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Chapitre 6 - Les changements

La mère de Jack disparut à l'intérieur de sa tente, lui sommant de ne pas bouger. L'adolescente passa un regard désolé sur le camp de fortune qui l'entourait.

Voilà ce que Nécros avait fait de la grande capitale française, en seulement deux mois... Elle n'osait imaginer l'état dans lequel elle serait après le double de ce laps de temps. Est-ce qu'il resterait seulement un souffle de vie dans ses tréfonds ?

« Ah, voilà ! » s'exclama la mère de Jack.

Elle ressortit de la tente avec une pile de vêtements à la main.

« Ce sont des vieux vêtements à Jack. Comme tu dois avoir à peu près le même âge que lui, je pense qu'ils devraient t'aller. »

Lina contempla un instant son sweat gris de poussière et tâché de sang. Elle ressentit d'un coup le besoin urgent de se laver et d'ôter toutes les souillures qui la recouvraient des pieds à la tête, et de frotter, et frotter encore jusqu'à en faire disparaître les moindres traces...

À la place, elle accepta le linge propre en murmurant un petit « merci » reconnaissant.

La femme sourit puis lui fit signe de la suivre jusqu'à un coin du grand entrepôt, où de grands rideaux sombres avaient été accrochés. La mère de Jack appuya sur un interrupteur, allumant une myriade de petites LEDs qui illuminèrent l'endroit. Puis elle souleva un pan des grands draps, révélant un vieux réservoir rempli d'eau, à côté duquel étaient posés quelques affaires de toilette et un miroir de la taille d'une copie simple.

« Je suis désolée, c'est tout ce qu'on a réussi à récupérer dans la pagaille et dans les magasins qui n'ont pas déjà été totalement pillés.

- Merci Madame. C'est déjà beaucoup, » murmura Lina en contemplant la petite salle de bain improvisée.

Il n'y a pas si longtemps, jamais elle n'aurait pensé devoir se laver dans de telles conditions un jour. Une telle idée l'aurait fait frissonner. Mais aujourd'hui, après avoir passé plusieurs semaines dans les cavernes poussiéreuses de l'autre monde...

Elle secoua la tête, et s'aperçut que la mère de Jack était partie sans qu'elle s'en aperçoive. Elle s'approcha du bidon et referma les rideaux derrière elle, puis ramassa un gant de toilette et le trempa dans l'eau avant de s'agenouiller devant le miroir.

Le reflet qu'elle reçut la laissa bouche bée. Ses cheveux fraîchement coupés étaient en pagaille, gris de poussière et parsemés de mèches inégales qui rebiquaient dans tous les sens. Sa peau était pâle, ses lèvres, complètement gercées et l'une de ses tempes, violacée, lui arracha une grimace lorsqu'elle passa un doigt dessus.

Envolée, l'élève exemplaire dont les plus gros soucis étaient de bien se préparer à son prochain contrôle.

Ses yeux gris, quant à eux, étaient sombres et cernés, et bien qu'accablés d'une lourde fatigue, elle fut surprise de remarquer qu'ils brillaient d'une détermination farouche, qui semblait à toute épreuve. D'une certaine manière, ils lui rappelaient ceux d'Argon.

Elle se mordilla la lèvre pour en sentant ses yeux s'humidifier. Son mentor était-il seulement encore en vie, pour lui avoir permis de s'enfuir ?

Elle se força à esquisser un petit sourire.

Tiens bon. Je suis sûre qu'Ambre s'en est sortie et qu'elle a pu se mettre en sécurité avant l'arrivée de Nécros.

Elle se retourna et entreprit de se déshabiller, frissonnant en remarquant l'ampleur des contusions qu'il lui restait. Puis elle s'aperçut qu'au creux de son poignet droit, le petit anneau noir laissé par l'extraction s'était étalé pour former une tâche de la taille d'une pièce d'un euro.

Elle le frotta avec son pouce en fronçant les sourcils. Elle ne ressentait ni douleur, ni démangeaison... Haussant les épaules, elle décida de remettre ses interrogations quant à de potentiels effets secondaires à plus tard. Elle avait plus urgent à faire.

***

Un quart d'heure plus tard, l'adolescente sortit de la petite salle de bain improvisée. Elle se sentait étrangement lourde, tous ses membres étaient gourds... Son corps réclamait son dû : elle tombait de fatigue.

Attirée par les grandes flammes dansantes du brasero, elle s'approcha. Les différentes familles s'étaient déjà rassemblées et discutaient à voix basses. Curieusement, la scène lui sembla un écho des soirées – si l'on pouvait utiliser ce terme dans un monde sans nuit ni soleil – qu'elle avait passé avec les autres nécro-mages, de l'autre côté. Tous ces gens s'étaient rassemblés et entraidés dans l'adversité en mettent leurs différends de côté. Ils formaient comme une grande famille.

La mère de Jack lui fit signe d'approcher et lui tendit un bol fumant et une petite cuillère. L'adolescente s'en empara avec gratitude. À peine eut elle humé l'odeur qui s'en dégageait que son estomac se rappela bruyamment à elle. Elle rougit tandis que la femme pouffait et s'assit à côté d'elle avant de porter le potage à ses lèvres.

Elle eut l'impression que les saveurs explosaient dans sa bouche et enfourna immédiatement une autre cuillerée. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, elle avait avalé tout le contenu de son bol.

« Merci infiniment ! la remercia-elle dès qu'elle eut raclé les dernières gouttes. Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans vous...

- C'est normal. Il faut tous qu'on s'entraide si on veut survivre. Alors dis-nous, d'où est-ce que tu viens ?

- De la banlieue, au nord » mentit Lina.

Elle avait préparé son mensonge pendant qu'elle faisait sa toilette, si bien qu'en étant précautionneuse, elle pourrait répondre à toutes les questions de base que l'on pourrait lui poser. Elle n'avait jamais été très douée pour mentir, mais curieusement, les mots lui venaient assez facilement.

« Je cherche à aller plus au sud, j'ai de la famille qui m'attend là-bas. »

Ce qui n'était pas tout à fait faux, à supposer que son grand-père soit toujours en bonne santé et consente à la revoir...

« Et tu voyages toute seule ? s'étonna la mère de Jack. Tu en as, du courage !

- Est-ce qu'il y aurait un moyen pour moi de rejoindre le sud assez vite ? »

La femme sembla réfléchir.

« Il me semble qu'il y a des gens qui font la traversée, mais ce n'est pas gratuit... Clément ? ajouta-t-elle, appelant un homme assis un peu plus loin, qui se leva pour les rejoindre. Alya doit partir au sud. Est-ce que tu connaîtrais des passeurs qui vont dans cette direction ?

- Ouais, il y en a, mais ça coûte la peau du cul. »

Il se tourna vers Lina et ajouta d'une voix désolée :

« À moins que tu aies des choses de grande valeur, comme des batteries, du tabac, des médocs ou ce genre de chose, je ne vois pas comment tu pourrais arranger une traversée. »

Lina sortit son smartphone à l'écran fendu. Il avait cessé de fonctionner lorsqu'elle avait franchi le portail, mais n'avait jamais pu déterminer la cause exacte de sa dysfonction.

« Il ne fonctionne plus. Je ne sais pas si c'est parce qu'il est cassé ou qu'il est vide, mais si la batterie vaut encore quelque chose, je suis prête à la donner. Je peux m'en passer.

- On peut essayer de le mettre à charger un instant si tu veux. Histoire de voir si le problème vient de là... »

L'adolescente acquiesça et suivit l'homme. Celui-ci lui présenta un câble que l'adolescente brancha fébrilement. Elle attendit quelques secondes puis essaya de l'allumer, en vain.

« Ça ne nous avance pas beaucoup... »

Elle baissa la tête, se mordillant la lèvre inférieure. À vrai dire, même sans rien de valeur, il lui restait toujours un moyen de traverser. Quelque chose qu'elle s'était jurée de ne jamais utiliser. Mais elle s'était également juré d'employer tous les moyens nécessaires pour retrouver Ambre et réparer les dégâts qu'elle avait causé.

Le dénommé Clément lui tendit son smartphone.

« Reprends-le. On ne sait jamais, tu peux peut-être encore en tirer quelque chose... »

Lina hésita, puis secoua la tête.

« Non, gardez-le. Je trouverai autre chose, et puis, je vous dois bien ça pour m'avoir offert le gîte et le couvert... »

Elle tourna les talons et alla se rasseoir auprès du feu. Jack avait rejoint sa mère et discutait avec elle d'un air enjoué. En voyant l'adolescente, il fronça les sourcils et s'exclama :

« Eh, mais c'est mon sweat ça ! Pourquoi tu le lui as donné Maman ?

- Mais enfin, Jack, le gronda celle-ci. Tu en a d'autres ! Tu peux bien partager un peu ! »

L'adolescent rougit un peu, visiblement honteux, puis grommela :

« Ouais mais celui-là, c'était mon sweat à peinture... »

Lina comprit enfin d'où venaient les tâches multicolores qui parsemaient le tissu couleur ardoise.

- Je peux te le rendre, proposa-t-elle.

- Nan, garde-le. Ça te fera un souvenir, comme ça, se résigna-t-il. Et puis, tu en as plus besoin que moi. »

Il se retourna vers le grand brasero, concluant l'échange.

Lina s'assit un peu en retrait, puis demanda :

« Sinon, est-ce que vous avez des nouvelles du reste du monde ? »

Cette question lui brûlait les lèvres depuis un bon bout de temps, mais elle en craignait la réponse.

« De ce qu'on sait, soupira Clément, les nécro-mages ont conquis presque toute l'Europe de l'ouest, et une partie de l'Afrique. Ils se sont infiltrés un peu partout sur la planète, et chacun se méfie de son voisin, se demandant s'il s'agit d'un mage. Le peu de respect que les grandes puissances avaient les unes pour les autres est parti en poussière. On est au bord d'une guerre nucléaire. Certains se demandent si la Chine ou la Russie ne vont pas faire alliance avec les nécro-mages. Dans tous les cas, il se pourrait bien qu'on ne voie pas la fin de la semaine... »

Lina frissonna. C'était encore pire que ce qu'elle avait imaginé.

« Mais de toute manière, si on ne revoit pas la lumière bientôt, les dernières plantes vont mourir et l'humanité s'éteindra de toute façon.

- Ne sois pas si négatif, le réprimanda la mère de Jack.

- Quoi... Je n'allais pas lui dire que tout va bien et que le monde allait redevenir comme avant quand même ! Elle n'a plus quatre ans !

- Merci d'avoir été sincère, murmura Lina. Au moins, je sais à quoi m'en tenir maintenant. Vous avez bien fait. »

L'adolescente soupira. Elle aurait aimé leur dire qu'un jour, ils pourraient revoir le soleil. Qu'elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour mettre fin au règne de Nécros. Qu'ils devaient garder espoir, et qu'elle reviendrait pour les sauver...

Mais elle ne voulait pas leur donner de faux espoir. Ce serait cruel, et percerait son semblant de couverture pour rien.

Alors, elle resta silencieuse et ramena ses genoux contre elle, laissant ses yeux se perdre dans la danse hypnotique des flammes du grand brasero.

***

Le lendemain matin, Lina s'éveilla avec un mal de tête intense. La veille, elle n'avait cessé de se tourner et de se retourner dans les couvertures qu'on lui avait prêté en guise de lit, ressassant les visions étranges qu'elle avait aperçu dans l'esprit de Nécros.

La plupart ne faisaient aucun sens à ses yeux de mortelle, mais s'il y avait bien une chose qu'elle avait compris, c'était la haine immense qui dévorait l'entité. Mais il y avait plus que ça, au fond. De la... Douleur ? Nécros avait été trahi, et en restait profondément blessé.

Ce qu'il voulait faire subir au Monde, à la Terre, était l'exécution d'une vengeance.

Elle entendit des pieds s'approcher, et on lui secoua doucement l'épaule.

« Alya ? Si tu veux toujours aller trouver le passeur, c'est maintenant ! »

L'adolescente fit semblant de s'éveiller et s'étira, bien qu'elle ait déjà eu les yeux ouverts depuis longtemps.

« Jack ? C'est toi qui m'emmènes ?

- Yep ! Je connais les tunnels comme personne ! Allez, je te laisse dix minutes pour te préparer. Rendez-vous à l'entrée ! »

Il s'éloigna, et Lina se redressa précautionneusement.

Tout son corps était gourd, perclus de courbatures, et des douleurs aiguës la transpercèrent lorsqu'elle tenta de se lever. Elle repoussa les larmes qui brouillèrent son champ de vision et se mordit la lèvre pour s'empêcher de gémir en échauffant doucement chacun de ses muscles, les uns après les autres.

Il lui faudrait bien trouver un incurateur, elle ne pourrait pas continuer indéfiniment dans cet état...

Quelques minutes plus tard, elle rejoignit Jack près de l'entrée.

« Tu sais, si je t'accompagne, c'est parce que le point de rendez-vous est prèsd'un gros centre commercial. J'espère pouvoir en tirer des ampoules en état demarche et de la nourriture, ce genre de chose. »

L'adolescente hocha la tête.

« J'espère que la pêche sera bonne alors.

- Je l'espère aussi, parce qu'on va devoir passer par un bout de galerie qui appartient au gang à Thibaut...

- Le gang de Thibaut, ne put s'empêcher de corriger Lina.

- Ouais, bref, tu m'as comprise. C'est le groupe le plus violent de l'arrondissement, il va falloir être très prudent, ok ? »

L'adolescente déglutit et hocha la tête en signe d'assentiment.

« Allez, en route ! »

Jack déverrouilla la lourde porte et s'effaça pour laisser passer la télékinépathe. Immédiatement, celle-ci projeta sa sonde mentale aux alentours. La voie était libre.

Jack referma la porte derrière lui et tous deux s'engagèrent dans les souterrains. L'odeur qui régnait parut encore plus ignoble à Lina que la veille, mais elle s'abstint de tout commentaire. Jack devait la supporter depuis deux mois.

Les deux adolescents longèrent les murs humides dans un silence quasi-complet, uniquement ponctué du clapotis des eaux usées non-loin et de gouttes s'écrasant au sol. Malgré l'obscurité totale, Jack ne trébucha jamais.

Lina, qui utilisait sa sonde pour repérer où elle mettait les pieds, se rendit compte que l'adolescent avait toujours une main en contact avec le mur.

Il doit sans doute utiliser la magie de la terre pour sentir la pierre des couloirs et repérer le chemin, comprit-elle.

Ils avancèrent ainsi pendant ce qui sembla une éternité aux yeux de l'adolescente. Malgré la présence rassurante de Jack et sa sonde qui la prévenait de toute attaque surprise, avancer ainsi dans le noir complet mettait ses nerfs déjà malmenés en pelote.

Enfin, Jack s'arrêta devant une grille.

« Bon, t'es une mage, toi aussi, donc j'espère que ce que je vais faire restera entre nous, murmura-t-il. Après ça, on sera presque arrivés. »

Il approcha les mains du bas de l'un des barreaux, et se mit à creuser le ciment qui les scellait comme s'il s'agissait de beurre. Sous sa capuche émana une faible lueur verte, signe que ses cheveux avaient pris la couleur de référence des élémentalistes de la terre.

Lina n'avait jamais remarqué que le changement de couleur produisait de la lumière. Est-ce que la couleur noire de la magie du vide brillait, elle aussi ?

Elle mit ses interrogations de côté. Elle pourrait toujours poser la question plus tard à Argon...

Si elle le revoyait.

Pendant ce temps, Jack avait descellé un barreau et s'attaqua à un deuxième, qu'il cala le long du mur. Puis, à la faible lueur de ses cheveux, il lui fit signe de la suivre.

Soudain, quelque chose bougea à la frontière de la sonde de Lina, derrière elle. Elle se crispa. Il y avait deux personnes qui venaient dans leur direction. De peur de faire du bruit, elle mit elle aussi la capuche de son sweat et murmura directement dans la tête de l'adolescent :

« Jack, je... Je crois qu'il y a des gens, derrière nous. »

L'adolescent franchit l'ouverture qu'il avait créée et lui répondit :

« Je sais. Tant qu'ils sont en contact avec le sol, je peux sentir leur position. Continuons à avancer, je ne pense pas qu'ils nous aient repéré. »

L'adolescente déglutit, mais s'astreignit à rester aux côtés de l'élémentaliste pendant qu'il replaçait grossièrement les barreaux. Lorsqu'ils se remirent en marche, elle ne put totalement réfréner son soulagement. Le cœur tambourinant dans la poitrine, tous les sens en éveil, elle s'appliqua à marcher le plus silencieusement possible.

Elle crut manquer de défaillir en se rendant compte que d'autres personnes arrivaient par devant. Jack lui prit la main et accéléra l'allure, avant de faire un virage brusque dans un petit couloir latéral.

D'autres arrivaient encore plus loin, mais à chaque fois, l'élémentaliste s'arrangeait pour les éviter. Il faisait preuve d'un sang-froid remarquable, et l'adolescente eut soudain un peu honte d'elle-même.

Elle avait assisté à la libération de Nécros, subi son courroux et manqué de se faire tuer par le kraken, mais elle avait peur de quelques voyous ? Grâce à sa magie, elle avait pourtant amplement de quoi se défendre. Elle avait passé des heures à s'entrainer dans les galeries vides.

Alors, elle prit une grande inspiration et fit le vide dans ses pensées. Elle ne se laisserait pas aller à la panique. Comme lui répétaient sans cesse son grand-père et madame Rita : « un télékinépathe se doit d'avoir toujours un esprit clair et lucide ».

Elle sentit soudain une personne boucher le dernier tunnel vide, les encerclant tout à fait. Elle portait ce qui ressemblait à une batte de baseball dans une main, et se mit à frapper une cloison métallique à intervalles réguliers en avançant.

Le bruit se répercuta dans toute la galerie comme un gong annonçant l'heure fatidique. Il trouva bien vite des échos parmi les autres groupes qui se rapprochaient, comme des chasseurs refermeraient un filet sur leur proie.

Jack s'arrêta et étouffa un juron. La télékinépathe se rendit compte qu'il tremblait.

Elle posa une main sur son épaule et la pressa. Ils ne se rendraient pas si facilement.

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