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Chapitre 10 - Réminiscences

Ambre claqua la porte menant à un petit balcon, et s'appuya lourdement sur la rambarde rouillée. Elle prit une grande inspiration tremblante pour tenter de se calmer et se passa la main sur le visage.

Elle la retira trempée, et abattit son poing contre le métal froid d'un geste rageur.

Elle n'avait plus aucun pouvoir. Des choses qui lui étaient auparavant devenues aussi faciles que de lire ou de respirer se trouvaient à présent hors de sa portée. Elle avait l'impression d'être infirme, d'avoir perdu l'un de ses sens.

Et à présent, elle apprenait que ses pouvoirs ne lui avaient jamais vraiment appartenu.

« Tu ne lui as pas dit que ses pouvoirs étaient le fruit des expérimentations d'Argon ? »

Alors quoi ? Elle avait des pouvoirs artificiels ? Cette stupide machine n'était pas la première expérience que ses parents lui avaient fait subir ?

Ce n'était qu'un mensonge parmi tant d'autres. Elle n'aurait même pas dû être affectée.

Elle ravala un sanglot et essuya une larme d'un geste rageur. Son œil capta un faible éclat métallique, filet de lumière accroché aux pierres blanches des bracelets qui ornaient ses poignets.

L'adolescente remonta sa manche, dégageant les luminographes qu'elle portait en permanence. Une maigre protection face à la nuit qui avait tout envahi, mais qui la rassurait un tant soit peu.

Au moins, elle n'avait pas perdu cette capacité-là.

Elle frissonna au contact d'un faible souffle d'air frais qui souleva quelques-unes de ses mèches chatoyantes et caressa doucement la longue natte qui reposait sur son épaule. Ses yeux s'égarèrent dans la pénombre.

Peu de temps après s'être installée ici, les mages du GISEM avaient fini par mettre la main sur les réserves de matériel cachées dans les sous-sols jouxtant le pensionnat, comprenant une boîte pleine de luminographes. Ambre en avait reçu une paire, et ne s'en était plus jamais séparé.

En effet, elle avait découvert avec surprise qu'il n'était pas nécessaire d'être mage pour pouvoir les utiliser. Simplement, les personnes qui savaient lancer des sortilèges depuis leur plus jeune âge trouvaient généralement leur fonctionnement beaucoup plus intuitif.

Leur utilisation était somme toute très similaire à certains des sorts les plus basiques, à la différence près qu'au lieu de modeler une énergie déjà présente dans la nature, les artefacts puisaient dans celle de leur porteur.

Au début, elle avait été très surprise de la vitesse à laquelle elle se vidait de ses forces, ne tenant plus que sur des jambes flageolantes. Mais très vite, son corps avait appris à emmagasiner et économiser plus d'énergie, lui permettant de travailler plus longtemps et de tester des choses nécessitant plus de concentration et de précision.

Madame Rita avait été impressionnée par la vitesse à laquelle elle avait intériorisé leur fonctionnement, et ses explications vantant les bienfaits d'un entraînement régulier sur la maîtrise de soi n'avaient fait que renforcer la détermination de l'adolescente.

Ils étaient désormais pour elle comme une seconde peau. Le dernier bouclier qu'il lui restait.

Des pas lourds claquant dans le couloir l'informèrent de l'arrivée d'Alya. Ambre prit une grande inspiration pour chasser un tant soit peu ses idées noires et laissa son amie d'accouder à ses côtés.

« J'ai parlé à Lina. »

L'ex-élémentaliste sourit. Alya ne passait jamais par quatre chemins.

« Et ?

- J'étais curieuse. Après tout, elle a côtoyé Argon pendant deux mois, et elle était là lorsque... Lorsque Raphaël t'a pris tes pouvoirs. »

Ambre sentit ses muscles se tendre et s'obligea à prendre de longues inspirations pour garder son calme.

Alya se tut, attendant que son amie soit prête, avant de poursuivre. Elle lui raconta comment ses parents s'étaient cachés pendant la Révolte, avant de trouver Ambre et de se décider à l'adopter. Que les recherches menées en secret avaient pour but de retrouver leurs proches disparus, et leur terreur en se retrouvant face à Nécros. Et enfin, comment Raphaël avait fait pression sur son frère pour qu'il trouve un moyen d'amener Ambre à lui de son plein gré.

« Ça n'excuse pas ce qu'il a fait, bougonna l'adolescente. Il était libre de refuser.

- Raphaël était sa seule famille, Ambre. La seule qu'il lui restait. Tu devrais pouvoir comprendre ça, non ?

L'ex-élémentaliste lui jeta un coup d'œil désabusé.

- Tu vas vraiment le défendre ?

- J'essaie simplement de te montrer un autre point de vue. Je comprends parfaitement que tu puisses être blessée et lui en vouloir, mais tu dois aussi apprendre à tourner la page ! Ce qui est fait est fait, et on va devoir rester unis si on veut avoir une chance contre Nécros. »

Ambre agrippa une mèche rebelle qui pendait devant son nez et l'entortilla autour d'un doigt.

Alya disait vrai. Elle sentait au fond d'elle qu'elle était un peu puérile, et que Gabriel souhaitait réellement se faire pardonner. Mais c'était au-dessus de ses forces.

Elle lui avait tout donné. Sa confiance, son temps, son cœur ! Et elle ne s'était jamais sentie aussi trahie. Il avait ajouté une cicatrice de plus à son être, peut-être encore plus profonde que celle causée par ses parents, puisque c'était lui qui lui avait permis de guérir et d'oublier.

Elle lui pardonnerait, elle le savait.

Mais il lui faudrait du temps.

* ** *** ** *

Lina craqua une allumette et enflamma la vieille lampe posée sur la table de chevet du lit qu'on lui avait donné. Elle s'empara du miroir de poche qu'elle avait dégoté, scrutant les runes de son porteur de mémoire, et invoqua une petite lame du vide.

Si elle se trompait, sa mémoire pourrait bien être définitivement endommagée. Mais elle ne pouvait pas prendre le risque de garder sa barrette, pas après ce qui s'était passé dans les égouts de Paris.

Elle approcha la lame et fit une petite incision dans le métal pour briser une rune pilier de l'enchantement. Puis, avec précaution, elle retira le petit objet métallique.

Sa mémoire lui était bien revenue.

Elle soupira de soulagement.

« C'est de la magie interdite, tu en es consciente ? »

Madame Rita se tenait dans l'embrasure de la porte et l'observait.

« On n'avait pas vraiment d'autre choix, de l'autre côté. Et, à vrai dire, c'est pas la seule loi des mages que j'ai brisée.

- À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles, je suppose, récita sa tutrice avant de pénétrer dans la chambre. Je peux voir ? »

Lina déposa la barrette dans sa main tendue.

« C'est incroyable, souffla madame Rita. Et moi qui pensais la science des runes perdue à jamais...

- Il y a une grande bibliothèque avec tout un tas d'ouvrages sur le sujet, dans la Forteresse Vide. Enfin, vous le savez déjà puisque vous avez lu mon esprit...

- Et tu penses vraiment être capable de... De recréer de la magie ? »

Lina baissa la tête.

« Oui, même si ça risque d'être assez compliqué... Je ne sais pas encore de quoi je vais avoir besoin.

- On verra tout ça demain. Passe une bonne nuit, en attendant. »

Madame Rita lui rendit sa barrette et s'éloigna. Elle marqua une pause dans l'encadrement de la porte et conclut :

« Je suis contente que tu sois revenue. »

Laissée seule avec ses pensées, l'adolescente sourit. L'affirmation de sa tutrice lui mettait du baume au cœur.

Elle détacha son collier et récupéra l'alliance d'Argon, faisant rouler le métal au creux de sa paume. Elle trépignait d'impatience à l'idée de découvrir son contenu, et savait qu'elle ne fermerait pas l'œil de la nuit si elle ne l'essayait pas.

Cependant, l'anneau pouvait tout de même contenir des souvenirs assez intimes, et en le mettant elle avait l'impression de violer la vie personnelle d'Argon.

Elle hésita une dernière fois puis, d'une main tremblante, passa la bague à son doigt et ferma les yeux.

Un déluge d'émotions, de sensations et d'images déferla dans son esprit, lui donnant le tournis. Elle s'affaissa en arrière sur le lit, ne sachant plus où, ni qui elle était.

***

Elle marchait dans les couloirs poussiéreux. À ses côtés se tenait une adolescente aux cheveux sombres, le visage maculé de poussière laissant entrevoir des traînées plus claires là où des larmes s'étaient épanchées.

Cette dernière accéléra le pas pour parvenir à sa hauteur.

« Dis-moi, Argon...

- Oui ?

- Pourquoi ce surnom ? »

Ce surnom ? Elle s'arrêta net au milieu du couloir, prise de court. Il remontait à si longtemps... Elle n'était alors qu'à peine adulte, et une sacrée idéaliste. Tout ce qui l'intéressait, c'était l'alchimie et l'étude du fonctionnement de la magie. Pourquoi certains hommes pouvaient-ils lancer des sortilèges quand d'autres en étaient incapables, pourquoi les mages possédaient-ils des pouvoirs différents ? Pourquoi pouvaient-ils manier certaines choses, et étaient incapables d'en influencer d'autres ? Il y avait tant à découvrir...

Aujourd'hui, elle se demandait si les réponses à ses questions n'avaient pas un prix trop élevé. Et encore, s'il n'avait s'agit que d'elle... Mais des centaines d'autres mages avaient subi le prix des espoirs qu'elle avait fait germer en eux. Un rêve de posséder d'autres pouvoirs que ceux de la magie du vide...

Elle fit signe à l'adolescente de se remettre en route, et répondit simplement :

« Ça remonte à mes années d'université. En fait, mon vrai nom, c'est... C'est Arthur. Mais ça fait tellement longtemps que plus personne ne m'a appelé comme ça qu'il me paraît presque étranger. »

***

Elle marchait dans les couloirs de la prestigieuse faculté scientifico-magique d'alchimie de Paris, le cœur gonflé d'espoir et de fierté. Le bâtiment avait presque trois siècles, et avait été conservé dans la majeure partie en l'état. Ses chaussures de cuir faisaient craquer le vieux parquet lustré. Elle laissa son regard s'égarer derrière les grandes fenêtres bordées de piliers de pierre gravés. Les jours devenaient plus chauds, et les arbres de la cour se couvraient de bourgeons roses, verts ou blancs. Un rayon doré traversait l'enceinte du bâtiment pour illuminer les tableaux anciens qui semblaient la juger, de l'autre côté du couloir.

Elle était peut-être nécro-mage, mais elle avait réussi les concours d'entrée et allait leur montrer à tous qu'elle pouvait accomplir de grandes choses.

Qu'elle pouvait changer le monde.

***

Elle claqua la porte de son petit appartement et inspira profondément. Héléna était déjà rentrée, et préparait visiblement le repas en chantonnant.

« Chérie ! Mais je t'avais dit de m'attendre ! Tu ne devrais pas faire d'efforts, tu le sais bien ! »

Sa femme pouffa.

« Tu es bête ! Je ne suis pas en sucre ! Ne t'inquiète pas, je fais attention. »

Elle ne put réprimer un sourire et s'approcha de la cuisine. Héléna tourna vers elle ses yeux bleus avec un air rieur. D'une main, elle tournait distraitement une cuillère dans une casserole et de l'autre, elle caressait son ventre rond.

Elle sentit une bouffée de tendresse l'envahir et s'approcha d'elle pour déposer un baiser fugace sur ses lèvres.

« Tu sais, il va falloir qu'on lui trouve un nom... murmura-t-elle en posant à son tour une main sur le ventre de sa femme.

- Tu as une idée ?

- Ça se pourrait bien... »

Elle enfouit son visage dans le cou de sa femme, savourant son parfum léger et le contact de ses épais cheveux bruns.

« Je pensais à Raphaël... Ça te plaît ? »

***

Lina arracha la bague de son doigt et se redressa sur le lit, haletante. Il fallait qu'elle se ressaisisse. Ces souvenirs n'étaient pas les siens !

Elle se passa une main tremblante sur le visage, et la retira couverte de larmes.

La mémoire d'Argon était à la fois douce, mélancolique et pleine d'espoir. Il chérissait ces souvenirs et s'y était accroché durant ses périodes les plus dures, gravant toutes ces scènes dans les moindres détails...

L'adolescente avait l'impression d'être une intruse et à la fois, pendant un court instant, elle avait cru que... Que ces souvenirs lui appartenaient. Mais ils n'avaient jamais existé et elle ressentait un tel vide dans la poitrine...

Ressaisis-toi. Ressaisis-toi.

Elle prit une longue inspiration. Il fallait qu'elle se concentre sur son but : les recherches d'Argon. Les ingrédients nécessaires à la reconstruction des échantillons.

***

Elle redressa la tête, le souffle court. Non... Argon redressa la tête, contemplant avec stupeur les quatre fioles brillantes alignées devant ses yeux.

Ça... Ça avait fonctionné ? Il avait vraiment réussi ?

Il avait réussi à recréer de la magie ! Il avait enfin réalisé son rêve...

Il manqua de sauter de joie, des larmes troublant sa vision. Après toutes ses années de recherches, il allait enfin pouvoir...

Pouvoir quoi ?

La réalité s'écrasa soudain sur lui, lui coupant le souffle.

C'était une avancée majeure pour le monde des mages. Qui pouvait très bien changer la face du monde à jamais.

Devait-il remettre le fruit de ses recherches au conseil des mages ? Le distribuer en secret aux nécro-mages ? Que déciderait le GISEM s'il apprenait leur existence ? Approuverait-il leur utilisation, ou bien déciderait-il d'enfermer ces nouvelles découvertes à double tour, voire de les détruire afin de retarder l'immense chamboulement qu'elles représentaient ?

Et si ces échantillons parvenaient aux mains des non-mages ? Serait-il possible de vivre dans une société libérée de la loi des mages, dans laquelle la magie ferait partie du quotidien de chacun ? Dans laquelle les avancées spectaculaires de la magie permettraient de seconder la science afin de sauver des vies, de résoudre les problèmes auxquels l'humanité faisait face ?

Il secoua la tête. Son idéalisme lui jouait encore des tours. Mais tout de même... Y avait-il une chance, même infime, que cela puisse se produire ?

Il fallait qu'il prévienne Carl et Héléna. Ensemble, tous les trois, ils trouveraient une solution. Ils en avaient toujours trouvé une.

***

Lina se concentra, faisant de gros efforts pour ne pas se laisser happer par le déluge d'émotions et d'images qui submergeait ses sens.

Il fallait qu'elle remonte un tout petit peu avant... Là !

À demi aveugle, elle tâtonna dans la pièce, manquant de trébucher, et se précipita sur les quelques feuilles que les mages avaient laissé à sa disposition. Elle invoqua le sortilège d'encre qu'elle avait coutume d'utiliser de l'autre côté et nota fébrilement tout ce qu'elle voyait à travers les souvenirs d'Argon.

Puis, épuisée, elle retira l'alliance et la passa à nouveau à son cou avant de s'effondrer sur son lit.

Argon avait bien changé, depuis, mais il y avait encore cette étincelle de joie enfantine qui faisait encore parfois surface, lorsqu'il travaillait, ou mettait au point ses théories... Même Nécros n'avait pas réussi à l'éteindre totalement.

Si lui avait pu résister toutes ses années, alors l'adolescente pouvait faire de même. Nécros n'était pas aussi puissant qu'il aimait à le penser.

L'adolescente s'endormit sur cette pensée, déterminée à mener sa mission à bien.

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