Chapitre 21
CHAPITRE 21
~ Myah ~
Les yeux dans les vagues, j'écoutais le vent souffler dans les arbres, une légère brise, résistante, en cette fin d'été. Il est vrai que cela était surprenant, j'étais après tout à Londres, la capital d'un des pays Européens réputée pour ne pas connaître de merveilleux été, chaud et ensoleillé. Et je devais reconnaître l'ironie de la situation: je devrais être heureuse, profiter de ces derniers jours de beau temps, mais au lieu de cela, j'étais terne, renfermée sur moi-même et je devais souvent me convaincre de ne pas me laisser m'affliger, m'abattre.
Je n'avais pas osé parler de ce qu'il s'était passé à mon lycée à ma mère. J'avais tellement peur de la faire souffrir en lui parlant du retour inopiné de son mari dans ma vie. Je ne voulais pas être celle qui devrait lui annoncer le connard qu'il était devenu. Elle avait déjà assez souffert lorsqu'il nous avait abandonné, je ne supporterais pas de la revoir dans un état semblable à celui-là.
Alors, pour expliquer le fait que je ne voulais pas retourner en cours depuis deux jours, j'avais prétendu me sentir nauséeuse - ce qui n'était en fait pas totalement faux -, et ma mère, bien qu'à moitié conquise, m'avait permis de prendre mon temps pour me "rétablir". En fait, je pense qu'elle se doutait que c'était tout simplement mon moral qui était à plat, mais étrangement, elle n'avait pas posé de question.
Peut-être qu'elle me laissait le temps de réfléchir, attendant que je lui parle de moi-même.
Je me faisais à peine cette réflexion, que j'entendis la porte du jardin s'ouvrir. Je fronçais les sourcils, alors que l'inquiétude prenait le pas sur mon mal-être. Sur le qui-vive, je me tournais rapidement vers la baie vitrée, et j'ouvris des grands yeux ronds comme des soucoupes lorsque je vis ma mère, reposant contre l'encadrement de la porte, alors qu'elle devrait actuellement être à son travail.
Mais ce n'est pas ça qui m'inquiéta le plus. Ce fut plutôt son regard triste, au delà de sa malice. Je me ruais vers elle, inquiète comme jamais.
- Maman? Qu'est ce qu'il se passe?
- Mon bébé, pourquoi tu ne m'as rien dit? J'aurais pu comprendre que tu ne veuilles pas aller en cours, que tu sois confuse et perturbée, je l'aurais été aussi dans ta situation. Tu ne dois pas hésiter à m'en parler tu sais...
Je me figeais sur place, alors que je me liquéfiais et je tournai un regard vide vers ma mère, tentant de comprendre comment elle avait pû être mise au courant pour mon très cher père, mais je ne voyais rien. Je n'avais rien qui me venait à l'esprit qui pourrait l'expliquer. A moins que... Non, mon père n'aurait tout de même pas eût le culot de téléphoner à ma mère? Son ex-femme? Ou alors le lycée avait appelé pour dire à ma mère qu'il y avait eu un problème de musique et qu'elle avait compris? Non. C'était tout bonnement impossible, il n'avait pas le même nom..
Abattue, je dû me résoudre à lui poser la question. Je baissai honteusement et douloureusement le regard vers le sol, tout en enroulant nerveusement une mèche de cheveux autour de mon majeur, alors que je demandai:
- Comment l'as-tu su...?
J'entendis ma mère soupirer, puis elle se redressa et me fit face. D'un geste lent, et souple, elle releva tendrement mon visage, alors qu'elle plantait ses yeux dans les miens. Je voulu d'abord les détourner, mais son regard me scotcha sur place. Ses yeux m'observaient avec une infinie tendresse, mêlée à de l'inquiétude et...de la joie? Elle semblait se réjouir, comme si elle était rassurée.
Pourtant, ça ne collait pas du tout, elle ne devrait pas être rassurée de savoir que son ex-mari était de retour dans nos vies, sans que nous n'ayons rien pû prévoir ni empêcher. Elle aurait dû être effondrée, avoir envie de crier, de pleurer, de jurer et d'insulter la Terre entière mais surtout être contrôlée par une violente rage. Au lieu de cela, elle semblait passive - enfin, autant qu'elle pouvait l'être - et tentait tout simplement de me rassurer.
- Ma chérie, dès que je l'ai vu j'ai su que ça ne pouvait être que lié à lui. Et il vient tout juste de me le confirmer autour d'un café...
Je me raidis, alors que j'écarquillai les yeux, à la fois de surprise, mais aussi parce que j'étais choquée. Comment pouvait-elle restée dans cet état, avoir même pris un café avec mon père, sans avoir envie de tout envoyer valser par terre? Moi-même, je n'avais pas eu cette force alors que je suis pourtant une jeune fille plutôt effacée! J'avais osé braver ma sagesse pour hurler sur mon propre père, moi, issu du sang de ce dernier. Même si je ne le considérais plus comme tel, jamais je n'aurais un jour imaginé que je serais capable de tenir tête ainsi à celui qui fut autrefois le seul homme de ma vie.
Mais il faut dire aussi, que jamais je n'aurais un jour imaginé que celui-ci deviendrait le pire des salauds. Il a changé du tout au tout, et j'aurais dû le savoir dès l'instant où il avait passé le seuil de la porte d'entrée de mon ancienne maison en France. En franchissant cette porte, il n'avait pas seulement fait un trait sur sa famille, mais il avait totalement changé de vie, tout oublier, il était devenu un homme différent. J'aurais dû le savoir.
- Tu...tu as pris un café avec lui? Comment as-tu pu accepter...? Après tout ce qu'il a fait...je... moi je n'ai pas eu cette force et...
Ma mère fronça les sourcils, et d'un regard s'excusa avant de me couper abruptement la parole.
- Myah, ce n'est pourtant pas ce qu'il m'a dit...
Choquée, je sentis peu à peu la fureur alimenter mon sang comme le fait l'oxygène alors que ma colère prenait une place plus importante, grossissant inlassablement. Je n'arrivais pas à croire qu'il avait eu le culot de dire à ma mère que j'avais accepter de lui parler normalement! Il état en train de manipuler ma mère pour qu'elle ne lui cause pas de problème et donc moi? Quel homme ignoble était-il devenu? Il me répugnait, j'avais envie d'aller le voir et d'aller lui faire de nouveau un compte rendu bien détaillé et salé de tout ce que je pensais de son nouveau caractère, de sa nouvelle vie, de sa nouvelle identité quoi!
- De toute évidence il t'a menti, rétorquai-je froidement en pensant à mon père.
- Ah oui? Il m'a pourtant dit que tu lui avais dit que tu lui en voulait toujours, mais que tu accepté pourtant de lui donner une seconde chance, dit-elle confusément.
Je me mordis la lèvre, tentant de réfléchir, mais j'avais beau me repasser la scène en tête des milliers de fois, j'étais sûre et certaine de ne jamais avoir dit ça à mon père, il ne le méritait aucunement. La seule personne à qui j'avais dis que je voulais bien lui donner une seconde chance n'était pas mon père mais... Mais Harry... Ouhlà, minute, est-ce-que ma mère parle bien de mon père... ou d'Harry?!
- Wouah, attends, doucement là. Tu parles d'Harry? M'exclamai-je.
Ma mère fronça davantage les sourcils, secouant la tête alors qu'elle m'observait comme si il m'était poussé un troisième visage. Elle finit par se reprendre, puis, croisant les bras sur sa poitrine en haussant légèrement les épaules, elle me dit;
- Mais bien sûr! De qui voudrais-tu qu'il soit question?
A moitié rassurée, je relâchais l'air que j'avais inconsciemment retenu alors que je fermais violemment mes yeux. Puis je me mis nerveusement à triturer mes doigts puis l'ourlet de mon T-shirt, espèrant que ma mère passe à autre chose et ne se doute pas de quelque chose d'autre. De toute évidence, ma mère avait vu Harry et il ne lui avait rien dit à propos de mon père. Et je fus émue de me rendre compte qu'il me connaissait par coeur au point d'avoir prédit que je n'aurais pas parlé de mon père à ma mère.
Cette dernière finit tout de même par lâcher l'affaire alors qu'elle soupirait, puis elle me dit:
- Enfin. Harry t'attend dans le salon.
To be continued...
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