Chapitre 1 : Le recrutement de Mademoiselle
Mademoiselle n'abandonnerait pas sa tenue de super-vilaine. Qu'il neige, vente, pleuve, qu'il y ait l'apocalypse sur terre ou une invasion de zombies, elle s'était jurée de rester ainsi. La femme qu'elle avait été, lorsqu'elle ne possédait pas ses pouvoirs, n'existait plus. Il lui arrivait de se faire passer pour une civile, mais c'était dans des cas précis où elle ne pouvait pas faire autrement. Sinon, elle avait entièrement embrassé son personnage.
Celui de l'iconique « Mademoiselle ». Une super-vilaine que personne n'arrivait à attraper. Pour deux raisons : elle maîtrisait la gravité et ses actions n'avaient aucun lien consistant entre elles. Pourquoi ? Parce que Mademoiselle n'avait pas d'autre objectif que de faire ce qu'elle voulait. Aucune cause à soutenir, aucun terrible plan à mettre en œuvre pour dominer le monde. Rien. Mais en contrepartie, si l'envie lui en prenait, la super-vilaine n'hésitait pas à faire un cambriolage en règle à la place Vendôme pour ensuite abandonner une partie de son butin dans la première poubelle qu'elle croisait. Elle était d'ailleurs devenue la terreur des bijoutiers à cause de ça.
Son imprévisibilité, en plus de son manque de sociabilité, ne la rendait pas particulièrement sympathique. Mademoiselle avait beau être une criminelle de première classe, elle n'avait jamais été invitée à rentrer dans une équipe de méchants. Elle n'avait rompu sa vie de solitude qu'une seule fois. Et vu la manière dont cela s'était terminé, elle n'avait aucune envie de recommencer.
Ce qui expliquait sans aucun doute pourquoi elle venait de lancer d'une voix catégorique :
« Non. »
Chez les super-vilains, d'ordinaire, on ne s'embarrassait pas de protocoles pointilleux. Si quelqu'un refusait de répondre à une demande, et que cela ne posait pas spécialement de problèmes qu'il meure, le malheureux passait l'arme à gauche sans avoir eu le temps de dire « ouf ». Toutefois, ici, ils faisaient face à Mademoiselle. Et même si cette dernière n'était pas invincible, elle pouvait faire suffisamment de dégâts pour poser problème.
Pour autant, Lady Luciole n'était pas femme à se laisser abattre. Ni impressionner d'ailleurs. Elle se leva du trône improvisé (un fauteuil en faux style Louis XV venant sans doute d'un magasin suédois) qu'elle occupait jusque-là. Elle prenait bien garde à montrer une certaine difficulté à se mouvoir. Il fallait bien que Lady Luciole maintienne son rôle de vieille femme fragile, de grand-mère qu'on se faisait un devoir de protéger.
Elle était petite et se tenait bien droite. Les années avaient fait des ravages sur sa peau. Ses cheveux d'un blanc d'os étaient coupés au carré. Sachant qu'elle avait une épaisseur de cheveux assez conséquente et qu'ils lui arrivaient juste au niveau des lobes des oreilles, cela lui faisait un casque où pas un seul fil ne dépassait. Son œil droit était d'un bleu délavé à l'inverse de son gauche, recouvert d'un voile blanc laiteux. Ses traits avaient un côté assez noble, notamment son nez aquilin, mais ils s'étaient affaissés, gâchés par le temps.
Elle ressemblait à une représentation de duchesse de série télévisée avec sa longue robe fluide vert anis, son chapeau à plumes dans les mêmes tons, ainsi que ses nombreux bijoux. Ces derniers étaient majoritairement des camées un peu trop volumineux pour être de bon goût. Sa panoplie était complétée par une canne à pommeau doré en forme de tête de lion d'une discrétion absolue.
Lady Luciole avait un sourire doux plaqué sur le visage : il paraissait sincère. « Paraissait » seulement. Mademoiselle ne s'y fit pas prendre d'ailleurs. Alors que la vieille femme s'approchait d'elle, la super-vilaine recula afin de maintenir la même distance entre elles.
Mademoiselle était, à cet instant, un peu seule contre tous. Lorsque l'organisation de vilains la plus étendue de la ville l'avait « invitée », elle n'avait pas eu le choix. C'était déjà le chaos dehors, ce n'était pas la peine de se mettre à dos une puissance non négligeable du monde de l'ombre de Paris. Mademoiselle se retrouvait donc dans le sous-sol d'un immeuble à l'écart. Depuis le début de l'épidémie, ce qui restait de la population avait été contraint à se déplacer dans la périphérie.
« Auriez-vous peur, Mademoiselle ? »
C'était assez inepte de lui demander ça : si Lady Luciole avait voulu le savoir, elle aurait juste eu à activer son pouvoir. La vieille femme se savait dans une position dominante et aimait en jouer.
« Ce n'est pas que je n'ai pas confiance en vous, mi-lady, avança Mademoiselle prudemment. C'est simplement que je possède un instinct de conservation assez développé. Or, tout le monde sait que s'approcher de vous n'est pas la meilleure des idées. »
Lady Luciole soupira d'un air désolé en l'entendant :
« Il va vraiment falloir que je me procure un bon... Comment dit-on déjà ? Ah voilà : un bon consultant en image. Enfin, j'imagine que dans la conjoncture, cela ne va pas être facile d'en trouver un compétent. Quoique cela puisse avoir son utilité. Mais revenons à notre affaire. Puis-je savoir pourquoi vous refusez ma généreuse offre ? Certains en rêveraient.
– Sans doute parce qu'être sous votre coupe n'est pas ce qui est prévu dans mon avenir proche, mi-lady.
- C'est bien dommage... murmura-t-elle en retour. »
Mademoiselle balaya du regard l'endroit qui avait dû être un parking souterrain et qui était maintenant le QG de Lady Luciole. Elle voyait trois sorties possibles. Sauf qu'elle savait très bien que le bâtiment au-dessus d'eux était également sécurisé. La super-vilaine n'avait pas envie de se battre contre ses semblables. En temps normal, cela ne la dérangeait pas, toutefois, dans une telle période, elle ne pouvait s'empêcher de trouver cela dommage.
Mais pas les subordonnés de la vieille femme, visiblement. En effet, les derniers mots qu'elle avait prononcés avaient été une sorte de signal dans leur esprit. Ils s'étaient tous rapprochés de manière sensible d'elle, lui donnant l'impression d'être encerclé.
Si elle ne s'était pas retrouvée face à Kelvin, le bras droit de Lady Luciole, Mademoiselle ne serait jamais venue ici. Néanmoins, elle ne se voyait pas se battre avec lui. Cela aurait encore posé un grand nombre de problèmes. Il était d'ailleurs parti à peine arrivé à leur base. La super-vilaine ne l'avait plus vu et ne s'en plaignait pas.
« Et si je vous disais, Mademoiselle, que nous possédons des informations qui pourraient vous intéresser ? glissa finalement la vieille femme.
- Je vous répondrai que je suis curieuse de savoir ce qui a pu vous amener à penser que cherchait quelque chose.
– Kelvin vous a vu vous promener du côté des bâtiments "officiels"... Et il a fini par comprendre que vous souhaitiez vous renseigner sur l'origine de cette épidémie de zombies. »
On l'avait suivie. Ce fait irrita la super-vilaine : elle s'en voulait de ne pas l'avoir remarqué. Pour autant, elle ne fit rien paraître. Même si cela ne servait pas à grand-chose puisque son principal vis-à-vis le ressentait.
« Vous restez silencieuse. Aurions-nous donc visé juste ? »
Mademoiselle avala sa salive et choisit ses mots avec soin :
« Quiconque de censé chercherait à savoir pourquoi tout ce désordre s'est produit. Je veux simplement voir s'il y a un moyen d'arrêter cette épidémie. Nous ne sommes pas plus à l'abri de ce virus que les autres. Or, le gouvernement a été presque entièrement décimé -ou a simplement disparu des écrans radars. Tout comme l'armée. Nous ne savons même pas ce qui se passe dans le monde puisque toutes les communications ont été coupées afin de limiter les risques. Étrangement, je ne pense pas que cela ait fonctionné. Lorsqu'il n'y a plus de population à voler ou à tuer, l'ennui arrive vite et les affaires vont mal. »
Elle marqua une pause sous l'œil attentif de Lady Luciole puis ajouta :
« En plus, je n'aime pas du tout les zombies. J'aurais presque préféré une épidémie de loups-garous ou même de vampires, tiens. D'autant plus que ces bestioles ont le terrible défaut de ne pas être sensibles à nos pouvoirs.
- Vous comptez sauver la population. »
C'était une affirmation plus qu'une question. La super-vilaine avait au moins eu le mérite de la surprendre. Il était vrai qu'entendre Mademoiselle dire ça, alors qu'elle était connue pour être dégagée des intérêts de tous à chacun, avait quelque chose d'étrange. Pour autant, son visage continua de n'afficher aucune expression.
« Tout du moins, trouver un moyen de stopper cela. Qui sait, il existe peut-être un remède. Même si j'imagine que cela n'arrange pas vos affaires.
- Comment cela ?
- Si vous m'avez fait venir ici, ce n'est pas pour rien, n'est-ce pas ? J'en déduis donc que ce je fais ne vous convient pas. Or il n'y a que peu de raisons possibles à ça : vous voulez profiter de la situation pour manipuler la population et la placer sous votre coupe. Notamment grâce à vos pouvoirs. Puisqu'il y a fort à parier que s'il y a une lutte entre les humains, vous n'aurez aucun mal à gagner. Sauf qu'il me semble évident que vous ne pourrez pas vivre comme cela éternellement et qu'il faudra un jour se débarrasser de ces créatures. Elles ne vont pas disparaître toutes seules. »
Lady Luciole plissa son unique œil valide. Mademoiselle la vit resserrer la main sur sa canne. Un sourire narquois manqua de s'épanouir sur son visage masqué.
« Vous avez une certaine clairvoyance, Mademoiselle, finit par avouer la vieille femme. Ça, je ne peux vous le retirer.
- Je vous prie de me croire lorsque je vous affirme que je ne vous mettrai pas des bâtons dans les roues. Faites ce qui vous plaît avec la population, cela m'importe peu dans un sens. Seulement, laissez mes affaires tranquilles. Maintenant, pourrais-je me retirer de cet endroit en paix, mi-lady ? »
La super-vilaine ne voulait pas que cette affaire dure trop longtemps. Elle était déjà restée suffisamment dans le sous-sol. Elle préférait l'air et les hauteurs de toute façon. Lady Luciole devait maintenant se rendre compte qu'elle n'arriverait pas à convaincre Mademoiselle.
L'attente d'une réponse sembla se poursuivre durant de longues minutes. Chacun savait qu'en fonction de la réaction de la vieille dame, la situation pouvait dégénérer en quelques secondes. C'était d'ailleurs pour cette raison que beaucoup des super-vilains de l'organisation avaient été contre sa venue. Seulement, personne ne remettait en compte la mère Luciole. Surtout si l'on voulait vivre longtemps.
Les deux femmes se jaugeaient. C'était un duel où Mademoiselle savait qu'elle avait bien moins à perdre. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'elle avait pris le risque. Toutefois, il fallait toujours se méfier avec Lady Luciole : elle était terriblement retorse et cela n'aurait pas été la première fois tromperie de sa part.
« Mademoiselle...
- Oui, mi-lady ?
- Eh bien partez donc. Je ne voudrais pas que vous ayez l'impression d'être retenue ici contre votre gré. Comme vous le dites si bien, les détenteurs de super-pouvoirs ne vont tout de même pas se faire la guerre. Nous sommes au-dessus de ces simples humains... Toutefois, j'espère que nous n'aurons pas à nous rencontrer de nouveau dans des circonstances moins agréables. En effet, j'aurais été heureuse de vous accueillir sous mon aile.
- Ne vous inquiétez pas pour moi. Et N'ayez pas de doutes là-dessus : parole de super-vilaine. »
« My lady ?
- Qui y'a-t-il, Kelvin ? »
Mademoiselle avait quitté les lieux depuis une petite heure. Cela s'était produit dans le calme, sans aucun mouvement belliqueux. C'était une victoire incontestable pour le camp des pacifistes qui n'était pas par malheur présent chez les super-vilains.
Le bras droit de Lady Luciole était apparu à côté de cette dernière. Il avait une trentaine d'années. Ses cheveux blonds cendrés étaient coiffés très court, à la militaire. Sa peau était pâle comme la mort. Il avait un côté maladif très prononcé : ses yeux noisette étaient enfoncés profondément dans leurs orbites et ses joues étaient creusées, ses traits coupés à la serpe. Kelvin était très maigre. Enfin, il le paraissait. En réalité, c'était qu'il n'avait pas un gramme de graisse. Cependant, cela ne l'empêchait pas de flotter dans ses habits de militaire.
« Pourquoi l'avez-vous laissée partir ? Je ne lui fais pas confiance. Il y a bon nombre de choses qu'elle ne nous dit pas.
– Bien sûr qu'elle ne nous a pas révélé tout ce qu'elle savait. C'est l'inverse qui m'aurait interpellée. Cependant, je sais qu'elle va revenir. Je lui ai donné un appât. C'est dans la nature de toute personne d'y mordre. Sinon, nos recherches pour les situations dans les autres pays ?
- Pas depuis une semaine. L'Europe entière semble être contaminée par cette épidémie de morts-vivants. On ne sait toujours pas d'où elle vient. Et quant à l'Amérique du Nord... J'ai bien l'impression qu'ils comptent nous laisser nous tirer d'affaire seuls. Les populations ont trop peur d'être elles-mêmes contaminées pour faire quoi que ce soit. Aussi étrange que cela puisse paraître, nous sommes laissés à nous même. Voilà tout ce que j'ai pu extraire des rares communications qu'on peut passer avec les États-Unis.
– Bien... C'est bien. Continue comme ça. Continuez ainsi, murmura la vieille dame. »
Quelque chose chez Mademoiselle avait intrigué Lady Luciole. Elle, qui pouvait ressentir et manipuler les sentiments de ses contemporains, avait trouvé quelque chose dans la super-vilaine qui l'avait rendue perplexe. Elle s'attendait bien sûr à ce qu'elle soit anxieuse, paniquée, en colère, confiante, arrogante et bien d'autres. Pas à ce qu'elle soit satisfaite.
Mademoiselle se déplaçait en haut des immeubles. Elle aimait aller de toit en toit. Afin de parvenir à exécuter ce « petit » exploit, la femme à la capeline se contentait de créer une bulle où la gravité était altérée selon son bon vouloir. D'un point de vue physique, la super-vilaine n'aurait pas été adroite à l'expliquer. Celui lui semblait naturel.
Du jour au lendemain, elle avait acquis cette aptitude. Et c'était tout. Dix pour cent de l'humanité avait été touché par cette vague de capacités surnaturelles. Aucun scientifique qui s'était penché sur le sujet (et ils avaient été nombreux) n'avait été à même de déterminer leur source, raison ou même fonctionnement. C'était tout simplement hors de leur portée. À la base, la population avait paniqué et rejeté ces êtres particuliers. Cependant, lorsqu'ils s'y étaient opposés de manière plus frontale (à coups de recensements, arrestations et autres joyeusetés), ils s'étaient fait balayer. Comme de vulgaires insectes. Les humains normaux avaient alors compris qu'il valait mieux accepter. D'autant plus que chaque pouvoir avait une puissance et une nature unique : cela élargissait considérablement le panel de facéties qui pouvaient leur tomber sur le coin du nez.
Toujours est-il que la vie avait fini par reprendre son cours, à peu près normalement. Sauf que cela n'étonnait plus personne de voir une femme marcher sur les murs des bâtiments ou un homme devenir une ombre. Aussi, les super-héros, déjà rendus populaires par la pop culture, étaient apparus pour répondre à la menace des criminels aux capacités hors-normes. Les autorités étant en effet bien en peine d'arrêter quelqu'un pouvant manipuler à sa guise la gravité.
Tout se passa donc tant bien que mal. Jusqu'à six mois plus tôt. Les morts-vivants avaient envahi l'existence des humains. Une simple morsure, griffure ou un échange de fluides quelconques et l'on devenait un des leurs. Et ce n'était pas une chose souhaitable. D'autant plus que pour tuer un zombie, ce n'était pas une partie de plaisir.
Les super-pouvoirs étaient inefficaces. Mademoiselle ne pouvait tout simplement pas les réduire en bouillie sur la chaussée. Cela avait d'ailleurs posé quelques problèmes à certains super-humains qui s'étaient laissés aller à l'arrogance et avaient fini en zombies. Par chance sans pouvoir. Mais tout de même. Le pire dans cette histoire était sans doute que les animaux étaient également touchés (une technique de transmission vicieuse) et que le seul moyen de les éliminer était de leur détruire la cervelle. Un bonheur, vraiment.
Les humains qui avaient réussi à survivre tant bien que mal dans la capitale s'étaient regroupés dans ce qu'on nommait communément « Le Refuge ». Mademoiselle aurait bien fait une remarque sur l'inventivité de cette appellation, mais elle n'était pas spécialement la bienvenue dans le bâtiment des archives qui servait de centre de contrôle pour les dirigeants de l'endroit.
Elle avait trouvé un petit appartement inoccupé dans les combles d'un immeuble. Il se situait à la limite du quartier que les survivants avaient barricadé avec les moyens du bord ainsi que l'aide de certains super-héros. Notamment un qui pouvait manipuler la terre. Par malheur pour ce dernier, il avait épuisé toutes ses ressources en clôturant l'endroit et était mort. Au moins, il avait fini sa vie pour sauver des gens.
Mademoiselle restait donc à l'écart des autres. C'est pourquoi elle se raidit lorsqu'en arrivant devant sa porte d'entrée, elle sentit que quelque chose n'allait pas. Des hommes étaient passés par ici et c'était récent. Il n'y avait pas de traces vraiment tangibles toutefois, il s'agissait de la même impression que celle que ressentait une personne qui avait été cambriolée. Instinctivement, elle tira un couteau de chasse de sa botte. Bien qu'elle soit un être possédant des super-pouvoirs d'une puissance terrible, elle savait très bien que parfois, la manière banale était tout aussi efficace.
Elle monta d'un pas très léger (et pour cause, elle avait modifié quelque peu la gravité) jusqu'à chez elle. Elle n'avait pas fait un bruit et en profita donc pour tendre l'oreille en se collant à sa porte. Mademoiselle entendit des voix étouffées derrière.
Après quelques secondes de réflexion, la super-vilaine se décida. Elle souffla doucement, saisit la poignée (elle se doutait bien qu'elle fût ouverte) et poussa le battant.
« Mesdames, messieurs. Pourrais-je avoir le bonheur de connaître la raison de votre présence dans mon logis ? Sans y avoir été invités qui plus est. »
Elle ne leur laissa même pas le temps de répondre et fit un geste vers la terre. Toutes les personnes dans la pièce ainsi qu'un bon nombre d'objets à l'équilibre précaire tombèrent sur le sol. Les cris de surprise et de douleur se mêlèrent au bruit de céramique brisée. Mademoiselle ne faisait jamais dans la dentelle et avait la très mauvaise habitude de frapper d'abord pour poser les questions ensuite.
« Eh bien ! s'impatienta-t-elle pendant qu'ils essayaient de se remettre de l'attaque violente et impromptue. Je ne vais pas attendre pendant des heures. Pourriez-vous me donner votre identité ? Vos visages me disent quelque chose cependant, je serais bien en peine de me rappeler dans quelles circonstances j'ai pu les croiser. Si je fais cette démarche, c'est, je vous le précise, tout simplement parce que j'aime savoir quel est le nom des personnes que je m'apprête à tuer de sang-froid. Donc, dépêchez-vous, je vous prie. »
Mademoiselle se rendait bien compte qu'il s'agissait d'une tirade digne des plus mauvais méchants qui ne cessaient de perdre du temps jusqu'à l'arrivée totalement imprévisible du héros. Néanmoins, elle appréciait beaucoup l'exercice et le mettait donc en pratique le plus souvent possible. Elle finit par s'apercevoir que s'ils ne parlaient pas, c'était pour une très simple raison : ils ne pouvaient. Elle les comprimait trop fortement au sol. La super-vilaine eut envie de lever les yeux au ciel face à tant de fragilité.
Elle les évalua du regard et détermina rapidement qui était leur chef. Mademoiselle le libéra alors et il se mit instantanément sur ses genoux.
« Alors ? réitéra-t-elle. Ton nom ?
- Je m'appelle Adam Saint-Yves. Mais on me connaît au Refuge sous l'identité du Marionnettiste. »
Il y eut un silence religieux durant lequel Mademoiselle sembla réfléchir. Elle finit par lancer :
« Je n'en ai jamais entendu parler. »
Chapitre publié le 03/02/17.
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