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Chapitre 29 - La dernière pièce du puzzle

Lina prit une grande inspiration et franchit la lourde porte séparant le GISEM de l'école pour mages. Normalement, elle aurait dû passer comme à son habitude chez son grand-père avant les cours avec sa tutrice, mais elle ne s'en sentait pas le courage.

Elle ne comprenait plus rien.

L'inconnu de la bibliothèque n'était-il pas censé enlever Ambre pour mener ses projets à bien ? Et pourquoi l'avoir laissée partir ? Elle qui aurait pu le dénoncer en quelques secondes grâce à sa télékinépathie ?

Mais qui ne l'avait pas fait... Pourquoi... Pourquoi ?

Elle devait tout raconter à madame Rita. Maintenant. C'était plus que du bon sens, c'était son devoir.

Rien que le fait d'y penser la rendait nauséeuse. Elle franchit la porte sur ses jambes flageolantes et pénétra dans le GISEM. Tout était calme, et vide. Et pourtant, elle n'avait pas fait deux pas à l'intérieur que tout le poids d'une tension difficilement contenue se déversa dans son esprit affaibli.

Elle serra les dents et avança à l'intérieur.

Sa tutrice n'était pas à l'accueil à l'attendre comme à son habitude. L'adolescente en fut presque soulagée. Elle s'approcha du bureau ordinairement immaculé au-dessus duquel monsieur Machon était plongé dans une liasse de feuilles. De nombreux cercles bruns séchés témoignaient de tout le café que le fonctionnaire avait bu depuis son début de service.

Sa nuit à lui non plus n'avait pas dû être très longue.

« Désolée Lina, marmonna le mage en levant brièvement les yeux de son rapport. J'ai peur que ta séance d'aujourd'hui ne soit annulée.

- Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ? » demanda l'adolescente, tentant de paraître surprise.

En elle-même, elle était sûre de connaître déjà la réponse, et redoutait de l'entendre à voix haute. La réponse tomba, et chacun de ses mots sonnèrent comme autant de poids qui s'abattirent sur ses épaules.

« Les nécro-mages se sont évadés, emportant avec eux leur machine. Et le pire, c'est que l'alarme n'a même pas sonné. Personne ne sait comment ça a pu se produire, on ne s'en est rendu compte que lorsque le gardien est passé faire sa ronde. »

Lina baissa la tête et se pinça les lèvres. Elle entendit le fonctionnaire se lever en faisant grincer son siège.

« Lina, ça va ? »

L'adolescente releva les yeux. Monsieur Machon contournait son bureau pour s'approcher d'elle. Elle n'osa pas formuler un mot.

« Tu es toute pâle. Tu devrais peut-être aller te reposer un peu, non ?

- J'ai juste mal dormi, » prétexta Lina d'une voix faible.

Même à ses propres oreilles, la réponse sonnait fausse.

« Qu'est-ce que tu dis ?

- Rien. Vous avez peut-être raison. Au revoir, monsieur. »

Elle tourna et talons et partit d'un pas robotique.

Tout cela ne rimait à rien. Il lui manquait une pièce. Le dernier élément qui lui permettrait de comprendre pourquoi cet homme était venu chercher ses complices et la machine, mais pas Ambre.

Si c'était pour ne pas se faire remarquer, ou ne pas éveiller les soupçons, c'était raté. En plus, à présent que le GISEM était au courant, elle était sûre que certains mages surveilleraient Ambre, pour être sûr que l'histoire ne se répète pas.

Au moins, tenta-t-elle de se rassurer avec un pincement au cœur, je n'ai plus besoin de tout aller raconter à ma tutrice. À présent, mon témoignage ne servirait pas à grand-chose...

Mis à part le fait qu'elle connaissait le visage de cet homme. Qui était-il réellement ? Était-il possible qu'Argon ait eu un fils ?

Elle n'en avait trouvé mention dans aucun des livres, manuels, ou journaux de la bibliothèque qu'elle avait pu lire.

« J'ai fini de retranscrire la fin du dernier conte des lucioles, annonça fièrent Alya lorsqu'elle passa la porte de la chambre. Oh, ajouta-t-elle en la voyant, je pensais que c'était Ambre. Tu n'es pas censée aller voir ton grand-père aujourd'hui ?

- Si, mais je ne me sens pas très bien. Et puis, tu as vu tout ce qu'il pleut dehors...

- C'est vrai.

- Est-ce que je pourrais lire la fin ? demanda soudainement Lina. Ça pourrait peut-être me changer les idées...

- Pas de problème, lui répondit Alya avec un grand sourire. Mais tu sais, j'avais remarqué que tu n'étais pas dans ton assiette ces derniers temps. Quoi qu'il se passe, tu peux m'en parler tu sais ? C'est fait pour ça, les amis.

- Merci, fit Lina avec un petit sourire. C'est rien, ne t'inquiète pas. »

Au fond d'elle-même, elle avait désespérément envie de tout lui révéler, de A à Z. Mais qu'est-ce qu'Alya pourrait bien penser d'elle après ça ? Et de sa conduite de la veille ?

Sans un mot de plus, elle s'assit sur son lit et cala son oreiller derrière ses omoplates. Alya lui tendit son épais classeur brun et se réinstalla sur son lit avec un carnet, probablement pour griffonner un énième portrait de ses amis de la forêt.

Lina l'ouvrit délicatement, et se replongea dans le conte des lucioles.

Nécros, exilé loin des autres Entités, fut peu à peu envahi d'une haine à nul autre pareille pour le monde, qui lui avait volé Anima. Il conserva pour cela la frêle feuille désormais vide de toute vie, afin de lui rappeler en toutes circonstances ce qu'il considérait comme une trahison. Il s'empara du lieu devenu sa prison pour le remodeler à sa guise et y construire un immense château : sa Forteresse Vide, qu'il protégea de multiples sortilèges et enchantements. Il commença ensuite à formenter, puis à se consumer tout entier dans la préparation de sa revanche.

Si le Monde rejetait son influence, il s'en emparerait d'une autre manière. Il s'immiscerait dans ses entrailles, le rongerait de l'intérieur. Et lorsque les Créateurs s'en rendraient finalement compte, il serait déjà trop tard : leur bel édifice s'effondrerait sur lui-même pour ne laisser que cendres et désolation.

Nécros profita d'une courte absence des Créateurs pour s'immiscer dans le Monde. Il prit l'apparence de l'espèce qui y dominait afin de passer inaperçu, l'Homme, et se mit en quête de tous ses membres importants, influents ou dirigeants pour les entraîner dans son antre. Il usa ensuite des propriétés magiques que lui offraient sa Forteresse pour s'accaparer leur âme et les soumettre à sa volonté, en faisant ainsi des marionnettes totalement dénuées de libre arbitre, qu'il renvoya ensuite dans leur milieu d'origine.

Dès lors, Nécros put prendre le contrôle du Monde. Petit à petit, manouvrant toujours dans l'ombre de sorte qu'aucun des Créateurs ne put soupçonner sa présence, il y instilla les pires fléaux : il multiplia les injustices, créant ainsi la tristesse, la douleur et la colère, qui firent ensuite naître la haine, la vengeance et la destruction. Le Monde ne fut plus bientôt que crimes, vols, désolation, famines, guerres, ... Nécros prenait plaisir à saboter petit à petit chacun des efforts des quatre Créateurs pour redresser une situation qui leur échappait chaque jour un peu plus.

Dans un élan de vanité, Nécros décida alors d'accélérer le processus. Il s'empara de tous les délaissés, les personnes nourrissant du ressentiment ou une profonde colère due à ses actions pour en faire à leur tour des pantins à sa solde. Puis il offrit à l'ensemble de ses marionnettes une fraction de son pouvoir. Ce fut ce pouvoir qui fit comprendre aux Créateurs l'origine du désastre qui les accablaient. Ils cherchèrent alors Nécros durant nombre de lunes, mais sans succès. L'entité du vide possédait de multiples facettes, et ses ombres changeantes se dérobaient toujours à la lumière de la vérité.

Les Créateurs eurent alors l'idée d'un stratagème pour se débarrasser de Nécros. Anima, suppliante, lui lança un appel qui l'informait être prête à renoncer à s'occuper du Monde, à condition qu'il cesse son funeste travail. Nécros se montra alors à elle, et l'enlaça à nouveau. Il lui expliqua que le Monde ne serait bientôt plus que cendres fumantes, et qu'il était mieux de cesser d'essayer de sauver ce qui ne pouvait pas l'être. Anima fit semblant d'approuver ses paroles, détournant ainsi un instant ses pensées du Monde.

Les Créateurs profitèrent de son absence pour retourner la stratégie de Nécros contre lui et choisir à leur tour des représentants, à qui ils léguèrent une fraction de leur pouvoir. La majeure partie de leurs créations avaient perdu foi en eux pour se tourner vers Nécros, aussi durent-ils redoubler de discernement pour choisir les personnes à même d'accomplir leurs desseins.

Les nouveaux élus des Créateurs sillonnèrent le Monde à la recherche de tous les pantins de Nécros et les mirent hors d'état de nuire. Lorsque Nécros pressentit ce qu'il était en train de se passer, il entra dans une rage extrême. Les Créateurs tentèrent de le repousser, mais Nécros les balaya facilement. Anima seule fut en mesure de lui résister. Elle repoussa chacun de ses assauts, un à un. Mais Nécros avait avec lui toute la force de sa haine et de sa vengeance ; Anima n'avait pour elle que l'énergie du désespoir. Elle lutta encore et encore, dans la plus longue bataille que l'on n'ait jamais connue.

Mais Anima finit par sentir ses forces décliner, peu à peu, tandis que Nécros se nourrissait de ses faiblesses pour augmenter un peu plus ses forces à chaque instant. Sentant qu'elle ne pourrait pas tenir indéfiniment, Anima enferma l'essence de sa magie dans une petite pierre blanche, qu'elle confia aux Hommes. Seule cette pierre devint à même de discerner la nature des pions de Nécros et de les repousser. Ce fut son dernier cadeau pour le Monde qu'elle chérissait tant.

Elle rassembla ses dernières forces et repoussa Nécros très loin, jusque dans sa Forteresse Vide dont elle scella l'entrée de son dernier souffle. Ainsi Anima disparut-elle, laissant derrière elle le Monde capable de se défendre, mais incapable de de créer de nouvelles choses sans perdre une partie de ce qu'il possédait déjà.

Les Créateurs furent à jamais inconsolables de la perte d'Anima. Ils apposèrent à leur tour leur sceau pour enfermer Nécros à jamais dans sa Forteresse, puis, ne pouvant supporter la vue du Monde pour lequel Anima était désormais absente, ils s'éloignèrent et le laissèrent vivre par lui-même. Ce fut le début de la quatrième et dernière ère, celle dans laquelle nous vivons encore aujourd'hui : le temps de l'indépendance.

On raconte que les marionnettes de Nécros, bien que libérées de l'emprise de l'entité lors de son enfermement, conservèrent la fraction de puissance que leur avait légué ce dernier. Les représentants des Créateurs, ne se doutant pas de leur libération, continuèrent de les traquer sans relâche, aussi durent-ils cacher leurs capacités pour espérer vivre en paix.

Il est dit que seul un représentant des quatre Créateurs et possesseur de l'héritage d'Anima deviendra maître des sceaux qui retiennent Nécros prisonnier.

Lina sentit sa tête dodeliner. Ce conte semblait étrangement être un écho à la situation qu'elle vivait. Les mages du vide, rejetés par leurs semblables, et leur impossibilité de toucher les petites pierres blanches composant les luminographes...

Ambre entra en coup de vent dans la chambre, la faisant sursauter. Elle récupéra son manteau, un parapluie et deux-trois autres bricoles avant de repartir vers la porte à grands pas.

« Où est-ce que tu repars encore ? lui lança Alya. On ne te voit quasiment plus, toi non plus, ces derniers jours !

- Il ne pleut plus alors je pars avec Gabriel, il veut me présenter son frère ! » répondit l'élémentaliste avant de claquer la porte.

Alya leva les yeux au ciel.

« Gabriel, toujours Gabriel ! À croire que c'est son premier petit copain ! » soupira-t-elle avant de se replonger dans son croquis.

Gabriel...

Lina ferma les yeux. Elle avait déjà échangé deux ou trois mots avec le jeune homme, mais sans plus. Ce qui n'était pas étonnant vu qu'il était arrivé peu après Ambre, il y a quelques semaines tout au plus...

Le visage de l'élémentaliste s'afficha dans son esprit, avec ses cheveux presque blancs et son regard de glace un peu timide. Ses traits ne lui étaient pas si inconnus que ça, en réalité.

Elle l'avait déjà vu tant de fois, pendant ses recherches...

Au visage du jeune garçon se superposa dans son esprit celui, tristement connu, du meneur de la Révolte, puis celui de l'homme de la veille.

Ses yeux s'écarquillèrent.

Elle se redressa d'un bond, les oreilles bourdonnantes. Alya se retourna et lui demanda quelque chose, mais elle ne l'entendit pas.

Elle avait trouvé.

Gabriel était la dernière pièce du puzzle.

Argon n'avait pas eu qu'un seul fils.

Elle sauta sur ses pieds et, attrapant son manteau et son écharpe, se rua en dehors de la pièce en criant à une Alya ahurie :

« Si je ne suis pas revenue d'ici une demi-heure, préviens le GISEM ! »

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