Nous reprîmes place. Bryan se dirigea sur la scène pour recommencer et je restai dans le couloir parce que tout de suite après ce sera moi,enfin s'il a bien joué son rôle cette fois. Le directeur donna le signal pour qu'il puisse commencer.

- À toi Manuel,tu commences en fond de scène et puis tu avances mais pas trop sinon l'entrée d'Annaïse sera nulle,n'oublie pas,accent espagnol,et expression du visage,ça doit avoir l'air vrai... Quant à toi Annaïse,tiens toi prête,je donne le signal après 4. 3,4, go!

Manuel: Si l'on est d'un pays,si l'on y est né comme qui dirait: Natif-Natal,eh bien,on l'a dans les yeux,la peau,les mains,avec la chevelure de ses arbres,la chair de sa terre,les os de ses pierres,le sang de ses rivières,son ciel,sa saveur,ses hommes et ses femmes:c'est une présence,dans le coeur,ineffaçable,comme une fille qu'on aime: on connaît la source de son regard,le fruit de sa bouche,la colline de ses seins,ses mains qui se défendent et se rendent,ses genoux sans mystères,sa force et sa faiblesse,sa voix et son silence.

Je portai le panier sur ma tête et rentrai en scène... Quand Manuel voit arriver Annaïse,il fut étonné de voir une si belle paysanne.

Manuel:Carajo (Il S'éponge le visage).
Bonjour Mam'zelle

Annaïse: Bonjour M'sieur

Manuel: Comment ça va?

Annaïse: À la grâce de Dieu!

Manuel: Je suis des gens d'ici:de Fonds-Rouge. Il y a longtemps que j'ai quitté le pays,attends,à Pâques,ça fera quinze ans. J'étais à Cuba.

Annaïse: Comme ça?...

Manuel aida Annaïse à déposer son panier.

Manuel: Quand je suis parti,il n'y avait pas cette sécheresse là,l'eau coulait dans la ravine,pas en quantité pour dire vraie,mais toujours de quoi pour le besoin,et même parfois,si la pluie tombait dans les mornes,assez pour un petit débordement...
Parècé,une véritable malédiction à l'heure qu'il est.

Annaïse: ...

Manuel: Est ce que aujourd'hui,c'est jour de marché?

Annaïse: Oui, à la Croix-des-Bouquets.

Manuel: C'est un grand marché. De mon temps,les habitants sortaient de tout partout pour aller le vendredi dans ce bourg là.

Annaïse: Tu parles du temps longtemps comme si tu étais déjà un homme d'âge.

Manuel: Ce n'est pas si tellement le temps qui fait l'âge,c'est les tribulations de l'existence,quinze ans que j'ai passé à Cuba,quinze ans à tomber la canne,tous les jours,oui tous les jours,du lever du soleil à la brume du soir. Au commencement,on a les os du dos tordus comme un torchon. Mais il y a quelque chose qui te fait aquantar,qui te permet de supporter. Tu sais ce que c'est,dis-moi tu sais ce que c'est?

Annaïse: ...

Manuel: La rage,la rage te fait serrer la mâchoire et boucler ta ceinture plus près de la peau du ventre quand tu as faim. La rage,c'est une force. Lorsque nous avons fait la nuelga (La grève) chaque homme s'est aligné,chargé comme un fusil jusqu'à la gueule avec sa rage. La rage,c'était son droit et sa justice. On ne peut rien contre ça.

Annaïse: Jésus,Marie la Sainte Vierge,pour nous autres,malheureux,la vie est un passage sans miséricordes dans la misère. Oui,frère,c'est comme ça; il n'y a pas de consolation.

Manuel: En vérité,il y a une consolation,je vais te le dire: c'est la terre,ton morceau de terre,fait pour le courage de tes bras,avec tes arbres fruitiers à l'entoure,tes bêtes dans le pâturage toutes tes nécessités à portée de la main et ta liberté qui n'a pas une autre limite que la saison bonne ou mauvaise,la pluie ou la sécheresse.

Annaïse: Tu dis vrai,mais la terre ne donne plus rien et quand par chance tu lui as arraché quelques patates,quelques grains de petit-mil,les denrées ne font pas de prix au marché. Alors,la vie est une pénitence,voilà ce qu'elle est,la vie,aujourd aujourd'hui.

Quelque part ailleurs,en plein milieu de la discussion une connaissance salua Annaïse en passant.

Voix: Hey bonjour,belle-soeur Annaïse,comment va tout ton monde,ma belle négresse??

Annaïse(élevant la voix): Tout le monde va bien,ma commère et toi - même?

Voix: Pas plus mal.

Et elle disparaît.

Manuel: Alors,ton nom c'est Annaïse?

Annaïse: Oui Annaïse,c'est mon nom.

Manuel: Moi - même,on m'appelle Manuel.

Annaïse: C'est icitte que je reste.

Manuel: Moi même,je ne vais pas plus loin non plus. Je te dis merci pour la connaissance... Est - ce que nous nous reverrons encore?

Annaïse: ...

Manuel: Parce que j'habite comme qui dirait porte pour porte avec toi.

Annaïse: En vérité? Et de quelle côté?

Manuel: Là bas,dans le tournant du chemin. Pour certain que tu connais Bienaimé et Délira: Je suis leur garçon.

Annaïse ayant soudainement remarqué que pendant tout ce temps qu'elle a conversé avec le fils des ennemis jurés de sa famille,ramassa son panier,le mit sur sa tête,et disparaît aussi vite qu'elle pu sans dire au revoir. Manuel dont le comportement le laissa perplexe,cria :

Manuel: Hé que pasa?

Tout seul il continue de soliloquer.

Manuel: Une fille drôle,compère,un moment elle te sourit d'amitié et puis dans le temps d'un battement d'yeux,elle te quitte sans même un au revoir. Ce qui se passe dans l'esprit des femmes,le diable lui,ne le sait pas.

Et il continua son chemin en regagnant sa demeure,qu'il n'avait pas vu depuis quinze ans,sans aucunes nouvelles.

La scène s'arrêta là,et tout le monde applaudit. J'étais dans les coulisses,et je rejoignis le directeur. Un sourire se dessina sur mes lèvres quand je vis Voltaire au fond de la salle qui me souriait,il faisait quoi là? Le directeur me fit signe de le rejoindre ainsi que Bryan.

- Vous avez été parfaits,je dis bien parfaits,félicitations!! Ce rôle était fait rien que pour vous. Maintenant Annaïse,prend une pause,Manuel prépare toi pour le tableau III,ce sera la rencontre avec tes parents. Lora et Kévin,mettez vous prêts. Lora dans le rôle de Délira (mère de Manuel) et toi Kévin dans le rôle de Bienaimé (père de Manuel). On commence dans cinq minutes.

J'étais fière,franchement,j'avais bien joué mon rôle. Je reportai mon attention sur Voltaire et il me fit signe de venir le trouver. J'arrêtai de sourire et allai le trouver.

- Salut,tu fais quoi là?

- Salut ma petite paysanne! J'étais venu au près de ton directeur,et il m'a dit qu'il vous préparait pour le festival qu'il avait pour quelques minutes,et comme je viens de rentrer,et que je n'ai rien à faire,alors je me suis posé là. Mais je ne regrette pas,tu es encore plus meilleure que la dernière fois si je me rappelle bien.

Il m'avait dit ça calmement avec autant de charme que je me sentis plus bien que tout à l'heure,comme si c'était pour le faire plaisir que j'avais joué,et rien que ses compliments pouvaient me satisfaire. Oh c'est nul ce que je viens de penser.

- Merci Voltaire!!

- Mais sérieusement Flor,tu as cru sembler à une vraie paysanne dans cette tenue?

- Euh oui!! Pourquoi?

- Ahahah... Tu n'en as pas l'air,tu ressembles toujours plus à une citadine,encore plus belle. Et c'est quoi tout ces fleurs dans ta jupe? C'est tes préférées?

- Non,non lol... Je n'aime pas les fleurs!

- Quoi t'es sérieuse?

- Oui,je suis sérieuse!

Devant la répétition avait recommencé,et j'entendis des pleurs. Je reportai mon attention,cherchant d'où venaient ces pleurs. Mais là j'éclatai de rire,non,sérieusement Lora m'avait tuée. Elle devrait faire semblant de pleurer en voyant son fils rentré à la maison,et là dans son rôle de Délira,Délira avait déliré. Elle était tellement lamentable,elle en faisait un peu trop. J'entendis le directeur coupé la scène.

- Délira,c'est la mort de qui que tu pleures comme ça? Hein?? Recommence.

Tout le monde éclata de rire. Je regardai dehors et le soleil était déjà couché. Je devrais rentrée maintenant,parce que je ne suis pas près de rejouer.

- Je vais me changer... Je dois rentrer,il se fait tard.

- Tu veux que je te dépose?

- Tu n'avais pas besoin du directeur?

- Oui,mais je reviendrai,de toute façon il n'y a pas urgence. Tu veux?

Et pourquoi pas! Ça m'évitera de payer la camionnette.

- Ok,j'arrive!

Je préviens tout le monde de mon départ,et j'embrassai Alpha,à qui la présence de Voltaire ne passa pas inaperçue.

- Humh,tu racontes tout plus tard hein Flor? Dis oui!

- Mais quoi? Y a rien à raconter Alpha,laisse moi partir,vieille commère.

- Je t'appelle plus tard de toute façon...

- Ouais!

Le trajet se fit sans trop de conversations,il me déposa chez moi,et je le remerciai.

- Tu voudrais sortir dimanche après midi?

- Je ne sais pas,pour aller où?

- À toi de choisir,j'ai déjà proposé l'idée?

Bon! Ok!! Comment lui dire que je ne sors pratiquement jamais!! C'est vrai que je suis haïtienne sang pur,que j'ai grandi dans le pays et tout,mais je ne connais nulle part,enfin les seuls endroits que je connaisse sont dans les environs,mes anciennes écoles,mon école,mon chez moi,et mon église que je vais seulement les 1er Janvier de chaque année,ah aussi le resto de la dernière fois. Par contre j'ai toujours eu envie d'aller au cinéma,balader dans les rues et percer les mystères de la nuit. Si seulement il savait que la première fois que je suis rentrée tard et même sortie au début de soirée c'était notre première sortie,il ne me croirait pas. Et pour tant c'est vrai,c'était ma toute première fois où je suis sortie à 18h chez moi et rentrée à presque 23h. J'aime prendre des risques,certains diront que ce n'était pas un risque,mais pour moi c'en était un. Sortir en début de soirée avec quelqu'un que j'ignorais tout le temps,et que je ne connaissais même pas,faire la folle dans un restaurant et ensuite lui piquer mille gourdes et c'est pas tout,manger dans sa voiture et le laisser me ramener gentiment chez moi,surtout avec cet air d'insécurité. J'étais allée un peu plus loin que d'habitude,mais je n'avais pas peur et je n'ai rien regretté. Encore une fois,je veux prendre ce risque et puis je le fais un peu plus confiance que l'autre fois,donc cette prochaine sortie serait mieux que la première. Je pourrai vraiment faire la folle et le faire chier en même temps,bon là s'il pense que j'avais arrêté,il se trompe gravement. Si je dis que je ne connais pas cette commune dont j'ai presque l'impression que tout le monde y habite et sauf moi,personne ne me croirait,et pourtant je rêve de visiter Pétion-Ville.

- Balade dans les rues de Pétion-Ville?

Je lui avais demandé,en espérant tout simplement qu'il allait accepter,parce que j'en rêve depuis le temps.

- Ça marche ma petite. Et après on pourrait se payer une chambre d'hôtel cinq étoiles aussi? Histoire de se poser après la balade!

Je le regardai ébahie... C'était ça son plan? Me coucher dans une chambre d'hôtel? Il ne manque pas de culot en plus de me demander comme ça. Je n'ai pas encore répondu qu'il rajouta:

- Tu peux choisir l'hôtel que tu veux Flor,ce n'est pas l'argent qui me manque!

Je le fixai en cherchant une blague derrière sa phrase,mais il était on ne peut plus sérieux,attendant ma réponse. Je sentis la colère me remplit et j'explosai.

- T'es qu'une ordure,imbécile! T'as cru que j'allais coucher avec toi? Mais tu te crois un homme toi aussi,t'es...t'es,je ne sais même plus comment t'es,imbécile,imbécile encore. Franchement ça aussi te manquait avec ta nièce,vermine!!

J'étais toute violette de colère. Je le regardai et le toisai,j'allais partir,quand il explosa de rire. Il a quoi? C'est tout ce qu'il trouve,au lieu de s'excuser,il est dément ou quoi?
Il se calma un peu et me dit toujours dans un sourire.

- Franchement,ce côté de toi Flor m'avait manqué. Mais je sais comment le faire venir de bon gré maintenant quand j'ai envie.

Il recommença à rire de plus belle,et je partis. Il m'énerve Voltaire. Mon portable vibra et je reçus un message de lui.

- Dimanche à 18 h,je passe te prendre.

- Non 16h,je veux voir coucher le soleil.

En vrai je ne voulais juste pas avoir d'ennuis avec ma tante,et rentrée plus tôt que la dernière fois. Je descendis et rentrai chez moi.

Il commençait à faire nuit,mon ventre se met à bouillir,j'avais faim et après tout j'ai mangé depuis ce matin. J'enlevai mes habits et mis quelque chose de plus légère à porter! Je me mis à la tâche et préparai des pâtes rien que pour ma tante et moi.

Bonjour,bien ou très bien? Moi c'est bien,je voulais juste poster une partie de la répétition,pour que vous puissiez voir à quoi ça en a l'air. J'espère que vous avez aimé.

Bonne journée. N'oubliez pas de voter,si ça vous plaît. Mais de me laisser vos avis aussi,si vous en avez. Je vous souhaite bonne journée. Bisous mes cocos 😚😚😚😚😚😚😚😚😚😚😚😚😚😚😚😚😚😚