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Chapitre XIV

Sept mois passèrent durant lesquels Antonio avait fait copier ses partitions pour débuter les répétitions et les finaliser. Le compositeur ne dormait plus très bien depuis sa crise d'angoisse, ayant à présent peur de la solitude nocturne. Morphée ne restait à ses côtés qu'une heure ou deux avant de le laisser. Enchaînant terreurs nocturnes sur paralysies du sommeil, il avait fini par refuser de regagner sa chambre, restant la plupart du temps au rez-de-chaussée. Il occupait ses nuits comme il le pouvait, composant sans se poser de question, allant parfois aux fumeries d'opium pour se détendre sans se douter que cette drogue pouvait être la cause de ses troubles du sommeil. Le Maître de Chapelle ne se sentait plus en sécurité dans sa propre demeure, mais ne pouvait rien faire pour ôter ce sentiment d'inconfort. Il avait tenté de dormir avec Dante pour calmer sa nouvelle peur de la solitude mais cela n'avait strictement rien changé. Enfin si : Son état avait empiré, car son domestique était comme une figure fraternelle pour lui et chaque nuit, ses cauchemars concernaient la trahison familiale que son subconscient prenait un malin plaisir à déformer. Seule une personne pouvait calmer ses craintes, apaiser son esprit mais l'Italien n'osait pas le déranger, se contentant de subir les conséquences de ses troubles. Heureusement, aucune crise de terreur nocturne ne le faisait se mutiler et aucune hallucination due à ses paralysies du sommeil ne lui montrait son père essayant de le tuer, le gardant en bon état physique. Son moral en prenait un coup chaque nuit et ses domestiques se demandaient comment faisait-il pour rester debout après toutes ces difficultés.

L'automne s'était installé sur Vienne, un vent froid faisait danser les feuilles mortes qui jonchaient les pavés des rues pendant que le compositeur prenait la direction de la maison de Wolfgang, emmitouflé dans l'une de ses plus lourdes vestes. Il frappa à la porte et attendit que le blond vienne lui ouvrir. Celui-ci se fit désirer et tira la plaque de bois avant de l'attraper par le bras, le collant contre lui pour lui dérober un baiser. Levant les yeux au ciel, le brun referma la porte en s'adossant à un mur.

« Tu es retard. Commenta-t-il en lâchant un soupir

-Désolé, désolé ! Je terminais simplement d'écrire une lettre à mon père.

-Vous vous êtes encore disputés ?

-Non, pas du tout ! Il veut juste marier Nannerl contre son gré, j'essaye donc de défendre un minimum ma sœur.

-C'est bien quelque chose de bonne famille les mariages arrangés...

-Que veux-tu, on ne changera pas les traditions !

-Non, en effet. Hâtons-nous, nous allons finir en retard.

-Tu es sûr de vouloir aller travailler ? Tu ne veux pas rester ici avec moi ?

-Ce n'est pas ton jour de repos, que je sache. Le mien est demain, mais j'irai de toute façon au palais.

-Pourquoi tu ne restes pas chez toi ?

-Plus loin je suis de ma maison, mieux je me porte.

-Tu devrais demander des congés, tu as l'air extenué. Peut-être que passer du temps loin de Vienne t'aidera à te sentir mieux.

-Et où veux-tu que j'aille ? En Italie ? J'y ai déjà passé deux mois en début d'année, ça m'a largement suffi !

-Pourquoi tu t'énerves ? Tu es plus à fleur de peau qu'à la normale, tu vas finir par m'inquiéter.

-Ce n'est rien. Ça passera.

-Antonio, qu'est-ce qui ne va pas ? Tu sais que tu peux me parler de tout ce qui te passe par la tête.

-Je te dis que ce n'est rien ! Allons-y.

-Antonio... »

Le blond resta planté dans le salon comme un idiot, les bras ballant, fixant son amant sans comprendre. Celui-ci avait l'air fatigué et plus énervé que d'habitude. Wolfgang s'approcha doucement et posa une main sur son bras, les sourcils tristement froncés.

« Parle-moi, je m'inquiète...

-Je n'ai rien à te dire.

-Tu ne sortiras pas d'ici tant que tu ne m'auras pas dit ce qui ne va pas.

-J'ai des problèmes de sommeil, c'est tout. Est-ce qu'on peut y aller maintenant ?

-Pourquoi tu ne m'en as pas parlé avant ? Si tu dors mal, tu...tu ne passeras pas l'hiver ! Moins tu dors, plus tu t'affaibliras et c'est ta résistance aux maladies qui baissera !

-Je n'ai pas besoin que tu t'inquiètes pour moi, j'ai déjà mes domestiques sur le dos. Ils ont tout essayé, rien ne fonctionne.

-Mais tu ne peux pas continuer à vivre ainsi ! Qu'est-ce que tu fais la nuit pour t'occuper si tu ne dors pas ?

-Je compose, au rez-de-chaussée. Je fuis ma chambre le plus possible.

-Tu...Tu ne fais plus de crise comme chez mon père, hein.. ? Tu ne te mutiles pas.. ?

-Non, Wolfgang. Je ne me mutile pas, je ne me griffe pas mais je fais des crises durant lesquels je reste figé et j'ai des hallucinations visuelles et auditives et mes domestiques me disent que je me réveille souvent en pleine nuit, que je crie jusqu'à n'en plus pouvoir avant de plus ou moins me rendormir. Je n'ai jamais souvenir de ces crises là en revanche.

-Tu as pensé à aller voir un médecin ?

-Donner mon argent à un escroc ? Non merci, je préfère encore que ça se règle tout seul.

-Tu ne veux pas dormir avec moi ? Que je t'aide lors de ces crises, que je te rassure.. ?

-Tu as bien vu que c'était totalement inefficace la dernière fois. Et je ne veux pas te déranger.

-Tu ne me déranges pas. Ma promesse tient toujours, Antonio. Je ne te lâcherai pas tant que tu ne connaitras pas le bonheur. Et ça passe aussi par te soigner de tes crises. Viens dormir à la maison, ce soir. Si je peux t'apaiser de quelconque manière que ce soit, je le ferai.

-Berce-toi d'illusions si ça te chante.

-Tes façons de dire « oui, merci » sont toutes plus poétiques les unes que les autres ! » Gloussa le plus jeune

Le brun roula des yeux et voulut sortir mais son cadet l'attrapa par les hanches pour l'embrasser avant de filer dans les rues avec lui, lui faisant lever les yeux au ciel. Les deux maestros parvinrent rapidement au palais, vaquant à leurs habituelles occupations, le plus âgé filant au théâtre impérial pour la dernière répétition de la symphonie. La première se déroulait le soir même, toute la Cour avait été conviée au théâtre impérial et Rosenberg ne cessait de s'agiter pour promouvoir cette nouvelle œuvre. Malgré la trahison de l'intendant, Salieri avait encore besoin de lui pour diverses tâches et les deux hommes avaient trouvé un terrain d'entente. Apparemment, leur divertissement commun était de faire couler les concurrents du Maître de Chapelle et à la demande de ce dernier, le Comte avait finalement laissé Mozart en paix, s'en prenant plutôt à Beethoven qui, malgré tout, composait encore et trouvait un public, au grand dam de son ancien mentor.

L'Italien lâcha un soupir devant l'incompétence de certains musiciens qui se plaignaient. Son regard se fit dur et sévère, croisant les bras sur son torse.

« Si ce travail ne vous convient pas, vous pouvez toujours prendre la porte, ce n'est pas moi qui vous retiendrai. Remettez-vous au travail, la première est ce soir, je ne tolèrerai pas un seul échec.

-Mais..Maestro Salieri... Cela fait des mois que nous travaillons et ce mouvement nous pose toujours problème !

-Ce n'est pas vous qui avez la partie la plus compliquée de cette symphonie, que je sache. Cessez de vous plaindre, reprenons au deuxième thème. »

Il guida de nouveau l'orchestre, essayant d'oublier le peu d'efforts que certains fournissaient. À la fin du troisième mouvement, l'homme s'installa au piano pour jouer le final si compliqué, attendant patiemment qu'Alarich arrive. Il lui avait pourtant donné rendez-vous au théâtre impérial à quatorze heures et connaissait la ponctualité de son élève. Ses doigts dansèrent avec frustration sur les touches blanches tout en respectant à la perfection les notes dessinées sur ses partitions.

Mais qu'est-ce qu'il fait ? Il est toujours à l'heure d'habitude. Peut-être qu'il est à l'entrée et que les gardes lui refusent l'accès...

A la fin du morceau, le maestro leur accorda quelques minutes de repos, sortant de la salle de spectacle, sa veste sur le dos. Il regarda autour de lui mais ne vit pas la chevelure blonde de son élève. Fronçant les sourcils, le brun se mit à le chercher partout aux alentours du théâtre avant de le voir s'agiter devant un garde. Antonio s'approcha à grands pas.

« Non, Monsieur, je vous ai déjà dit que le théâtre était fermé au public jusqu'à ce soir !

-Monsieur, ce jeune homme est mon élève.

-N'importe qui n'a pas le droit d'entrer dans le théâtre, maestro.

-Ce n'est pas n'importe qui. C'est mon élève et il jouera ce soir lors de la symphonie que je présenterai. Laissez le rentrer.

-Mais maestro...

-J'ai dit : Laissez le rentrer. »

Le garde finit par céder et Alarich se joignit à l'orchestre, juste à côté du piano. Le compositeur s'assit devant l'instrument, donnant le départ du final au blond. Ils jouèrent en parfaite harmonie l'un avec l'autre, suivant les partitions à la note près. Le dernier accord retentit, chacun gardant les mains sur son instrument avant de se regarder. Le plus vieux s'approcha de son élève, lui ébouriffant doucement les cheveux.

« Je suis fier de toi, Alarich. Dès demain, les plus grands opéras voudront t'embaucher et te faire participer aux plus grandes pièces qui seront créées d'ici peu. »

Il tourna ensuite la tête vers l'orchestre, reprenant un visage sévère.

« Vous voyez, même mon élève est meilleur que vous et vous prétendez être le meilleur orchestre du pays ? Quelle arnaque ! J'espère que vous donnerez tout ce soir, la répétition est terminée. »

Plusieurs messes-basses lui parvinrent pendant que les musiciens rassemblaient leurs partitions et quittaient la salle. Antonio félicita à nouveau son élève avant de le laisser s'en aller. Cependant, le cadet lui attrapa le poignet et lui montra les instruments, réclamant ainsi une nouvelle et dernière répétition pour leur duo. Le Maître de Chapelle accepta et se réinstalla au piano, rejouant le morceau avec Alarich pendant un long moment jusqu'à ce que le petit blond s'en aille. Le plus vieux sortit du théâtre peu après, se dirigeant vers le palais puis vers le bureau de Mozart. Frappant à la porte, le brun entra, découvrant un bureau plongé dans la pénombre avec son ami étendu sur le meuble en bois, jouant avec sa plume, le regard dans le vide. Lorsqu'il entendit son amant entrer, l'Autrichien releva immédiatement la tête et lui offrit un sourire incroyablement faux, ce qui fit froncer les sourcils au latin.

« Quelque chose ne va pas ?

-Si, je réfléchissais juste.

-A quoi ?

-À ce que je pouvais faire pour toi, pour tes problèmes de sommeil.

-Ton opéra n'avance pas ?

-Ne change pas de sujet ! Je suis inquiet maintenant...

-Tu n'as pas à t'en faire pour moi, Wolfgang. Je vais bien.

-Ne me mens pas, tu as des cernes énormes, ça crève les yeux que ça va pas !

-Tu veux vraiment qu'on en revienne à la discussion de ce matin ? De toute façon, je dors chez toi ce soir donc tu vas pouvoir me surveiller et constater que tu ne peux strictement rien faire pour moi.

-Ne sois pas aussi négatif, Antonio... Je suis certain que ça passera.

-Même avec des somnifères, j'ai réussi à faire une paralysie du sommeil avant de m'endormir. Il n'y a rien à faire et je ne suis même pas certain que ça finisse par passer.

-Ce n'est pas en étant aussi peu convaincu que ça partira !

-Nous verrons bien ce soir si ta présence est bénéfique ou anodine.

-Hm ! »

Wolfgang se leva de son bureau pour enlacer le brun avec douceur, embrassant doucement son cou avant d'aller fermer la porte pour avoir plus d'intimité. Celle-ci acquise, il posa ses lèvres contre celles de Salieri qui passa ses bras autour de la taille du plus jeune, profitant de l'échange. L'Italien se retrouva bientôt bloqué contre le bureau et dû faire voler les feuilles posées dessus pour s'assoir sur le bois, le blond contre lui. Leur baiser s'éternisa alors que chacun bataillait pour la dominance de l'échange, l'Autrichien finissant par l'obtenir après plusieurs secondes. Le Maître de Chapelle grogna légèrement et finit par se détacher de son amant, les joues légèrement rougies, le souffle court. Un rire léger échappa au compositeur germanique qui lui ouvrit doucement les premiers boutons de la chemise.

« Eh bien, tu as chaud ? Tu es tout rouge.

-Je vais très bien, mais toi, tu as envie de me déshabiller.

-Je me dis souvent que tu portes bien trop de vêtements et qu'ils sont trop lourds. Rétorqua-t-il avec un sourire

-Ce n'est pas aujourd'hui que tu auras l'occasion de me déshabiller, désolé de te l'apprendre.

-Je trouverai toujours un moyen de t'enlever tes vêtements, Antonio !

-Essaye, pour voir. »

Arquant un sourcil de manière suggestive, Mozart commença à faire glisser ses doigts sur le torse encore couvert de son amant, parvenant à son veston qu'il s'empressa de déboutonner. Hormis sa chemise, le plus vieux se retrouva débarrassé de tout ce qu'il avait sur le dos. Un sourire triomphant se dessina sur les lèvres du jeune homme à la crinière dorée alors qu'il tentait de lui retirer son dernier haut. Le brun lui claqua doucement les mains, reprenant ses vêtements pour les remettre, riant légèrement devant la petite moue boudeuse du prodige de Salzbourg. Antonio l'embrassa sur le front avant de lui ébouriffer doucement les cheveux.

« J'ai du travail, on se revoit ce soir au théâtre impérial ?

-Je ne raterai ta première pour rien au monde ! A ce soir.

-A ce soir. »

Il quitta ensuite le bureau pour regagner le sien et composer un peu. Récemment, il avait commencé à écrire un trio pour piano, voix et violon. Bien évidemment, il comptait sur son amant et Alarich pour accompagner sa voix. Ses pensées restaient figées sur son travail en coopération avec Wolfgang, le duo qu'ils avaient créés ensemble et sa voix qui se mariait divinement bien avec la virtuosité du blond dès qu'il touchait au piano. Se mordillant la lèvre, l'homme continua de tracer ses notes, changeant régulièrement de feuille tant l'inspiration le faisait écrire. Après plusieurs heures passées à composer, l'Italien se leva en jetant un coup d'œil à la pendule qui marquait tout juste dix-huit heures trente. Il réajusta le col de sa veste et partit chercher son amant, frappant à la porte avant de l'ouvrir et de se placer dans l'encadrement de la porte. Entendant les grincements de la plaque de bois, Mozart releva la tête et sourit doucement en voyant le brun. Il quitta son siège pour venir déposer un rapide baiser sur ses lèvres avant de lui demander ce qu'il faisait ici. L'aîné haussa les épaules.

« Par pur envie.

-Sérieusement, Antonio.. Tu n'avais pas du travail ?

-Si, mais j'ai suffisamment réfléchi pour la journée. Je voulais t'inviter à dîner avant le début de la représentation.

-Oh, volontiers ! Laisse-moi juste ranger mes affaires et j'arrive !

-Il nous reste deux heures, détends toi.

-C'est plutôt à toi de te détendre !

-Je ne suis pas anxieux à propos de ma symphonie si c'est ce que tu te demandes.

-Comment tu fais pour être aussi calme ?

-Je sais que les Viennois m'aiment et m'admirent, mon travail sera apprécié à sa juste valeur. Surtout que c'est ma plus grande œuvre, je travaille dessus depuis six ans. Ce qui me fait peur, c'est plutôt la réaction de Gassmann. Il faut d'ailleurs que je passe le voir, avant que l'on aille diner. Tu m'accompagnes ?

-Avec plaisir ! »

Wolfgang rangea ses affaires, enfila sa veste rouge pailletée et sortit du bureau, puis du palais, accompagné de son comparse. Les deux hommes mirent bien quarante minutes avant d'arriver chez Gassmann. Le plus vieux frappa à la porte et celle-ci s'ouvrit sur un domestique ayant l'air inquiet.

« Monsieur Salieri...

-Bonjour, je viens voir mon maître. Est-il là.. ?

-Oui, bien sûr, il est à sa chambre mais...

-Mais.. ?

-Le médecin ne veut pas qu'il reçoive de visites pour l'instant. Je crains que vous ne puissiez le voir...

-J'en ai seulement pour quelques minutes, laissez-moi le voir.

-...

-S'il-vous-plait. Je ne serai vraiment pas long !

-...préparez-vous à lui faire vos adieux dans ce cas... Monsieur Gassmann ne passera pas l'hiver...

-...Je m'en doute... »

Le domestique les laissa passer alors qu'un voile de tristesse prenait place sur les yeux de l'Italien qui monta rapidement à la chambre de son mentor. Celui-ci avait le teint grisâtre, les yeux vides, il tourna mollement la tête vers son élève à qui il offrit un bien maigre sourire. Le brun s'assit au coin du lit, saisissant fébrilement la main de son maître.

« Désolé..Antonio... Je ne pourrai pas...venir ce soir...

-Je sais, ce n'est pas grave... Reposez-vous, vous aurez d'autres occasions de l'entendre...

-Non, mon enfant... Je n'entendrai...jamais ta symphonie.. Pardonne moi..

-Ne parlez pas de malheurs enfin ! Vous avez encore plusieurs années devant vous, bien sûr que vous l'entendrez...

-Antonio...ne te voile pas la face...Tu sais..ce qu'il va se passer... Je suis désolé...

-Je ne veux pas...je ne suis pas prêt à ça... Geignit-il en serrant un peu plus sa main

-Tu n'as plus besoin de moi... Cela fait un moment...que tu voles de tes propres ailes...

-Vous êtes..ma seule famille...Je ne peux pas l'accepter... ! J'en suis incapable... »

Une larme coula le long des joues de l'Italien qui ferma les yeux pour ne pas laisser s'échapper d'autres perles salées. Son mentor lui caressa doucement la joue pendant que Wolfgang lui pressait légèrement l'épaule en guise de soutient. Il reçut un baiser sur la tempe alors que son amant s'asseyait à ses côtés, le cœur serré de le voir aussi mal.

« Antonio... Il faut bien que ça arrive... Souffla Gassmann

-Mais pourquoi maintenant.. ?

-Je ne suis pas...encore mort, ne t'en fais pas.. Je te demande juste de te préparer...

-Hm... »

Le brun inspira longuement, tentant de se calmer en s'essuyant les joues, un poids lui comprimant le torse. Son mentor porta son regard terne sur Wolfgang, demandant à son élève de sortir quelques minutes. Surpris, ce dernier accepta, effleurant d'une main celle de son amant avant de quitter la pièce en fermant la porte, s'adossant à un mur en fermant les yeux.

Le jeune Autrichien regarda le vieil homme, sans comprendre pourquoi avait-il fait sortir son élève.

« Mozart, puis-je...vous demander un service.. ? Demanda-t-il d'une voix calme mais sérieuse

-Oui, bien sûr ! Je vous écoute.

-Prenez soin...d'Antonio.. Aidez-le à connaître le bonheur, avec tout ce qu'il a vécu...je ne veux pas qu'il soit encore malheureux. Si vous êtes son ami...alors soutenez-le, je vous en prie...

-Ne vous en faites pas, je me suis fait la promesse de le rendre heureux, je ne le lâcherai pas avant qu'il ne le soit. Et...nous sommes plus que des amis... Souffla-t-il avec un petit sourire, sur un ton de confidence

-C'est une bonne chose... Je vous le confie sans regrets, dans ce cas... Et pourvu que vous ayez tous deux une belle et longue vie...

-Merci..Dois-je en conclure que j'ai votre bénédiction pour pouvoir aimer Antonio ?

-Évidemment, vous avez mon entière confiance... Maintenant, partez, vous finirez en retard pour la première de sa symphonie...

-Bien, merci infiniment et...Merci d'avoir sauvé Antonio, il y a dix ans, ma vie serait bien molle sans lui. Au revoir..

-Au revoir.. »

Le blond quitta la pièce avec un sourire pour Gassmann avant de rejoindre son amant qui tourna la tête vers lui, demandant ce que son mentor lui voulait. Il haussa les épaules en gardant un air énigmatique avant de l'embrasser du bout des lèvres. Antonio roula des yeux et quitta la maison avec lui, prenant la direction du restaurant géré par la famille d'Alarich. Ils entrèrent et le père du blondinet les plaça directement à une table où ils ne seraient pas dérangés avant de leur donner les cartes. Wolfgang souriait doucement, sa main sur la table, comme s'il attendait que son comparse pose la sienne contre ses doigts mais rien ne vint. Autant le cadet se fichait pas mal des regards, autant le brun avait un peu plus de mal à ne pas prendre en compte ce que pensaient les autres. Le regard du Maître de Chapelle vagabondait tout autour d'eux, constatant que les clients commençaient à affluer.

« He, Antonio... Pourquoi tu regardes tout autour de toi comme si tu vérifiais tes arrières.. ?

-Parce que je vérifie mes arrières.

-Mais pourquoi ?

-Parce qu'il est tout à fait possible qu'un certain Beethoven vienne demander des comptes à Alarich et il doit certainement savoir qu'il travaille ici. C'est une enflure, il n'hésitera pas à s'en prendre à Alarich pour faire rater ma symphonie.

-Détends toi, il ne fera rien, il n'aura pas le courage de lui faire du mal...

-Tu n'en sais rien, je préfère rester sur mes gardes.

-D'accord... Mais... Je comprends que tu t'inquiètes, essaye juste de te détendre... Si tu es aussi anxieux, tu n'arriveras pas à avaler grand-chose... Et c'est mauvais ne rien avoir dans le ventre pour une représentation aussi importante...

-Je saute déjà des repas de toutes façons, je ne suis plus à ça près.

-Pardon ?

-Tu as très bien entendu, Wolfgang. Le matin, je n'arrive pas à avaler quoi que ce soit.

-À cause de tes problèmes de sommeil ?

-Hm.

-Il va falloir que je t'aide plus que je ne le croyais... Soupira-t-il

-Je ne t'ai pas demandé d'aide que je sache, c'est toi qui as tenu à m'aider.

-Ne te braque pas, ça n'a aucun intérêt ! Tu n'as plus besoin de tes barrières, elles sont inutiles avec moi et tu le sais. Pourquoi tu continues à, parfois, te montrer aussi froid ?

-Il y a des habitudes que l'on est incapable de perdre, celle-ci en fait partie. Et puis, quoiqu'il arrive, j'essaye toujours de me protéger un minimum.

-Te protéger de quoi ? Je suis certainement la personne la moins dangereuse qui soit ! Je ne te ferai jamais de mal, Antonio.. Ce n'est pas mon but et ce n'est pas non plus dans ma nature...

-Je sais, je sais mais c'est un réflex.

-J'ai cru comprendre... »

Il y avait toujours un peu de tension entre eux, souvent en désaccord sur de multiples sujets, aucun des deux ne se montrait hypocrite, ils étaient francs l'un avec l'autre et se mettaient ainsi en confiance. Lorsque l'un avait des doutes, le second le rassurait ou lui disait honnêtement ce qu'il en pensait. C'était ainsi que leur couple fonctionnait. Quelques baisers volatiles, un suçon plus ou moins exposé et de la confiance mutuelle. Ils s'aimaient, certes mais surtout se respectaient. Ils respectaient l'intimité de l'autre, sa manière de penser, ses opinions, même si cela amenait parfois à un conflit qui s'apaisait de toute façon très rapidement, que ce soit parce qu'ils se présentaient des excuses ou parce qu'ils échangeaient un baiser qui les mettait directement d'accord.

Un serveur vint prendre leur commande avant de leur apporter du vin qu'il versa dans leurs verres. Le blond leva le sien et le colla à celui de son amant.

« À ta symphonie, à ton futur triomphe !

-Je triomphe déjà. Répliqua le plus âgé avec amusement

-Pardonnez-moi, Maestro Salieri !

-Vous êtes pardonné, Maestro Mozart. »

Les deux hommes rirent doucement avant de commencer à boire, avec modération évidemment. Leurs plats arrivèrent rapidement et ils dinèrent avec calme, sans se presser. L'ambiance s'était bien détendue entre eux, mieux valait-il qu'ils n'abordent pas le sujet de la santé de Salieri s'ils ne voulaient pas créer de malaise inutile. N'ayant plus le temps pour un dessert, ils se levèrent et l'aîné partit payer, plus que nécessaire. Il ne laissa pas le temps au père d'Alarich de répliquer et s'en alla avec son amant, filant vers le théâtre impérial en rentrant par l'arrière et les coulisses. Alarich était là, dans son plus beau costume, loin des autres musiciens qui le fixaient avec mépris. Antonio lui sourit et vint l'enlacer brièvement avant de se tourner vers Wolfgang qui semblait mourir de jalousie. Le brun leva les yeux au plafond avant de se diriger vers sa propre petite loge qu'il ferma à clé pour embrasser son amant en toute intimité.

« Tu es un idiot... Souffla-t-il à la fin du baiser

-Hmph.

-Tu n'as aucune bonne raison d'être jaloux.

-Pourquoi ce n'est pas à moi que tu fais des câlins en public ?

-Parce que je te connais et que je sais que ça va déraper si je te fais un câlin. J'ai encore ta morsure de l'autre jour...

-C'est vrai ?!

-Bien sûr.

-Désolé ?

-C'est cela, excuse toi.

-T'as pas fait un bruit quand je t'ai mordu, je me suis dit que ça ne t'avait pas fait mal.

-Mais je n'ai pas eu mal ! C'est juste que tu as mordu tellement fort que j'en ai encore la marque.

-Je peux voir ?

-Si ça te fait plaisir. »

L'Italien retira ses hauts, déboutonnant sa chemise avant de descendre la partie qui couvrait son épaule droite. Le blond découvrit les traces de sa morsure et la toucha doucement, un sourire fier aux lèvres. Au moins, personne ne toucherait à son Antonio. Celui-ci ne tarda pas à se rhabiller et fit disparaître le rictus du plus jeune en collant ses lèvres aux siennes, le plaquant au mur pour ne lui laisser aucune possibilité de fuite. Malheureusement, l'échange fut de courte durée, un musicien venant frapper à la porte alors que les deux maestros continuaient de s'embrasser.

« Maestro Salieri, le public vous attend. »

Le brun leva les yeux au plafond et rompit le baiser avec douceur. Il réorganisa sa chevelure que Wolfgang avait décidé de saccager avant de reboutonner le haut de sa chemise défaite par les mains baladeuses du cadet.

« Tu ne paies rien pour attendre... » Lui lança-t-il avant de sortir de la loge, inspirant longuement

L'homme retrouva son orchestre qu'il mena avec calme et précision. Juste avant que les premières notes retentissent, l'Autrichien s'était installé dans le public pour assister à ce spectacle auditif divin.

Pendant une bonne trentaine de minutes, aucun bruit ne parcourut la salle hormis les accords des instruments et la mélodie qui s'en dégageait. Alors que tous pensaient la symphonie achevée, le Maître de Chapelle s'installa au piano, faisant signe à Alarich de le rejoindre, lui qui était resté derrière les rideaux pour ne pas être vu. Ils attaquèrent alors le dernier mouvement ensemble, chacun concentré sur ce qu'il devait jouer. La fin de leur duo arriva après cinq bonnes minutes et Antonio s'empressa de quitter cet endroit pour aller dans les loges, s'enfermant dans la sienne en se laissant tomber par terre. Il n'avait aucune envie de recevoir des éloges et des compliments de la part des courtisans et autres membres de la noblesse. Il entendit que quelqu'un frappait à sa porte, se levant sans envie pour aller l'ouvrir. Il tomba nez à nez avec son amant qui se dépêcha d'entrer, refermant directement la porte avant de se jeter au cou du latin, le serrant contre lui.

« C'était magnifique ! Vraiment ! C'est l'une des plus belles œuvres que j'ai entendu jusqu'ici, tu t'es réellement investi dedans, ça s'entend.

-Calme toi, respire, Wolfgang. Et merci, ça me fait plaisir d'entendre enfin quelque chose de sincère.

-Comment ça 'enfin' ? Tu penses que je ne suis jamais sincère ?

-Bien sûr que si, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Par rapport à tout ce que me disent les autres, c'est la première fois que je reçois un compliment sincère.

-Je vois... Sortons, je crois que le public attend pour te féliciter.

-Je n'ai pas envie de les voir.

-Ce ne serait pas très poli de t'enfuir comme un voleur. Et puis, Haydn et Beethoven étaient là, tu sais.

-Comment tu le sais ?

-J'étais assis à côté d'eux. Je crois qu'Haydn a beaucoup aimé ton travail.

-Si tu le dis.

-On dirait que tu n'en as rien à faire.

-C'est le cas.

-Pourquoi n'essayes-tu pas d'au moins connaître Haydn ? C'est un homme très talentueux pourtant ! Et il ne veut de mal à personne.

-J'ai l'air de vouloir me faire des amis ?

-Moi j'en ai envie. Reste seul si ça te chante, moi je vais m'amuser un peu. »

Le blond déposa ses clés dans les mains de son amant avant de sortir de la loge en soupirant. Qu'Antonio soit méfiant vis-à-vis de Beethoven, il ne lui en voulait pas mais vis-à-vis d'Haydn... Il n'avait aucune raison de se méfier. Secouant la tête, le jeune homme partit à la rencontre des deux compositeurs, discutant avec le plus âgé.

Le Maître de Chapelle lâcha un long soupir et quitta le théâtre, prenant la direction de la demeure de Wolfgang, entrant à l'intérieur avant d'aller s'allonger sur le canapé, allumant un feu pour se réchauffer. Il n'avait aucunement envie de discuter avec le maître de son ancien élève et ne comprenait simplement pas l'intérêt de son amant pour leurs rivaux. L'homme à la sombre chevelure perdit son regard dans les flammes dansant dans la cheminée, attendant le maître des lieux. 

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