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Chapitre 1

L'histoire se passe dans un petit quartier de Dakar, au Sénégal.
Il était une fois, ... Non, il ne s'agit pas d'un conte ou d'une fable. C'est bel et bien une vie réelle, hasardeuse, dramatique, dont je partage avec vous.

Vous vous demandez sans doute comment en une journée, pouvons-nous construire ou détruire toute notre existence. Mais, sachez que c'est en un seul jour qu'on nait, et par ricochet, c'est en un seul jour qu'on meurt. Partant, la sculpture de notre vie par nous commence dès lors que nous menons la barque de notre faculté mentale. Nous sommes livrés à nous-même et à la merci de la société.

Je ne me souviens pas d'où est-ce que j'étais né, ni même d'être né. Mais je ressentais un léger changement qu'on appelait croissance au fur des années et que je remarquais que j'existais au milieu de mes semblables, physiologiquement parlant, vous dis-je. Il y avait autour de moi des personnes que je voyais tous les jours. Je compris finalement qu'elles font partie de moi ; je ne l'ai pas demandé mais le sort en a décidé ainsi et que j'étais dans une obligation de les souffrir sans objection.

Ce sont ces personnes qui nous forgent selon. Le sens de notre existence dépend d'elles. Ce sont elles qui nous apprennent l'amour et à aimer, la haine et à haïr, la mort et à mourir. Le sourire et à être souriant. La vie et être vivant. Ce sont deux choses dont l'une est une réalité, l'autre un état d'âme.

Ma mère se nomme Ramatoulaye Fall, plus connue sous le nom de Rama. C'était une de ces femmes qui ne savait pas se reposer et ne m'en donnait non plus l'occasion. Tous les petits commerces étaient à son goût et elle ne me laissait jamais en rade dans ses courses au marché. Je finis par prendre plaisir et j'assurais l'intérim quand elle tombait malade. Elle tombait très souvent malade. J'avais beaucoup appris d'elle, elle sculpta en moi ma vraie personnalité d'aujourd'hui. Elle m'a vraiment tout appris sauf le repos, et cuisiner bien sûr.

Mon père se nomme Souleymane, j'ai hérité tout de lui, me disait-on : son caractère, sa franchise, son endurance dans la vie, son émotivité, sauf sa sociabilité. Je me plaisais et me plais à la solitude et la discrétion. Je côtoie très rarement mes proches. Certains m'en voulaient et m'en veulent toujours. Rien ne m'explique le pourquoi, ma nature l'aurait, sans doute, voulu ainsi. Je n'arrivais pas à comprendre d'où est-ce que ça m'était venu. Je ne m'entendais pas trop à merveille. La solitude rompit les nœuds sensibles, et les vraies personnes restent toujours.

J'ai aussi une jumelle, Diariétou, plus connue sous le nom de Diary, avec qui j'ai grandi et partagé quasiment tout mon cursus scolaire. Nous fûmes les pires ennemis durant notre enfance. Elle fut chiante et moi trop autoritaire à son égard. Aujourd'hui, nous sommes devenus ces deux personnes qui n'arrivent pas à se regarder dans les yeux, et sommes-nous au paradoxe de notre enfance. Ce changement n'est pas d'ordre naturel mais plutôt humain. Ces lignes qui suivent vous en diront on ne peut plus clair.

Cheikhouna était mon meilleur ami dans un temps immémorial. C'était ce genre d'ami qui était prêt à donner sa vie pour sauver la mienne. Disponible, officieux, oblatif à mon égard et très présent dans les bons moments comme dans les pires. J'ai dit qu'il était mon meilleur ami car il ne l'est plus depuis qu'il a arrêté ses études et qu'il s'est enrôlé dans un commerce illicite, à son jeune âge.

Certains vont sûrement m'accuser de ne pas être reconnaissant car je ne l'ai pas assisté quand il en avait besoin. La police avait débarqué dans ma chambre pour lui présenter un mandat d'arrêt et lui passa les menottes. Je ne comprenais absolument pas, et j'étais resté pétrifié, médusé et abasourdi face à cette scène que je ne voyais que dans les films. Les exempts fouillèrent toute ma chambre. Ils l'emmenèrent nonobstant ils n'avaient rien trouvé. Ce qui me sauva. J'eus le réflexe de fouiller encore l'armoire, après qu'ils soient partis avec Cheikhouna. Je tombai sur un sachet de chanvre indien dont je me contentai de jeter dans un trou aussi profond que la tombe.

J'étais à la une des sermons à la maison pendant presque une semaine. On me taxait de tous les noms d'oiseaux. Mon oncle Mamady a failli me souffleter en lui rétorquant insolemment. Maman ne voulait plus revoir même mes autres camarades ; je ne sortais même plus, sauf pour emprunter le chemin de l'école. Je m'habituais dorénavant à la solitude, et des nuits blanches devant mes bouquins d'aventures et d'histoires fantastiques. Je ne m'en lassais pas. Parfois, il m'arrivait d'entamer à écrire un récit que je ne finirai jamais, je dialoguais avec d'autres amis vivant dans d'autres horizons, parfois même avec ceux qui auraient vécu des milliers d'années avant notre génération. Je me surprenais en train de monologuer ; paradoxalement, j'avais la paresse furieuse d'apprendre par cœur les leçons comme le faisait ma jumelle Diary. Ainsi, je bachotais à l'approche d'un examen ou d'un devoir. Nous n'avions pas les mêmes méthodes, ni les mêmes centres d'intérêt.

Dès lors, je ne voulais plus avoir d'ami, ni de fréquentation. Je me suffisais à ma mini bibliothèque, ainsi j'étais plus ou moins abandonnique. C'est à cause de la société.

Il y a vraiment une population toute entière, une longue file indienne de parents, amis... amies (enfin, j'en ai VRAIment), des ...voilà, l'autre chose rattachée à elles, ... qui m'apportent bonheur et déception (pour esquiver le mot "malheur") simultanément. Mais cette histoire vous laissera l'immense opportunité de vous découvrir, de découvrir l'autre soi.

Plusieurs personnes contribuent soit à la construction, soit à la reconstruction, ou à la destruction de notre existence. Vous maudirez la confiance qui vous trahira, et vous bénirez le péché qui vous apportera lumière et éveil. Pour dire que notre pensée et nos espoirs nous déroutent parfois sans que nous nous en rendions compte jusqu'au jour où le voile se déchirera tout seul.

Je ne vais pas vous raconter ma vie dès ma naissance comme l'auraient fait certains bébés précoces qui savaient sans doute lire, écrire et agir selon dès leur premier jour sur terre. Je ne me souviens pas d'avoir tété pendant deux bonnes années. Il ne s'agit pas non plus d'un journal intime sans vie et impuissant face à notre situation et nos besoins. Vous vous croirez dans une fiction, dans un monde fantastique car se limitant à l'idée qu'il n'y a que ce qu'on vit ou qu'on a vécu qui est réel. Laissons notre esprit voyager sans prendre l'avion, ni le train, encore moins le bateau. Ce voyage s'effectue dans notre vision, notre perception sur le monde extérieur. Libérons notre esprit pour la conquête d'autres réalités, d'autres mœurs, d'autres sentiments, d'autres hasards.

Je me nomme Salim Ndiaye, qui est sûrement une déformation du terme "Salam" signifiant "Paix" en langue arabe ; donc représentais-je la Paix ? Je ne saurais vous l'attester. Jeune homme, naturellement bon. Très sympa même, à la limite. Mon âge importe peu. Je me mesure à ma personnalité et ma grandeur d'âme. Serein, je le suis certes. Mais sachez que je ne manque pas ce dur caractère qui me protège de l'intimidation ou de l'injustice.
Je peux me vanter d'avoir les meilleures qualités, mais je souffre aussi que je garde en moi les pires défauts qui puissent demeurer chez l'humain.

J'ai construit et détruit des vies comme l'a autant fait la société en mon égard. La créature parfaite est un ange qui n'a pas une parcelle assez suffisante pour se procurer un toit sur terre. Je m'accuse, j'ai fait du tort. Salim a humilié et fait pleurer des innocents qui n'ont demandé qu'un minimum d'affection. Je suis moi-même la morale sociétale, le bien qu'on me procure, le mal qu'on m'inflige. Je suis l'homme, la femme, l'enfant qui ruine son être et celui des autres.

Ce que j'aimais et j'aime le plus dans ma vie c'est la lecture et l'écriture, la poésie et le dessin, et la calligraphie. J'étais pendu aux basques de la littérature. Je lisais tout genre de bouquins. Dans certains temps, c'était avec les aventures fictives ; d'autres temps, les histoires de détectives. Quelques fois, je m'enrôlais dans les réalités afghanes et indiennes, d'autres fois, avec les romans classiques ou les découvertes scientifiques et historiques. Et des histoires mythologiques égyptiennes et de la Grèce antique et des empires médiévaux. Toutefois, je consultais rarement les littératures africaines, n'étant pas trop à ma portée. Maïmouna me fit pleurer comme ne l'eut pu Le Père Goriot.

J'aimais créer de la beauté et me secouais le cerveau pour en sortir les plus beaux vers que mes inspirations pouvaient m'en fournir. J'ai commencé ma carrière de poésie avec des poèmes d'amour. Et au fur du temps, la nature m'inspirait. Mon cœur et ma plume parlaient de moi, de mes émotions, de ma cité, des larmes ruisselant sur ce visage de cet être vulnérable, de la joie et de la souffrance des âmes mortes, des danses des enfants en liesse, de la vie morose des braves et des héros de mon village, de la lâcheté des chefs aux avides intérêts, aux politiques machiavéliques. Ils parlaient pour la femme, le pauvre et l'aveugle. Ils parlaient pour l'esclave et la liberté ; trop lu et trop vécu, je me laissais me pavaner dans ce jardin des mots.

Un jour se lève. Je respire l'air pur de toutes ces qualités que je viens de me qualifier ci-haut. Tout est rose. C'est à peine que je sens mon cœur battre. J'étais seul, dans ce paradis qui s'offrait à mes yeux. Les oiseaux piaillaient au-dessous des cieux bleutés. Je vivais dans un gargantuesque beau palais garni d'arbres fruitiers, un ruisseau coulant à quelques dizaines de mètres du frontispice. Je ne ressentais ni faim ni soif.

Je vadrouillais au bord d'une rivière parsemée de pélicans avec un embonpoint tout charmant, et pavoisée de belles fleurs de lys. La nature me parlait, le long du chemin. La fertilité y respirait de l'embonpoint. Une horde de chevaux me fraya le passage - des chevaux ô combien scintillants d'une blancheur éclatante sous les rayons du soleil. J'avançais toujours, sans bon port. Je ne ferais pas, toutefois, un si long trajet qu'un gigantesque palais se dressa au milieu du passage. Ses tours perçaient les cieux, de titanesques créatures voltigeaient autour et ça et là. Je me sentis dans les airs, soulevé par un tapis de nuages aussi glacial que le centre du pôle nord.

Je suis seul, dans ce rêve doux. Oui, c'était vraiment un rêve. Je me réveille en sursaut. Je crus faire un cauchemar ; mais c'était plutôt une douloureuse piqûre de moustique qui avait gâché ce moment de bonheur, loin du stress, des remords, des pleurs et rires qui n'apportent aucune félicité ; me jetant ainsi dans un dépit.

Dans mes rêves, il n'y avait que le bonheur, la belle vie, la beauté. Avec cette douleur qui me réveilla, je fus dans le quiproquo de croire qu'il y avait un autre sentiment, un autre état d'âme, une autre sensation atroce et infertile. Dès lors, je sentais et j'entendais mon cœur qui battait la chamade. Une légère fièvre se manifesta, et une lassitude spontanée. Je transpirais et j'avais vraiment peur. Pourquoi ? Sincèrement, je ne savais pas. Peut-être saurai-je, en même temps que vous.

Non, il me fallait garder le sourire et savourer encore mon rêve. "Je deviens fou", me disais-je. Voilà ce qui m'avait fait sourire : Supposons que ce rêve soit une réalité. Je mène une belle vie. Je ne parle pas de richesse pécuniaire ; il n'y a plus grande richesse que celle de l'âme pure, le sentiment d'amour de soi et des autres, le bonheur incontrôlable et la conscience sereine. C'est un rêve, oui. Chacun rêve d'avoir tous ces états d'âme. Sourire quand il le faut, même sourire quand il faut pleurer, sourire quand il faut s'énerver et exprimer sa faiblesse. La minuscule bête est pour moi cet ennemi juré qui n'a de cesse de ne ménager aucun effort pour me déstabiliser, me pousser aux vicissitudes, à injurier quand il faut bénir, à nier ma foi quand il faut donner créance en moi. Nonobstant l'injustice et l'affront qu'on nous fait subir, ce rêve ne doit pas nous échapper. Je le garde par-devers moi, me disais-je.

- Salim, Salim, lève-toi aythia, tu ne vas pas à l'école ? Diary est déjà prête depuis longtemps, tonna la voix aiguë de grand-mère.

Maman était malade et hospitalisée depuis presque trois semaines. Nous allions la voir tous les samedis et dimanches particulièrement, en compagnie de papa ou de ma tante Fama. Son absence se faisait furieusement sentir. C'était le foutoir partout dans la maison. Les toilettes n'étaient plus bien entretenues, la cour fréquemment sale. Grand-mère n'avait pas la force pour faire tout le ménage de la maison, mais elle n'était pas vieille à ce point. Nous avions une bonne, Mariétou, qui ne faisait que danser et chanter au lieu de faire le ménage (quand maman n'était pas là). C'était une de ces filles qui ne se stressait jamais pour rien au monde. Maman l'avait renvoyée à deux reprises à cause de ses retards perpétuels. Sa mère venait la supplier de la reprendre, à chaudes larmes. Mariétou était son seul soutien, et, prétendait-elle, elles seraient dans le comble du désarroi si sa fille perdait son travail ne serait-ce que pour un mois. Partant, Mariétou devint plus sérieuse qu'auparavant.

- Si mame (grand-mère), je me suis déjà levé, mentis-je, tout en maudissant, au fond de moi, cette satanée de Diary.

Mes paupières étaient furieusement lourdes, j'avais encore sommeil, je voulais poursuivre ce doux rêve. Mais je ne pouvais plus dormir, je m'étais subitement attristé : maman me manquait gravement et la sachant alitée me rendait on ne peut plus courroucé et me rongeait à petit feu. J'étais toujours à son chevet quand elle souffrait des maux de tête, lui massant les pieds jusqu'à ce qu'elle s'endorme. Je faisais diligence d'aller jouer un laps de temps et revenir à côté d'elle avant qu'elle ne se réveille et qu'elle ne voit pas son infirmier à son chevet. J'étais pendu à ses basques. Ma jumelle Diary était plus attachée à mon père. Nos rivalités gênaient maman, mais "ça passera une fois grandi", se disait-elle sûrement.

- Salim, Salim. Qu'attends-tu pour te lever ? Il est presque 08h00 et tu oses toujours rester cloué au lit.

Encore la voix résonnante de grand-mère ! Ayant assez de la comédie, je jetai insolemment ma couverture avec un tchiip qui vous aurait percé le tympan tellement c'était échappé incontinent. Il faisait quand même froid, pas question de me suicider avec cette eau glaciale. Je perdais un peu de temps dans la douche, histoire de faire croire que je prenais le bain.
J'eus subitement un pincement au cœur. Je commençais à sangloter en hoquetant, haletant, ... Et je pleurais pour de bon à cause de je ne sais quelle raison.

Maman me manquait. Il n'était pas question de sécher le cours pour aller la voir. Papa m'en ferait des remontrances. Grand-mère, idem. Et cela me chiffonnait gravement. Tout le monde dormait encore dans la maison. J'avais la seule envie de marcher sur leur cervelle, je jalousais mon rêve ; ce bonheur qu'ils étaient sûrement en train de savourer. Ma poitrine se gonfla et se dégonfla, laissant échapper une expiration tonitruante et chaleureuse. Sans m'en rendre compte, j'étais passé d'un sentiment gai, à une rancune dont la raison reste à souffrir. Je n'avais pas envie de sourire, de rire, de taquiner, d'aimer ou d'être aimé. Je ressentais de la haine contre je ne sais qui. Pas grand-mère quand-même, je n'en serais pas bien aise.

Sur le chemin de l'école, se trouvait l'hôpital où maman était alitée.
"M. Ndiaye est absent pour le matin, et il y a débraillage à 10h00", me disais-je, histoire de faire une répétition pour ne pas balancer et ne pas vaciller quand maman allait me questionner sur le pourquoi je n'étais pas à l'école. Ah oui ! J'ai oublié de vous informer que j'avais finalement décidé de sécher le ou les cours de la journée. Mais je n'avais qu'une chance sur mille, car j'étais dans la même classe que Diary et elle n'hésiterait pas à me dénoncer. Elle ne m'en sera pas complice. Risquer pour risquer, je tentais quand même.

- Diary, et si on allait voir maman d'abord ? demandais-je, d'un air hésitant.

- Huunnn !!! Tu sais pertinemment qu'on sera en retard, et ça ne sera pas une première pour moi, rétorqua-t-elle. En plus, M. Ndiaye va sûrement convoquer ...

- Oh oh !!! C'est bon. Je sais, lui coupais-je la grande gueule comme de coutume.

J'avais vraiment le regret de l'avoir comme sœur, cette peste. Elle n'en rajouta mot. Nous continuâmes notre chemin, sans même nous lorgner, silencieux, énervé pour ma part.

Le cours de M. Ndiaye se déroula comme de coutume, j'étais indifférent et prenais à peine des notes seulement s'il braquait ses lentilles sur moi. Je me rendis compte que le stylo était devenu lourd et que l'encre sortait à peine. Je n'avais vraiment pas envie de faire cours. L'Histoire-Géographie était devenue ennuyeuse. Mais, je ne voulais rien laisser paraître. J'étais responsable de classe et ça ne faisait pas bon exemple.

- Responsable, tu effaces le tableau ! m'ordonna-t-il, me libérant de mes rêveries.

Certains camarades rigolaient en silence, m'énervant de plus belle. Ils avaient ce don à faire chier et n'étaient bon en rien qu'en tricherie. Ils vénéraient ce moment où le prof me faisait courir de gauche à droite. Je m'étais battu entre vents et marées pour être le Responsable, donc je n'avais qu'à assumer. Je les souffrais car il était trop tard d'abdiquer.

S'en suivit le cours d'anglais avec M. Sidibé. Il aimait trop taquiner ; on se plaisait à se moquer de lui. Ça ne le gênait pas. Je ne pouvais pas compter du bout des doigts combien de fois il pouvait répéter le mot silence (en anglais). Malgré le climat vivant du cours, je restais pensif. Mon ami Birahim était assis à côté de moi et me perturbait malgré que je ne fusse pas du tout concentré.

Là n'était pas la question, mais plutôt qu'est-ce-qui me rendait si nerveux ce jour-même ? J'avoue que j'étais colérique ; je n'étais pas très taquin. Il m'était trop facile de déverser ma bile au premier affront, je ne le supportais pas du tout. Mais, ce jour particulièrement, j'avais un autre sentiment qui basculait entre tristesse et colère. Vous allez sûrement dire que je vous ai menti, car je m'étais jeté des fleurs avec les meilleures qualités qu'un humain pouvait avoir. Eh bien ! Je vous rassure. Il y a de ces états d'âme qui dorment en chacun d'entre nous et qu'on n'exprime pas. La société nous pousse parfois à des réactions qui ne reflètent vraiment pas notre vraie couleur.

Cette société qui est solennellement très proche de nous, elle est ces amis qui nous trompent, ces parents qui nous minimisent, ces adultes qui ignorent le sens de ton existence dans la vie. Cette société égoïste qui peut bafouiller ta vie dès l'enfance, gravant en toi un stigmatisme sans ton propre gré. C'est cette société même qui me fit répugner l'amitié.

La journée était plus longue que d'habitude. J'étais déjà las avant le dernier cours de la journée, le cours de français avec Mme. Ndour. Je peux vous rassurer que je n'avais rien capté depuis la matinée. Mon ami Birahim se joignit à moi dans la cour pendant la grande pause de 12h00-13h00.

- Boy, qu'est-ce qui se passe ? On dirait que ça ne va pas chez toi aujourd'hui, me fit-il la remarque. Tu n'as pas pris ton petit déj' ? continua-t-il d'un ton qui se sentait moqueur.

- Laisse-moi tranquille ! Je ne suis d'humeur, lui rétorquais-je. En plus je me sens un peu malade (ou plutôt triste, me disais-je au fond de moi).

- OK. Mais rentre ! Si c'était moi, on ne me fera pas prier pour ça. Moi, même une petite piqûre de moustique, j'en fais une atroce fièvre. Shiiiiii boy, rentre. Je vais t'expliquer le cours après.

Ah oui ! Bien sûr que tu vas m'expliquer des charabias. Merci, mais je ne te fais pas confiance.

- Non merci, je pourrai assister jusqu'à la fin.

- D'accord, comme tu veux.

Et on discuta de foot, PlayStation, tournoi inter classes, de cours d'anglais, de français, de tout et de rien. D'autres camarades, filles et garçons, s'étaient joints à nous. La discussion avait bon train, je me sentais libéré de mon angoisse. Le sourire m'était revenu, je rigolais même quelques fois. Demba avait ce don de te faire oublier ton stress, avec des blagues vraiment pas très sérieuses. Je me demandais comment une personne aussi inspirée en blague n'arrivait pas à décrocher la moyenne. J'avais vraiment pitié de lui.

Mais durant toute cette discussion, je sentais un regard braqué sur moi depuis un certain temps. Je croisai le regard guignant de Saly. J'eus honte de moi et j'obliquai subitement mon regard ailleurs, feignant de ne pas faire attention à elle.

Je sentis qu'elle me fixait toujours des yeux. Je laisse échapper un léger sourire, non pas à cause de ce que vous pensez déjà, mais parce qu'il m'était très facile de sourire dans des moments de bonne humeur. Remarquant que je faisais semblant de l'ignorer, elle força à parler rien que pour attirer mon attention.

- Tout à l'heure, Salim a failli se ruer sur le prof quand il lui demandait d'effacer le tableau, lança-t-elle avec un sourire qui était tout sauf naturel.

Parler pour parler, elle avait réussi son coup, car tout le monde riait de plus belle, moi y compris. J'étais du genre à accompagner une personne dans sa gaieté, même si je me sentais horriblement triste.

- Ha ha ! En sus, il somnolait, le soi-disant responsable, taquinait Mame Faty, l'amie intime de Saly.

- Ha ha ! Laisse ! Il ne fait que dormir, et aux devoirs, il se tape les meilleures notes, poursuivit Saly.

- Il ressemblait à une poule mouillée, contribua Demba, qui ne pouvais pas rester indifférent face à ces genres de moquerie.

- Ndeyssane (Hélas), murmura Mame Faty, au milieu de la rigolade.

- Vous n'êtes vraiment pas bien, dis-je, avec un éclat de rire.

Je tombais à nouveau sur le regard dévorant de Saly. Cette fois-ci, je la fixais des yeux. Elle était une vraie halpular physiologiquement, sans conteste la plus belle de la classe ; du moins, c'est ce que je voyais. Elle était de taille élancée et respirait vraiment la joie de vivre. Subitement, j'eus l'impression que quelque chose était encore née en moi. J'étais pensif en ce moment. Je suis passé d'un bonheur paradisiaque, à une mélancolie sans précédente. Et de cette dernière à un autre sentiment dont je ne savais pas comment le nommer. Ce qui est sûr, ce n'était ni la joie, ni la tristesse. Le rêve m'a appris le bonheur, la société la tristesse, et Saly... C'était un vrai dédale dans ma tête. Elle obséda mon esprit à cet instant et je ne sus comment trancher.

Et je repensais derechef à maman qui me manquait et qui n'était pas, sans doute, heureuse. Je ne savais pas à cet instant laquelle de ses sensations choisir : joie, tristesse et Saly. J'avais cogité longtemps et sans succès.

C'était une sensation d'une dimension transcende avec des effets immanents. Elle crée un dialogue des yeux et des pensées, des expressions et gestes incontrôlés, des voix dont seuls les cœurs pouvaient ouïr. Elle fait parler le silence, donne de la lumière à l'obscurité, pouvant détruire et consolider une certaine amitié. Des mots jaillissent des yeux, de la bouche muette ; de l'ouïe sourde qui entend, les moteurs de la vie se flattent. J'oubliai mes peines, mon regard était évasif, sans horizon, ni dessein. Saly lisait, moi j'écrivais, les autres ignoraient, et le silence jugeait.

Parfois, nous croyons tout maîtriser à notre chevet, à nos services. Nous ignorons cette force inconnue dont nous sommes esclaves, et soumis sans notre gré. Elle a sa propre loi qui gouverne l'instance, elle tient les brides de notre quotidien psychique et émotionnel. Elle crée la dualité sensationnelle chez l'humain : le bonheur et le malheur, l'amour et la haine, le pardon et la rancune, et bref j'en passe. Saly représentait le bien, et moi le mal. Et deux ions de charges différentes s'attirent, la loi scientifique en dit bien vrai, quasiment, vous dis-je. Néanmoins, je ne voulais pour rien au monde laisser mon instinct mener la barque. Je n'en serai jamais assez déçu de toute ma vie, me voyant réduit à l'étape sauvage. Je suis soumis à mon bon sens, le seul droit dont je me réclame ; et, ironiquement, la bête s'humilia en s'humanisant. Et je m'enfonçais dans une philosophie profonde et platonique...

Le cours du soir débuta, et cette fois-ci, je n'avais pas le sentiment de dégoût, ni même désintéressé. Je repris de l'énergie et mon air souriant. Sans même la remarquer, Saly était assise à côté de moi (ou bien c'est moi qui étais assis à côté d'elle ?). J'avais occupé une place, et voyant qu'il n'y avait personne à côté, elle y prit place. Je me sentis gêné au début à cause des regards soupçonneux de certains camarades, de ce sourire de Mame Faty qui voulait tout dire, des chuchotements de Demba qui ne te laissaient pas indifférent. Mme. Ndour me tira de ma torpeur :

- Salim, où est le cahier de texte et la liste de présence ?

- Heu, j'avais oublié Madame. J'amène ça tout de suite.

- D'accord, fais vite. On ne t'attend pas. Je vais commencer mon cours.

La classe rigolait de plus belle sauf Saly qui se contentait, cette fois-ci, d'un léger sourire qu'elle ne pouvait retenir. Je sortis sans ajouter mot. Je ne voulais pas rassurer Mme. Ndour de me voir énervé. J'eus l'air benoît. Elle m'abhorrait à ce point sans que je susse pourquoi. Je dirais que l'on ne déteste vraiment que lorsqu'on déteste sans raison. C'est ce qui lui était arrivé. Elle avait vraiment ce plaisir à me faire courir de gauche à droite pour des histoires de cahier de texte, de feuilles de devoir, de boîte de craies à chercher à la Surveillance. En sus, elle avait de ces fous rires sarcastiques et narquois. Son cours était plus ou moins ennuyeux, elle ne faisait pas peur mais on se méfier de justesse de ses humeurs et de ses sanctions négatives. Ça ne le chatouillait nullement de te renvoyer pour une semaine juste parce que tu n'as pas fait tel ou tel exercice. Elle a beau essayé ses provocations avec moi, en vain. Je restais moi, le moi naturel. Certains camarades pensaient que c'était la peur ; ils auraient voulu que je me révoltasse.

Je me rappelle le jour où elle avait mis à la porte les trois rangées de la classe. Quelqu'un lui avait jeté un morceau de craie lorsqu'elle était en train d'écrire je ne sais quoi au tableau. Elle demanda en vain qui était-ce. Personne ne savait, y compris moi-même. Elle renvoya toutes les trois rangées à gauche de la nôtre. Heureusement que je n'en faisais pas partie. Mais malheureusement pour Diary qui s'était assise au deuxième banc de la deuxième rangée. J'avais vraiment pitié d'elle, elle était innocente et c'était vrai. Elle n'osait même pas tousser en classe, a fortiori jeter une craie à un professeur aussi sévère que Mme. Ndour. Elle en pleura à chaudes larmes, dans la cour. Peut-être craignait-elle que je racontasse à maman qu'elle avait été mise à la porte pour cause d'indiscipline. Et je vous assure que cela ne m'était aucunement venu à l'esprit. Cela ne faisait pas partie de moi. Il y a toujours un intrus en classe qui commet des bêtises et fait subir une punition collective qu'il aurait dû supporter lui-seul ou elle-seule. Parfois, nous pensons être solidaire alors que nous faisons preuve de lâcheté absolue.

Je partis, trottinant, récupérer le cahier de texte au bureau de Mme. Sylla. Je la trouvai en train de se maquiller devant le minuscule miroir qu'elle avait fixé au mur. Elle ne m'entendit pas entrer. Je pris le cahier posé sur la table et je m'apprêtais à franchir le seuil quand elle me cria dessus :

- Hey !!! Toi, c'est comme ça qu'on rentre dans un bureau ? Tu ne salues même pas les gens comme si c'étaient des automates. C'est ça qu'on vous apprend en classe ? C'est quoi ces manières ? Aucun respect chez vous, bande de nullards que vous êtes !

- Bonjour Madame, me contentais-je de répondre.

- C'est maintenant que tu me salues ! Vas-y waay, con que tu es !

Je repartis sans rajouter mot. Je n'étais pas d'humeur à lui faire du spectacle. Je l'entendais qui rouspétait toujours comme qui béguetait. À peine, étais-je ressorti de la Surveillance que je croisai Saly, sortant des toilettes. Elle me demanda de l'accompagner et me tendit un bout de papier plié à quatre.

- Tu lis ça après et tu me donnes ton avis, me dit-elle.

- C'est quoi ça ?

- Non, lis seulement après tu me dis.

- OK.

Nous entrâmes dans la classe. Elle en premier. J'avais soigneusement gardé la feuille dans une forte poigne de sorte que ma main commençait à suer à cause de la forte chaleur. La prof dictait et expliquait je ne sais plus quel chapitre. J'étais impatient de lire ce que contenait ce bout de papier. Finalement, je descendis ma main et j'ouvris la feuille entre mes jambes. La première chose qui attira mon attention était un cœur qu'elle avait dessiné en bas du texte. Je compris subitement avant même de lire. Je croyais comprendre dès le début, mais ce qu'il y était écrit m'avait surpris plus que je ne le crusse. Mais je lisais quand même le texte dont je vous réécris textuellement.

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