14h30

Guillaume était de retour chez lui. Il était allongé sur son sofa en tenant la carte d'Aurélien dans sa main. Il voulait vraiment l'appeler mais il se demandait si avec une semi gueule de bois si le plus jeune voudra sortir ce soir.

« Qui ne tente rien n'a rien... »

Il composa son numéro et attendit une réponse.

*Chez Aurélien*

Aurélien était dans la cuisine en train de faire la vaisselle. Heureusement, la cuite d'hier n'avait pas été trop violente. Ça le permettra d'éviter de passer le reste de la journée avec une migraine.

Le son de sa sonnerie de téléphone coupa le silence qui enveloppa la pièce.

Aurélien regarda le numéro qui l'appelait. Il ne le connaissait pas mais il répondit. C'était peut-être important.

« Allô ? »

« Bonjour, Aurélien »

« Ah ! Bonjour Guillaume ! Tu vas bien ? »

« Oui, très bien. L'entretien avec mon collègue s'est bien passé »

« Ah oui ! C'est vrai qu'il t'a appelé ce matin, j'oubliais. Tu as besoin de quelque chose ? »

« A vrai dire...oui. »

« Je t'écoute. Comment je peux t'aider ? »

« Avant toute chose : t'as encore mal à la tête ? »

« Euh, non. Ça va beaucoup mieux. C'est passé. »

« Parfait...Eh bien...je voulais te poser une question... »

« Oui ? »

« Est-ce que...ça te dirais de...sortir diner avec moi ce soir ? »

« ...euh...j'avoue que je ne m'attendais pas à ça... »

« Oui, je sais...c'est un peu direct... »

« ...Guillaume ? »

« Oui ? »

« ...pourquoi tu m'invites ? »

« Eh bien...j'en avais envie, c'est tout. Et je me suis dis que...ça pourrais être une bonne façon pour te remercier de m'avoir aidé, tu trouves pas ? »

« Guillaume. Cesse tes politesses et dis-moi la vérité. Dis-moi pourquoi tu me suis partout depuis qu'on s'est vu. Pourquoi depuis ce jour-là tu tiens tant à me voir ? Je ne sais pas comment tu as fait pour savoir que j'allais au bar la nuit dernière, mais tu l'as su. Alors s'il-te-plait dis-moi pourquoi. »

Guillaume soupira.

« Aurélien...je vais être complètement honnête avec toi. Depuis que j'ai posé mes yeux sur toi, j'ai ressenti comme une attirance envers ta personne. Dés que je me suis réveillé, j'ai tout de suite su que tu étais une bonne personne. Mais quand je regarde ton visage, tu m'as l'air de cacher quelque chose. On dirait que tu souffre en silence et que tu meurs d'envie d'oublier un passé qui te hante. C'est pour ça que je veux à tout prix essayer de t'offrir un moment de ta vie qui pourras te faire renaitre. C'est pour ça que je t'invite ce soir...Alors ? Qu'est-ce que tu dis ? Je ne te force a rien. Juste...dis-moi si tu acceptes mon invitation. »

Silence complet. Guillaume avait déposé en un coup toute la vérité. Il espérait ne pas avoir fait peur à Aurélien. Il voulait juste entendre sa réponse.

« ...j'ai...besoin de réfléchir, Guillaume. »

Bon...c'était mieux qu'un non...

« D'accord. Je comprends. Je vais peut-être un peu vite... »

« Non, Guillaume...j'ai...laisse-moi une heure pour y réfléchir...Je te promets de t'appeler pour te dire ma réponse. »

« Très bien. J'attendrais. Mais Aurélien, je ne veux pas que tu te sentes forcé. Du coup si tu ne le sens pas, ce n'est pas un problème... »

« Je te dirais ce que j'aurais décidé. Laisse-moi juste du temps. C'est tout ce que je demande. »

« Très bien. A toute à l'heure alors. »

« A toute à l'heure. »

*Fin de l'appel*

Aurélien ne savait pas quoi en penser. D'un côté il se disait que Guillaume était sincère et un bon homme. Mais d'un autre, la façon dont il avait lu en lui comme dans un livre ne lui inspirait pas une énorme confiance... D'autant plus que ses moments de stalker étaient encore moins rassurants...

Que faire ?

« J'ai tellement de fois fait confiance a des gens qui n'en valaient pas la peine...est-ce que je me répète ? »

Il avait besoin d'une deuxième opinion. Il décida d'appeler Matthieu.

« Allô Aurél ? »

« Oui, salut Matthieu. »

« T'es bien à la maison, dis ?

« Oui, ne t'en fais pas. Guillaume ne m'a rien fait. »

« Ouf ! Ça me rassure... Tout va bien du coup ? »

« Oui. Tout va bien. Et toi ? Ça va ? »

« Bah écoute j'ai un mal de dos parce que j'ai dû ramener Claude chez lui a bout de bras, mais oui, ça va. »

« Très bien. Dis ? Je t'appelle parce que j'ai besoin d'une deuxième opinion. »

« Ah...d'accord, je t'écoute. »

« ...Guillaume m'a invité à diner avec lui ce soir. J'y vais ou pas ? »

« Ah...je vois...il perd pas de temps, celui-là... »

« Comment ça ? »

« Bah, déjà hier soir il m'avait l'air vachement calibré sur toi. Là où tu allais, il te suivait. Quand t'es aller dehors, il s'est joint à toi. Mais bon, ça je crois que tu t'en rappelle. »

« Oui. Oui je m'en rappelle, mais vaguement. »

« En tout cas, il m'a laissé prendre sa plaque d'immatriculation quand-t-il m'a dit qu'il te ramenait en voiture et je suis en train de te parler par tel en ce moment. On peut dire qu'il n'a pas abusé de ma confiance... »

« Oui. Il m'a dit que tu l'avais prévenu... Matthieu ? T'y vas un peu fort quand même, parfois... »

« Aurél, tu comprends pourquoi je m'inquiète... »

« Oui...mais fais gaffe. Ne va pas jusqu'à menacer quelqu'un à cause de moi. »

« On n'est jamais trop prudent, Aurél. »

« ...Sinon ? Verdict ? J'y vais ou pas ? »

« ...comment tu le sens, toi ? »

« ...il ne m'a pas l'air méchant... »

« Oui d'accord mais est-ce que, selon toi, c'est safe ? Tu l'as plus côtoyé que moi. Quel est ton ressenti sur ce type ? »

« ...il m'a l'air honnête. »

« Eh bien dans ce cas vas-y. Mais par précaution, ramène de quoi te défendre avec toi. Genre un spray au poivre. »

« Matthieu... »

« On ne sait jamais, Aurél. Depuis la dernière relation que tu as eu, je ne suis pas zen. Encore moins avec un type que tu connais depuis à peine 2 jours... »

« Matthieu...tu te rappelles hier quand tu m'as dit que j'avais besoin de relaxer et de m'amuser ? »

« Oui. »

« Tu avais raison. J'en ai besoin. Et plus que jamais...j'ai envie de changer un peu de routine, j'avoue. Après 5 ans à errer j'ai envie de vivre. Je veux tenter le coup. Et puis n'oublie pas que je sais me défendre. Je ne suis pas dans la police pour rien. Vous avez ses données et sa plaque, vous avez tout ce qui vous faut s'il m'arrive quelque chose... »

« Oui...t'as pas tort...bon, dans ce cas, fonce. Et on est là pour toi si ça déraille. »

« Oui, je sais. Merci pour tout, Matthieu. »

« C'est rien, mon pote. Amuse-toi bien. »

*Fin de l'appel*

« Bon...il me manque plus qu'une chose à faire. »

Il composa à nouveau le numéro de Guillaume.

« Allô ? »

« Oui, Guillaume, c'est moi. »

« Oui, je sais. Alors, t'as pris ta décision ? »

« Oui. Et j'accepte. »

« Yes ! »

Aurélien sourit en entendant sa réaction.

« Aurélien ? »

« Oui ? »

« Juste un détail pour ce soir. »

« Lequel ? »

« Met ton plus beau costume. »

« ...d'accord. »

« Je passe te chercher a 19h. Ça te va ? »

« Oui, ça me va. »

« Parfait. Je jure que tu ne vas pas le regretter. »

« Je te fais confiance. »