Chapitre 4 - J'ai foiré
Aurélien était de retour dans son bureau.
En s'asseyant, il regarda le matelas où Guillaume s'était reposé – « Quel étrange personnage... »
Il se remit au boulot sans s'attardé trop longtemps sur lui. Après tout, il exagérait...c'est normal qu'après une agression on ne s'en sort pas entièrement indemne...c'est peut-être pour ça qu'il avait un comportement atypique...
« EH ! MA COUILLE ! »
Aurélien sursauta.
« Putain mais ... ! Claude ! Frappe avant d'entrer ! Tu m'as foutu une de ces frousse... »
« Oh pardon monsieur le séducteur... »
« ...de quoi tu parles encore... ? »
« Bah ! Ça fait 5 ans qu'on se connait ! Tu devrais déjà savoir que j'ai un flair infaillible pour les mecs en rut... »
« ...qu'est-ce que tu racontes, enfin... » - Aurélien était exaspéré...
« Quand même, Aurél...tu ne vas pas me dire que tu n'as pas remarqué comment il te matait ce gars ! »
« Mais de quel gars tu parles ? »
« Non mais sans déc, Aurél ! Le gars de ce matin ! Il était à donfe sur toi ! Je te pari qu'en sortant il avait une mi-mole ! »
« CLAUDE ! » - s'écria le plus jeune – « Arrête de débiter des conneries. »
« Non mais Aurél... » - il s'approcha d'Aurélien et posa ses mains sur son bureau et se pencha face à lui – « Tu ne te rappelle pas quand j'avais raison pour toi et Vincent ? »
« Claude...pitié... » - souffla-t-il.
« Comment j'avais deviné qu'il flashait sur toi ! Et que 3 semaines plus tard vous étiez déjà ensemble ! »
« Arrête, s'il te plait... »
« J'suis sûr que vous avez ken deux semaines avant de m'annoncer votre relation ! Avec un peu de chance, tu auras celui-là dans ton lit en moins d'une... ! »
Aurélien se leva brutalement de son bureau en frappant ses mains dessus et colla son visage à celui de Claude.
« ET EST-CE QUE T'AVAIS AUSSI PRÉVU QU'IL ALLAIT ME VIOLENTER ET ABUSER DE MOI PENDANT TROIS MOIS ?! HEIN ?! EST-CE QUE T'AVAIS PRÉVU QU'IL ALLAIT ME SÉQUESTRER ET M'AFFAMER PENDANT DES SEMAINES ?! DIS-MOI CLAUDE ! »
Claude lâcha le bureau et s'éloigna d'Aurélien qui semblait être près de la crise de panique.
« Aurél...mon pote. Excuse-moi. Non mais, vraiment. Je ne voulais pas te ramener ces souvenirs... »
« Non, Claude...je...pardon...je ne voulais pas m'emporter... c'est juste...juste...me parle pas de lui... »
« Ouais...c'est vrai...je n'aurais pas dû... »
Aurélien posa sa main sur son front et prit une grande inspiration.
« Claude. Je ne t'en veux pas. Mais comprend moi...je ne suis pas près de rentrer dans une nouvelle relation pour l'instant. »
« Aurél...sans vouloir te commander, ça fait presque 5 ans que ça s'est produit...et depuis tu ne t'es presque jamais amusé. Tu sors à peine pour boire avec nous, tu n'as jamais pris de congés ou de vacances alors que tu te tues au travail. Tu mérites amplement du repos avec tous ces gens que tu as aidé... »
« Je n'arrive pas, Claude. Je m'en voudrais si je m'absentais lors d'un dépôt de plainte...il y a quelque chose en moi qui me pousse à aider ces victimes. Probablement parce que je sais ce qu'elles ressentent... »
« Je sais que tu aimes faire justice, mon pote. Mais tu n'as pas à supporter toute la misère du monde sur tes épaules. Ça te torture. »
« C'est ce qui me pousse à aller de l'avant... »
« Je croyais que c'était nous ta motivation eheh »
« Oui, je vous adore, Claude. Toi, Matthieu et Ablaye. Mais ces gens sont la principale raison pour laquelle j'ai choisi ce job. Je tiens à faire le maximum possible pour eux. »
« Tu portes bien le surnom que je t'ai donné, petit ange. »
Aurélien laissa apparaitre un petit sourire.
« Voilà ! C'est ça ce que je veux voir ! Soit heureux, mon pote ! T'es le meilleur dans ce putain de commico ! »
« Tu es con, putain... » - rigola-t-il.
« Ouais, je sais ! On me le dit tous les jours ! Bon je te laisse ! Travail bien ! »
« Merci Claude. Toi aussi. »
Claude alla pour sortir mais il se retourna une dernière fois vers son collègue.
« Mais sincèrement, Aurél : pense un peu à toi. Tu as le droit de vivre aussi. »
Il retourna à son poste, laissant Aurélien seul à nouveau.
« Mais je vis très bien ma vie de cette façon... » - se dit-il.
*Au bistrot Le Tournon*
Guillaume était assis à une table qui donnait vue sur l'extérieur. Il avait demandé un thé vert qu'il sirotait en attendant Simon.
Ses pensées étaient fixées sur le jeune policier qui l'avait interrogé ce matin. Il avait gardé en tête quelques détails de son physique : ses longs cheveux châtain sombre avec une mèche blanche rebelle, ses lèvres fines, ses yeux marrons, la petite cicatrice sur le coin de sa joue...Pourquoi s'était-il focalisé sur tous ces traits... ? C'était probablement sa bienveillance qui lui avait donné envie de s'intéresser à Aurélien...
Il n'avait pas l'habitude de parler avec d'autres personnes en dehors de son travail. Presque quasiment tous les contacts qu'il avait effectués étaient reliés au boulot. Ces mêmes contacts finissaient par faire partie de son organisation ou périssaient par sa main. Mais cette fois ci, ça avait été une conversation normale. Enfin...aussi normal qu'un interrogatoire pouvait être...
Il lâcha un petit rire en repensant a la façon dont Aurélien l'avait remis à sa place. C'était rare les fois où quelqu'un arrivait à le faire taire avec si peu d'effort. Il trouvait ça presque excitant...Ça serait peut-être une bonne chose de devoir retourner au commissariat...
« Salut, Guillaume. »
Il sorti de son état de transe.
« ...salut, Simon. Assieds-toi je t'en prie. »
Simon s'assit sans quitter Guillaume des yeux. Ce dernier savait qu'il était en rogne.
« Tu sais, si tu voulais tant que ça me casser la gueule, tu aurais pu choisir un endroit a l'abris des regards. »
« Arrête, idiot...tu savais très bien que je n'allais pas te casser la gueule... »
« A vrai dire, j'ai douté pour un moment en venant ici. Je n'ai pas arrêté de regarder autour de moi pour être sûr que tu n'allais pas surgir de nulle part et me foutre une balle » - dit-il en riant.
« Guillaume, tu me fatigues... » - soupira-t-il.
« Oui, excuses-moi. J'ai vraiment de la chance de t'avoir n'empêche... »
« Attends, ne me remercie pas tout de suite. Je n'ai jamais dit que j'allais le faire, ton truc. »
« Pas la peine de te l'entendre dire. Je sais que tu vas le faire. De toute façon, on n'a pas le choix. »
« Ouais...D'ailleurs...pourquoi te faut-il tout ça ? Je peux te préparer tout ça en une après-midi, mais...j'ai besoin de savoir pourquoi. »
« Pourquoi tu veux tant savoir ? »
« Selon le niveau de ta bêtise, j'arriverais à déterminer un prix pour ce que je m'apprête à faire pour toi. Je veux dire...je suis presque sûr que tu as vraiment foiré un coup et que ça s'est très mal passé pour toi. Je me trompe ? »
« Non, tu vois juste... »
« Alors racontes-moi tout. »
Guillaume finit de prendre une gorgée de son thé et regarda Simon avec une tête qui le laissa perplexe.
« ...c'est si grave que ça ? »
« Bah...disons que...ça aurait pu être pire... »
« Guillaume. Parle. »
Bon...quand faut y aller, faut y aller...
*15 minutes plus tard*
« Bordel de merde, Guillaume... »
Le brun ne répondit pas. Il lui avait tout raconté en détails : le mec qui avait tenté de le tuer, la seringue, l'antidote, le commissariat, le flic...tout.
« Dans quoi tu t'es foutu... »
« Ouais...tu l'as dit... »
« Je n'aurais jamais pensé que tu irais jusqu'à causer avec un flic...un flic bordel ! »
« Eh oh ! Ça va j'ai compris, j'ai foiré ! Mais je ne pouvais pas me rendre compte que je m'étais arrêté près d'un commissariat ! J'allais m'évanouir et je ne cherchais qu'à fuir le lieu du crime. »
« Je sais putain ! Mais tu ne penses pas que t'aurais quand même pu faire plus gaffe ?! T'aurais pu prendre le temps de...je ne sais pas...cacher le corps quelque part !? Que je sache, tu l'as laissé là-bas ! »
« Simon, j'étais sous pression et en stresse. Ma vie était en danger et je ne pensais qu'à l'antidote ! Essaye de comprendre que sous la peur on n'arrive pas à rationaliser ! »
« Écoute...je me fous si tu avais la frousse ou pas...ce qui me préoccupe c'est que ce n'est pas bon du tout pour les affaires ça... »
« Oui...oui, je sais... »
« D'ailleurs, ils en ont parlé aux infos du corps ? »
« Pas que je sache...mais je crois qu'ils ne vont pas tarder si ce n'est pas déjà fait... C'est pire que des vautours ces journalistes... »
Guillaume prit une grande inspiration.
« Je dois retourner au commissariat demain soir comme tu le sais... »
« Oui, tu me l'as dit. »
« Du coup, t'arrives à me préparer tout ça aujourd'hui ? »
« Oui, ne t'en fais pas...d'ailleurs ? »
« Mmh ? »
« Tu veux qu'on s'occupe du flic ? »
« Comment ça ? »
« Bah, au pire, ce qu'on peut faire c'est...faire en sorte qu'il n'y a pas de témoins du tout... »
« Non. »
« Tu es sûr ? »
« Ouais. De toute façon, il n'était pas seul. Il y avait ses collègues. Et si on doit se débarrasser de tous les potentiels témoins, ça ferait 3 flics à tuer. Et là, ça serait suspect. »
« Ouais, t'as raison... »
« Et puis...ce flic ne mérite pas la mort. C'est une bonne personne. »
« Comment tu peux dire ça ? Tu ne lui as parlé que quelques minutes. »
« Crois-moi. Si tu l'avais vu, tu l'aurais senti aussi. »
« ...Guillaume...rassure-moi...tu n'es pas en train de développer des sentiments pour lui, hein ? »
Guillaume ne répondit pas...
« Guillaume ! »
« Hein ? Quoi ? Excuse-moi, je...réfléchissais... »
« Tu n'es pas en train de développer des sentiments pour ce flic, hein ? »
« ...Je ne pense pas... »
« J'espère... »
« ...Simon ?
« Quoi ? »
« ...Et si c'était le cas ? »
« Guillaume, tu n'as pas intérêt ! Je n'en ai rien à foutre avec qui tu sors, mais là on parle d'un flic ! »
Le brun baissa la tête et murmura – « Oui. Je sais. »
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro