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Chapitre 9

- C'est-à-dire ? Qu'est-ce que je t'ai fait Saly ?

Elle n'avait pas attendu ma question et s'était déconnectée du réseau sur le coup. J'étais resté confus, au comble du désarroi, ne sachant point ce que j'avais fait qui l'aurait agacée et l'aurait désolée à ce point. Plusieurs réponses me vinrent à l'esprit sans qu'une seule ne me convainquit.

Il commençait à faire sombre dans la maison malgré la lumière incandescente des lampes. Peut-être, était-ce à cause de la stupeur. Les soirées animées de Louga me manquaient grièvement ; loin de l'ombre de Raby, on se sentit encore plus dans la plus profonde solitude. Ma jumelle Diary me manquait aussi trop, l'effet de la séparation momentanée devenait de plus en plus insoutenable. Et une douleur mélancolique me saisit et l'esprit et le corps. Mon désir de quitter le Sénégal m'avait rendu si aveugle à tel point de me faire perdre la gaieté que j'avais construite en moi jusque-là.

L'homme ne saurait jamais aller à la quête de son vrai bonheur tant qu'il se voit dans la convoitise des choses anodines et facultatives de la vie. Nous sommes parfois à la quête de notre propre perte sans en avoir la moindre perception. In fine, cette sensation de haine et de désolation s'impose ; nos désirs acharnés étant la cause suprême et ultime de tout ce basculement de nos projets dont la finalité peut nous conduire à des sentiments répulsifs. Cela pousse à perdre le goût de la vie, elle nous semble amère, âcre et empestée à cause de nos désirs qui nous tiennent par leur bride et nous mènent hors de notre chemin.

Saly ne répondait toujours pas, me mit dans un embarras absolu dont elle ne pouvait imaginer. On s'impatientait, cela rongeait à petit feu. Quelques instants après, je reçus un long texte d'elle en guise de réponse. Et voilà ce qui y était écrit :

- "Salim, je suis vraiment désolée de t'avoir menti pendant tout ce temps. J'ai été trop patiente et j'avais tourné en rond sans devoir avouer mes réels sentiments. Et aujourd'hui, cela ne suffit pas d'être loin de toi : ce qui me chagrine le plus, c'est de n'avoir pas pu gagner ton cœur. J'éprouve un profond regret et cela n'est nullement de ta faute. J'ai été lâche ; oui, Salim, vraiment lâche, te dis-je. Ce lien fraternel me fit dupe sans que je ne m'en rendisse compte. Pardonne-moi, si cela te désole ; ce n'est pas mon projet de te rendre malheureux ou te choquer. Cet échec va sûrement me mener à la folie et au courroux sans précédent, le moral ainsi affaibli et abattu à cause de ma stupidité. Que mes aveux ne te conduisent pas à agir à l'encontre de tes souhaits. J'ai perdu cette bataille ; une hypocrisie n'a jamais été si bien jouée. Et le destin a décidé de nous séparer, dans deux horizons qui ne verront jamais le soleil ou la lune au même instant. Que mon désarroi n'entrave point ta nouvelle vie auprès de ta bien aimée Raby. Elle te mérite et j'ose espérer, ... oui, j'ose espérer, Salim, qu'elle prendra soin de toi. Rassure-toi aussi : je ne regrette rien de tout ce que j'ai fait pour toi, car, que tu le susses ou pas, ta personnalité avait su me conformer aux bonnes actions et attitudes, m'éloignant ainsi des vices et vanité dont je fus sujette. Sois bien heureux avec elle. Je te laisse un moment, je ne saurai te parler dans ces jours proches. Merci de bien vouloir me comprendre. Je te ferai signe, une fois mon mal assoupi. Au revoir, Salim".

- Non, Saly. Tu sais bel et bien qu'on ne peut couper les liens ainsi. Sincèrement, tu me mets dans l'embarras. Je ne m'attendais pas à cela de toi. Il faudra que j'y réfléchisse.

- Ce serait très beau qu'on soit ensemble, mais, je sais que c'est impossible en ce moment, Salim. Néanmoins, tu as libre choix qui te convient. Au revoir.

Sans même attendre que j'en renchérit mot, elle quitta la ligne derechef à la seconde qui s'en suivit. Je jetai mon téléphone sur le lit, la tête baissée, l'esprit tourmenté. Donc, Mariétou avait raison. Et je savais peut-être qu'elle avait raison, et que je ne voulus pas accepter. Un dilemme se pose. Chacune d'elles représentait quelque chose d'inexprimable et de spécial pour moi. Les folies de Raby me manquaient en ce moment même. Tout ce que je souhaitais, à cet instant, était qu'elle vienne à mon secours ; et quelque chose en moi voulait que je la quitte, oui, que j'en finisse de ma relation avec elle. Mais, ma pauvre personne n'en voulait aucunement accorder intérêt, rejeta cette idée ignoble et satanique. Saly m'avait sauvé la vie et, - que sais-je ? - la sienne était en danger et implorait secours. Son affection eut atteint un autre stade dont la raison cède la place à l'instinct qui se veut satisfait à tout moment. Une faible nausée me gagna sensiblement et je me sentis de plus en plus stressé et dégoûté face à ce dilemme. Et le diable ricana derechef, me souffla à l'oreille une position vicieuse. Ne sachant point comment trancher, je fus sur le point de commettre un énorme péché qu'on nomme dans certains cas l'infidélité.

Oui, l'infidélité. Voilà le mot. Un seul mot qui ne promet que perte et désolation, regret et trahison. Un seul mot qui nous pousse à mentir quand la vérité se voit réduite à sa plus faible dimension. Un seul mot qui rompit des nœuds aussi solides qu'un tube métallique ; il mène à l'hypocrisie de l'âme et à la fourberie infertile. Il fait perdre la dignité et nous inculque l'art de la tricherie dans son plus haut degré. Souffrez que je vous le dise : la sincérité est, aujourd'hui, une bénédiction insupportable ; et nous la réprimons sans notre propre gré, car cette maladie ne cesse de gangrener notre foi et nos bonnes intentions.
C'était un choix difficile pour moi, et je suis fort convaincu que d'autres balanceraient dans une pareille situation. Et on ne me demandait qu'un, et un seul, choix. À cet instant, je voulais, à la fois, sourire, rire, pleurer, injurier ; rien de tout cela, j'étais resté pensif, neutre et serein, la bouche entrouverte, les lèvres crispées.
Ayant repris du courage, je répondis à Saly :

- Tu as beaucoup contribué à ma vie, et je dirai à ma survie. Je ne saurai t'être assez reconnaissant pour toutes les bonnes actions que tu as faites pour moi. Et mon souhait serait de me conformer à ta situation. Néanmoins, ma pauvre personne ne me donne pas libre cours de trahir ou de décevoir une innocente qui, jusque-là, ne m'a avoué qu'une belle affection. J'en suis vraiment désolé, il me sera difficile de commettre un aussi grand péché qui pourrait, sans doute me conduire à l'infidélité. Tu es une sœur et tu le resteras toujours.

Ainsi dit, je me déconnecte pour enfin fermer l'œil et me débarrasser de l'embarras.

Le lendemain, de bonne heure, je reçus sa noble réaction et elle me promit d'être et de rester ce qu'elle a toujours été pour moi. Ce qui rassura et soulagea. Mariétou en avait rigolé à tue-tête quand je lui contai mon sacré dilemme de la veille.

- Je te l'avais dit, mon fils. C'est parce que tu es encore jeune, tu ne peux pas comprendre certaines choses. Ça t'apprendra à me croire. Mais, toi aussi Salim, fallait accepter les deux, taquina-t-elle.

- Quoi ?! Tu n'es pas sérieuse, toi. Comment ça, les deux ?! Tu veux rayer encore.

- Ha ha ! Laisse ! Ça n'a jamais tué et ça ne tuera jamais.

- Dis-moi autre chose que cela. Ne me dis pas que tu fais pareil ?

- Wouy ! Je n'en ai même pas.

- Sacrée Mariétou ! Toujours égale à toi.

- N'oublie pas que je suis ta maman.

- Oui, bien sûr, une bonne maman, très exemplaire même, ha ha !

- Que cela ne te déplaise de me considérer comme tu veux.

J'aimais bien la taquiner comme elle en faisait autant. Au moins, avec elle, le foyer était moins sinistre pour moi. Comme Racky, la bonne de ma tante Astou, elle s'était aménagée une chambre et ne rentrait chez elle que les week-ends, à fréquence irrégulière.

***

Et la vie poursuivit son bon chemin...

Quelques jours après, - je n'avais pas pour autant baissé les bras et tout laisser entre les mains d'Allah, comme le disent souvent nos fanatiques - je ne me suis jamais lassé des va-et-vient, sous le chaud soleil et sous la pluie, dans l'espoir de trouver une alternative qui me sied à merveille. Aide-toi, et le ciel t'aidera ! Mon esprit ne put s'empêcher de remercier, du fond du cœur, cette pensée religieuse. Un bon jour, après une longue aventure sur mon obstination à vouloir voyager et étudier à l'étranger, l'issue divine me parvint enfin. Je sillonnais les rues de Point E, quand j'aperçus un grand enseigne du haut d'un immeuble orangé, d'où on pouvait lire en gros caractères : ISM (Institut Supérieur de Management). Cela me semblait l'édifice d'une entreprise - et non une école -, car je n'avais aucune idée de ce que c'était une école de management. Mais, je n'avais rien à y perdre de tenter, de découvrir ce qui était à l'intérieur, ce que faisaient réellement les personnes qui, éventuellement, y travaillaient. On risquait, une nouvelle fois ; peut-être, aurais-je la chance encore de rencontrer le patron en personne. Dès que je franchis la porte d'entrée, une vidéo qui passait à travers un écran accroché au mur me confirma que j'étais bel et bien dans une école, - une école ô combien prestigieuse, pensais-je.
La honte ! Je n'avais même pas remarqué le vigile qui me regardait avec ce sourire moqueur.

- Bonjour, je voulais demander des renseignements, lui dis-je.

Il m'indiqua le bureau du service accueil se situant juste en face de son box. Une belle jeune dame, bien habillée à l'américaine, m'accueillit chaleureusement. Après nos courtoises salutations, je lui fis part de mes préoccupations en tant que nouveau bachelier et titulaire d'une mention Bien.

- Ah c'est bien. Et ça tombe bien, me dit-elle. Nous avons un programme qui offre des bourses d'excellence aux nouveaux bacheliers avec une mention Assez Bien, Bien, et plus. Pour ton cas, tu peux bénéficier d'une bourse entière, c'est-à-dire que tu ne paies rien, mais à condition...

... Et les conditions n'étaient pas si compliquées que je ne le pensais. Je voulais sauter de joie et donner un gros câlin à la dame.

- Maintenant, tu vas rapidement faire le nécessaire, poursuivit-elle.

- Ne vous inquiétez surtout pas, Madame ou Mademoiselle, selon ce qui vous plaira, répondis-je allègrement.

- Ha ha ! C'est Mademoiselle. Tu peux m'appeler Mlle. Ndiaye.

- Enchanté Mlle. Ndiaye. Je vous reviens avant la fin de la semaine, muni de toutes les pièces à fournir. Passez une excellente journée.

- Merci, pareillement.

Et tout se passa comme prévu : en l'espace de deux semaines, toutes les démarches administratives furent bouclées et les entretiens bien réussis. On se prépara alors pour la rentrée qui devait avoir lieu dans un proche délai. Lors des entretiens, je fis la connaissance de deux nouveaux éventuels camarades : Sophie et Nourou. Les liens d'amitié s'étaient noués en un clin d'œil, lors d'échanges pendant la pause. Chacun venait d'horizons différents, et a parcouru un chemin parsemé d'embûches jusqu'à ce carrefour où nous nous étions rencontrés, dans cette suite pour la survie de notre avenir. Chacun avait débarqué avec ses qualités et défauts, ses atouts et carences sociales et personnelles. On montre les bonnes premières impressions, dont on ne sut point gager qu'elles s'éterniseront dans cette aventure qui s'annonce dans cette prestigieuse université privée. Je passe sous les fourches caudines. Et on laissa ce qui est écrit là-haut décider à sa fantaisie.

Une nouvelle atmosphère souffle d'un vent inconnu. Je ne sus dire ce que me réservait cette nouvelle phase de ma vie. Rien ne promettait ni félicité ni enfer. On enterra le passé avec quelques réserves classés résolus. La veille de la rentrée, je fus très excité : je me verrais dans ma nouvelle uniforme bleu-blanc dont je devais me conformer durant mes trois prochaines années à l'ISM. J'étais, oui, excité par ce flot d'inconnus dont je serais condamné à souffrir, souffrir leur personnalité et attitude.
Mon cœur a failli céder quand je reçus ce message venant de ma nouvelle administration :

"Bonjour cher boursier d'excellence, vous êtes convié à la cérémonie officielle de rentrée scolaire du Groupe ISM, qui aura lieu ce lundi 02 septembre 201... à 08h00. Présence obligatoire pour bien démarrer l'année avec la nouvelle famille.

Cordialement."

***
Nous étions en train de patienter dans l'amphithéâtre, - j'étais assis entre Sophie et Nourou, mes deux nouveaux amis - quand surgit un monsieur un peu âgé de par sa physionomie, habillé en grand boubou blanc et bien amidonné, et accompagné par deux jeunes dames dont parmi l'une d'elles, je reconnus Mlle. Ndiaye qui servait à l'accueil lors de ma première visite. La prestance du monsieur laissait paraître qu'il fait partie des dirigeants de cet institut, si ce n'est, bien sûr, le patron lui-même - oui, c'était le Président Directeur Général en personne. Mais tout devint clair dans les minutes qui s'en suivirent. Mon regard avait croisé celui de Mlle. Ndiaye, on ne manqua pas de s'échanger un léger sourire amical. Elle avait l'art de se tenir droit et une aisance dans sa démarche. Le monsieur discourut ainsi, et avec un charisme qui ne laisse pas indifférent, et après nous avoir libérés de notre crispation due au stress qu'on ressentait :

- Mes chers enfants, c'est avec un énorme plaisir pour moi, et pour l'ensemble du personnel, de vous accueillir dans la nouvelle famille d'ISM. Une nouvelle histoire, - que j'espère belle - s'annonce et commence déjà avec vous. Une nouvelle histoire que vous allez marquer par votre engagement et dévouement dans la culture de l'excellence. Oui, vous qui êtes ici présents aujourd'hui, vous êtes la communauté de l'excellence et je vous exhorte à rester sur cette dynamique... Et sachez, aujourd'hui, que l'ISM regorge d'une richesse avec sa diversité culturelle avec les communautés gabonaise, congolaise, malienne, camerounais, djiboutienne, comorienne, guinéenne, ivoirienne, nigérienne, sénégalaise, pour ne citer que cela parmi tant d'autres. Au-delà aussi de ces communautés africaines, nous avons aussi celles chinoise, japonaise, coréenne, et bref j'en passe. Donc, mes chers enfants, profitez de cette richesse qui vous est offerte... Je termine avec ceci : nous ferons de vous les leaders de demain, de l'Afrique, du monde entier. C'est avec un immense plaisir de vous accueillir personnellement, et je vous souhaite les bienvenus. Today ISM, tomorrow the world.

J'ai écourté son discours, mais on ressentait une abnégation sans limite et une humilité on ne peut plus salutaire. S'en suivit une série d'échanges entre lui-même et l'assemblée qui était présente, dont des parents d'élèves. Moi, j'étais venu seul. Personne, à part mon père et Mariétou, ne fut au parfum de ce dans quoi j'étais. On se sentit libéré à nous-même, à notre propre sort et hasard. J'incarnais déjà le leadership dont faisait allusion le patron. Je n'avais pas à trop me soucier sur l'aspect financier : je ne paierai rien de toute façon, durant mes trois années, à condition d'être actif dans les activités et maintenir, en même temps, la bonne moyenne qui me fit bénéficier de cette opportunité.

Le Président demandait à chacun, aux étudiants bien sûr, ce qu'elle ou qu'il souhaitait devenir ou ce qui était sa passion. Certains voudraient s'être vus en banquier, avocat, ... D'autres, étaient passionnés de foot, de technologie, ... Ce fut mon tour, et j'étais, comme par hasard, la dernière personne à contribuer. Il voulait savoir, toute l'assemblée voulait savoir, le monde entier voulais savoir, ils sauront, mais je ne sais quoi. Je ne savais pas ce que je voudrais devenir, car je ne voulais pas être ce que tout le monde souhaiterait devenir. Je ne savais, non plus, ce qui me passionnait, car ne voulant pas, non plus, être passionné par ce qui passionne tout le monde. Tout ceci, parce que je ne suis pas comme les autres. Je rigolais au fond de moi, de cette réponse qui se tramait à l'esprit. Mais cela me tenait à cœur, c'était un manque émotionnel et moral. Et je lui répondis tout simplement :

- Ce qui me passionne c'est de faire la comédie pour créer de la bonne humeur.

Éclat de rire ! Toute l'assemblée se tint les côtes. Et pourtant, j'étais très sérieux, oui, vraiment sérieux, vous dis-je.

- Ah, mais, c'est super, je vous dis, lança le patron. Maintenant, tu vas venir ici, à ma place, nous faire rire un peu. Allez, viens mon cher.

Toute l'assistance m'encouragea et je me rendis compte que j'étais devenu célèbre à l'instant même. On applaudissait, tous les regards braqués sur moi. J'ai voulu me démarquer des idées, souhaits et passions communs. J'avais la chair de poule et ressentais une joie qui ne se dessinait pas sur ma mine, ni dans mon regard. Je venais de réaliser un rêve à l'immédiat : j'ai joué la comédie, Salim avait créé une liesse. Et cela me réconfortait.
Sauf que je devais jouer la comédie sur scène, si cela peut se considérer ainsi. Le souvenir de quelques blagues de Raby me vint en secours. On ria à tue-tête et on gagna le cœur de ces personnes en face de moi. Ma vue ne quitta pas celle de Sophie qui me donnait du courage inexprimable.

À la fin de cette rencontre, je restais un peu dans la salle avec le patron, ses collaborateurs et mes deux amis pour discuter encore. Je l'avais ébloui de par mon caractère naturel. On devint des amis et il me fit l'honneur de m'avoir permis de venir chez lui tant qu'il me plaira. Sa maison n'était pas si éloignée des locaux de l'Institut.

- Boy, tu es un vrai farceur ! ricana Nourou, une fois en dehors de l'amphithéâtre.

- Ha ha ! Ah, j'ai juste dit ce qui est, lui dis-je.

- Non, sérieusement, Salim, tu es unique en ton genre, renchérit Sophie.

On rentrait, en ce moment, la cérémonie d'ouverture étant bouclé. Le rendez-vous pour le début des cours était prévu le surlendemain même. On s'amusa bien sur le chemin.
Nourou était plus âgé que moi d'une année. Un garçon sympa et simple, un peu timide aussi mais ouvert d'esprit. Tout comme moi, il était boursier d'excellence. Pour le peu de temps que j'ai pu le connaître, sa franchise et sa sérénité m'ont le plus séduit. Il nous conta son parcours dans la vie depuis très jeune. Nous, Sophie et moi, eûmes pitié de lui en ce moment ; une vie ô combien dramatique. Nourou aurait perdu ses deux parents et sa petite sœur, en une journée, lors d'un accident. Ils partaient ensemble, dans une même voiture, à bord d'un 4x4 Hyundai, à Kaolack pour le Gamou. Une fois à hauteur de Fatick, ils entrèrent en collision avec un bus qui revenait de la ville sainte. Nourou était le seul qui avait survécu avec les deux cuisses cassées. C'était à l'approche des examens du BAC, devant ainsi renoncer, malgré lui, jusqu'à l'année prochaine. Étant, aussi, le seul héritier légitime, il voit cet héritage, sous son regard impuissant, en train d'être pillé par les frères et sœurs de son père avec qui il vivait dorénavant. J'étais si affecté mais pas plus que Sophie qui en versa de chaudes larmes.

Sophie, pareillement était boursière d'excellence. Belle, simple, attentionnée et ouverte, autant d'éloges encore dont je ne saurais tarir la liste. Sa joie de vivre reflétait celle de Raby et d'une gentillesse et disponibilité qui laissait paraître cette personnalité inégalable de Saly. Et cela peut laisser entendre une symbiose cordiale que je pouvais avoir avec elle. Elle était de confession chrétienne, et nous, elle et moi, étions bien aise de parler de nos deux religions, le jour de l'ouverture même, quand Nourou est parti nous laissant seuls à la maison des étudiants. Ce qui me marqua le plus dans notre discussion au sujet de nos religions était que nous avions tant de points communs en matière de vertu qu'on inculque dès l'enfance.

- Tu dois comprendre une chose aussi, Salim, me dit-elle : la vertu est avant tout d'ordre humain. La religion ne détermine pas forcément notre vraie personnalité. Nous devons apprendre à considérer les lois divines comme le socle de notre subsistance. Ce n'est pas pour rien que Dieu nous fit des êtres dotés de raison. Une mûre réflexion sur le bien et le mal, seule, fait notre différence. Réfléchissons en tant que humains avant tout. La foi et la culture, néanmoins, sont ce qui humanise et complète ce squelette spirituel et moral de la créature humaine. Elles enrichissent l'âme pour seulement celui ou celle qui saura bien s'en inculquer.

- Tu as l'esprit bien éclairé, à ce que paraît, rayais-je.

- Ha ha ! Laisse ! Ça ne se voit pas trop ?

- Pas tellement.

- Comme tu es méchant, mon cher.

- Mais, j'ai bien apprécié ta manière de penser. Ce qui nous manque, c'est l'esprit de discernement, d'user d'une logique saine dans nos pensées. Nous sommes, certes, des êtres qui enrichissent leur âme, comme tu dis, avec la religion et la culture ; néanmoins, ce bagne du fanatisme et de l'égocentrisme nous fige à tel point que nous laissons notre instinct agir à la place de notre raison. Et dès lors que notre instinct agit en lieu et place de notre raison, la triste réalité est que nous sommes au plus bas niveau de la créature animale. C'est, malheureusement, ce qui entrave nos sociétés d'aujourd'hui.

- Eh tu vois que tu raisonnes mieux que moi, constata Sophie. Tu sais mieux philosopher que faire la comédie.

- Ha ha ! Arrête !

- Dis ! Et si on allait faire une visite à la Place du Souvenir ?

- Non, je veux rentrer plutôt.

- Regarde-moi, tu ne veux pas ?

Elle me fixait du regard, ce regard qui m'était désormais familier. Mais, ses yeux avaient quelque chose de spécial que je n'avais pas pu remarquer. Un éclat bleuâtre y scintillait. Et je fus comme hypnotisé par cette beauté angélique et surhumaine. Au moment de vaciller, je reçus l'appel de Raby. J'hésitais à décrocher, non pas parce que je ne voulus pas, mais la présence de Sophie me mettait mal à l'aise. Je répondis quand même, avec un léger sourire. Ainsi, après que j'aie raccroché, elle insista toujours :

- Tu ne veux pas qu'on aille à la Place du Souvenir ?

- Si, si. Bien sûr. On y va, comme tu veux. J'avais hâte de rentrer pour dormir encore un peu, mentis-je.

- Tu n'es pas sérieux ! Allons-y. On va prendre un peu d'air frais, ça rafraîchit la mémoire.

- Tous les prétextes sont les bienvenus pour me convaincre, mais on y va.

- Ha ha ! Tu as tout compris alors.

Une fois sortie de la maison des étudiants, je suggérais de prendre un taxi, mais elle s'y opposa catégoriquement.

- Ce n'est pas si loin. En plus, on pourra discuter en cours de route, soutenait-t-elle.

De toute façon, je n'avais rien à accepter ni à refuser, ne pouvant plus décider. Elle me menait à sa fantaisie, qu'importe là où on allait. Sur le chemin, elle me questionna sur celle qui m'appelait au téléphone.

- C'est ma cousine. Elle se nomme Raby.

- OK. Tu avais l'air si joyeux on dirait.

- Ah oui, c'est normal !

- D'accord, je comprends mieux alors.

- Elle te ressemble un peu, tu sais.

- Ah oui ?! Physiquement ou bien mentalement ?

- Les deux à la fois.

- Hum, donc tu es chanceux.

- Je ne dirai pas le contraire.

On marchait en liesse, longeant les rues de la cité de Fann Résidence jusqu'à à atteindre le site. On passa une bonne heure à scruter le ciel, prendre des photos, blaguer, raconter des histoires personnelles, des amours, des malheurs, des souhaits... On était assis, côté à côte, sous le monument représentant la carte de l'Afrique, se situant au fond du site...

Une nouvelle aventure s'annonçait, et rien ne laissait présager un bon vent. La connaissance de Sophie et de Nourou n'était pas fortuite, il n'était point le fruit du hasard. Chers lecteurs, ces parties qui vont suivre vous laisseront sans voix, et, vous en conviendrez avec moi que mes deux nouveaux amis méritent une bénédiction du Ciel. Nous étions dans la même classe, dans l'Institut informatique. Sachez que, comme les amis, les ennemis et envieux n'en manquent pas. Nous cheminerons ensemble, pendant trois bonnes années à l'ISM, notre nouvelle sphère, notre nouvelle société où il faudra faire face à toutes les tentations et tentatives néfastes.

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