4. Absurde
/Absurde (adj) : contraire à la logique, à la raison où au sens commun./
J'arrivais au restaurant avec une minute de retard.
La route jusqu'à cet endroit avait été un véritable enfer et les conducteurs ne se sentaient pas d'humeur charitable ce soir. Les conducteurs ne se sentaient jamais d'humeur charitable, à dire vrai.
Je suis acceuilie par un serveur dont les cheveux gominés rayonnaient presque sous l'effet du gel.
- Mademoiselle, puis-je vous aider ?
D'humeur plutôt anxieuse, je pris un certain temps à lui répondre :
- J'ai rendez-vous avec quelqu'un, ici. Je précise avec une expression pincée. J'avais l'impression que les murs se cloitraient contre moi et que je n'arrivais plus à respirer. Certes, c'était un restaurant Chic et cher, mais je ne m'attendais pas à ce que tous les gens assis à leur table me regardent avec insistance.
Le serveur me rend une petite grimace qui ressemblait vaguement à un sourire :
- Puis-je vous demander avec qui ?
A ce moment, mon cœur rata un battement. Une main s'était posée sur mon épaule et à en juger par la réaction de mon corps, l'Etranger était derrière moi. Le serveur pâlit à vue d'œil, avant de me jeter un regard suppliant :
- Ah, m-monsieur Giovanni, c-c-c'est un réel plaisir de v-vous voir ce soir. Si vous voulez bien me suivre. Dit le serveur en bégayant pathétiquement lorsqu'il le vit, je ne savais pas si je trouvais ça comique où effrayant.
A en juger par les regards horrifiés de certains clients et de l'accommodation presque irréelle du personnel, je dirais qu'être effrayée serait un bon choix. Cet homme si irrésistible était un homme de pouvoir, dangereux et je en savais pas si j'étais prête à savoir à quel point il l'était où ce qu'il faisait pour pouvoir faire ramper n'importe quel personne sur son chemin.
Nous passâmes à côté de plusieurs tables et finalement, le serveur nous indiqua une table au fond de la pièce. Et bien qu'en accord avec l'ambiance chaleureuse du restaurant et décorée de la même façon, Cette table était beaucoup plus intime que les autres et criait presque qu'elle n'était pas fait pour les gens ordinaires. C'était le genre de coin où l'on discutait de choses que l'on ne voulait pas que les gens sachent. Le genre de tables faites pour L'étranger.
Je m'assis sur ma chaise avec soin. Je n'avais pas l'impression d'appartenir à ce genre d'endroit.
- Qualidad. Souffla L'étranger en me regardant.
- Je ne connais toujours pas votre nom. Dis-je avec un brin de sarcasme. Au moins, cette facette de ma personnalité ne m'avait pas abandonnée.
- Alessandro. Tu n'as donc pas fait tes devoirs. Qualidad Taliaferro. Repondit-il de sa voix profonde.
Il avait fait ue recherche sur moi. Putain, je ne savais pas comment réagir face à ça :
- Mais vous avez fait les votre à ce que je vois...
- C'est une démarche de routine. Souri-t-il en haussant légèrement les épaules ce qui me permit de faire une inspection de sa tenue. Il portait un haut Beige dont les manches étaient retroussées et laissait voir qu'à son poignet se trouvait une montre qui valait sûrement plus cher qu'un an de loyer de mon appartement. Ses mains puissantes étaient rugueuses, signe qu'il n'était pas un homme qui se contentait de donner des ordres mais qu'il mettait souvent la main à la pâte. Un homme d'action. Un homme qui n'avait pas hésité à faire une recherche sur moi avant de m'inviter à dîner, qui savait tout de ma petite existence mais dont je ne savais rien.
Le serveur apporta une bouteille de vin blanc et s'empressa de nous servir avec de grands gestes dramatiques. Un peu plus et je roulerais des yeux incontrôlablement.
Avant de partir, le serveur murmura quelque chose à l'oreille d'Alessandro qui hocha simplement la tête avant de retourner son attention vers moi. Je lui jetai un regard inquisiteur mais il ne me répondit pas, se contentant de désigner mon verre de vin du regard.
- Buvez. Articula-t-il.
Je ne me fis pas attendre et pris une grande gorgée sur liquide, engouffrant presque la moitié de mon verre en une seul prise. Mes nerfs étaient à vif. Il continua de me fixer et je finis mon verre.
Satisfait, il me resservi :
- Savez-vous qui je suis, mademoiselle Taliaferro ? Me demanda-t-il en se laissant aller sur son siège.
Je fis 'non' de la tête.
Mais j'aimerais bien le savoir, voulus-je ajouter sans y arriver. L'effet qu'avait cet homme sur moi était absurde !
- Evidemment que vous ne le savez pas, sinon vous ne m'auriez pas approché...Vous auriez eu raison. Finit-il en approchant son verre de ses lèvres. J'étais fascinée par ce spectacle et ne pu m'empêcher de suivre le mouvement de sa langue lorsqu'il la passa distraitement sur sa lèvre inférieure.
Dieu du ciel. Reprendre contenance n'avait jamais été aussi difficile qu'à ce moment-là.
Dans ses paroles, je discernais une nuance qui ressemblait beaucoup à une menace. Revigorée par le vin blanc, autrement dit, mon courage liquide, je lui demandais :
- Qu'est-ce que vous voulez dire par-là ?
Il plissa les yeux et une ombre de danger traversa son regard prédateur.
- Rien de plus que ce que j'ai dit. Je ne suis pas un homme dont on cherche à apprécier la compagnie.
Je hochai la tête, comme si je savais exactement ce dont il parlait mais n'en ayant aucune idée.
- Je suis curieux, petite. Est-ce que c'est dans ta nature de faire confiance aux gens aussi facilement ?
Une boule se forma dans ma gorge à la mention de ma confiance presque aveugle envers les autres. A ce qui m'était arrivé lorsque j'avais accordé ma confiance à Matt et à Mira. L'image atrocement vive du couple dans ma chambre apparut dans mon esprit. Je fis mon possible pour ravaler les sentiments de rage et de tristesse qui venaient de survenir. Ce n'était ni le lieu ni le moment pour pleurer les larmes de mon corps.
- Je suis juste plus enclin à voir le meilleur en chaque chose. Eructais-je doucement.
Il hocha la tête lentement sans me quitter du regard avant d'appeler le serveur et lui demanda de nous apporter ce qu'il y'avait au menu. Il revint quelques minutes plus tard avec une carte qu'il tendit à Alessandro et s'eclipsa. Je haussai un sourcil en sa direction :
- Pourquoi vous avez droit à une carte et pas moi ? Le questionnais-je en fronçant les sourcils.
Alessandro releva son regard vers moi et un lèger sourire étira ses lèvres.
- Vous ne me faites pas confiance pour choisir ?
- Non, j'ai confiance en votre goût, mais je voudrais avoir le choix de voir la carte où de m'en remettre à vous. Dis-je en regardant mes doigts noués sur mes genoux.
- Très bien, mademoiselle. Je ferais en sortes que l'on vous donne une carte à vous aussi, la prochaine fois.
- Qu'est-ce qui vous fait croire qu'il y'aura une prochaine fois ? Peut-être qu'après ce dîner, je n'aurais plus envie de vous revoir. Je pris une nouvelle gorgée de vin après ma réplique.
Le rire rauque d'Alessandro résonna dans mes oreilles comme la plus belle des mélodies. Putain de merde qu'est-ce qu'il est beau. Il avait rejeté la tête en arrière, me laissant revoir à mon aise son cou mâle et sa mâchoire puissante que je pourrais mordiller à l'infini.
- Ah, Cara mia, ton audace et ton cran me plaisent beaucoup...Et si tu ne veux pas me revoir après ce soir, je comprendrais Qualidad.
Ses dernières paroles sont empreintes d'une émotion que je ne connais que trop. Un vague chagrin qui signifiait qu'il avait l'habitude qu'on l'abandonne. Mon cœur se serra douloureusement dans ma poitrine et sans réfléchir, toujours aussi courageuse grâce au vin délicieux qui avait gracié mes lèvres, je posai ma main sur la sienne, bien en vue sur la table. Il me jeta un coup d'œil curieux mais aussi prudent avant de serrer ma main dans la sienne. J'aimai tout de suite notre différence de taille, car sa paume engouffrait la mienne et me donnait envie de la tenir durant le restes de mes jours.
- Tu ne sais pas ce à quoi tu t'engages, Tesoro. Tu n'as pas la moindre idée de ce qui pourrait arriver... Fit-il en me dévorant des yeux.
Je restai silencieuse, pensant ses mots. Je n'avais aucune idée de ce qu'il voulait dire par là, mais je comprenais qu'il ne voulait pas que je sois avec lui. Pourquoi ? Parce qu'il se juge dangereux où parce qu'il pense qu'il pourrait me faire du mal ? Naïvement, je rejetai l'idée qu'il puisse me blesser intentionnellement. Impossible. Me dis-je. Où, si ? Je n'en savais rien. Je ne savais de cet homme que le nom.
- Quel âge as-tu, Alessandro ? Je change de registre, je cherche plus de familiarité, plus d'intimité. Peut-être que si nous discutions de lui plutôt que de moi, je pourrais alors me détendre, apprendre à le connaitre plutôt que de débiter des niaiseries et me consoler en avalant un verre de vin. Avec alessandro, je ne savais pas sur quel pied danser et c'était ce qui me rendait mal-à-l'aise.
- Quel âge me donnerais-tu ?
Je le regarde. Je regarde ses yeux fascinants, ses pommettes hautes, sa cicatrice blanchâtre qui contrastait merveilleusement bien avec ses traits finement ciselés son regard ténébreux qui renfermait secrets et promesses.
- 26 ans ? Hasardai-je.
- Presque.
- 27 ?
Il me sourit :
- J'ai vingt-neuf ans, cara.
Eh bien il ne faisait pas son âge. Alessandro était au bord de la trentaine. Putain, il avait six ans de plus que moi. En avais-je quelque chose à faire ? Devrais-je m'en inquiéter ? Probablement, mais je ne fis que hocher la tête. J'avais l'impression que c'était ce que je faisais depuis le début de la soirée.
Le serveur vint avec nos plats et en ouvrit les cloches en énonçant le nom de la nourriture avec un accent snobinard. Je levais les yeux au ciel, exaspérée, au plus grand amusement d'Alessandro qui m'observait. Il ne me quittait pas des yeux, comme s'il avait peur que je m'enfuie où que je disparaisse, je trouvais ça étrange.
- Manges. Ordonna-t-il en caressant ma main avec son pouce distraitement.
Je fronçais les sourcils, voulant lui faire remarquer que je n'étais pas sa chienne, mais je ravalais ma remarque. Je ne voulais pas ruiner le dîner.
Je pris un bout de pain qui fondit dans ma bouche comme une brioche et après quelque coups de fourchette successifs, je réussi à prendre un peu de tous les ingrédients de l'assiette et à les mettre en bouche.
La saveur incroyable des aliments titilla mes papilles comme un milliers d'épices à la fois et le mélange exquis me fit gémir. Putain ce que c'était bon. Le restaurant avait beau faire l'effet d'une réception formelle, leur cuisine était un régal.
- Tu as goûté ? Demandais-je en me préparant à engouffrer une nouvelle bouchée. Ses yeux étaient plus sombres qu'avant.
- J'aime beaucoup te voir manger, Tesoro, j'aime quand une femme n'a pas peur de ce qu'il y'a dans son assiette.
Il devait en avoir vu beaucoup, de femmes. Il était après tout le genre de gars pour lequel n'importe qui se retournerait sur son passage.
J'ignorais sciemment ma conscience qui me rappelait que je mangeais comme une affamée et que j'aurais mieux fait de prendre une salade. Je n'étais pas un oiseau, ni une tortue, aller dehors pour manger de la salade ne ferait probablement jamais partie de mes plans. Contrairement à ma sœur qui elle, passait son temps à vérifier son tour de taille et qui avait la silhouette d'un mannequin, moi j'étais plutôt petite de taille et mes formes étaient beaucoup plus prononcées. Et voilà ce que ça avait donné, mon ex-petit copain l'avait fourrée et c'était bien foutu e de ma geule.
Peut-être que j'aurais dû faire plus attention, pensai-je amèrement.
Je finis mon verre et Alessandro m'en proposa un autre, je refusais, sachant que j'avais déjà atteint un stade de contentement propre à un excès d'alcool. Heureusement, je tenais mieux l'alcool que beaucoup d'autre. Mes cinq verres de vin ne suffisaient pas à me rendre complètement saoule où pompette jusqu'à n'en plus tenir debout. Je savais cependant que j'avais les joues plus rouges, les pupille un peu plus dilatées que d'habitude et que mon esprit en sevrage depuis presque trois moi me suppliait presque de me jeter sur Alessandro.
Oui, parce que Matt voulait que l'on attende jusqu'aux noces avant de reprendre nos relations sexuelles, pour 'Préserver la magie du moment'. Le salaud était tranquillement en train de se faire ma sœur alors que je me tuais à choisir des putains de robes de mariée. Je détestais les mariages à la base, alors en préparer un avait été une tâche comme pas d'autres.
Je soupirais.
J'avais fini mon assiette et Alessandro avait à peine touché à la sienne.
- Dessert ?
Je rougis à sa suggestion parce que ma conscience qui sirotait encore son vin avait compris sa suggestion autrement et s'était levée en hochant la tête vigoureusement se transformant en salope intérieure.
Alessandro ne fit aucun commentaire sur mon état, mais je devinais à son léger sourire qu'il savait exactement où s'était dispersées mes pensées.
- Pas de dessert, alors, Cara. Je ne dis rien, me contentant de sourire timidement.
Il se leva et prit ma main dans la sienne, je me levais en retour et nous quittâmes le restaurant. Le serveur nous souhaita une bonne soirée, mais aucun de nous ne répondis. Moi, parce que j'étais trop engrossée par la sensation de sa main dans la mienne et lui pour une raison que j'ignorais totalement.
- Lorenzo, pourrais-tu apporter la voiture ? Demanda Alessandro en tenant son téléphone contre son oreille. Je voulais mordiller cette oreille aussi.
Putain, mais qu'est-ce qu'il m'arrive. Je ferme les yeux, essayant de remettre ma salope intérieure en cage.
- Je peux me conduire toute seule, ma voiture est à deux pas d'ici. Vous n'aurez qu'à m'indiquer où je dois aller. Dis-je en le fixant.
Il secoua la tête légèrement :
- J'insiste, Cara. Quelqu'un viendra la déposer chez toi demain matin avant que tu n'aille travailler.
Encore une fois, je fis la sourde oreille à son ton patronisant et hochai la tête avant de lui tendre mes clés de voiture qu'il mit dans sa poche en un mouvement fluide.
Nous traversâmes quelques ruelles qui semblaient désertes. Il était presque minuit. Je ne m'étonnais même pas de ne pas avoir vu le temps passer, Alessandro devait sans doute maîtriser l'art de la distraction.
Peut-être même pouvait-il faire en sorte de contrôler le temps ? Fit ma conscience d'une voix moqueuse.
Une voiture noire nous attendais prés d'un magasin fermé 'Glam's'. Jamais entendu parler de cet endroit. Peut-être que j'irais y faire un tour un de ces jours ?
Alessandro m'ouvre la portière et je lui souris avec gratitude avant d'entrer. Il entra à son tour dans le véhicule, dans le siège à côté du mien. A cause de la proximité de nos corps, je sentis que la tension était palpable et le conducteur (alonzo ? renanzo ? Lorenzo ?) Je ne me souvenais plus, se racla inconfortablement la gorge et demanda :
- Où puis-je vous déposer, monsieur ?
Alessandro me jeta un regard. La température dans l'espace confiné avait grimpé et je pouvais voir qu'Alessandro lui aussi était affecté par ma présence. Ma conscience se rassis sur sa chaise et se remis à boire son vin, contente que j'aie sur lui le même effet qu'il a sur moi.
- Nous raccompagnons mademoiselle chez elle. Répondit-il nonchalant.
Quoi ? J'avais dû mal entendre. Il voulait que je rentre chez moi ? Pourquoi ?
- Je croyais que...Commençais-je.
Que nous allions aller chez lui pour...
- Non, Cara, tu ne peux pas faire ça. Il faut d'abord que tu fasses tes devoirs, fais quelques recherches sur moi et si tu le veux toujours, tu as mon numéro. Dit-il d'une voix tranchante. Je détestais qu'il prenne cette voix glaciale, comme si je n'étais qu'une petite fille naïve. Je pouvais faire ce que je voulais !
Me rendant compte que le chauffeur ne pouvait plus nous entendre à cause de la vitre qui nous séparait, je m'armais de courage, défit ma ceinture de sécurité et enfourchait Alessandro en un geste. Dire qu'il était surpris par ce que j'avais fait était un euphémisme.
Nos visages n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre et je pouvais sentir son excitation en dessous de moi. Bonjour, toi.
- Tresoro, tu ne sais pas...Je l'interrompis en posant mon doigt sur sa bouche. Contrarié, il me fixa de ses yeux indéchiffrables. Je laissais alors ma main caresser son visage, mes doigts parcoururent sa peau, touchèrent sa cicatrice et je voulus presque pleurer en la voyant. Qu'est-ce qu'il lui était arrivé ? Qu'est-ce qu'on avait fait à cet homme?
Presque inconsciemment, il nicha délicatement son visage dans ma main et nous restâmes dans cette position durant le reste du trajet. Nos regards ne se quittant jamais. Nos corps imbriqués comme deux pièces d'un puzzle. Aucun instant de ma vie passée de pouvais remplacer celui-ci, aucune intimité n'avait eu un tel effet sur moi.
En quittant le véhicule et en m'engageant vers mon appartement, je sus qu'Alessandro n'était pas un homme que l'on pouvait oublier, parce que pour la seconde fois en deux jours, je passais le plus clair de ma nuit à rêver de lui.
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Quatrième chapitre ! Qu'est-ce que vous en dîtes ? N'hésitez pas à commenter ce que vous en pensez dans les commentaires ;)
C'est ma rentrée universitaire dans quelques jours...un peu la galère quoi, mais bon xD
à tous ceux qui ont eu leur rentrée, bonne rentrée à vous tous ! c'est une nouvelle année, amusez-vous, profitez-en! :D
Bisouuuux
Drina xx
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