15. Faiblesse
/faiblesse (nom, fem) : petitesse, faille, lâcheté/.
Il était déjà midi lorsque j'arrivais aux cachots.
Je passai le reste de la journée avec Emily. Sa première réaction en me voyant m'introduire dans la cellule était une joie éphémère qu'elle avait vite caché sous un masque d'impassibilité. C'est dans le silence complet, chacun dérivant dans le vaste océan de ses pensées, que nous passâmes les trente premières minutes.
- Tu l'aime ? Me demanda-t-elle en me fixant de ses yeux irréellement captivants.
Je restai confuse par rapport à sa question, d'autant plus que mes réflexions semblaient s'entrechoquer dans ma tête en un combat incessant, violent par sa force et par son chaos.
- Qui ? Questionnais-je, hébétée.
Emily ne me répondit pas, et se contenta de lever un sourcil, l'air de dire ' Vraiment ? Tu ne peux pas deviner ?'
Oh.
- Alessandro ?
Elle hocha la tête.
Sa question était quelque peu indiscrète, mais j'avais désormais acquéri une certaine immunité contre son attitude et son comportement direct. Sa question méritait pourtant un long temps de réflexion. L'aimais-je ? Non, pas tout à fait, j'étais en chemin, qui avait soudainement été iterrompu par tout ce qu'il m'était arrivé, par les révélations qui s'étaient imposées à moi.
Par la vérité qui constituait désormais un fossé nous séparant, mais duquel je n'osais pas me détourner, mes yeux restaient accrochés au siens, nos regards ne se détournant jamais, nos âmes cherchant à s'unir avec acharnement mais n'y arrivant jamais vraiment. Lui, par ce qu'il était le chef de la mafia, qu'il devait agir comme tel et me considérer comme secondaire même s'il voudrait que je sois le centre de son univers. Moi, parce qu'il était mon monde mais que ses principes, son manque de morale, les crimes qu'il avait commis m'empêchait de voir clairement l'homme qu'il était en dessous de son costume de mafioso.
- Je n'en suis pas certaine. Finis-je par dire en soupirant. Alessandro et moi étions maudits, notre relation était maudite, et je ne voyais pas comment elle pouvait aller mieux. Rien n'allait, tout était complètement ruiné, détruit, souillé.
- C'est un homme bon, Qualidad. Il veut te réclamer, te montrer aux yeux du monde pour que tu deviennes sa compagne...Te rend-tu compte de l'honneur que ça représente ici ? Les hommes de la mafia ne sont pas des hommes de sentiments, mais d'actes. Il aurait pu te soumettre à sa volonté, te torturer jusqu'à ce que tu devienne esclave à ses pieds, amante dans son lit. Il aurait pu t'utiliser, te briser, montrer qu'il a tout le pouvoir sur toi, que tu n'es qu'une simple commodité, une poupée faite et conçue pour satisfaire tout ses désirs, mais il ne le fait pas. Tant que tu ne joue pas les rebelles devant les autres membres de la mafia, en public, tant que tu ne le défie pas devant les autres, il ne te fera aucun mal, je le sais, et je crois qu'au fond de toi, tu le sais aussi.
Je restai silencieuse un moment, pondérant ses mots.
- Tu crois que je devrais accepter alors ? Rejeter mon ancienne vie pour lui ? Pourrais-tu jamais tomber amoureuse, vivre, avec un criminel comme conjoint ?
Elle soupira a son tour, l'air fatigué. Les jours qu'elle passait dans cette cellule n'étaient pas les plus confortable, le froid qui s'insinuait partout, le lit aussi dur que la pierre, les repas consistant d'eau et de pain...ça ne pouvait pas être facile. Mais elle tenait bon, son regard avait encore cette étincelle de résistance qui brillait clairement.
- Je suis déjà amoureuse d'un criminel, Qualidad.
Une boule se forma dans ma gorge. Bordel, avais-je vu juste dés le début, s'agissait-il d'alessan...
- Ce n'est pas Alessandro, si c'est ce qui t'inquiète. Alessandro est une figure fraternelle pour moi, je ne l'ai jamais vraiment considéré comme, à défaut d'autre chose, un partenaire potentiel. Il a fait beaucoup pour moi, et je lui serais toujours reconnaissante, mais c'est tout.
- Qui est-ce alors ?
Elle rit un moment, comme nerveuse. Elle joua même avec la pointe de ses cheveux un court instant, comme une écolière.
- C'est Kai. Admit-elle avec un léger sourire embarrassé.
Je revis Kai, ses longs cils qui entouraient son regard pénétrant, ses yeux obscurs, ses pommettes hautes et ses cheveux noirs de jais, son corps sans doute sculpté par les combats qu'il avait mené. Son pragmatisme, son calme olympien qui lui conférait un air de supériorité. Et la fameuse cicatrice qu'il portait fièrement, comme Alessandro. Oui, il était définitivement séduisant, et je comprenais qu'elle soit attirée par lui, mais l'aimer ?
- Il le sait ? Questionnais-je d'une voix basse.
- Oui.
- Et ?
Elle se laissa tomber sur le sol avec un long soupire.
- Il ne peut pas être avec moi.
- Pourquoi ? Je fronçais les sourcils.
Elle rit doucement.
- Ah Qualidad. Tu as si peu d'informations sur ce monde. Il est le second d'Alessandro, et le second de la mafia n'a pas le droit de s'attacher à une seule femme, sauf si Alessandro l'y oblige, ce qui n'arrivera jamais. Alessandro est conservateur, les gens le craignent parce qu'il applique les règles édictée il y'a soixante-douze ans, à la lettre.
- S'il ne peut pas s'attacher à une seule femme...c'est-à-dire qu'il a plusieurs partenaires, des sex-friends ? Dis-je avec indignation.
Elle éclata de rire, à gorge déployée. Ma confusion semblait l'amuser au plus haut point.
- Oh Qualidad, tu es d'une naïveté rafraichissante et déplorable. Il a mieux que ça, il a un harem.
- Tu n'es pas sérieuse. Tu te moques de moi. Dis-je, incrédule.
Nous n'étions pas à l'époque des romains ! Bordel de merde.
- Je suis complètement sérieuse. Il a le droit à seize filles, toutes à sa disposition, toutes prêtes à le satisfaire, en alternance, en même temps...Comme il le veut. Ces filles sont celles de Frank, le mac qui travaille pour la mafia, il est payé pour trouver des filles clean, qui veulent se faire de l'argent rapidement.
- Mais pourquoi est-ce qu'il a un harem ? Pourquoi ne pas avoir le droit à une seule femme, je ne comprend pas.
- Il n'y a rien a comprendre, c'est le second. S'il arrive quoi que ce soit à Alessandro, c'est lui qui sera nommé chef, et un chef qui a des sentiments clairs, évidents, pour une seule femme est un chef faible, à moins que cette compagne soit une rispetti.. Il sera considéré comme faible. C'est pour ça que le harem est là, il peut se vider en elles, pas d'émotions, pas de sentiments. Il traite les femmes comme des objets jetables, et le jour où il n'en voudra qu'une, il la brisera en la traitant comme un objet. Il faut savoir que les femmes rispetti son très rares...Il n'y en a qu'une dizaine parmi les milliers d'hommes qui constituent la famiglia. La dernière épreuve est généralement celle qui les fait craquer. Plus de quatre-vingt-dix pour cent des sottomesa le sont devenue à cause de la troisième épreuve. Le second ne peut pas prendre une sottomesa, et le chef non plus, à moins qu'il l'a sorte des épreuves avant qu'elle n'ait finie, qu'il formule le vœu de la faire compagne, comme dans ton cas, alors c'est possible. Mais, je dois te le dire, si tu accepte sa proposition, on ne t'accordera jamais vraiment le respect que tu mérite quand Alessandro ne sera pas là, tu ne sera pas une rispetti, mais pas une sottomesa non plus, tu seras un genre d'hybride que les gens s'efforceront d'ignorer et de rejeter à la moindre occasion.
- Alessandro avait un harem ? Interrogeais-je en essayant vainement de cacher la sidération qui menaçait de faire surface. J'ignorais sciemment la dernière partie de son discours. Merde, j'étais piégée. Si j'acceptais la proposition d'Alessandro, je ne me fondrais jamais vraiment dans la masse, ne ferais jamais vraiment partie de la famille.
Mais si j'échouais aux épreuves, alors personne ne pouvait me sortir du calvaire qui m'attendrait. Pas même lui, car il n'en avait pas le droit, le règlement le stipulait, et Alessandro m'avait maintes fois précisé qu'il mettrait toujours le règlement, la loi toute puissante, en première place.
- Non. Il n'avait pas d'harem à proprement parler, il est le dernier descendant de la famiglia direct et le titre lui a été attribué automatiquement, il n'a jamais été second. Cela étant dit, il faudrait ne pas considérer le défilé de femmes qu'il a mit dans son lit comme un harem, ce qui est assez difficile pour être honnête.
- Combien y'en avait-il ? Ma voix menaçait de trembler. Je n'aimais pas Alessandro, pas encore, mais l'idée qu'il ait eu autant de femmes dans son lit éveillait en moi une rage que je ne savais pas posséder.
- Je n'en sais rien, j'ai entendu des rumeurs mais je suis nouvelle ici, je sais seulement qu'il avait des préférences pour les femmes longilignes, généralement blondes, qui obéissait au moindre de ses ordres sans hésitation.
L e salaud.
- C'est tout mon contraire. Fis-je en sommant ce qu'elle avait dit.
- Exact, ce qui démontre que pour lui tu possède quelque chose que les autres n'ont pas.
- Hmmm. Fis-je, pas tout à fait convaincue. Que faisait Alessandro avec moi alors ?
J'étais loin d'être longiligne, mon mètre-soixante m'avait toujours paru satisfaisant jusque là, mes courbes prononcées avaient fait de moi la risée de la classe au lycée mais je m'en étais sortie sans trop de problèmes, quand à mon visage, il n'avait rien d'effarant où d'incroyable, mes yeux étaient d'un marron terne qui devenait noisette au soleil, mes sourcils étaient plutôt symétriques, mon nez n'était ni bossu, ni pointu, ni particulièrement droit. Quand à mes lèvres, elles n'étaient pas minces, mais pas charnue, un juste milieu qui allait bien avec l'ensemble. Je n'étais pas de celle dont la figure pouvait apparaitre dans la couverture de vogue, ça, je m'y étais résignée depuis longtemps. Mais je m'aimais bien comme j'étais.
Très rares sont les fois où je m'étais sentie mal-à-l'aise dans mon corps, seulement les fois, durant les dîners de famille quand ma mère me faisait remarquer, sans aucune discrétion, que j'avais repris du poids depuis la dernière fois qu'on s'était vu. Mon père lui jetait un regard exaspéré avant de nous proposer un dessert, lequel je refusais, brusquée par la remarque de ma mère, qui me regardait avec un petit sourire d'approbation. Mais même les remarques de ma mère avaient fini par ne plus faire leur effet, et les dernières années, j'avais pris du dessert son regard agacé, les lèvres pincées, elle avait soupiré avant d'aller préparer une tasse de thé. Vaincue, elle ne cherchait même plus à me convaincre d'essayer 'le nouveau régime qui marche', elle savait que je n'allais jamais le suivre. Et j'aimais ça. Cette liberté, ce j'men-foutisme que j'avais forgé quand à mon corps.
Mais entendre qu'Alessandro avait couché avec toute les Sveltana-la-cruche-qui-a-de-gros-seins-mais-qui-la-taille-plus-fine-qu'une-couveture d'hiver, réveillait mes vieux démons, qui s'évertuaient à me tournenter.
- Emily, ton déjeuner. Dit une garde en ouvrant la porte, il sembla surpris de me voir avec elle.
- Je ne savais pas que tu avais de la compagnie. Dit le garde en s'avançant dans la pièce.
Elle haussa les épaules.
- Elle est venue sans prévenir. Dit-elle.
Avec une nonchalance feinte, elle se leva vers le garde qui la regardait avec fascination. Exagérant sa démarche déjà féline, elle se posta devant lui, et regarda le plateau qui lui avait été servi.
- Il n'ya qu'un seul bout de pain ? demanda-t-elle en battant des cils.
Le garde, émerveillé, commença à bégayer.
- Je..On ne m'm'a pas donné autre chose. Il avala sa salive avec difficulté.
Emily se rapprocha de lui avec une lenteur calculée.
- Vraiment ? J'ai très...faim. Son dernier mot était resté en suspens. Et j'observais le spectacle avec une certaine fascination. Emily savait y faire avec les hommes, c'était clair.
- Je-je-je vais aller, en chercher. Fit le garde, complètement perdu.
- Fais-ça, brave homme. Et fais vite. Dit-elle dans son oreille, en plaçant sa main sur la poitrine du garde.
Il ne répondit pas, et disparut rapidement.
- Les hommes sont si...Simples. Pourquoi est-ce que ça ne peut pas être aussi simple avec tout le monde ?
Je savais qu'elle parlait de Kai.
- Je n'en sais rien, j'aurais aimé savoir.
Elle savait que je parlais d'Alessandro.
Le garde revint, trois morceaux désormais sur son plateau. Emily prit le plateau de ses mains et le récompensa d'un baiser léger sur la joue.
Le garde allait se retourner, le regard encore rêveur, quand je vis Kai à la sortie de la cellulle.
Il avait tout vu, et il n'avait pas l'air content.
Emily ne fit rien pour éclaircir le malentendu qui allair surement de pair avec la situation.
- Qualidad, Alessandro veut te voir. Dit-il sans me regarder, il fixait Emily avec un mélange de colère, de confusion et de déception.
Je voulais lui dire qu'Alessandro pouvait se faire foutre, lui et ses Sveltanas, et son air autoritaire. Mais je n'en fis rien. Au lieu de cela, je quittai la cellule d'Emily d'un pas précipité et lui fis un petit geste d'au revoir avant de me précipiter vers la sortie, Kai n'eut pas d'autre choix que de me suivre. La posture droite, la mâchoire serrée, nous avançâmes sans échanger le moindre mot, sa colère faisait office de conversation pour le reste du chemin.
***********************************************************************
Helooooo les mafiosoooos !
Alors, c'est le deuxième jour de qualidad. Bientôt, elle va commencer les épreuves, le mystère de la troisième épreuve s'épaissit :')
Comment vous trouvez ce chapitre ? Votre vision d'Emily a changé ? Pensez-vous que Qualidad devrait accepter l'offre d'Alessandro ? Dites moi ce que vous en pensez dans les commentaires !
WOW, cette histoire a atteint le rang 53 dans la catégorie romance, je ne m'attendais vraiment pas à ça :O Donc merci beaucoup à tous ceux qui prennent la peine de lire l'histoire, vous êtes vraiment incroyables *0*
Passez un bon week-end les amis !
VOTE &COMMENT& FOLLOW
CHEERS
XOXO
Drina
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro