendre la tête entre les mains. Elle pleurait.
« S'il vous plaît, arrêtez... »
Sa tutrice se redressa à son tour, visiblement ébranlée.
« Je te demande pardon. Je ne pensais pas que...
- C'est bon, c'est bon, » marmonna l'adolescente.
Elle avait juste envie de passer à autre chose.
« Il va te falloir des soins.
- Je sais. Est-ce que... Vous pourriez enlever votre champ anti-magie maintenant ?
- Ah ! Oui. Voilà, c'est fait. Je dois avoir un canif dans ma poche pour te détacher... »
Sans attendre que sa tutrice retrouve de quoi couper ses liens, l'adolescente invoqua une lame du vide. Les morceaux de plastique tombèrent par terre et Lina put se frotter les poignets.
« Pas besoin. J'ai eu des bons professeurs de magie du vide, de l'autre côté.
- J'imagine... grommela sa tutrice. En revanche, pour le brouillard mental, je n'y peux rien. Il va falloir que tu attendes qu'il se dissipe tout seul. »
Lina hocha la tête. Elle le savait déjà.
« Je pense que les autres doivent encore être entrain de discuter sur ton sort, conclut madame Rita. Allons les retrouver. »
***
« Lorsque Nécros est apparu de l'autre côté du portail, j'ai pu m'enfuir de justesse avec Ambre et Gabriel. Nous avons retrouvé Mathieu, Alya et quelques autres membres du GISEM et nous sommes cachés dans une ville voisine. Malheureusement, des nécro-mages ont fini par nous retrouver et nous ont pris en chasse. C'est pour ça qu'on est revenus ici. On a trouvé ces vieux bâtiments inutilisés et on s'y est installés. La ville est totalement déserte et on s'est dit que Nécros ne penserait pas à nous y chercher.
- Et mon grand-père ? »
Madame Rita lui jeta un regard désolé.
« Personne ne sait ce qu'il est devenu. Je suis désolée, Lina. »
L'adolescente baissa la tête. Le connaissant, il y avait des chances qu'il ait réussi à quitter son appartement à temps et se soit réfugié quelque part... Mais avec Nécros, rien n'était moins sûr.
Sa tutrice s'arrêta finalement devant une grande porte en bois et toqua doucement avant d'entrer. Lina l'attendit sur le pas de la porte, nerveuse. Pendant ces deux mois, elle n'avait cessé d'espérer de pouvoir revoir ses amies un jour. Mais maintenant, L'idée qu'elles puissent lui en vouloir la taraudait.
Elle prit une grande inspiration. Quoi qu'il se passe, il fallait qu'ils réussissent à mettre leurs différends de côté s'ils voulaient avoir une chance d'arranger la situation.
« Alors ? Qu'est-ce que l'interrogatoire a donné ? demanda une voix qui, Lina la reconnaissait, appartenait à l'un des mages du GISEM.
- Elle n'est pas possédée.
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- Lina a réussi, je n'ai pas trop compris comment, à s'immuniser contre les possessions de Nécros. Elle m'a autorisée à lire son esprit, je m'en porte garante.
- Et où est-elle ?
- Juste derrière moi. »
Madame Rita ouvrit grand la porte pour révéler l'adolescente, qui se mordilla la lèvre. Elle pénétra dans la pièce en réfrénant une bouffée d'émotion.
Dans ce qui était vraisemblablement une vieille salle à manger, meublée uniquement d'une large table autour de laquelle étaient rangées plusieurs chaises et fauteuils, étaient rassemblés tous ses amis et des agents du GISEM qu'elle avait côtoyé régulièrement.
Alya avec ses pointes rouge vif en pagaille et les jambes croisées, qui caressait distraitement un grand oiseau de nuit au plumage sombre ; Gabriel qui, avec ses yeux de glace et ses cheveux couleur ivoire, ressemblait à une version plus jeune d'Argon ; Mathieu, son ami du GISEM qui avait fait ses études en même temps que l'apprentissage de Lina ; plusieurs agents du GISEM qu'elle connaissait plus ou moins bien et enfin : Ambre.
L'ex-élémentaliste jouait distraitement avec quelques mèches de sa chevelure couleur miel tressée en une natte lâche, la dévisageant de son regard de braise avec un mélange d'incrédulité, de joie et de méfiance.
Tous les regards s'étaient posés sur la télékinépathe, qui sentit le rouge lui monter aux joues. Il lui semblait bien qu'elle devait dire quelque chose, mais elle ne savait pas quoi.
« Écoutez... commença-t-elle d'une voix hésitante. Je sais que certains d'entre vous doivent sans doute m'en vouloir, et vous auriez raison parce que je suis en partie responsable de tout ce qu'il s'est passé... »
Elle expira tout l'air de ses poumons. Autant aller droit au but.
« De l'autre côté du portail, j'ai pu retrouver les nécro-mages qui avaient disparu pendant la Révolte et ensemble, on a mis au point un plan qui pourrait nous permettre de se débarrasser de Nécros. Mais pour ça, j'ai besoin de votre aide. »
Un grand silence suivit sa déclaration. Puis, Alya, fidèle à elle-même, balança ses pieds chaussés de lourdes bottes noires pleines de terre sur la table et lança :
« T'as intérêt à avoir une sacrée bonne excuse quand même ! Je te laisse deux secondes et paf ! Tu nous déclenches la fin du monde ? »
Elle sourit.
« En tout cas, moi je suis partante ! Ça fait deux mois que je rêve de lui botter le cul, à ce Nécros ! »
Les autres murmurèrent leur assentiment.
« Alors... intervint timidement Gabriel, tu as vu mon père ? Il est vivant ? »
Lina hocha la tête.
« Il n'a pas usurpé sa réputation. J'ai beaucoup appris, à ses côtés.
- Et mon frère ? Raphaël ? Il va bien ? »
La télékinépathe se rembrunit.
« Honnêtement ? Non. Nécros le garde auprès de lui jour et nuit, il s'en sert pour ouvrir tous ses portails. Je ne peux qu'imaginer combien c'est dur, pour lui. »
Elle passa sous silence les dernières images qu'elle avait eu de lui, lorsqu'il l'avait poussé dans un portail en se prenant de plein fouet un coup qui lui était destiné.
« Et c'est quoi ton plan, au juste ? intervint Ambre, qui était jusque-là restée sans rien dire.
- On ne peut pas détruire Nécros. Il est un peu la mort elle-même, si vous voulez. Alors il va falloir qu'on recrée les sceaux qui ont emprisonné. »
Elle se tourna vers Alya.
« Tu te souviens du dernier conte des lucioles que tu m'as fait lire ? Tout est là-dedans. Il y a quatre Créateurs, donc quatre sceaux, plus celui d'Anima. »
Les yeux de l'animiste s'écarquillèrent.
« C'est ça ! Je savais bien que ce nom me disait quelque chose, mais je n'arrivais pas à me souvenir de quoi c'était... »
Elle fronça les sourcils, se remémorant l'histoire.
« Je comprends mieux toutes ces histoires de possessions maintenant, et pourquoi Nécros tient tant à détruire notre monde... Mais du coup, ça veut dire qu'Anima, Gaïa et les autres existent aussi ? »
Lina haussa les épaules.
« Sans doute, mais même si c'est le cas je pense qu'il vaut mieux ne pas trop compter sur leur aide. On va devoir se débrouiller seuls.
- Comment tu comptes procéder, alors ? »
La télékinépathe sourit et planta ses prunelles grises dans celles, dorées, d'Ambre.
« On va avoir besoin d'une élémentaliste primaire. »
Un éclair de douleur passa dans le regard de la concernée. Elle baissa la tête, jouant de plus belle avec sa mèche de cheveux.
« On est mal barrés, alors, articula-t-elle d'une voix amère. Raphaël m'a pris mes pouvoirs, je n'ai plus rien. »
Lina fourragea dans son sweat et en sortit son collier contenant sa goutte de vie et le porteur de mémoire de son mentor, qu'elle brandit fièrement.
« Cette bague, annonça-t-elle, c'est l'alliance d'Argon. Dedans il a mis tous ses souvenirs concernant ses recherches et la création de tes pouvoirs. Grâce à ça, je vais pouvoir les dupliquer ! »
L'ex-élémentaliste fronça les sourcils.
« Euh, pardon ? La création de mes pouvoirs ? »
Lina resta un instant interdite. Ambre ne semblait pas savoir que ses pouvoirs étaient artificiels. Mais dans ce cas...
Elle se tourna vers Gabriel.
« Tu ne lui as pas dit que ses pouvoirs étaient le fruit des expérimentations d'Argon ? »
L'élémentaliste se ratatina sur sa chaise.
« Sur le coup je n'ai pas osé, tenta-t-il de se justifier. Et après, c'était trop tard...
- Quoi ? »
Ambre se leva d'un bond de sa chaise, faisant sursauter tout le monde. Elle était furieuse, mais, plus que sa colère, Lina eut l'impression de se faire poignarder par le profond sentiment de trahison qui émanait de l'adolescente, fruit d'une ancienne douleur qui venait d'être ravivée.
« Et tu comptais garder ça pour toi ? Et moi qui pensais que tu t'en voulais de m'avoir menti, et que tu voulais te rattraper ! » s'exclama-t-elle, les larmes aux yeux.
Elle secoua la tête.
« Visiblement, je me trompais. T'as pas changé, » conclut-elle avant de quitter la pièce à grands pas.
Lina la regarda partir, le cœur serré. Elle avait l'impression qu'elle venait de briser l'équilibre fragile qui s'était instauré entre ces deux-là, qui se complétaient auparavant pourtant si bien.
L'un des mages présents se leva à son tour et déclara :
« Si vous le permettez, je pense qu'il est tard et que tout le monde est un peu à cran. Il vaudrait peut-être mieux qu'on se repose, et qu'on reparle de tout ça plus en détail demain ? »
Un autre acquiesça.
« Cette histoire de conte m'intrigue. Tu crois que tu pourrais nous en fournir une copie, Alya ? »
L'intéressée secoua la tête.
« Je l'ai laissé dans ma chambre, au pensionnat. Il faut que j'aille le rechercher.
- J'aimerais y aller aussi, intervint Lina. Il faut que je récupère quelques affaires.
- Bon, c'est réglé, alors, fit madame Rita en claquant des mains. Mathieu ? »
L'intéressé remonta ses lunettes sur son nez.
« Lina a grand besoin de soins, ce serait bien si tu pouvais l'examiner. »
Cette dernière baissa la tête. Le dernière chose qu'elle souhaitait, c'était que son ami se rende compte de son état de faiblesse. Mais sa tutrice avait raison, elle ne pouvait pas non plus rester sans soins. Ceux que Fabrice lui avait administrés restaient très superficiels.
Mathieu lui fit signe de la suivre, et elle lui emboita le pas.
***
« Lina, je... bredouilla l'incurateur après un examen sommaire du corps de l'adolescente. Je ne sais pas ce qui t'es arrivé, mais je n'avais encore jamais vu ça. Tu as des lésions internes un peu partout, c'est un miracle que tu arrives à tenir debout. Mais ce qui m'étonne encore plus, c'est qu'on dirait que certains de tes nerfs ont été... endormis, ce qui t'empêche de ressentir la majeure partie de la douleur.
- Un autre incurateur est passé avant toi, expliqua Lina, le regard fuyant, mais il n'avait ni le temps ni l'énergie de me soigner correctement. Je pouvais marcher, c'était l'essentiel. »
Mathieu se redressa et planta ses iris chocolat dans ceux de l'adolescente.
« Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? Et ne me dis pas que tu es tombée dans l'escalier, continua-t-il tandis que la télékinépathe ouvrait la bouche.
- C'est Nécros, abandonna Lina en soupirant. Je l'ai mis en colère, et il a voulu me donner un avertissement.
- Il t'a torturée, comprit l'incurateur avec horreur.
- Contente-toi de me soigner, s'il te plaît. Je n'ai pas envie d'en parler. »
Le mage hocha la tête et attrapa délicatement l'un de ses bras. Ses cheveux couleur paille se teintèrent de rouge vif lorsqu'il commença à réparer les tissus abimés de l'adolescente.
Celle-ci frissonna de bien-être. Elle ne s'était pas rendu compte d'à quel point son corps était épuisé. Elle se laissa aller contre son siège tandis qu'une douce vague de chaleur remontait le long de son bras, se sentant réellement apaisée pour la première fois depuis une éternité.
« Dis-moi, Lina, intervint Mathieu. Cette bande noire, sur ton bras, c'est quoi au juste ? »
L'adolescente rouvrit les yeux et contempla son poignet droit. La tâche qui était apparue lors de l'opération alchimique s'était encore agrandie, et l'entourait à présent presque entièrement.
« C'est juste un truc de mage du vide, éluda-t-elle en haussant les épaules. Ne t'inquiète pas, ça va partir. »
Du moins, c'était ce dont elle essayait de se convaincre.
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