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L'histoire d'une grotte

  Au tout début, il n'y avait qu'une montagne haut perchée entourée d'eau. L'eau avait léché la pierre et avait fini par la creuser avant de se retirer. Bien des siècles plus tard, les hommes étaient venus. Ils tenaient leur tête haute et se voulaient devenir maîtres du monde. Du haut de cette montagne, ils contemplèrent le monde à leurs pieds et se dirent entre eux :

 " C'est le lieu idéal."

Ils trouvèrent la grotte et furent enchantés de sa taille et de sa position. Quelques jours plus tard, ils revenaient armés de truelles et de scies. Ils aménagèrent la grotte des mois durant et un beau matin, le soleil pénétra à flots dans la montagne ainsi aménagée. Des vitraux avaient été installés, des murs façonnés pour cloisonner l'immense pièce. Et le lendemain, des chevaux gravirent la montagne avec empressement. Sur le dos de l'un d'entre eux se tenait le souverain de ces hommes. Il s'installa dans la grotte, fier de pouvoir contempler le monde entier d'un seul regard.

  Le temps passa, s'écoulant à son habitude, régulier, paraissant aux yeux des hommes tour à tour rapide ou lent. Le royaume connut une série de conquêtes, mais au fil des rois, il perdit des territoires. La situation se dégradait à tel point qu'un jour, le roi exigea de tous ses sujets de se battre. Ils quittèrent le château et aucun d'entre eux ne revint. Le royaume fut vaincu ce jour-là et personne ne monta sur la montagne, laissant la grotte abandonnée.

  Les vitraux se ternirent, la poussière prit le pouvoir et l'herbe commença à pousser entre les dalles. Le temps passa.

  Un matin pluvieux, alors que la vallée était plongée dans la brume, quelqu'un se souvint de la grotte. C'était un homme, monté sur un cheval alezan, fier, la cape claquant au vent, galopant vers le sommet lorsqu'il croisa le chemin du château. Il s'arrêta un instant avant de repartir au galop en direction de la grotte. Sur la croupe du cheval était ballotté une étoffe violette. Arrivé devant la bâtisse, l'homme mit pied à terre et, s'arrachant à la contemplation de ce lieu singulier, il prit une jeune femme habillée d'une étoffe violette, inconsciente. Ses cheveux bruns offraient des reflets rouges à la lumière. Tout en elle était gracieux, même si elle n'était pas consciente. L'homme la mena à l'intérieur en la jetant sur son épaule, après avoir poussé une lourde porte au mécanisme vieillit par les années. Là, il s'arrêta, stupéfait. Devant lui se déployait une immense salle richement décorée recouverte de poussière. Il siffla un bref coup, déposant au sol la femme pour admirer à son aise le décor improbable devant lui. Ce sifflement réveilla la jeune fille au sol qui découvrit la salle sans un mot, impressionnée. Elle avisa l'homme à côté d'elle et s'écarta de dégoût, néanmoins elle lui adressa la parole, curieuse :

 "Où sommes-nous ?

 - A vrai dire, je l'ignore moi-même."

La jeune femme le scruta, perplexe. Mais il n'y avait aucune trace d'une quelconque moquerie, uniquement de la sincérité. Mais l'homme se reprit bien vite et reporta son attention sur la jeune femme.

 "C'est l'endroit idéal, un coin perdu oublié de tous, non ? De plus, tu devrais admettre que ce château est idéal pour toi. Une princesse oubliée dans un château oublié. N'ai-je pas merveilleusement tout organisé ?"

Un silence lui servit de réponse. Peu importe, l'homme la prit par le poignet et l'obligea à le suivre dans le château. La jeune femme ne se débattit pas, avant cela aurait pu encore changer le cours des événements, mais à présent c'était inutile. Ils découvrirent donc ensemble, d'un commun ébahissement ce trésor oublié de tous. Les salles se succédaient, emplies d'une grandeur passée, témoignage d'un temps tombé en désuétude. Tout respirait la splendeur du lieu et sa majesté.

  Soudain, l'homme fit tomber la jeune femme à terre d'un mouvement brusque. Sous le coup du choc, elle se tint immobile, essayant de retrouver ses esprits. L'homme en profita pour lui encercler le cou d'un morceau de fer. Quand elle sentit le métal froid, elle se tourna vivement vers l'homme qui attachait une lourde chaîne à un anneau celé dans la pierre. Elle s'affola et porta les mains à son étrange collier. La chaîne y était attachée. Ses yeux se remplirent d'une lueur d'affolement puis de rage :

 "Vous n'avez pas le droit ! Vous ne pouvez pas me laisser là !

 - Eh bien si, princesse" dit-il d'un ton moqueur.

Un sourire se peignit sur son visage.

 " Tu ne peux pas savoir quel plaisir tu me fais en honorant ce lieu de ta présence."

Il contempla un bref instant le château poussiéreux qui l'entourait.

 " Si tu t'ennuies, tu pourras toujours faire le ménage. Mais je doute que tu aies la tête à cette occupation. Cela ne serait pourtant pas une mauvaise idée.

 - Mais qu'attendez-vous de moi au juste ? demanda la jeune femme, dans un cri de rage et de curiosité.

 - Oh, princesse, tu devenais encombrante. Voici presque un an que je te garde prisonnière et ta rançon n'est toujours pas arrivée. J'en conclue que tu étais encombrante pour tes parents également et qu'ils ont choisi de ne pas payer. Tu devenais fort inutile. La rançon n'arrivera pas et en attendant, tu es nourrie à mes frais. Y a-t-il une justice dans ce monde ? Enfin, il n'y a pas d'autre solution que de te faire disparaître. En un an, une enquête a pu être menée. L'essentiel est qu'elle n'ait pas abouti. Je pensais te faire disparaître dans la montagne, néanmoins je rechigne un peu à me salir les mains. En te laissant ici, personne ne viendra et tu mourras de toi-même, étouffée par la poussière peut-être... Que sais-je !"

  La jeune femme ouvrit de grands yeux à cette déclaration. Cet homme odieux parlait de sa mort comme on aurait parlé d'un objet du quotidien. Elle détourna la tête pour ne plus voir ce monstre. Elle demanda tout de même d'une voix tremblante :

 " Vous n'allez plus jamais revenir ?

 - Non princesse. Vous êtes née entourée de beaucoup de gens, mais votre mort n'appartiendra qu'à vous. Vos désirs ne sont plus des ordres. Même si vous le souhaitez, plus jamais je ne remettrai les pieds dans ce lieu. Il me donne des frissons. Je ne le trouve pas très accueillant, mais quoi de plus normal après tout. C'est un tombeau. C'est votre tombeau."

La jeune femme frissonna. L'homme se détourna d'elle, sa cape brassant l'air d'un mouvement large, faisant voler la poussière quand elle leva la tête vers les vitraux qui lui faisaient face. Au moins, elle vivrait ses dernières heures dans la lumière colorée du soleil qui passait au travers des vitres. Tout à coup, elle vit une forme sombre se détacher du plafond très haut. Elle crut à une hallucination, mais la forme se précisa, découpant quatre pétales dans la lumière. Elle vit descendre vers elle une fleur délicate détachée du plafond. Elle leva la main pour la cueillir dans sa paume, oubliant sa situation devant une telle merveille. Les pétales semblaient pouvoir se briser au moindre souffle. Alors que la fleur se déposait sur la paume de la jeune femme, la montagne se mit à trembler. Une multitudes de fleurs se détachèrent du plafond pour tomber sur la jeune femme. Puis se furent les pierres qui tombèrent en pluie à la suite des fleurs. Un sourire aux lèvres, la jeune femme pensa une dernière fois :

 " La montagne abrège mes souffrances et m'offre une dernière fois un merveilleux spectacle inédit : une pluie de fleurs merveilleuses. "

  Pendant ce temps-là, l'homme à la cape sentait la montagne trembler sous ses pieds et les blocs au-dessus de sa tête qui menaçaient de tomber. Il commença à courir pour réussir à sortir de la grotte. Il vit la sortie, mais au même moment une première pierre s'effondra suivie d'une multitude d'autres.

 " Ce sera aussi mon tombeau, princesse. C'est la montagne qui te venge, j'en suis sûr. "

  Ce jour-là, la grotte s'effondra toute entière, engloutissant ce vestige inestimable et ses vitraux. Personne dans la vallée ne se douta qu'au moment où le sol vibrait à peine sous leurs pieds, là-haut, un drame touchait à sa fin, deux vies également. Plus personne ne se douta de l'existence d'un pareil château, si insolite et unique là-haut, si haut dans la montagne d'où on peut voir le monde.

  Voilà, c'était un tag tellement ancien que je ne sais plus de qui il vient! Si la personne se reconnaît, je serai ravie de la remercier pour un tag pareil! J'ai beaucoup aimé écrire cette histoire! Il fallait que j'écrive une histoire sur l'image en média... Je donnerai dans la partie suivante un tag à quelques personnes dans ce genre... Des volontaires?
   Au fait, comment avez-vous trouvé mon tout premier tag sur Wattpad?

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