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Chapitre VII

Le blond s'en alla, laissant Salieri réfléchir à tout ce qui venait de se passer. Il passa doucement sa main sur sa joue, là où le cadet l'avait touché. Le maestro soupira longuement, tentant de calmer les battements de son cœur dont la rapidité n'était plus due à la belladone. L'homme se redressa difficilement, regardant le canapé sur lequel il était allongé, se perdant dans ses pensées, la main sur le cœur.

Il faut que cela cesse... Mais je ne pourrai le repousser indéfiniment sans lui expliquer pourquoi.. J'ai beau tenter d'être horrible avec lui, de me montrer sec, froid, distant, il revient tout le temps à la charge et j'ai de plus en plus de difficultés à le rejeter.. Va-t'en, Wolfgang, avant que ce ne soit moi qui parte...

Des souvenirs lui revinrent en tête alors qu'il sentait son cœur se serrer de manière effroyable. Il ne voulait pas que ça recommence. Il ne voulait pas qu'on le chasse de nouveau. Il ne voulait pas qu'on le regarde comme une abomination. Mais si Wolfgang savait, s'il était mis au courant, plus jamais il ne l'approcherait.

C'est peut-être le seul moyen de l'éloigner en fin de compte... Mais pourquoi lui dirai-je ? Je n'ai aucune maudite raison de le faire ! Il n'a pas à savoir quelque chose d'aussi dérangeant. Mais si c'est ainsi que je l'éloignerai, je n'aurais peut-être pas le choix.

Perdu dans ses pensées tiraillées, il n'entendit pas le blond revenir vers lui en courant. Ce ne fut que lorsqu'il cria son nom qu'Antonio sursauta et releva un regard attristé vers lui.

« Hm ?

-J'ai le charbon ! Tu te sens mieux ? Tu as...non en fait, tu n'as pas meilleur mine.

-Donne, qu'on en finisse. Plus vite je serai en état, plus vite je pourrai retourner travailler.

-D'accord, d'accord ! Tu étais plus gentil lorsque tu étais sur le point de mourir. Le charia-t-il

-... »

Le compositeur italien resta silencieux, plutôt mécontent de la remarque. Wolfgang partit chercher un verre d'eau dans lequel il mit une cuillère de charbon, attendant qu'il se dilue. Une fois la substance mélangée à l'eau, il revint voir son comparse qui semblait toujours lui en vouloir pour la pique. Il lui tendit le verre d'eau et rit devant son air sceptique.

« Allez bois, ce n'est pas moi qui vais tenter de t'empoisonner !

-J'ai des doutes.

-Ce serait plutôt ton style de tuer ainsi tes rivaux.

-Peut-être, peut-être pas. L'empoisonnement est lâche. Si l'on veut tuer quelqu'un, on le fait en face de cette personne.

-En parlant de ça, j'aimerai bien savoir qui a voulu t'empoisonner. C'est impossible que ce soit un accident.

-Je l'ignore. Et j'ai envie de te dire que je ne veux pas savoir.

-Si tu ne sais pas qui a voulu te tuer, cette personne pourra très bien recommencer et peut-être réussir !

-Dis-moi, pourquoi t'inquiètes-tu tant pour moi ? Je n'en ferai jamais de même, j'espère que tu en as conscience.

-Je...Je t'apprécie, c'est normal de s'inquiéter pour ceux que l'on aime bien et qui font en sorte que notre vie ne soit pas trop un calvaire. »

Antonio inclina la tête sur le côté, ne comprenant pas la façon de penser du blond. Soupirant légèrement, il but le mélange charbon-eau sans enthousiasme, se disant que cela allait certainement l'aider. L'Italien cala ensuite sa tête contre l'accoudoir, fermant les yeux. Wolfgang lui fit plier ses jambes pour s'assoir à ses côtés, croisant les siennes. Le brun rouvrit un œil en arquant un sourcil avant de secouer la tête, se redressant. Ce garçon savait définitivement quoi faire pour s'attirer ses faveurs et tenter de se rapprocher de lui. Un grognement échappa au Maître de Chapelle qui croisa les bras sur son torse en fixant l'intrus.

« Quand vas-tu arrêter de me coller ainsi ?

-Tu as dit hier que tu n'arrivais pas à me rejeter de peur de me faire du mal, il serait peut-être temps que j'en profite, non ?

-Tu ne retiens que ce qui t'arrange.

-Je sais !

-Wolfgang Amadeus Mozart.

-Oui ?!

-Je te hais. Si tu savais à quel point je te hais, tu prendrais peur.

-Pourquoi dis-tu cela ?

-Parce que je déteste ce que tu es en train de me faire, je déteste la proximité que tu es en train d'installer. Je hais quand tout va à l'encontre de ce que je prévois, ça a tendance à m'énerver. Tu ferais mieux de t'éloigner avant que ça ne dégénère.

-Je me demande comment tu es quand tu t'énerves.. Ça doit être terrifiant !

-Arrête de me provoquer...

-J'aime bien t'embêter un peu, c'est distrayant.

-Ne me fais pas sortir de mes gonds, Wolfgang.

-Oh ? Et pourquoi ne le ferai-je pas ?

-Arrête.

-Pourquoi ?

-Arrête. Maintenant. Je ne le dirai pas une quatrième fois.

-Tu sais, Antonio, peu importe tes menaces, c'est déjà trop tard pour m'éloigner de toi. Je te trouve intéressant, fascinant, je veux en apprendre plus sur toi. Je veux être proche de toi, que tu te confies à moi.

-Je n'ai aucune raison de le faire.

-Tu as toutes les raisons du monde de le faire. Tu es seul, tu as besoin d'évacuer certaines choses, tu as besoin de parler de ce qui te pèse. Et je sais que tu portes certains fardeaux. Ça se voit.

-Je ne te dirai rien. Tu...Tu es agaçant à toujours quémander alors que je t'ai dit maintes fois non, j'ai l'impression d'avoir un enfant capricieux en face de moi ! »

Wolfgang roula des yeux et étendit les jambes d'Antonio avant de se pencher sur lui, ses mains de chaque côté de son visage, son corps fin et élancé surplombant le sien, une lueur amusée dans le regard.

« Peut-être parce que je suis encore un enfant capricieux. Je n'ai jamais vraiment grandi, je pense que tu as fini par le remarquer. Certes, je suis peut-être un peu naïf mais je ne suis pas stupide. Ce que tu fais, cette distance que tu tentes de mettre entre nous, c'est simplement pour ne pas avoir l'air faible, pour essayer de rester froid parce que tu as une réputation à tenir. Mais tu veux que je te dise ce que j'en pense ? Avoir des émotions est quelque chose de normal. Ce n'est pas parce que tu apprécies quelqu'un ou que tu te mets en colère que tu es quelqu'un de mauvais. Alors arrête de vouloir tout contrôler, arrête de vouloir me repousser, ça ne servira à rien, tu t'épuiseras inutilement et je ne veux pas te voir plus fatigué que tu ne l'es déjà. Et sache qu'il est bien plus dangereux mentalement de se retenir d'apprécier quelqu'un que de s'avouer qu'on aime cette personne. »

L'Italien détourna le regard lors de la tirade du plus jeune, secouant doucement la tête. Un soupir lui échappa alors qu'il se redressait, collant son front à celui de son vis-à-vis.

« Tu ne comprends pas, tu ne comprends rien. Ce n'est pas qu'une question de faiblesse, c'est une question de décence et de respect. J'ai du respect pour toi, Wolfgang, et je n'ai pas envie que tu subisses ce que je peux ressentir, autant le négatif que le positif. Si j'avais le droit, crois-moi que je ne m'efforcerais pas à arborer un masque d'indifférence or je n'ai pas le choix. Je n'ai aucune envie d'être traqué comme une bête sauvage. Je ne veux pas qu'on me dise encore une fois que je suis habité par le Diable. Alors je me cache et j'essaye de n'avoir que le strict minimum dans mon entourage. Et tu ne fais pas partie de cet entourage. Du moins, tu ne dois pas en faire partie.

-Pourquoi n'aurais-je pas le droit d'être proche de toi alors que Dante, Alarich et Gassmann le peuvent ?

-Parce qu'avec eux, je sais qu'il ne m'arrivera rien, je sais que rien ne me tentera. Avec toi, je sais que je n'aurais jamais le même contrôle.

-Comment ça ? Pourquoi ce serait différent ?

-Pour beaucoup de raisons.

-Explique-moi.

-Je ne peux pas. Ce sont des choses qui ne se disent pas. Pas en public, pas dans un royaume qui n'est pas le nôtre où l'on peut nous entendre, pas dans un endroit que je ne connais pas et où je ne me sens pas en sécurité.

-Est-ce que tu voudras m'en parler lorsque nous rentrerons à Vienne.. ? Ce que tu dis commence à m'inquiéter, j'ai peur que ce ne soit grave...

-Nous verrons bien si je peux te confier une telle chose. En attendant montre-toi patient. »

Antonio se rallongea correctement alors que Wolfgang s'asseyait sur son torse, lui faisant hausser un sourcil. Le latin ne pouvait rien faire, c'était son comparse qui avait le dessus sur la situation. Un sourire en coin au visage, le blond semblait heureux de la surprise provoquée, laissant danser ses doigts sur le haut du torse du brun. Celui-ci sentit un frisson lui parcourir l'échine alors qu'il saisissait le poignet de son cadet pour qu'il arrête ce qu'il faisait. Il attrapa sa veste qui avait chu au sol, la mettant pour se couvrir maintenant qu'il ne souffrait plus d'hyperthermie. L'Autrichien fit la moue en le voyant se rhabiller. La vue lui plaisait pourtant... Il secoua doucement et le laissa tranquille, se rasseyant à ses côtés. Alors qu'il voulut de nouveau engager une conversation, il fut interrompu par l'arrivée de Catherine II et Joseph II qui s'assirent en face d'eux. L'Empereur d'Autriche regarda ses deux maestros avant de se tourner vers l'Italien.

« Vous semblez aller un peu mieux qu'hier soir, Salieri.

-J'ai été empoisonné, Votre Majesté. Par qui, je l'ignore mais j'étais clairement la seule personne visée.

-Mais enfin, qui voudrait vous tuer ? Vous êtes un homme de talent, toute la Cour viennoise vous respecte.

-Je sais, je sais mais les faits sont là. La belladone s'est parfaitement bien glissée entre les myrtilles et celui qui désirait ma mort a bien failli l'avoir.

-C'est un miracle que vous soyez en vie !

-Loin de là. Je peux remercier Wolfgang d'être allé chercher un médecin. Sans ça, je serai mort.

-Je n'allais certainement pas te laisser mourir ! Je sais à quel point tu es important pour la Cour. Et vu qu'ils ne m'ont pas totalement accepté, ta mort aurait signé la fin de la musique qu'ils aiment.

-Hm... Votre Majesté ?

-Oui ?

-Ne pensez-vous pas que nous devrions enquêter sur le traitre qui aurait pu faire cela ?

-C'était peut-être un accident !

-Les cuisiniers ne sont pas censés avoir de belladone, c'est forcément quelqu'un qui leur en a apporté. Quelqu'un qui savait que je viendrai à Postdam.

-C'est-à-dire que... Toute la Cour de Postdam est au courant des visiteurs mais je doute que certains désirent vous tuer, Salieri.

-Alors c'est forcément l'un d'entre nous.

-Vous n'avez aucune preuve de ce que vous avancez, laissez donc cette affaire de côté, cela n'a aucune importance à l'heure qu'il est.

-Bien, Votre Majesté... »

Antonio serra légèrement les poings, fou de rage que l'Empereur se soucie aussi peu de qui avait bien voulu le tuer. Il soupira longuement et se passa une main dans les cheveux avant de demander où se trouver leurs quartiers, à lui et Wolfgang. Catherine de Russie leur indiqua le chemin et les deux maestros quittèrent la pièce après l'avoir remerciée. Pendant qu'ils marchaient, l'Autrichien demanda à son comparse s'ils pouvaient partager la même chambre, prétextant qu'il n'avait aucune envie de dormir seul dans ce palais inconnu. Roulant des yeux, l'Italien finit par accepter après une longue hésitation. Ils pénétrèrent dans la chambre où des serviteurs avaient déjà déposé leurs valises et rangé leurs vêtements. Dans la pièce adjacente se trouvait une grande salle d'eau avec une immense bassine de bois pleine d'eau fumante. Le brun se tourna vers le cadet.

« Toi ou moi en premier ?

-A deux ?

-On a déjà dormi ensemble, ça ne te suffit pas ?

-Non ! Plus on est proche, plus je pourrai apprendre rapidement à te connaître !

-Tu es vraiment lourd, Wolfgang...

-Je sais ! »

Le latin roula des yeux et commença à se déshabiller, vérifiant que le regard brûlant du blond ne glissait pas sur son corps. Il pénétra ensuite dans l'eau chaude, soupirant de bien-être. Le jeune prodige ne tarda pas à le rejoindre, un sourire aux lèvres. Il voulut se coller à Salieri mais ce dernier se décala à l'autre bout de la bassine en grognant.

« Pourquoi tu tiens tant à ce qu'on prenne un bain ensemble ? C'est terriblement gênant comme situation...

-Pour le plaisir des yeux ! Gloussa le cadet avec un sourire malicieux

-Mais bien sûr...

-Je plaisante, détends toi ! Et puis, on sait tout deux que c'est bien plus plaisant de regarder une femme, non ?

-Si tu le dis.

-Elles ne t'attirent pas ?

-Elles m'agacent, j'ai envie de toutes les étriper. Les femmes de la noblesse sont d'une hypocrisie à toute épreuve. Même Rosenberg ne peut les surpasser.

-Tu es tombé sur les mauvaises femmes alors. Je te présenterai ma sœur un jour, c'est un vrai petit ange !

-Si elle est comme toi, non merci.

-Plus sérieusement, aucune femme ne t'a jamais attiré.. ?

-Jamais.

-Donc...tu n'as jamais eu de plaisirs charnels.. ?

-Non. Contrairement à toi, je n'ai pas besoin de la luxure pour vivre.

-Tu veux mourir seul sans enfant ? Mon pauvre...

-Je veux mourir seul, le plus tard possible et sur mon piano.

-Voilà des paroles dignes de l'artiste que tu es. Je suis sûr que tu trouveras celle qui te faudra le moment venu !

-Il serait peut-être temps que je te le dise, en fin de comptes. Sinon, tu ne me lâcheras jamais avec cette affaire de femme...

-De quoi tu parles.. ?

-Tu sais, je t'ai dit que mes parents m'avaient trahi et mis à la porte ?

-Je...oui, je m'en souviens.

-Je t'ai aussi dit que je m'étais ouvert les veines, n'est-ce pas ?

-Oui.

-Est-ce que tu sais pourquoi ?

-Parce qu'ils t'ont trahi.. ?

-Certes, mais tu ignores la raison de leur trahison, je suppose.

-O..Oui... Antonio, écoute, si tu ne veux pas m'en parler, je ne veux pas que tu te forces !

-C'est toi qui as insisté pour savoir, maintenant assume.

-Je vois bien que ça t'évoque de mauvais souvenirs...

-Bien sûr que ça me rappelle de mauvais souvenirs, j'ai vécu plus joyeux comme moments mais comme tu l'as si bien dit, j'ai besoin d'évacuer certaines choses et je ne veux pas que tu me prennes la tête plus longtemps.

-Si tu me racontes ce qu'il s'est passé, est-ce que c'est pour te débarrasser de moi.. ?

-On peut dire ça comme ça. Mais...j'estime que je peux te faire assez confiance pour que tu ne le répètes pas.

-Je...D'accord...

-Donc, si mes parents m'ont rejeté, c'est pour une seule et unique raison. J'avais à peu près quatorze ans quand ça s'est produit. J'avais un professeur de piano d'une vingtaine d'années, un peu plus je crois. On était très proches, tous les deux, on passait des heures à jouer ensemble, il m'a appris les bases de la composition que j'ai plus tard perfectionné avec Gassmann. Enfin, peu importe. Ce jour-là, la leçon qu'il devait me donner était finie mais il nous restait du temps avant qu'il ne parte. Alors, je suppose que ce fût dans un élan d'envie et de stupidité de ma part, j'ai décidé de lui avouer ce que je ressentais depuis plusieurs mois. Wolfgang, je l'aimais. Je l'aimais plus que n'importe qui, plus que n'importe quoi et de la même manière que tu aimes une femme. Je dois avouer avoir été très surpris par la réciprocité de ses sentiments et on...on s'est embrassé. Malheureusement, mes parents sont rentrés à ce moment-là et tu n'es pas sans savoir que le catholicisme interdit les relations entre hommes. Ils ont viré mon professeur, non sans l'avoir insulté de tous les noms, puis ils ont tenté de me faire dire qu'il avait abusé de moi. J'étais tellement naïf, tellement ignorant que j'ai préféré dire la vérité. Ma mère a fondu en larmes et mon père n'a cessé de me dire que je n'étais pas son fils, que j'étais un démon, une progéniture de Satan. Je ne comprenais pas ce que j'avais fait de mal, j'essayais de me justifier mais j'ai pris peur lorsque mon père a sorti son fusil de chasse et en a pointé le canon vers moi pour m'abattre. Il m'a posé un ultimatum, soit j'étais renié, soit il me tuait. Je n'ai même pas choisi, ma mère a pris mon père à part. Ils ont discuté un trop long moment pour que je puisse te donner la durée exacte. Mon père a rangé son arme et m'a ouvertement dit que je ne faisais plus parti de la famille. Après cela, il a brûlé toutes mes partitions sous mes yeux avant de me mettre à la porte. Je ne comprenais toujours pas, j'ai maintes et maintes fois frappé à la porte pour rentrer, pensant que c'était sur un coup de tête qu'il avait fait cela mais personne ne m'ouvrit. Alors, j'ai éclaté en sanglots contre la porte, me demandant de nombreuses fois pourquoi est-ce qu'on m'avait chassé. Et j'ai fini par comprendre. Ce qui les dérangeait, c'était le fait que j'avais embrassé un homme, que j'avais aimé un homme. La colère et la tristesse se sont emparées de moi, je les ai insultés sur leur palier puis je suis parti me perdre dans les rues de Legnago. À cause de mes larmes, j'ai dû m'arrêter et je me suis assis contre un mur. Si je n'avais plus de foyer, plus de famille, avais-je encore une raison de vivre.. ? Je pensais que non. Par tous les moyens, il fallait que je meure car, donnant raison à mes parents, j'avais fini par me dire que j'étais un monstre, un démon. Dans les rues, on trouvait toujours des morceaux de verre cassé, des bouteilles vides, des ordures. J'ai pris un morceau de verre qui trainait et je me suis taillé le poignet avec. Le sang coulait à flot et j'ai bien cru mourir mais Gassmann m'a trouvé. Il m'a soigné et m'a accueilli chez lui. Je lui ai tout raconté, une fois que j'étais en état de parler. Puis je me suis fermé, j'ai refusé de parler à qui que ce soit, personne à part Gassmann n'a pu m'approcher. Lui et Dante, qui est le fils d'une de ses femmes de ménage. J'ai commencé à jouer du piano chez lui et, constatant que j'avais encore besoin d'être formé, il a décidé de me prendre sous son aile. Ce qu'il s'est passé ensuite, tu n'as pas besoin de le savoir... »

Wolfgang sentit sa gorge se nouer au récit du compositeur. Alors c'était cela qu'Antonio tentait de cacher. Il désirait cacher aux yeux de tous son homosexualité pour ne pas être considéré comme un monstre, une anomalie. Le brun soupira de soulagement, comme si tout dire à voix haute lui avait retiré un poids qui était là depuis bien trop longtemps. L'Autrichien se rapprocha doucement de lui et posa sa main sur la sienne. L'aîné avait fini par baisser la tête, se sentant quelque peu gêné.

« Antonio... Je ne pensais pas que...que tu cachais quelque chose d'aussi grave... Excuse-moi de t'avoir forcé la main pour savoir...

-Promets-moi, jure-moi sur ta vie que tu n'en parleras...à personne. J'ai besoin de cette garantie... S'il-te-plait... »

Sa voix était douce mais terriblement faible et peu confiante. Le compositeur avait l'impression d'avoir perdu toutes ses protections maintenant qu'il s'était livré à Mozart. Celui-ci ne l'avait jamais vu dans un pareil état de faiblesse. Si le blond avait été un homme vicieux et malsain, il aurait profité de cette fragilité pour obtenir tout ce qu'il désirait de la part de son comparse mais aucune pensée fourbe ne pouvait traverser l'esprit angélique du jeune homme. Un sourire très léger étira ses lèvres qui vinrent déposer un baiser sur la tempe de Salieri.

« Jamais. Je ne trahirai pas ta confiance, je te le jure sur mon honneur, sur ma vie.

-Merci... »

Comme épuisé, le latin posa sa tête sur l'épaule de son cadet, fermant les yeux. Ce dernier, d'abord timidement, commença à lui caresser les cheveux. D'ordinaire, Antonio se serait immédiatement décalé et lui aurait crié dessus mais cette fois il le laissa faire. Cela ne servait plus à rien de mettre de la distance entre eux maintenant qu'il s'était ouvert à lui alors autant le laisser faire ce qu'il voulait tant que cela ne frôlait pas l'indécence. Sans savoir pourquoi, le plus vieux frotta légèrement sa tête contre la main du prodige de Salzbourg, les caresses lui faisant du bien. Surpris, Wolfgang ne s'arrêta pourtant pas, les poursuivant doucement. Il mouilla ensuite les cheveux du brun avant de les laver avec une extrême douceur.

« Où as-tu appris à être aussi doux, Wolfgang.. ?

-Je ne sais pas... ça te fait du bien ?

-Oui...

-Alors tant mieux. »

Le plus jeune lui massa doucement le crâne, appliquant le savon pour qu'ils soient propres. Il les rinça ensuite avec l'eau de la bassine avant de les remettre en ordre. Le latin rouvrit les yeux avant de lui offrir un très léger sourire reconnaissant. Mozart ne sut pourquoi mais il rougit légèrement et se massa légèrement la nuque avant de se laver, dos à son comparse. Le Maître de Chapelle en profita pour en faire rapidement de même avant de sortir de la bassine, se séchant puis partit s'habiller. Il se laissa ensuite tomber sur le lit moelleux, soupirant d'aise. Le blond ne tarda pas à le rejoindre, se glissant à ses côtés une fois vêtu d'une chemise ample et de ses bas. Pas un mot ne franchit leurs lèvres mais leur silence en disait long. Antonio avait une main sur le ventre, les yeux rivés au plafond, les jambes légèrement pliées. Wolfgang avait posé sa tête sur le torse d'Antonio, allongé en travers du lit, les yeux clos, une main sur la cuisse de son aîné. Aucun des deux ne daigna bouger durant un long moment, conservant cet instant de simplicité. Presque avec tendresse, le brun monta une main à la crinière rebelle du plus jeune, la caressant doucement. Un soupir de bien être s'échappa des lèvres de l'Autrichien qui semblait apprécier les attentions du plus âgé. Celui-ci sourit légèrement et poursuivit doucement mais machinalement ce geste jusqu'à ce qu'une idée traverse son esprit.

« Wolfgang.

-Oui ?

-Tu parlais de me donner un avis sur ma musique ou même de collaborer, n'est-ce pas ?

-Oui ! Tu es d'accord ??

-Juste pour la collaboration. C'est le moment où jamais. Tu n'as pas de feuilles mais j'ai les miennes et il doit m'en rester une dizaine qui sont vierges.

-Tu aimerais composer quoi ??

-Un simple duo pour piano et voix. Enfin simple.. Tout est relatif. »

Salieri offrit un sourire franc à celui qu'il pouvait à présent considérer comme un ami. Il se leva et prit le porte document resté dans sa valise. Il en sortit deux feuilles vierges ainsi que sa plume. Il s'installa à la table de la chambre, faisant signe à Wolfgang de venir.

« Je n'ai pas pris mon encrier, tu en as un ?

-Non, je n'ai même pas ma plume, tout est resté à Vienne.

-Comment peux-tu voyager sans ton matériel de compositeur ? Moi, j'en suis incapable...

-Je n'y ai simplement pas pensé et j'ai fait mes valises en une nuit, tu te doutes bien que je n'ai pas pensé à tout...

-J'ai cru remarquer en effet. En revanche, n'avoir qu'une nuit pour tout préparer ne t'a pas empêcher de prendre des vêtements...comment dire... Extravagants ?

-J'ai de la diversité dans mes vêtements, au moins. Seuls tes vestons sont un peu différents mais avec la même dominante : Le noir. Pourquoi être aussi sombre ?

-Parlons vêtements une autre fois, veux-tu ? Nous devons trouver de l'encre.

-Allons en chercher dans le palais. »

Wolfgang sortit de la chambre, bientôt suivi par son ami. Les deux maestros arpentèrent les couloirs et tombèrent bientôt sur Rosenberg qui discutait avec un cuisinier. Fronçant les sourcils, Antonio se cacha derrière un mur avec son comparse, tentant d'écouter leur discussion.

« Mettez la dose la prochaine fois ! Je vous ai payé une fortune pour ce simple travail et vous n'êtes même pas fichu de réussir !

-Mais c'est que nous pensions que...

-Ah vous pensez, vous pensez ! Vous pensez mais vous n'agissez pas ! Imbécile !

-Monsieur, calmez-vous...

-Puisque c'est comme ça, je le ferai moi-même ! On n'est jamais mieux servi que par soi-même. Mais cette fois, je change de cible. En espérant que si cet imbécile y passe, l'autre abrutit comprenne qu'il ne faut jamais me trahir ! »

Rosenberg s'en alla ensuite. Salieri plissa les yeux, analysant les paroles de l'intendant avec un rictus crispé. Il serra les dents, se retenant d'égorger le Comte sur place. Il se tourna vers son ami en tentant de se détendre.

« Ce soir, nous ne mangerons pas au palais. Ni toi, ni moi. Je t'invite au restaurant.

-Mais pourquoi ?

-Tu n'as pas entendu ce qu'il a dit ?!

-Je n'ai pas écouté surtout.

-...Rosenberg parlait de trahison et de tuer quelqu'un. Il veut changer de cible. Tu sais ce que ça veut dire ?

-Non.. ?

-Tu es cette cible. Il n'est pas si stupide que ça et il a bien remarqué à quel point on était devenu, à mon grand dam, proches. Il sait qu'on ne touche pas à ce qui m'est cher. Il a déjà pris un gros risque en tentant de me tuer mais ce sont des envies de meurtre qui me parcourront s'il tente de s'en prendre à toi. Déjà que je me retiens de le prendre par la gorge...

-Reste calme, la violence ne mènera à rien ! Viens, on va trouver cette encre.

-Hmph.. »

Les deux compositeurs partirent donc à la recherche d'encre, tombant à maintes et maintes reprises sur le Roi de Prusse qui leur accorda un regard méprisant. Ils parvinrent à trouver un domestique qui partit immédiatement leur chercher un encrier avec lequel ils repartirent peu après. Pouvant enfin composer avec l'aide de Wolfgang, l'Italien se hâta de retourner à leur chambre, reprenant sa place. Il regarda les feuilles vierges avant de tracer plusieurs notes assez hautes. Mozart se pencha par-dessus son épaule, arquant un sourcil.

« Tu penses pouvoir chanter aussi haut.. ?

-Bien sûr.

-Sans te briser la voix ?

-Gassmann te l'a dit, avant je pouvais monter une octave plus haut que ce que j'ai fait la dernière fois. Ça, c'est une octave plus bas que ce que j'ai joué lors du bal. Je te le fais sans aucun problème.

-Je peux avoir une démonstration ?

-Si tu veux. »

Antonio jeta un œil aux notes avant de les chanter une par une sur le tempo souhaité et à la bonne hauteur. C'était juste, beau, simple. Son comparse sourit doucement et hocha la tête, regardant la feuille que l'encre commençait à habiller.

« Ça a l'air si simple quand tu le fais.

-Ce n'est pas bien compliqué en même temps.. Mais cette hauteur-là est basique pour moi. Si tu examines la hauteur de ma voix quand je parle, c'est à peine une octave plus grave que ce que je viens de faire. Je ne forcerai pas en chantant cela, crois-moi.

-Et tu peux descendre ?

-J'ai bien plus de mal à descendre qu'à monter, ce n'est pas naturel.

-Je m'en doute. »

L'Autrichien prit la plume avant d'ajouter à son tour quelques accords avec des croches et des doubles croches. Il fit en sorte de jouer avec les trois octaves que Salieri pouvait faire, lui laissant parfois la plume pour alterner leurs deux styles de musique. Au bout de quarante-cinq minutes, ils avaient déjà écrit trois pages. Le petit génie regarda son aîné avant de croiser les bras.

« C'est bien gentil d'écrire les notes mais quand est-ce que tu écris les paroles que tu chanteras ?

-C'est une excellente question, je comptais te déléguer cette besogne là.

-Quoi ?! Mais non, je t'en prie, ce n'est pas à moi d'écrire les paroles ! Le chanteur, c'est toi. Le pianiste, c'est moi.

-Et alors ? J'ai composé la majeure partie de la mélodie. Mets-y du tiens pour les paroles. Et fais attention parce que si tu écris en Italien, je comprendrai tout.

-Je...je n'ai jamais écrit en Italien. On ne m'a jamais appris cette langue, c'est notamment pour cela que je ne compose qu'en Allemand. Avoua le virtuose

-Vraiment ? Tu aurais pu le dire avant... Dans ce cas, je me chargerai des paroles.

-Tu m'apprendras l'Italien ??

-Je suis musicien, compositeur, professeur de musique, Maître de la Chapelle Impériale de Vienne mais certainement pas enseignant de langue.

-Je t'en supplie ! Je veux comprendre ce que tu vas chanter !

-Je ne sais même pas encore ce que je vais chanter ! Mais comme certaines œuvres qui me tiennent à cœur, je suppose que ce sera personnel. Donc non, pas question que tu comprennes ce que j'écrirai.

-Oh allez ! Tu ne parleras certainement pas d'amour, je ne risque rien.

-Cela, tu n'en sais rien. Répliqua l'Italien avec un air mystérieux

-Tu n'oserais pas !

-Bien sûr que si. Je ne compte pas jouer ce duo devant un public. Ce sera...notre secret. Je ne tiens pas à ce que l'on sache que nous avons collaboré.

-Pourquoi ? Et si c'est pour un opéra, tu voudras bien le publier ? Da Ponte m'a apporté un livret intéressant, je suis sûr que ça te parlera !

-Ne précipite pas tout, concentre toi sur ce duo avant de nous projeter tous les deux sur la scène du théâtre impérial pour un opéra.

-D'accord, d'accord... »

Unbâillement échappa au plus jeune qui s'étira et se frotta les yeux pour resteréveillé. Le brun prit une autre feuille, commençant à écrire les paroles sansvraiment réfléchir. Il demanda au blond d'aller se coucher s'il était fatigué.Un très court débat eut lieu mais le plus âgé eut raison du léger entêtement deson ami. Il tira les rideaux et alluma une bougie pour s'éclairer alors queWolfgang se couchait, face à son comparse. Antonio était courbé, travaillantsur les feuilles. Sans vraiment le remarquer, il délaissait de plus en plus samain d'écriture pour sa main naturelle, retrouvant peu à peu l'aisance qu'ilavait à quatre ans. Bientôt, plus aucun bruit ne vint troubler la quiétude dela chambre hormis les légers ronflements de Mozart ainsi que le doux son de laplume qui glissait sur le papier. 

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Chapitre un peu plus long que d'habitude mais je n'arrivais pas à savoir où m'arrêter, désolée    >.<

Je tiens à corriger ici une petite incohérence : Lors du premier chapitre, Antonio "dit" qu'il ne veut pas être renié par sa famille mais c'est simplement une erreur de ma part. L'histoire qu'il raconte à Wolfgang dans ce chapitre est son histoire comme elle restera tout au long des chapitres qui suivront. Seul ce qui est dit dans le premier chapitre concernant sa famille est erroné.    

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