Chapitre 1
Cela fait une semaine que maman a été enterré. Depuis, je ne vis plus, je ne fais que me repasser la scène de la cérémonie en boucle, ce qui me fait pleurer encore et encore. Les images me hantent. Mon père qui pleure, mon frère aussi, mes grands-parents qui ont les larmes aux yeux, les amis qui ont le visage grave et moi, qui voit tout ça, en versant des torrents de larmes. Le prêtre m'appelle pour dire un dernier mot à ma mère. Des gens et des gens me regardent, ils ont pitié de moi. Je ne sais pas quoi dire, alors mon frère arrive et pose un texte devant mes yeux. Je lis la première moitié comme je peux entre deux sanglots et mon frère lit la fin. Ensuite, je dois poser une bougie sur le cercueil. Ma main tremble comme jamais. Le pire reste encore au cimetière. Le cercueil qui rentre dans la terre, puis les gens qui rebouchent le trou. Et puis les gens qui récitent une dernière prière. Ensuite, ils vont au restaurant, comme si l'évènement se fêtait, et viennent me voir un par un pour essayer de me consoler, mais ça ne fait qu'empirer les choses. Je me trouve un endroit tranquille et attend le soir pour que tout le monde parte. Enfin, je regagne ma chambre, puis enfin mon lit. J'aimerai tellement passer à autre choses, mais j'en suis incapable. Je ne peux pas. Je ne veux pas l'oublier. C'est impossible, je crois que je ne le pourrai jamais. J'ai trop de souvenirs avec elle, à chaque endroit de ma maison, c'est d'ailleurs pour ça que je ne suis pas sorti de mon lit. Depuis que je suis rentrée de l'enterrement, je n'ai pas bougé. Je suis sale, sans doute maigre et pâle. Je n'ai pas non plus ouvert mes volets. Je n'ai vu personne, même pas mon père. Il se contente de me poser de la nourriture sur ma table de nuit le matin, et c'est tout. Il a recommencé le travail au début de la semaine, deux semaines après le drame. Mon grand frère est chez lui, dans son appartement et continue ses études. Pas de visite de mes amies non plus. Il faut dire que je n'ai pas eu le temps de m'en faire beaucoup depuis la rentrée. Ma meilleure amie a déménagé cet été et nous ne nous sommes pas revu depuis. Cela ne m'étonne donc pas qu'elle ne soit pas venue me remonter le moral. Quand à Fanny, elle pose tous les soirs les devoirs dans la boite aux lettres, avec un petit mot avec, que je ne prends pas la peine de lire. Les devoirs attendront encore un peu, je ne suis pas prête. Mon portable est éteint et posé sur mon bureau. Je l'ai éteint au moment où j'ai su la nouvelle et je ne l'ai pas rallumé depuis. A côté de lui, une pile de lettres m'attend, que je ne compte pas ouvrir non plus, du moins pas pour le moment. Je n'ai pas envie d'avoir la pitié des gens, je veux juste la paix. Je tends la main pour prendre un mouchoir et constate que je n'en ai plus. Je me relève mais me relaisse tomber instantanément. Ma tête est lourde, elle me brûle. Je n'ai pas de comprimé non plus, alors je fais ce qui est devenu une habitude pour moi, je me rendors à moitié.
C'est la sonnette du portail qui me réveille, un certain temps plus tard. Je ne sais pas quel jour on est, ni quelle heure. Je prends toute la peine du monde à me lever jusqu'à la fenêtre. J'entrouvre les volets et aperçoit, devant la maison, Fanny. Le soleil est bas dans le ciel, ça doit sûrement être la fin de la journée. Je vois dans ses mains des tas de feuilles. Elle me demande de lui ouvrir le portail pour qu'elle puisse me donner les devoirs mais je lui réponds qu'elle n'a qu'à les poser dans la boite aux lettres, comme d'habitude. Elle insiste un peu pour me voir mais je refuse catégoriquement. Je ne suis pas encore prête à voir des gens. Je vois à son visage qu'elle est blessée mais elle repart sans rien dire. J'espère qu'elle saura me pardonner. Je sais très bien qu'elle fait tout son possible pour m'aider et moi, je ne suis pas gentille avec elle. Je commence à culpabiliser mais mon mal de tête me ramène à moi alors je referme les volets et je me recouche dans mon lit.
Point de vue de Clément :
C'est décidé, je vais retourner voir Fanny. Nous ne nous sommes pas reparlé depuis l'autre jour. C'est 17 heures, les cours viennent de finir, c'est le week-end. Je m'approche d'elle en sortant du lycée :
« - Salut, ça va ?
- Oui et toi ? elle paraît étonnée de me voir
- Oui. Tu sais quand Léa revient ?
- Non pas du tout. Tu sais, je ne lui ai pas parlé non plus. C'est juste le prof principal qui m'a informé de la nouvelle.
Je suis sceptique
- Tu n'es pas censée lui apporter les devoirs ?
- Si, c'est le cas. Tous les soirs, je les mets dans la boite aux lettres avec un petit mot avec. Mais elle ne m'a jamais répondu, je n'ai pas d'autres nouvelles d'elle. Je suppose qu'elle est chez elle mais les volets sont tout le temps fermé. Elle est peut-être chez ses grands-parents.
- Tu n'as pas songé à aller la voir en vrai ?
- Non
Décidément cette fille m'intrigue.
- Euh... okay. Je peux avoir son adresse ? Comme ça je pourrai aller voir si elle est bien chez elle.
- Non, je ne sais pas si elle veut. Je vais aller la voir ce soir et je poserai la question par la même occasion. Je te dis après par sms.
- Okay »
J'ai une autre idée derrière la tête. Je ne vais sûrement pas attendre les bras croisés, en sachant que Fanny ne me répondra certainement pas, donc je décide de la suivre jusqu'à chez Léa.
On ne tarde pas à arriver chez celle-ci. Une dizaine de minutes plus tard, en vélo. Je me cache derrière un arbre pendant que Fanny va sonner au portail. Quelques secondes plus tard, Léa ouvre à moitié ses volets. Je ne vois pas très bien d'où je suis mais suffisamment pour voir qu'elle n'est pas très en forme. Je n'entends pas la discussion mais Fanny repart rapidement après avoir posé les devoirs dans la boite aux lettres. Léa referme les volets puis plus rien. Les deux filles prennent chacune un chemin différent. Sois Fanny m'a menti sois elle s'est pris un sacré vent de la part de son amie.
Fanny part et je reste un moment derrière mon arbre, caché, sans savoir quoi faire. Quelques minutes plus tard, une voiture se gare devant chez la maison de Léa, et un homme en sort. Sans hésiter, je me lève et m'approche de la voiture, tout en entamant la conversation.
« - Bonjour monsieur, je m'appelle Clément. Je venais prendre des nouvelles de Léa.
- Bonjour, je suis le père de Léa. Je ne l'ai pas encore vu aujourd'hui. Si tu veux, revient demain matin, je dois partir pour la journée ça lui fera du bien de voir du monde. Je te laisse la porte de la terrasse ouverte.
- Merci
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