Chapitre XXX
Soufflant doucement, l'homme se leva et ouvrit la porte, tombant nez à nez avec Haydn, celui-ci arborant un air hautain et méprisant, pour changer. Le visage d'Antonio se ferma, ses yeux se plissèrent, montrant à son aîné qu'il n'était pas le bienvenue ici. Le père de la symphonie se permit tout de même d'entrer, prenant de haut l'ancien protégé de Gassmann. Ce dernier lui attrapa le poignet et lui demanda froidement, mais poliment, de sortir et de les laisser tranquille, lui et Wolfgang. Le perruqué le fixa avec désinvolture, arquant un sourcil avant de répondre que c'était à lui de laisser le cadet faire sa vie.
«Que je sache, c'est moi que Wolfgang a choisi, pas vous. Il a déjà refusé vos avances hier soir, cessez de vous acharner.
-Il suffit que la confiance soit perdue une seconde fois pour qu'une relation vole en éclats. Souffla le quarantenaire d'une voix mielleuse
-Vous me dégoûtez. Renifla Antonio avec mépris
-Ne vous en faites pas, votre hypocrisie m'écoeure également.
-Je le suis bien moins que vous, en attendant. Tout ce qui vous intéresse, c'est le mettre dans votre lit. Vous ne l'aimez pas, vous n'êtes attiré que physiquement par lui. Votre coeur ne bat pas pour lui, vous n'avez pas composé une seule pièce pour Wolfgang, vous ne savez rien de lui.
-Vous le rendez malheureux. C'est moi qu'il vient voir lorsque vous le rejetez.
-Je ne l'ai congédié que rarement, et pour de bonnes raisons. Vous êtes-vous seulement intéressé à lui ?
-Assez pour savoir ce qui le blessera ou non.
-Je vous interdis de jouer avec ses sentiments. Il est mien, on ne touche pas à ce qui est à moi.
-Mais peut-être peut-on vous toucher.
-Pardon ?»
Alors que des pas souples et réguliers s'approchaient, Haydn empoigna le foulard du brun, le colla à lui et plaqua ses lèvres aux siennes. Ecarquillant les yeux, il tenta de le rejeter, en vain. L'homme le faisait plier, tirant ses cheveux en arrière, le forçant à se soumettre. Un couinement voulut s'échapper de la gorge du Maître de Chapelle dont la barrière des lèvres céda, permettant au plus âgé de l'embrasser avec plus de profondeur tandis que celui pour qui ils se disputaient entrait dans la pièce. Salieri manqua de vomir lorsque son muscle rosé rencontra celui de Joseph, fermant les yeux de dégoût. Il chercha à tâtons sa plume et la saisit avant de venir la planter dans le cou du compositeur, le faisant gémir puis reculer. Haletant, le latin porta un regard désolé à Wolfgang qui restait muet, les lèvres entrouvertes, dans un état second. Son amant s'approcha et le prit doucement dans ses bras, caressant doucement sa crinière dorée, murmurant que c'était un malentendu, qu'il n'avait rien demandé et qu'il s'excusait. Le plus jeune des trois secoua doucement la tête, répondant que ce n'était nullement de sa faute. Il se détacha avant de s'approcher d'Haydn, retirant la plume restée légèrement coincée dans son cou avant de lui mettre une gifle, lui hurlant d'aller se faire soigner. Le maître du quatuor à cordes grogna et s'en alla, s'essuyant les lèvres. Au lieu de briser le couple, il n'avait fait que le renforcer. Embrasser Antonio n'était pas la solution, même si...même s'il devait bien avouer que ce dernier avait des lèvres terriblement douces, légèrement sucrées. assez charnues et, malgré l'absence de consentement de ce dernier, le brun embrassait plutôt bien.
Un frisson de dégoût traversa à nouveau le corps de l'Italien qui caressa doucement la joue de son amant avant de s'éloigner, retournant derrière son bureau, nettoyant sa plume avant de constater que la mine était tordue, donc impossible à réutiliser. Un long soupir lui échappa alors qu'il se passait une main dans les cheveux. Il posa un regard las sur Wolfgang, lui demandant de partir sans lui aux répétitions. Le blond s'avança vers lui, secouant la tête, refusant d'obtempérer, répondant qu'il avait besoin de lui pour les répétitions, de son avis et de son approbation ou non pour présenter la pièce au public. Ils bataillèrent quelques minutes mais le plus âgé resta campé sur sa décision, préférant rester ici à réfléchir plutôt que de sortir de son bureau. Roulant des yeux, l'Autrichien prit le visage de son amant dans une main, lui comprimant légèrement les joues, le regard beaucoup plus dur.
«Antonio. Je ne t'en veux pas. Pas. Du. Tout. Ce n'était pas de ta faute, d'accord ?
-Mais il m'a...
-Et alors ? Il me l'a fait aussi. Et ça ne t'a pas empêcher de reprendre tes droits sur moi. Alors pourquoi ça devrait m'empêcher d'en faire de même ? Je ne comprends pas bien ce qu'il cherche à faire, et pour être honnête, je m'en moque. Tant qu'il ne nous attaque pas, tout ira bien. Alors tu viens avec moi aux répétitions, tu me dis ce qui va et ce qui ne va pas et ensuite, nous irons manger et boire un coup, et enfin, nous passerons la nuit ensemble, à faire ce que tu veux. Je ne te force à rien, si ce n'est à rester avec moi. Maintenant, tu lèves ce joli petit fessier de ton siège et tu viens avec moi. Sinon, je te promets que tu ne passeras pas la nuit.
-Je n'arrive pas à savoir si tu es têtu, agaçant ou excité.
-Les trois ?»
Le cadet rit légèrement et prit sa main dans la sienne, le forçant à se lever avant de le tirer et de sortir de la pièce avec lui. Antonio roula des yeux mais se résigna à résister, se contentant de le suivre jusqu'au théâtre impérial. Rosenberg sermonna le compositeur germanique et jeta un regard à son éternel acolyte, comme s'il s'attendait à ce qu'il en fasse de même. Aucun mot ne franchit les lèvres du latin qui s'installa au premier rang, invitant son amant à simplement faire son travail. Ce dernier accepta avec plaisir, sautillant jusqu'à la fosse où se trouvait l'orchestre. Lorsque tout fut parfaitement prêt, il inspira profondément et donna enfin le départ.
Le Maître de Chapelle ne rata pas une miette du spectacle, un fin sourire aux lèvres, admiratif du travail fourni par son amant. Plusieurs fois, son oreille fine lui permit d'entendre quelques fausses notes qui lui faisaient grincer des dents. Puis la mélodie repartait, le détendant. A la fin de la représentation, il se leva et vint féliciter son aimé, lui offrant une brève étreinte sous le regard outré de Rosenberg. Se sentant observé, Antonio tourna la tête vers le Comte et s'approcha de lui, lui laissant l'occasion de s'égosiller de sa voix nasillarde qui manqua de briser les tympans de son vis-à-vis. Il lui demanda s'il voulait leur perte, que Mozart connaisse le succès et lui vole tous ses titres, tout le succès qu'ils s'efforçaient d'obtenir. Roulant des yeux, il le laissa l'accuser de tout et rien puis s'en alla en emmenant Wolfgang avec lui, jetant un regard agacé à l'aristocrate. Les amants retournèrent chez eux et mangèrent un bout, agrémentant le tout avec du vin. Ils descendirent trois bouteilles et montèrent se coucher en tanguant un peu, se glissant sous les draps après avoir ôté leurs vêtements, les troquant contre une chemise de nuit. Les mains de Wolfgang passèrent sous le tissu immaculé que portait son aîné, caressant sa peau fine et douce. Plusieurs frissons traversèrent le corps d'Antonio qui lâcha un soupir de bien-être, fermant doucement les yeux. L'Autrichien sourit légèrement et vint doucement s'installer sur lui, se penchant pour embrasser et mordiller son cou, souriant contre sa peau. L'une des mains du brun vint se perdre entre les mèches courtes du dominant de position qui continua d'embrasser son cou, lui faisant un suçon assez voyant pour marquer son territoire. Un léger gémissement passa les lèvres de l'Italien qui crispa sa main dans ses cheveux, l'autre se frayant un chemin sous la large chemise du virtuose. Les deux hommes ne cessèrent de se caresser pendant une dizaine de minutes, jusqu'à ce qu'ils se lassent et s'endorment l'un contre l'autre. Le latin avait le nez posé dans la chevelure ensoleillée du plus jeune, respirant les dernières fragrances de lavande et de lin qui l'aidèrent à s'endormir.
Le réveil fut aussi agréable pour l'un que pour l'autre, ouvrant les yeux aux chants des oiseaux et aux rayons de soleil filtrant à travers les rideaux. Salieri se redressa et s'étira en baillant longuement, faisant basculer son amant sur le côté avec douceur pour ne pas le forcer à quitter le lit si tel n'était pas son désir. Wolfgang lâcha un léger grognement et posa son regard sur son amant qui sortait des vêtements de leur armoire avant de disparaître de la chambre pour prendre un bon bain. Le blondinet se leva et vint se glisser derrière lui, tandis que le Maître de Chapelle se déshabillait, déboutonnant doucement sa chemise qui finit par choir au sol. Débarrassé de son vêtement, un baiser dans le cou l'empêcha d'entrer dans la bassine, le faisant s'arrêter puis se tourner vers son amant. Il posa son front contre le sien, laissant passer un soupir amusé. La main du plus jeune vint doucement caresser la joue barbue de son vis-à-vis, se penchant légèrement pour y déposer une myriade de baisers fatigués. Antonio s'assit sur le rebord de la bassine, prenant son aimé sur ses genoux pour pouvoir le bécoter tranquillement, ses bras autour de sa taille. Les mains de Wolfgang se perdaient sur son corps et dans ses cheveux, ne cessant d'en vouloir plus alors qu'il savait pertinemment que le latin n'était pas prêt à réitérer l'expérience avec lui.
Les deux hommes finirent par se détacher l'un de l'autre pour se laver, sans un bruit, hormis les clapotis de l'eau quand ils bougeaient et le frottement des gants de toilette sur leur peau. Ils ne tardèrent pas à en sortir, se séchèrent et s'habillèrent avant de descendre manger. Le repas achevé, Antonio voulut partir au palais mais Wolfgang l'en empêcha, lui demandant de rester ici pour la journée, avec lui, pour ne pas croiser à nouveau Haydn. L'Autrichien avait peur de leur aîné, peur de ce qu'il pouvait faire par obsession pour lui, peur de voir jusqu'où l'esprit tordu du violoniste les mènerait. Ils ne débattirent pas, le brun consentant à rester chez eux pour la journée. Il amena son amant à son bureau mais ce dernier, peu enclin à l'idée de tout faire comme le plus vieux le lui demandait, partit à la chambre dans laquelle il fouilla afin de trouver l'objet de ses convoitises.
Le latin s'était déjà installé à son bureau qui ressemblait plus à un entrepôt de partitions et d'instruments de musique. Il jeta un oeil à quelques feuilles noircies d'encre mais vit que c'était simplement une oeuvre pour piano. Grognant légèrement de son absence de diversité, l'homme se mit à chercher dans tous les tiroirs accessibles de la pièce avant de trouver une mince pile de partitions vierges ainsi qu'une vieille plume usée par le temps et l'utilisation abusive du musicien. Il sortit son encrier et se mit à écrire un petit morceau pour harpe, de cinq pages, en une trentaine de minutes, apparemment inspiré. Une petite tête blonde fondit sur lui alors qu'il se levait pour rejoindre sa harpe et tenter de jouer sa nouvelle création. Le plus jeune avait sauté sur son dos, le faisant chanceler. Il se posta devant lui avec un petit sourire, venant déposer un baiser sur son front. Arquant un sourcil, il l'interrogea du regard. Le plus jeune sortit un écrin de sa poche et l'ouvrit, dévoilant la broche en argent qu'il avait acheté un peu plus d'une semaine auparavant. Le Maître de Chapelle regarda l'accessoire sans comprendre, ses yeux passant de l'ornement, à son amant. Un rire léger échappa au compositeur germanique qui prit tout doucement la broche et l'accrocha à la boutonnière de la veste de Salieri, lui retirant tout doucement la rose noire sur le ruban blanc, trouvant que les deux bijoux ensemble surchargeaient son comparse. Ce dernier pinça les lèvres et remercia son amant d'un bref baiser avant de murmurer que ce n'était vraiment pas nécessaire. Roulant des yeux, Wolfgang lui répondit que c'était une réponse au collier qu'il lui avait offert.
«Wolfgang, tu n'étais pas obligé, surtout avec tes revenus. Souffla-t-il, s'asseyant à côté de sa harpe
-Mais ça me fait plaisir ! Et puis, la pierre me rappelait la couleur de tes yeux lorsqu'il y a du soleil.
-Merci.. C'est adorable...
-Ne me remercie pas, ça me fait plaisir je te dis !
-D'accord, d'accord.. Je peux aller jouer du piano dans ta chambre ??
-Oui, bien sûr.. Ne l'abîme juste pas..
-J'en prendrai soin comme si c'était sur toi que je laissais danser mes doigts ! Gloussa-t-il en s'en allant
-File, au lieu de dire des bêtises.»
Le cadet lui tira la langue, faisant lever les yeux au plafond à son aimé. Ce dernier se reconcentra ensuite sur sa harpe, faisant tout doucement glisser ses doigts sur les cordes, les pinçant avec délicatesse. Il se montra assez hésitant sur les premières notes, cherchant encore les bonnes cordes pour jouer les bons accords. Une mélodie claire et simple résonnait dans la pièce, tandis qu'à l'étage débutait une musique plus joyeuse, à la composition complexe mais d'une beauté sans pareille. Un petit air guilleret, tandis que la mélancolie de la harpe se faisait plus forte, dominant le morceau joué au piano. Antonio eut un petit sourire et se demanda si Wolfgang serait capable de répondre à ses attentes. Transposant les notes du piano à la harpe, il joua les premiers accords de leur sonate pour deux pianos. Un long silence s'en suivit, jusqu'à ce que le cadet commence à répondre par les notes suivantes. Leurs accords se fuyaient, suivant deux mélodies distinctes, respectant à la perfection l'héritage de Bach. Le Maître de Chapelle produisait un son moins fluide, n'étant pas un expert de la harpe, faisant parfois quelques fausses notes qui firent grincer ses dents. Le morceau fut joué et rejoué trois ou quatre fois, jusqu'à ce que le rendu fût parfait. À la fin du dernier essai, l'Autrichien descendit les marches quatre à quatre et sauta littéralement sur son comparse qui s'écarta après s'être levé, le laissant s'étaler lamentablement au sol. Grognant, le blond se releva en faisant la moue et se contenta de simplement féliciter l'ainé, les joues gonflées. La main du latin vint ébouriffer la crinière déjà emmêlé de Mozart qui ne put retenir un semblant de ronronnement, perdant rapidement sa mauvaise humeur. Un vrai petit rayon de soleil, cet enfant.
Ils finirent par en rire brièvement tous les deux avant de sortir du bureau, partant au rez-de-chaussée pour s'installer au coin du feu, commençant à discuter de tout et rien, jusqu'à ce que la nuit enlace la ville, les faisant quitter la demeure pour rejoindre le théâtre impérial, Wolfgang désirant poursuivre les répétitions. Ils entrèrent à l'intérieur, découvrant avec joie que tout le monde était à l'heure. Enfin... Presque tout le monde. Les cantatrices avaient visiblement disparu et Rosenberg vint annoncer au plus jeune des maestros que ses deux cantatrices avaient démissionné puis obtenu des remplaçantes dont la renom ne faisait plus de doutes. Deux jeunes femmes sortirent alors des coulisses, se tournant vers les compositeurs. Wolfgang, après un bref échange avec Antonio, posa son regard sur elles et écarquilla les yeux, le souffle coupé.
«A...Aloysia..? Bégaya-t-il
-Wolfgang, cela faisait si longtemps ! Ricana-t-elle avec un rictus mauvais
-Vous n'étiez pas censé rester à Munich..? Avec Monsieur Longe..?
-Mon mari est mort, et j'ai appris que vous étiez devenu célèbre, que l'Empereur vous avait nommé compositeur officiel de la Cour. Alors, comme il restait une place pour votre nouvel opéra, je suis venue. En espérant que...
-Aloysia, non.. Plus maintenant.. C'est trop tard.. Il aurait fallu vous rendre compte de cela avant..»
La jeune femme descendit de l'estrade, s'avançant vers le chef d'orchestre. Elle posa doucement ses mains sur le col du blond, le collant légèrement contre elle. Le cadet sentit un regard furieux dans son dos, un regard qui en disait long sur la mort lente et douloureuse de la cantatrice si elle ne se décalait pas immédiatement. Le virtuose se retourna lentement et croisa le regard meurtrier de son amant, bien que son expression faciale fut totalement neutre, arborant son masque d'impassibilité habituel. Il pinça les lèvres et se reconcentra sur Aloysia qui tentait toujours de l'attraper dans ses filets, ne cessant d'user de ses charmes sur celui qui fut son premier amour. Elle lui caressa doucement la joue, tentant de coller ses lèvres aux siennes alors que Rosenberg hurlait à la honte, à la concupiscence. Roulant des yeux, Antonio se leva et vint à la rencontre du duo, croisant les bras sur son torse.
«Maestro Mozart. Dois-je vous rappeler pourquoi sommes-nous ici ? L'Empereur, comme à chaque fois, nous demande, à l'intendant Rosenberg et moi-même, de venir juger votre travail, pour savoir s'il est présentable ou non. Vous n'êtes certainement pas sans savoir que nous perdons actuellement du temps, alors s'il-vous-plaît, faites taire cette chanteuse de faubourg et dépêchez-vous de donner le départ à l'orchestre. Il reste encore plusieurs détails à modifier pour que tout soit parfait.
-Maestro Salieri... Puis-je vous parler un court instant, seul à seul ?
-Nous verrons cela plus tard. Maintenant, faites votre travail avant que nous décidions d'annuler la sortie de votre opéra.
-Bien, Salieri..»
Le brun avait une lueur désolée dans les yeux et retourna s'assoir, tandis que l'Autrichienne remontait sur l'estrade et que Wolfgang donnait le départ à l'orchestre. Toutes les notes échappaient à l'aîné, il n'écoutait pas, ne faisait à attention à rien, si ce n'était au sang qui tournait à l'envers dans ses veines, à ses yeux qui fixaient Aloysia avec une haine difficilement dissimulée. Rosenberg se pencha vers le Maître de Chapelle, lui demandant son avis sur la voix de la cantatrice qui s'accordait malheureusement terriblement bien avec la musique du prodige de Salzbourg. Serrant les poings, il murmura au Comte de trouver un moyen d'évincer cette petite pimbêche qui ne ferait que nuire au talentueux compositeur. Certains diraient que Wolfgang aurait à choisir entre la Peste et le Choléra mais l'Italien n'avait que faire des commérages, du fait d'être associé, surtout par Haydn, comme un poison pour le jeune homme, puisqu'il savait parfaitement bien que la réalité était en total opposition avec les bruits de couloirs.
«Salieri, pourquoi désirez-vous qu'elle s'en aille ? Cette femme chante à merveille..
-Elle devrait brûler en place publique.. Grogna-t-il
-Seriez-vous jaloux de sa voix, Salieri ?
-Imbécile, bien sûr que non. Répliqua-t-il froidement
-Alors quoi ?
-Elle est mauvaise, elle est vicieuse...ça se voit..
-Vous êtes pareil, Salieri. Ricana discrètement l'aristocrate
-Justement. Dans la vie d'Amadeus, il ne peut y avoir qu'un vicieux, pas deux. Elle est de trop. Et elle s'en ira. Vous allez trouver un moyen de la faire partir, je le sais. Faites ce que vous voulez, répandez des rumeurs d'adultère ou que sais-je mais ne lui permettez pas d'approcher Mozart et de le corrompre. Son travail ne fera que régresser avec elle.
-Je verra ce que je peux faire, tout en restant discret.
-Vous l'avez toujours été, je ne me fais pas de soucis pour vous.»
L'homme se redressa légèrement et s'étira en soupirant légèrement, attendant avec impatience la fin de la pièce. Le final ne tarda pas, tandis que les minutes lui paraissaient des heures, comme si Wolfgang prenait un malin plaisir à rallonger la pièce alors que chaque partition, chaque note était respectée scrupuleusement. La voix d'Aloysia lui sciait les oreilles, lui donnant une horrible migraine. Il voulut quitter la salle mais par respect pour le travail que fournissait son amant, il décida de rester, prenant son mal en patience. A la fin de la répétition, le jeune homme s'inclina devant son orchestre puis se redressa avant de se tourner vers les deux seules personnes composant son public. Après avoir tenté d'obtenir un avis de la part d'Antonio, il abandonna et se tourna vers Rosenberg qui lâcha un long soupir et donna un bref avis peu constructif. Antonio restait vert de rage et s'efforçait de rester le plus calme possible. Les musiciens débarrassèrent bien assez tôt le plancher, suivis par Rosenberg et le reste des cantatrices, exceptée Aloysia qui voulut discuter un peu avec Wolfgang.
Alors lui... Il passera pas la nuit s'il discute une minute de plus avec elle... Pensa-t-il en lâchant un grognement léger
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