— Et que penses-tu de ceci ?

Rogue fronça un sourcil et Hermione explosa de rire en reposant le bibelot qu'elle venait de prendre sur un étal. Elle s'éloigna ensuite en chantonnant et le sombre professeur l'observa un moment, ravi qu'une simple sortie en ville lui redonne le sourire.
Le matin-même, il avait reçu un message de Lucius qui lui disait que Drago ne ferait pas d'excuses à Hermione, mais qu'en contrepartie, il avait été solidement corrigé. Rogue savait ce que cela voulait dire et, s'il n'approuvait pas la façon dont Lucius éduquait son fils, pour une fois, il n'avait aucune envie de désapprouver, car le jeune homme était allé bien trop loin cette fois-ci. Avec un peu de chance, cela lui servirait de leçon.
Observant sa compagne fureter, Rogue songea à la fin de l'année, dans quelques mois. Elle avait déjà émis le souhait d'aller à l'Université Magique de Londres et il avait approuvé. C'était une bonne école, pas prestigieuse, mais très bonne, et la connaissant, elle prendrait sans aucun doute des cours supplémentaires à la maison pour pouvoir étudier tout son soûl.
Pendant un instant, le sombre professeur songea à proposer à la jeune femme de s'installer avec lui, à l'Impasse du Tisseur, mais il repoussa rapidement cette idée, car si elle allait à l'Université, elle logerait sans doute sur le campus.
Je ne pers rien à lui poser la question quand même, songea-t-il en la regardant revenir vers lui, tout sourire.

— On rentre ou on va manger quelque part ? demanda-t-elle.
— Manger ? Mais il n'est même pas onze heures...
— Et alors ? sourit la brunette.

Rogue esquissa un rictus puis hocha la tête. Ils s'éloignèrent ensuite et, tandis qu'ils marchaient côte à côte, Hermione nota que personne ne les regardait alors qu'ils semblaient clairement ensemble et qu'ils n'avaient pas le même âge.

— On ne nous regarde pas... dit-elle au bout d'un moment, étonnée.
— J'ai remarqué aussi, mais c'est tant mieux. Cela prouve que tu es bien plus mûre que les autres jeunes femmes de ton âge. Surtout habillée ainsi...

Hermione se mordit les lèvres et sourit.

— C'est une des rares tenues civiles que j'ai à Poudlard... Je mets bien plus souvent mon uniforme, quand j'y pense. Que ce soit le vert ou le rouge...

Elle grimaça et Rogue passa son bras sur ses épaules en l'entrainant au bas de la rue. Ils entrèrent dans un salon de thé et Hermione, qui le croyait Moldu, ne put retenir le large sourire qui lui étira la bouche quand elle vit passer devant elle un plateau avec un service à thé qui flottait au niveau des tables...

— En plein Londres ! s'exclama-t-elle.
— Bienvenue au Café des Fées ! s'exclama alors une voix carillonnante.

Hermione regarda autour d'elle, surprise, quand quelque chose lui voleta devant la figure. Un nuage de paillettes explosa alors et la jeune femme sursauta en reculant d'un pas. La seconde suivante, un rire clair se faisait entendre et Hermione rouvrit les yeux.

— Une Fée ! s'exclama-t-elle. Une véritable Fée !
— Et oui ! claironna la créature ailée devant elle. Venez, suivez-moi, nous allons vous trouver deux places.

Rogue poussa Hermione au creux des reins et la jeune femme avança, abasourdie, en réalisant que les plateaux ne volaient pas, mais que des Fées les transportaient, tout simplement.

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Le couple passa une bonne partie de la journée dans le salon de thé des Fées, où par ailleurs, on pouvait commander plein d'autres boissons que du thé, avant de songer à rentrer à Poudlard. C'était peut-être samedi, mais Hermione restait une élève et Rogue devait la ramener avant le diner.

— On ne va pas tarder à rentrer, mais je dois passer chez moi pour récupérer quelques livres pour les prochains cours, cela te dérange-t-il ?
— Ouh, visiter l'antre de la chauve-souris des cachots ? dit Hermione en souriant. J'en rêve la nuit.
— Tu es d'un humour tout à fait serpentesque, tu sais ? répondit Rogue.

Hermione rigola et plissa le nez, amusée. Elle songea alors qu'elle appréciait réellement la liberté que lui conférait sa nouvelle maison. Elle n'était pas en reste, niveau liberté, quand elle était à Gryffondor, mais depuis qu'elle était à Serpentard, pis encore depuis qu'elle était avec Rogue, elle s'autorisait des réflexions qui ne lui auraient jamais effleuré l'esprit avant. Et cela lui plaisait.

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La rue qui conduisait à la maison d'enfance de Rogue était glauque à souhaits. Hermione frissonnait de peur en suivant son compagnon. Lorsqu'il s'arrêta devant une porte noire avec une trappe condamnée pour le courrier, la jeune femme se rapprocha du mur en briques.

— L'atmosphère est toujours comme ça ici ? demanda-t-elle.
— Oui. D'aussi loin que je me souvienne, cet endroit n'a jamais respiré la sérénité. Entre.

La jeune femme ne se fit pas prier. Elle se retrouva alors dans un hall d'entrée étroit, aux murs, plancher et plafond recouvert de lambris sombres. Un lustre avec deux ampoules pendait du plafond à la hauteur impossible, et quand Rogue passa près d'elle, Hermione le suivit.

— C'est... sobre, commenta-t-elle.
— Ma mère n'était pas portée sur la décoration et mon père s'en fichait royalement.
— Je vois... Peut-être que cet été, si je peux passer un peu de temps ici...?

Rogue haussa un sourcil en regardant sa compagne puis haussa les épaules et Hermione sourit.

— Avoue, dit-elle, d'humeur taquine. Tu y as déjà songé.

Rogue resta silencieux et continua à fouiller dans les papiers sur un bureau.

— Severus...
— Ah, je l'ai. Et oui, j'ai déjà songé à t'inviter chez moi cet été, mais ce ne serait pas une bonne idée.

Hermione haussa un sourcil, surprise.

— Je... Tu crois ?

Rogue serra les lèvres puis fit signe à la jeune femme de s'asseoir dans l'un des fauteuils de cuir du salon. Elle s'exécuta en silence et observa son compagnon qui lui expliqua alors songer depuis un moment déjà à lui proposer de s'installer avec lui après la fin de l'école.

— Cependant, je n'avais pas pensé au fait que tu allais aller à l'université, dit-il. Tu vas vivre sur le campus et...
– Je n'ai encore rien décidé, répondit Hermione. Si... Si je reste à Serpentard, je vais devoir revoir quelques plans, même si je demeure une très bonne élève malgré tout.
— Serpentard ou Gryffondor, cela n'existe plus à l'université...
— Physiquement non, mais dans mon cœur si. Je ne pense pas pouvoir supporter de vivre auprès de Gryffondors, de Harry ou de Ron, ou même de Ginny, alors qu'ils m'ont tourné le dos...

Rogue plissa les yeux.

— Donc, tu viendrais vivre chez moi ?

La jeune femme resta silencieuse avant de soupirer.

— Je n'irais peut-être pas à l'université.
— Non ! Tu n'as pas le droit de dire ça, Hermione ! s'exclama soudain Rogue.

La jeune femme sursauta et regarda son compagnon quitter son siège.

— Severus, je...
— Tu as été transférée à Serpentard, oui, mais tu restes la meilleure sorcière depuis bien longtemps ! Vert ou rouge, tu dois aller à l'université.
— Severus...

Mais le sombre professeur ne l'entendait plus. Il continua de parler un moment jusqu'à ce que Hermione en ait assez. Elle bondit de son canapé et lui saisit les bras.

— Arrête ! s'exclama-t-elle. Par pitié, arrête ! Si je n'ai pas envie d'aller à l'université, c'est mon choix !
— Je le sais bien ! Mais tu n'as pas le droit de mettre ta vie en l'air comme ça, pas maintenant, pas après ce que tu as enduré. Pas pour moi.

Hermione serra ses doigts sur les bras de l'homme et souffla alors par le nez. Rogue lui releva le menton d'un long doigt et elle le regarda.

— Je t'aime, Hermione, dit-il doucement. Et il est hors de question que je te laisse gâcher ta vie. Pas pour moi.

Hermione détourna la tête et Rogue la prit dans ses bras. Même s'il devait se passer de sa présence, elle irait à l'université quoi que cela en coûte pour leur relation. Il avait gâché sa vie en devenant Mangemort, il n'était pas question qu'elle gâche la sienne avec un mauvais choix de vie.
Sans un mot, le couple décida alors de rentrer à Poudlard et Rogue laissa la Gryffondor à son appartement avec ses achats, puis se rendit chez McGonagall pour l'avertir qu'ils étaient rentrés.

— Très bien, dans ce cas, j'aurais besoin de vous, répondit la Directrice.
— Pour quoi faire ?
— J'ai reçu un message d'un de mes collègues directeur d'école magique, et si les phénomènes étranges se sont calmés, du moins le semblent, nous avons toujours nos élèves malmenés sur les bras.
— Que voudriez-vous que je fasse, Madame ?
— Pour commencer, servez-vous de votre proximité avec Miss Granger pour trouver un moyen d'annuler son transfert à Serpentard. Si elle valide ses ASPICs à Serpentard, ses six années à Gryffondor seront modifiées, vous le savez.
— Oui, mais ce ne serait pas à vous de trouver un trouver un moyen pour la remettre à Gryffondor ?
— Sans doute que si, mais tous les sortilèges que j'ai utilisés sur le Livre des Admissions n'ont rien donné. Pour l'instant, je suis à court d'idées, alors aidez-moi, Severus, s'il vous plaît.

Rogue serra les lèvres puis inclina le menton et quitta le bureau, pensif. Il n'avait aucune idée de comment il allait pouvoir faire pour tromper le Livre des Admissions, mais peut-être qu'un peu d'aide lui serait nécessaire... Il se rappela ensuite qu'Hermione faisait un peu la tête, il décida de n'aller lui parler que le lendemain, une fois qu'elle se serait bien reposée.